Prophet
Une découverte qui va changer le monde.
Après l'apocalypse... Diables et démons Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs Lanfeust Mag
La découverte d'un nouveau site archéologique hors du commun va changer radicalement la vie de Jack Stanton. Seul de retour à NY après sa découverte archéologique, Jack Stanton annonce lors d'une entrevue télevisée pour la promotion de son livre, que ce site changera la face du monde. Pour lui, aucun doute, ce n'est pas l'oeuvre d'êtres humains. Cette nouvelle n'est pas du goût de tous et dérange.
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Date de parution | Septembre 2000 |
Statut histoire | Série terminée 4 tomes parus |
Les avis
Voilà un récit ésotérique comme les affectionne tout particulièrement Dorison ! Même s'il n'officie que sur le premier tome, on reconnaît totalement sa patte dans ce récit empli de mystère et de mysticisme. Le premier tome pose des bases tout-à-fait fascinantes, en jouant sur une rupture narrative aussi brillante que déconcertante, qui sollicite immédiatement l'attention, même si elle fait craindre (au début) de ne plus rien comprendre à l'histoire. Dieu merci (même si l'expression n'est pas la plus adaptée concernant cet univers !), ça n'est pas le cas, et le reste de la saga se suit assez bien. Après le twist impressionnant du premier tome, donc, on arrive dans quelque chose de plus convenu, avec une atmosphère post-apocalyptique qui fonctionne bien, assaisonnée de quelques démons qui font leur effet. J'avoue regretter toutefois que la plupart du temps, les démons géants ne fassent figure que de toile de fond, j'aurais aimé les voir davantage en activité, car finalement, on n'a qu'un nombre limité d'antagonistes démoniaques dont on ressent vraiment l'impact. Cela dit, ces grandes figures figées au milieu des immeubles sont une idée narrative et visuelle folle, qui fonctionne admirablement. L'autre problème, c'est que, comme souvent quand on a un univers aussi fort, le récit a tendance à retomber sur la fin. Quand vient le moment de dénouer tous les fils, le scénario revient dans des sentiers assez balisés. Rien de dégradant, mais c'est un peu trop convenu pour tirer vraiment son épingle du jeu. Il manquait sans doute à l'histoire le côté archéologique et poisseux d'un Sanctuaire, par exemple, pour réussir à susciter mon enthousiasme. Il n'empêche qu'on a vécu de beaux moments, que l'univers est prenant et le récit captivant. Le dessin de Lauffray est beau mais je trouve qu'il manque parfois de finition, il y a un petit quelque chose qui est absent pour que ce soit vraiment parfait. Graphiquement, ça reste une belle bande dessinée, et un bon moment de lecture. En revanche, ce n'est pas forcément la lecture marquante que j'aurais voulu.
Des dessins grandioses... une intrigue qui semble au top... Je me suis lancé sur la lecture de l'intégrale de Prophet... ça commençait plutôt pas mal... ... jusqu'à la déroute! Perdu dans l'histoire, perdu dans le dessin, pas moyen de se raccrocher au film. Je n'ai pas réussi à terminer la lecture de cette intégrale, un peu trop étrange à mon goût.
En collaboration avec Xavier Dorison, puis seul à la baguette à partir du deuxième tome, Mathieu Lauffray s’est ici clairement fait plaisir. Il est clair que le bonhomme a un sacré coup de crayon, et il s’en donne donc à cœur joie, privilégiant les décors grandioses. C’est d’ailleurs un travers qu’il partage avec certains de ses collègues (Alice, Recht par exemple) : la démesure, les falaises en surplomb, les immeubles gigantesques, les gouffres sans fond, les grottes aux airs de dôme céleste, etc, il semble que Lauffray privilégie toujours le panoramique au détail. Pourquoi pas ? Mais son dessin frise parfois l’illisible, comme certaines pages du dernier tome, au dessin confus, alors même que globalement il est plus léché. Quant à l’histoire, si le point de départ (découverte fantastique dans l’Himalaya) sent le déjà vu, la fin du premier tome annonce clairement la bascule vers du fantastique pur. Lauffray seul – après quelques errements ? (changement d’éditeur, délai assez long entre les deux derniers tomes) – choisit d’y aller à fond. J’avoue n’avoir pas forcément accroché à cette histoire, dont je n’ai d’ailleurs pas forcément saisi tous les tenants et aboutissants. Je l’ai trouvée parfois trop obscure, comme si manquait une ligne claire (dans tous les sens du terme d’ailleurs…), un scénario suffisamment construit. Note réelle 2,5/5.
