Maus
Angoulême 1988 : Alfred meilleur album étranger pour le tome 1 Will Eisner Award 1992 : Best Graphic Album: Reprint Prix Pulitzer en 1992 Angoulême 1993 : Alph-Art du meilleur album étranger pour le tome 2 Maus raconte la vie de Vladek Spiegelman, rescapé juif des camps nazis et de son fils, auteur de BD qui cherche un terrain de réconciliation avec son père, sa terrifiante histoire et l'Histoire. Ici les nazis sont des chats et les juifs des souris.
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Un dessinateur décide de mettre en bande-dessinée la vie de ses parents qui furent pourchassés puis emprisonnés par les nazis durant la seconde guerre mondiale. D'une brutalité et d'une tristesse incroyable cette oeuvre est le témoin du calvaire des juifs durant la seconde guerre mondiale. Ce chef d'oeuvre a été récompensé par de nombreux prix (Prix Pulitzer en 1992, Alph'art album étranger 93), et mériterait d'être au programme des classes d'Histoire.
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Date de parution | Janvier 1987 |
Statut histoire | Série terminée 2 tomes parus |
Les avis
Processus et devoir de mémoire - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il regroupe les 2 parties du récit : Mon père saigne L Histoire (publié en recueil en 1986), Et c'est là que mes ennuis ont commencé (publié en recueil en 1991). Il s'agit d'une bande dessinée en noir & blanc, comprenant 292 planches et 1.500 cases. À la suite à sa parution, un prix Pulitzer a été décerné à son auteur en 1992. Elle a également été récompensée par le prix de meilleur album étranger au festival international de la bande dessinée d'Angoulême en 1988 pour le livre I et en 1993 pour le livre II. L'auteur a complété cette oeuvre avec un album revenant sur sa genèse avec des explications complémentaires : MetaMaus (2012). En 1958, à Rego Park à New York, le jeune Art Spiegelman (10 ans) est en train de faire du patin à roulette avec ses amis. Une des fixations lâche et il tombe par terre. Ses copains continuent leur course en le traitant d'oeuf pourri. L'enfant va se plaindre à son père qui lui répond qu'on ne peut pas les qualifier d'amis tant qu'on n'a pas été enfermé avec eux pendant une semaine sans rien manger. En 1978, Art rend visite à son père Vladek qui habite toujours à Rego Park. Il le salue, ainsi que sa deuxième épouse Mala. Après le repas, Art indique à son père qu'il souhaite commencer à réaliser sa bande dessinée sur lui, et qu'il aimerait donc qu'il lui raconte son histoire, en débutant par comment il a rencontré Anja, sa première épouse, la mère d'Art. En 1937, Vladek Spiegelman vivait à Cz?stochowa, en Pologne, travaillant dans le commerce de vêtements. Il avait belle prestance, ses amis le comparant avec Rudolph Valentino (1895-1926) dans le film le Cheik (1921). Il avait développé une relation amoureuse avec Lucia Greenberg, issue d'une famille sans argent. Vladek allant visiter sa famille dans la ville de Sosnowiec, sa cousine lui présente une amie : Anja Zylbergberg. Ils commencent à nouer une relation épistolaire, puis Vladek est invité dans sa famille qui possède une des plus grandes usines de bonneterie de Pologne. Vladek décide de déménager pour s'installer à Sosnowiec. Il se fiance à Anja, se marie avec elle, et son père lui offre une bonne situation dans son entreprise de bonneterie. Finalement avec l'aide de son beau-père, Vladek Spiegelman fait construire une usine de textile à Bielsko, également en Pologne. En octobre 1937, nait Richieu, le premier enfant d'Anja et Vladek. La jeune mère souffre d'une dépression périnatale, et le jeune père l'accompagne pour un séjour dans un sanatorium, en Tchécoslovaquie. Durant le voyage en train, il passe par une ville où flotte le drapeau nazi. Un voyageur leur parle d'un pogrom en Allemagne. le séjour au sanatorium dure 3 mois : c'est un vrai succès pour la santé d'Anja. de retour à Sosnowiec, le père d'Anja apprend à Vladek que son usine a été pillée. Il l'aide à redémarrer son affaire, et rapidement l'usine à Bielsko engrange de confortables bénéfices. Mais le 24 août 1939, les Spiegelman reçoivent une lettre du gouvernement intimant l'ordre à Vladek de rejoindre l'armée. Il est décidé