Il aura fallu 14 ans à Mathieu Lauffray pour venir au terme de cette série, "Prophet", débutée en 2000. Quatorze années de péripéties, de changement d'éditeur (on passe des Humanoïdes Associés à Soleil pour le tome 4), de changement de scénariste (Xavier Dorison jette l'éponge à la fin du tome 1) et d'une autre série en chantier (Long John Silver) qui connait un succès critique et public amplement mérité. Bref ces quatorze années s'achèvent enfin avec ce quatrième volume "De Profondis" qui conclue avec talent cette histoire apocalyptique. Avec ce dernier volume, les éditions Soleil ont réédité l'ensemble des 3 premiers volumes, en corrigeant les anomalies chronologiques présentes dans les éditions originales où Lauffray s'emmêlait les pinceaux entre 2001 et 2006 ; il est d'ailleurs délicieux de constater que Lauffray, même dans le dernier volume, commet encore cet impair lors de la remise des prix (planche 26) alors que la scène se déroule en 2006, le prix est daté de 2001 ! Néanmoins, j'ai été enchanté de suivre les aventures de Jack Stanton, véritable détonateur de l'Apocalypse. J'ai été assez surpris que cette conclusion trouve son terme dans un album plus intime, plus réaliste où contrairement aux autres, les scènes "titanesques" sont moins nombreuses. A noter que j'ai lu ce dernier tome dans sa version grand format et en noir et blanc qui donne un cachet particulier à ce final. La fin n'est peut-être pas à la hauteur de ce que certains attendaient mais au moins le lecteur n'aura pas une série inachevée dans sa bibliothèque. Au niveau des dessins, même si Lauffray a fait appel à Eric Henninot et Patrick Pion pour l'aider, je suis toujours aussi bluffé par la qualité des planches, qui ressort encore plus en n&b (c'est la raison pour laquelle j'avais déjà craqué pour la version n&b du tome 3) Pour ceux qui ont apprécié par exemple Sanctuaire de Christophe Bec, cette série est faite pour vous.
Réécriture en un bloc de mes impressions sur les 4 tomes. Pas facile de cerner les objectifs de cette série exigeante ni l’ambition affichée par son auteur. Sans aller jusqu’à dire que c’est le projet d’une vie, il témoigne beaucoup de son évolution artistique, à la fois en tant que dessinateur et scénariste. Entre la sortie du premier et du dernier tome, quatorze années les séparent. Certainement plus en vérité, car l’idée est née après que Mathieu Lauffray ait vu publier sa première bande-dessinée Le Serment de l'Ambre, en 1995. On pourrait presque dire que Prophet est un projet expérimental où l’auteur s’est cherché, a tâtonné dans différents genres et sous-genres en essayant de rendre cette combinaison équilibrée au possible, évitant le patchwork indigeste. Il n’y a qu’à regarder les pages du cahier graphique présent dans l’édition intégrale pour s’en rendre compte : au tout début, lorsque l’envie d’écrire du fantastique en était à ses balbutiements, Prophet était bien partie pour devenir une série heroic fantasy ! (l’idée ne m’aurait pas déplu au passage). Tour à tour inspiré par les romans et nouvelles de Robert E. Howard (pour l’univers heroic fantasy, les mondes barbares, ou ses héros nihilistes ? ) ; H.P. Lovecraft (l’ouverture sur le monument de 8000 ans, immense, invraisemblable, une passion partagée pour les bâtiments vertigineux, les personnages paranoïaques dépassés par les événements) ; W.P. Hodgson (démons issus de l’abîme, le cosmicisme) ; le film La Planète des Singes de 1968 (tome 2 après le crash de l’aéronef), et allez pourquoi pas, l’imaginaire de Clive Barker dont Hellraiser pour dessiner les mutants gothiques ? Le Sphère de Michael Crichton ou le Malhorne de Jérôme Camut ? Jack Stanton n’a-t-il pas un air de famille avec Bruce Campbell dans Evil Dead, fusil au poing ? ; les références littéraires et de culture populaire sont éparses. L’important comme le dit Lauffray était de trouver « son » fantastique. L’achèvement du récit avait laissé comme une sensation de manque et d’amertume à plus d’un lecteur pourtant impatients d’en conclure après neuf ans d’attente. Moi-même je faisais partie des perplexes. Des questions restaient en suspens, la transition de l’histoire aventureuse au récit introspectif fut difficile à encaisser, d’autres choses demeuraient loin d’être claires. C’est finalement via l’édition