que Richieu et Anja retournent à Sosnowiec pour séjourner avec sa famille, pendant que Vladek rejoint les rangs de l'armée. Il se retrouve bientôt au front contre l'armée allemande. Vladek s'interrompt dans son récit car il vient de renverser son flacon de pilules qu'il était en train de compter pour préparer son pilulier. Par association d'idées, il se lance alors dans le récit de son opération de l'oeil droit qui a fini par une ablation et la pose d'un oeil de verre. Art Spiegelman revient régulièrement voir son père pour recueillir sa parole et il se retrouve souvent pris à témoin dans les chicaneries entre Valdek et son épouse Mala. Finalement son père reprend son histoire là où il s'était arrêté, au front. Depuis sa parution à la fin des années 1980, cette bande dessinée est devenue une référence incontournable : un témoignage extraordinaire d'un survivant du camp de concentration d'Auschwitz, pendant la seconde guerre mondiale. le lecteur assiste aux entretiens d'Art avec son père, et vit en direct les souvenirs de ce dernier qui sont alors racontés au temps présent, toujours sous forme de bande dessinée. L'auteur a choisi de restituer la parole de son père au mieux, en effectuant des recherches historiques en parallèle pour dessiner avec authenticité ce qu'il évoque : la Pologne de la deuxième moitié des années 1930, et de la première moitié des années 1940, mais aussi les installations du camp de concentration, les trains, les uniformes des prisonniers et des soldats, etc. le lecteur n'a pas forcément conscience de cette volonté d'authenticité, car l'artiste a choisi un rendu descriptif, mais simplifié, avec un format de BD un peu plus petit que celui d'un comics. Néanmoins s'il regarde les pages sous l'angle de la reconstitution historique, il voit bien que ces dessins à l'apparence parfois un peu naïve contiennent effectivement des informations visuelles en bonne quantité, avec un investissement visible de l'auteur quant à l'exactitude de chaque détail, qu'il s'agisse des tenues vestimentaires, ou des meubles, des aménagements intérieurs, des installations des camps. Bien évidemment, c'est le récit de Vladek Spiegelman qui dicte la forme de la narration. Pour autant, Art Spiegelman a effectué des choix narratifs très conscients. Dès le départ, le lecteur est frappé par l'utilisation du zoomorphisme pour représenter les nationalités : des souris pour les juifs, des chats pour les allemands, des cochons pour les polonais, et d'autres animaux pour les américains, les français et les suédois. Cela n'a pas pour effet de rendre les individus mignons, mais ça permet au lecteur de prendre du recul, de ne pas ressentir de plein fouet l'horreur de ce qui est raconté. Chaque visage est très simplifié : des points pour les yeux, bien souvent pas de bouche dessinée pour les souris, le même visage pour toutes les souris, pour tous les chats, pour tous les cochons, et pourtant le lecteur sait toujours qui est représenté grâce au contexte et au dialogue ou au commentaire. Ensuite, il constate que le nombre de cases par page est assez élevé : entre 8 et 10 en moyenne, avec des bordures rectangulaires. de temps à autres, il fait ressortir une case par un insert, ou par une absence de bordure. Il utilise régulièrement un découpage très rigoureux en 8 cases, 4 bandes contenant chacune 2 cases. En outre, le lecteur constate rapidement que l'artiste représente le décor en arrière-plan dans plus de 90%, ce qui est à nouveau fait sciemment pour que les personnages ne deviennent pas juste des acteurs sur une scène vide. En fait, sous des dehors un peu frustes et simplistes, chaque page comprend une forte densité d'informations visuelles très concrètes qui projettent le lecteur dans chaque lieu, à côté de personnages expressifs. Effectivement, Art Spiegelman accomplit un devoir de mémoire en couchant sur le papier les souvenirs de son père, dans une bande dessinée, ce qui fin des années 1970 / début des années 1980 était un pari aux États-Unis, car les comics étaient vus comme un média à destination des enfants pour des récits de superhéros. Lorsque Vladek se retrouve emprisonné à Auschwitz, il relate factuellement la faim, les privations, les maltraitances, les tortures, les rafles, les morts par la faim, par les coups, par les exécutions sommaires, et dans les chambres à gaz. Dans un premier temps, l'utilisation de souris anthropomorphes évite au lecteur de devenir un voyeur devant des horreurs graphiquement insoutenables. Mais l'accumulation d'épreuves finit par générer un malaise proche de devenir insoutenable. Il acquiesce inconsciemment quand Vladek indique à son fils que c'est inimaginable, impossible à représenter ce qu'il a vécu. Il comprend à chaque fois comment Vladek a pu survivre, parfois avec de la chance (toute relative), tout en voyant de nombreux prisonniers mourir autour de lui. C'est vraiment le récit d'un survivant, et il s'interroge sur les séquelles psychologiques d'une telle succession de traumatismes effroyables. Il comprend tout à fait que Vladek puisse se représenter les soldats allemands comme des prédateurs cruels pour les juifs, comme des chats pour des souris. Ce zoomorphisme des nationalités permet également d'éviter de mettre en oeuvre des stéréotypes de race pour les représenter. Au cours du chapitre trois du livre I, Vladek est représenté comme portant un masque de cochon sur son visage, se faisant passer pour un polonais auprès d'un autre polonais. Plus tard dans le récit, c'est Art Spiegelman qui porte un masque de souris, bien qu'il soit juif pas sa naissance, mais pour indiquer qu'il se sent un imposteur. le lecteur comprend que l'auteur a conscience des limites de l'outil visuel qu'est le zoomorphisme et que ces masques correspondent effectivement à la projection de la représentation mentale de Vadek sur les individus, tel qu'il raconte son histoire. Au début du premier chapitre du livre II, Françoise Mouly (la compagne d'Art) et Art ont une discussion sur sa propre culpabilité qu'il ressent à avoir une vie plus facile que celle de son père, à avoir eu un frère qu'il n'a jamais connu. La discussion se termine avec la remarque formulée par Art que dans la vraie vie, Françoise ne l'aurait jamais laissé parler aussi longtemps sans l'interrompre. le lecteur comprend que l'auteur a une conscience aiguë de la nature de sa bande dessinée : une reconstitution à partir des souvenirs de son père datant de plus de trente ans, réarrangés sous forme de bande dessinée. Ce n'est pas un témoignage à chaud, et tous les faits ne sont pas vérifiables. Il doit faire des choix narratifs, sur la base d'informations parcellaires, sans pouvoir rendre compte de la totalité de l'expérience de son père. de ce point de vue, Maus comprend des particularités propres au récit de fiction. En plus d'être un récit de transmission de la Shoah, Maus est également un témoignage de la relation entre Art et son père. D'un côté, il subit une forme de culpabilité d'avoir une vie plus facile que son père, et d'être incapable de faire aussi bien que lui ; de l'autre, sa vie a été façonnée par les souvenirs de son père, par sa trajectoire de survivant, qui n'est la sienne à lui Art. La transcription des souvenirs de son père en bande dessinée porte également la marque de l'histoire relationnelle entre son père et lui : l'auteur met en avant ce biais émotionnel avec les séquences dans lesquelles il recueille la parole de son père. le récit n'est donc pas juste un témoignage historique et la biographie (partielle) de Vladek Spiegelman, c'est aussi pour partie une autobiographie, celle d'Art. Tout comme il peut facilement critiquer l'usage du zoomorphisme, le lecteur peut trouver dommage que l'auteur n'ait pas recueilli la parole de Mala, la seconde épouse de Valdek, elle aussi survivante des camps de concentration., ou encore trouver à redire sur tel aspect du récit (mettre tous les allemands dans le même sac, sous forme de chat par exemple). Mais l'auteur ne prétend pas à la perfection : il expose au lecteur, ses limites en toute transparence. Oui, Maus est une bande dessinée exceptionnelle, à la fois pour le devoir de mémoire qu'elle constitue, à la fois pour l'intelligence de sa composition et de sa réalisation. Art Spiegelman met en images les mémoires de son père avec une grande honnêteté intellectuelle, une prise de recul intelligente qui n'obère en rien la dimension émotionnelle du récit.