intégrale que j’ai pu éclairer ma lanterne, grâce à un salutaire avant-propos de l’auteur expliquant sa démarche. Certes il y a du fantastique, de l’aventure, du survival horror puis de l’apocalyptique. Cependant Prophet n’est pas une histoire lambda de pur divertissement où le héros a un but bien déterminé, où chacun connaît son rôle et où chaque chose a son explication rationnelle. Prophet est aussi à lire comme une parabole dans lequel l’auteur y combat des thèmes qui lui sont chers. Jack Stanton a touché la sphère, le monde infernal qui s’en est suivi et dans lequel il n’y a aucun espoir de délivrance est à son image. Mais qui est Jack Stanton ? Un arriviste, égoïste et égocentrique, individualiste forcené, le type même de l’homme pressé opportuniste prêt à tous les coups bas pour parvenir à ses fins. Son « voyage » sur la Terre ravagée est à prendre comme un récit initiatique. Pendant longtemps sa ligne de conduite ne bouge pas. Il refuse son rôle de prophète, refusant d’être un guide, de mener, il veut la gloire mais sans les responsabilités. La seule chose qui l’intéresse est de rentrer dans son monde récolter les fruits d’une gloire usurpée. Car Jack est aussi un menteur, s’attribuant le travail de recherche d’autres plus talentueux que lui. C’est une critique de l’auteur contre les fausses « zélites » intellectuelles qui trop souvent ont pignon sur rue (une critique qu’on retrouve chez son pote Denis Bajram dans Universal War One). Le démon supérieur cornu qui pourchasse Stanton est une figure allégorique de sa mauvaise conscience qui le rappelle à ses fautes, une sorte de décompte qui fait « tic, tac ». Stanton a beau fuir, mais tôt ou tard il devra se confronter aux conséquences de ses actes. C’est aux côtés de Jahir et d’Athénaïs qu’il apprendra d’autres valeurs, que le « nous » est plus fort que le « je », en espérant qu’à la fin, au moment de faire un choix définitif il s’en souviendra. C’est sur ce dernier point que j’avais le plus tiqué. Ne sachant pas si Jack avait choisi la réalité ou une douce matrice où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. La version intégrale apporte un regard plus clair, preuve que l’œuvre est sans cesse retravaillée, car elle bénéficie de 2 pages supplémentaires dans la dernière partie (non présentes dans l’édition simple) qui en ce qui me concerne m’ont aidé à mieux saisir le choix définitif de Stanton et sur ce qu’est la sphère : un théâtre illusoire. Quant au pourquoi du comment sur d’autres aspects de l’intrigue, j’imagine qu’elles doivent demeurer un mystère. Certaines explications, si elles en ont, appartiennent à l’auteur. Il n’est pas toujours bon de tout révéler. Vous vouliez connaître l’histoire du space jockey dans Alien, Prometheus vous a-t-il satisfait ? Vous voulez un spin off sur la jeunesse de Yoda vous ? Pour évoquer un peu les graphismes de la série, bah, que dire ? J’ai découvert Lauffray grâce à Prophet (gros fan de Xavier Dorison à la base) et j’ai de suite accroché à son style fortement influencé par les comics US, son découpage notamment qui « déborde » des cases. Et puis surtout son imagination assez stupéfiante. Rien que sur Prophet : le Hurleur, les Titans, les humanoïdes mutants, le démon rouge, les dessins en pleine pages, cet encrage puissant… c’est juste beau quoi. Les graphismes sont aussi un témoignage de l’évolution graphique de son auteur, il suffit juste de regarder pour constater qu’entre le tome 1 et le 3 il y a du changement. Et qu’entre le 3 et le 4, là c’est un fossé qui les séparent. Il faut dire que Patrick Pion ainsi qu’Eric Henninot ont beaucoup aidé sur ce dernier. D’ailleurs une remarque concernant l’intégrale qui ne reprend pas la page d’ouverture du premier chapitre du tome 2, où Jack marche en plein Manhattan Square façon Je suis une Légende, la page avec le logo de Coca Cola. Pourquoi putain ?! Why ?! Elle était magnifique cette page ! On rajoute deux pages mais on en supprime une, allez comprendre… En conclusion Prophet fait partie de ces œuvres dures mais absorbantes, de celles qui donnent du grain à moudre à ces lecteurs. Typiquement ce que j’aime si en plus la qualité visuelle rentre dans mes clous. Je l’ai lu, relu à chaque nouvelle sortie, puis re-relu avec l’intégrale, et à chaque fois je l’apprécie davantage.