Maus fait partie de ces BD qu'il me fallait lire mais qui n'avait jamais réussi à me faire passer la dizaine de pages, en cause principalement le graphisme. J'ai beaucoup de mal à rentrer dans une histoire où le dessin est difficile. Et comme souvent lorsque l'on raisonne de la sorte, on passe à côté de quelque chose. Et là, ce n'est pas quelque chose, c'est un témoignage édifiant, une œuvre majeure traitant du(es) génocide(s) antisémite(s) des années 30 à l'immédiate après guerre. Alors oui, graphiquement c'est moche, ça pique aux yeux mais après quelques pages, on n'y fait plus guère attention, tant chaque personnage colle bien à son animal totem. Alors certes c'est un peu manichéen (souris/chat/porc) mais on peut comprendre la symbolique surtout au regard des horreurs vécues. Le témoignage est édifiant, poignant, c'est véritablement à faire lire dans toutes les écoles comme un classique je pense. Il y aurait de quoi faire de l'explication de texte intelligente et donner goût à la lecture et à l'histoire. Une des forces du récit est de ne pas oublier les petites faiblesses du peuple israélite, personne n'étant blanc ou noir. S'il ne devait y avoir qu'une BD dans mes rayonnages, ce serait celle-là.
Que dire devant l'indicible ? Il m'a fallu des années pour avoir le courage d'ouvrir ce monument. Je n'ai pas réussi à le lire d'une traite. Il m'a fallu quinze jours pour attaquer la deuxième partie, qui démarre avec l'arrivée à Auschwitz. Et l'expérience a été conforme à l'idée que je m'en faisais. Elle m'a hanté plusieurs semaines. L'horreur absolue ne nous est pas assénée d'un grand coup qui anesthésierait la conscience à trop la sidérer. Non, on entre petit à petit, jour après jour, recul après recul, dans l'insupportable. On prend le temps de connaître le personnage principal, Vladek Spiegelman, homme loin d'être parfait ou héroïque, qui ne se singularise, on ne s'en rend compte que peu à peu, que par une hallucinante capacité à survivre. Il n'a pu raconter que parce qu'il avait survécu. Peut-être est-il la seule personne à avoir passé dix mois à Auschwitz et à en être ressorti vivant, à avoir "habité" à Auschwitz, là où la plupart ne venaient qu'y mourir. C'est cette incroyable rareté, ce mélange de chance et d'opiniâtreté, qui rendent son témoignage si précieux. Vladek Spiegelman est une anomalie statistique. De ceux qui en avaient tant vu, aucun n'était censé revenir. Mais Maus, c'est aussi un récit de l'après : comment vivre avec ça ? Qu'est ce que les survivants peuvent transmettre à leurs enfants ? On sent l'auteur hanté lui aussi par ce passé dont il hérite mais qui ne pourra jamais lui appartenir. En réalité, ce passé, ce questionnement, c'est le nôtre à tous. Nous devrons vivre en sachant que ça a vraiment eu lieu.
Justement. Oui, justement parce que cette bande dessinée aborde l'innommable dans le récit du quotidien des victimes, dans un graphisme râpeux, aux traits presque grossiers, simplistes, qui est loin des critères traditionnels du beau qui sert à enjoliver et rendre acceptable le dessin, pour rendre acceptable ce que l'on ne peut accepter. Il faut se rendre à l'évidence de l'immense intelligence de l'auteur qui a su nous offrir une œuvre au ton juste, sans utiliser d'artifice pour nous plonger dans cette période atroce de l'humanité. Ses personnages ne sont pas sympathiques, oui, ses personnages sont comme des souris que bouffent les chats, sans une once d'humanité, oui, et c'est justement ainsi que l'on se rend compte de l'horreur absolu de ce récit. Oui, les nazis ont éliminé des gens, pas parce qu'ils étaient particulièrement beaux, pas parce qu'ils étaient particulièrement forts, pas parce qu'ils étaient particulièrement intelligents, mais seulement parce qu'ils étaient juifs. Une œuvre remarquable, immense. Juste !
J'ai toujours un peu peur lorsque j'ouvre une BD qui est tellement encensée sur tous les sites que j'ai pu consulter. Pourtant, je me suis bien senti obligé de la prendre quand je l'ai vu dans les rayonnages de la bibliothèque municipale… Avec une telle réputation, je me devais de la lire. Simplement. Pour les pressés, lisez juste les 2 derniers paragraphes... Premier constat, le dessin. Wow ! Difficile uniquement en ouvrant la BD d'apprécier le style graphique…Le trait fait gras, confus, touffu, imprécis. Mon premier regard est vraiment négatif. Et surprise, après seulement une page ou deux de lectures, on oublie tout cela. Les petites cases qui nous semblaient trop chargées deviennent parfaitement lisibles, le trait imprécis devient étonnamment vivant, les petites souris étonnamment expressives. L'auteur avec un trait personnel et relativement candide parvient à nous transmettre toutes les émotions de ses petits êtres. Et puis, l'idée est très bonne, très visuelle de transformer les juifs en souris chasser par les chats nazis. Pour un auteur qui n'est pas un dessinateur exceptionnel, cela lui permet, par exemple d'avoir l'idée très simple d'utiliser des masques lorsqu'il désire nous faire comprendre que les personnages essaient de se faire passer pour d'autres. Donc, première bonne surprise, le dessin sans être rebutant comme on peut en avoir l'impression, se fait vite oublier. Ce n'est pas non plus la grande classe, mais c'est sobre et efficace. C'est surement ce qu'il fallait pour cette BD. De la sobriété. Parce que vouloir trop en faire pour raconter cette histoire aurait eu un aspect factice qui aurait fait perdre en crédibilité. Alors, l'histoire, c'est de l'Histoire. Sûrement, cela est-il intéressant. Sûrement, la simplicité avec laquelle le texte est posé est-elle intéressante. Présentée en 2 tomes, j'ai trouvé l'histoire déséquilibrée entre les 2 tomes. Je m'étais dis que je réussirais à faire un avis concis, mais non, finalement, cette série appelle à plus d'explications... Je n'ai pas réussi à apprécier ce premier tome à la même valeur que la majorité des lecteurs m'ayant précédé. Certes, le scénario est clair, certes le mélange entre passé et présent est-il parfaitement mené et contribue à nous faire comprendre non seulement les horreurs que la guerre à pu faire subir aux gens, mais aussi l'impact que cela peut avoir sur eux à long terme. De toute évidence, l'auteur ne fait dans cette BD que raconter la vérité nue, telle qu'il l'a vécu et telle qu'on la lui a racontée. Pourtant, de manière quelque peu contradictoire, cela m'a gêné d'avoir un juif avec tous les défauts caricaturaux dont on peut les affubler dans les plus mauvaises plaisanteries. Parce que cet album est tout sauf une plaisanterie. Plutôt une plaie béante avec toute la souffrance que l'on peut en retirer. Extrêmement humaine elle en est presque déconcertante. Le détachement avec lequel tout cela nous est conté est surprenant. De comprendre, d'imaginer la perte d'un proche, d'un ami, d'un enfant, d'un fils…De lire ou relire comment les nazis habilement ont réussi à faire qu'aucun juif ne se rebelle en augmentant la pression lentement, on rajoutant des contraintes progressivement et en les affaiblissant suffisamment de jour en jour afin de casser toute résistance… Pour le 2ème tome, tout s'arrange. L'introduction très introspective, légèrement psychologique sur les conséquences d'une telle vie de souffrance endurée dans la guerre est abordée de manière très