Une série qui commence bien et qui finit moyennement. Il faut dire que je n'ai pas complètement compris certaines parties de l'intrigue qui part un peu dans tous les sens vers la fin. Enfin, cela reste une lecture agréable à défaut d'être mémorable. Xavier Dorison a encore une fois une idée de départ intéressante et une narration dynamique. Sauf que si j'aime bien l'univers qu'il a créé, je trouve que parfois le scénario va un peu trop vite et les scènes d'actions ne m'ont pas trop intéressé. De plus, le personnage principal me laisse indifférent. Je trouve le dessin un peu moyen. J'ai parfois de la difficulté avec la manière dont le dessinateur dessine les humains sur certaines cases.
Que dire ? Que je l'ai attendu cette suite ? Ben oui forcément ! Mathieu Lauffray ! L'homme de LJS, l'homme au graphisme parfait, qui arrive par son trait a nous donner le mouvement, l'ambiance du récit, l'expressivité à ses personnages, enfin bref j'arrête là pour moi y a pas mieux. Après, à un dessinateur il faut adjoindre un scénariste et ici c'est sans doute ou le bas blesse.Pour les premiers tomes Dorison était là et ma foi on aime ou pas mais dans le genre c'était vraiment très bien. Civilisation oubliée, vestiges cyclopéens mis à jour, vieux savant mort du fait de leur quête. Tout cela avait un petit air qui me branche plutôt à savoir des univers à la H.P.Lovecraft, A.Merrit ou R.Howard. Mais ces gars savaient conduire leurs histoires et dès lors que Lauffray se retrouve seul aux manettes il y a comme un hic. Le troisième tome est l'occasion pour l'auteur de nous livrer des planches plus infernales, plus dantesques les unes que les autres, (peut être un peu trop d'ailleurs), mais c'est en lien avec le récit alors pourquoi pas ? Au quatrième tome tant attendu, comme Jack, j'ai dévissé, je suis moi aussi tombé dans les tréfonds. J'avoue ne pas avoir tout compris et m'être plus laisser porter par le dessin toujours aussi grandiose que par l'histoire. Je serais bien en peine de résumer l'affaire à un néophyte, d'ailleurs à lire les avis ici ou là je me rends compte qu'à chaque lecteur, une interprétation. Alors donc franchement bien parce que : le dessin, et puis dans le style apocalyptique c'est quand même novateur (à l'époque). Je relirais en tout cas.
Suite et fin de la série Prophet commencée il y a déjà 16 longues années (pfiou ça passe vite), cette saga était et est devenue par la force des choses une vraie légende et ce, par deux fois (ouais, rien que ça) ; doublement donc parce que déjà à l’époque c’était une vraie tuerie graphique ne ménageant pas le lecteur, mais surtout à cause du fait que la série a arboré depuis le 3e tome un super pins genre « Arlésienne de la BD », car ouais, il a fallu attendre genre 9 grosses années de gestation avant d’avoir sa suite et toutes les mauvaises langues s’en sont donné à cœur joie entre-temps. La faute à qui ? À plein de petites mésaventures en passant par les problèmes financiers des Éditions Humanoïdes Associés, le rachat par Glénat de la série et l’agenda des auteurs eux-mêmes (et sûrement un peu la motivation vu les aléas du projet mais on va encore dire que je suis mauvaise langue). Bref, ce qu’il faut surtout retenir à ce niveau acrobatique des choses c’est que le pari fou est finalement atteint (autant que le cerveau de l’auteur c’est peu dire) et ce grâce à Mathieu Lauffray, qui est par ailleurs l’accoucheur de la série Long John Silver que je vous conseille vivement parce que, l’air de rien, ce jeune puceau a du talent derrière ses 3 poils pubiens. Mais « Prophet » c’est quoi ? C’est l’histoire de Jack Stanton, un archéologue chevronné, égocentrique, à l’ambition dévorante et surtout ayant un énorme besoin d’être reconnu par ses pairs… bref un gros con. Lors d’une expédition dans les chaines montagneuses de l’Himalaya, lui et son groupe d’explorateurs vont faire une découverte qui pourrait remettre en question l’origine de notre monde : des vestiges pharaoniques creusés à même la roche et datant d’un autre âge. Qui a bien pu le construire ? Dans