humaine, très simple, sans grande volonté de message moralisateur et cela est d'autant plus pertinent. Chacun comprendra le message et se l'appropriera surement d'autant plus. Je pense d'ailleurs que la grande force de cette heure est qu'elle ne se veut pas scolaire. Nous en avons tous assez des manuels d'histoire, des grands discours pompeux et rasoirs des fascicules scolaires sur lesquels on réussissait à s'endormir même en classe (je ne parle pas que pour moi rassurez moi !?!?). En restant très simple dans son approche, en restant a priori très terre à terre, en restant apparemment objectif et parfois même un peu froid et sans cœur, l'auteur prend un nouveau chemin afin d'aborder un sujet mille fois ressassé. Et ça marche. Autant le premier tome, très bon n'avait pas su me happer, autant ce second tome place la barre vraiment haut dans la description de l'horreur. Peut-être est-ce aussi parce que la vie du héros n'a pas été celle que l'on a l'habitude d'entendre ? Le héros finalement dans son malheur a eu de la chance. Il a toujours su tirer son épingle du jeu. On se pique au jeu de savoir si oui ou non sa dernière magouille va fonctionner. C'est un peu le super héros du pauvre. Mais tellement attendrissant que l'on ne peut que s'y accrocher. Maus, une ode à l'amour sortie tout droit du pire des cauchemars. Maus, l'espoir dans le destin le plus noir. Un livre incroyablement réussi qui nous change des visions et des approches classiques du sujet. Une qualité et une classe incroyable débordant de simplicité et d'humanisme. A mettre entre toutes les mains, surtout celles des plus réticents aux cours d'histoire et à l'Histoire. Comme moi en fait. Je suis le cobaye parfait pour valider ma théorie ! Pour ceux qui veulent faire connaitre cette guerre aux jeunes, surement est-ce une bonne approche par cette BD. Très naturelle, très simple dans son expression, elle ne se veut pas moralisatrice, elle ne se veut pas hautaine, elle ne se veut pas littéraire. Juste l'expression d'une vie dans sa simplicité et difficulté.
On m’a prêté cette bd il y 6 mois. Je l’ai laissée « mûrir » dans ma bibliothèque… Et puis il y a une semaine, pour finir la métaphore, je ne l’ai pas cueilli, mais elle m’est tombée dans les mains toute naturellement. A point. Ces bd dont on dit tellement de bien, elles font peur je trouve, car on se demande si, nous, on ne va pas être déçu. Un peu à l’instar d'Ex Abrupto (qui est resté elle aussi sur mon étagère à mûrir un moment), je ne me voyais pas plonger dedans à froid, sans un petit travail de préparation pour oublier (un peu) ce qui a été dit dessus, oublier ce : « Tu vas voir ! C’est absolument génial, il FAUT que tu la lises ! » du pote qui te l’a mise entre les mains. De "Maus", je ne connaissais que la teneur grossière de l’histoire (rien de bien léger dans le thème donc) et le dessin de la couverture (un peu surprenant. Rapport au thème). Bêtement, je m’attendais vaguement à un parallèle entre la Shoa et des animaux que l’on oppose souvent par nature. La métaphore s’arrête à opprimant-opprimés. Oubliez Tom et Jerry. Art Spiegelman réussit à merveille à livrer un récit à la hauteur de ses attentes (qu’il nous livre lors de ses mises en abîmes), et des miennes accessoirement. Son récit est d’une finesse remarquable, il réussit à nous faire vivre deux histoires que 50 ans séparent avec une justesse extraordinaire. La vie de ce fils qui veut tout savoir de la guerre vécue par ses parents pour en faire une bd, avec ses doutes d’artiste quand à la justesse et l’authenticité de son œuvre, ses problèmes de communication avec son père, couplée avec la vie de ce père pendant la guerre alternent avec une précision habile. Pour moi, un témoignage parfait des camps ramené au présent. Le graphisme employé souligne à la perfection la narration et la métaphore animalière utilisée colle parfaitement au récit. C’est fin, précis, mettant en avant les horreurs de cette guerre et des camps en ne tombant jamais dans le voyeurisme ou la démonstration gratuite. Les scènes de vie dans les camps d’Auswitch et de Dachau sont vraiment marquantes sans en faire de trop. Il y a des planches où je suis resté plusieurs minutes à cogiter devant, complètement happé par l’ambiance. Et à y réfléchir, là maintenant, je crois que le fil rouge de "Maus", c’est l’espoir. L’espoir d’un homme à survivre avec sa femme à la guerre sans se perdre en tant qu’homme, et l’espoir d’un fils à comprendre et communiquer enfin avec son père en narrant les fantômes de son passé.
Incontournable, immanquable, irremplaçable, éternel, tels sont les premiers adjectifs qui me viennent à l’esprit pour décrire le fantastique travail narratif et symbolique du génial auteur… J’ai acheté cet ouvrage suite aux nombreuses critiques positives. De plus, je suis plus que sensible et curieux de tout ce qui touche au sujet abordé, thématique qui doit absolument rester en nos mémoires ; du moins il ne peut en être autrement chez moi (de par mon éducation, mes arrières grands-parents,…). Sur le sujet, outre plusieurs films déjà abordés dans d’autres avis, j’ai également visionné pas mal de documentaires sur le camp de concentration dont il est question et sur la « solution finale ». Après l’achat, mes premières impressions furent nettement plus réservées. Dès l’ouverture du livre, je n’ai pu que constater ce que j’ai jugé comme une pauvreté graphique et une narration très condensée. Mais… Mais quelques planches tournées, quelques chapitres lus, une magie singulière et extraordinaire s’opère ! Jamais je n’ai été autant touché par le 9ème Art, je n’ai même jamais été aussi ému par le sujet développé, que ce soit dans les films ou les reportages regardés. L’auteur nous conte son histoire, l’histoire de son père et l’Histoire, celle avec un grand H. Le ton employé est naturel, magnifiquement juste et d’une spontanéité intelligemment construite. Le procédé narratif est certainement le premier élément qui fait passer l’extermination juive pour un témoignage émouvant et prenant, et non pour une succession de planches d’une fausse justesse violente et « sans plus ». Le deuxième élément est le dessin, simple et symbolique. Si au début cela semble quelque peu élémentaire, il prend en réalité tout son sens au fil des pages. Il ne faut dès lors surtout pas s’arrêter aux premières pages mais bien comprendre les motivations de l’auteur à utiliser un tel dessin. Simple le dessin ? Je vous assure, il n’a pas besoin d’être plus développé, vous frémirez d’horreur devant la barbarie nazi et vous serez ému devant toute l’humanité qui émane des ces petites souris… En conclusion, ce livre devrait faire partie de tous les cours d’histoire, ce témoignage est un chef d’œuvre d’une intelligence inouïe ; un grand merci Monsieur Spiegelman !
Voila, j'ai beaucoup hésité avant de me lancer dans la lecture (et l'achat par la même occasion !) de Maus. Les dessins me rebutaient, le prix aussi... Et puis en fait, le truc, c'est de s'y plonger et alors là, c'est assez grandiose... C'est facile, après avoir commencé la lecture de Maus, dès que j'avais un moment de libre, je m'empressais de lire la suite... Si bien que j'ai lu ça très rapidement (pourtant, il y a de quoi faire avec 300 pages...) Il y a tellement de chose dans Maus, c'est tellement porteur de messages, c'est une histoire tellement prenante, ce témoignage m'a vraiment touché... Je ne vais pas trop en rajouter parce que les autres s'en sont déjà chargé... Mais c'est vrai que le fait que ce soit des animaux qui représentent les différents personnages fait sûrement mieux passer la pilule mais ça reste malgré tout poignant parce que derrière ça, des gens ont vraiment vécu cette horreur, cette haine... Oui Culte ! A lire absolument !
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