quel but ? Malgré la mise en garde de certains de ses confrères et le décès/ (la) disparition inopiné(e) de presque tous ceux de l’expédition, Jack ne sait résister à l’appel de l’argent et de la popularité et s’en va publier sa découverte. Il devient ainsi le chouchou de tout le gotha avec tout le succès que l’on imagine et son cortège de tsoin-tsoin et de bling-bling. Mais voilà … survient l’impossible ! Quand Jack était rentré dans le sanctuaire « que-tout-le-monde-lui-disait-touche-pas-cela-petit-con », Jack a déclenché quelque chose et ce qu’il croyait des vestiges abandonnés était en fait une balise vers « autre chose », un autre monde qui lui, ne va pas se gêner pour déferler sur le nôtre. S’ensuivront des villes dévastées, des créatures immenses et étranges, avec destruction et génocide compris. Bref, le chaos et l’enfer sur terre. Jack semble être le seul immunisé à cette apocalypse et sous ses yeux il verra le monde changer, gangrené et condamné à être dévoré et disparaitre. Comment vivre ? Comment survivre en sachant qu’à cause de son ambition, Jack est la cause de tout ce massacre ? Naviguant entre rêve et folie prophétique, Jack sombrera-t-il dans la folie ? Arrivera-t-il à sauver son âme ou notre monde est-il condamné ? Est-il le « messie » que les survivants voient en lui ? Et quelle est cette étrange créature qui le pourchasse ? Scénarisé initialement par Mathieu Lauffray et Xavier Dorison pour le premier épisode puis Lauffray tout seul comme un grand pour le reste, on nous propose ici une aventure fantastique saupoudrée de mysticisme et d’une réflexion sur l’individualisme et l’égoïsme, sur un ton de plus en plus sombre en avançant dans l’histoire. Mais d’abord faisons le tour du propriétaire. Mathieu Lauffray, c’est un gars bien dans ses chaussettes et qui sait dessiner, genre vieille école avec pinceau et tout le toutim. De ce fait, graphiquement c’est une grosse claque avec de grandes mises en scène, de grandes cases, une maitrise au niveau du trait et un vertige graphique de derrière les fagots. Évidemment, on notera tout de même un changement de style entre les premiers albums et le dernier vu le temps qui les sépare (9 ans pour rappel). Le tout est finement rehaussé par un jeu de couleurs, parfois palpitantes, parfois froides et sombres mais toujours adaptées au contexte (c’est à un certain Anthony Simon qu’il faut dire merci… merci Anthony). L’histoire quant à elle est découpée en 4 volumes et est remplie de cliffhanger qui motivera la lecture et, ça fonctionne ! Le récit est bien construit et ne faiblit pas même si toutes les promesses du premier volume ne sont pas rencontrées au fil des épisodes. Le rythme est soutenu, sauf peut-être pour le 3e épisode, et l’on ne s’ennuie nullement même si personnellement j’ai trouvé que le final avait un petit gout de marijuana sous acide et aurait mérité un 5e tome afin de répondre à toutes les questions et incertitudes ; mais au moins nous avons ici un récit complet et l’on sent l’envie de l’auteur de conclure l’histoire. Au final une bonne série dans sa globalité qui démarre à tout berzingue et qui vous emmènera dans un trip étrange, faisant le grand écart entre aventure et introspection métaphysique. Une série sympa qui manque un peu de souffle et qui malheureusement a souffert de sa « réputation ».
Dorison aime bien les univers insolites et étranges, on l'a vu avec Sanctuaire qui pose une ambiance angoissante. Ici, tout le début ressemble un peu à Sanctuaire, c'est bien mystérieux avec la découverte de Stanton dans l'Himalaya, avec cette architecture incroyable, ça pose des questions troubles et intéressantes, d'ailleurs au cours du récit, beaucoup de ces questions et d'indices développés ne trouveront pas de réponses à la fin, d'où une certaine frustration. Tout le premier chapitre commence bien, même si dès l'arrivée du tanker sur Manhattan, ça bascule sec dans ce futur lointain et indéterminé, en forme d'apocalypse. Alors tout ça me dépasse complètement et finit par m'ennuyer ferme parce que d'abord je n'y trouve aucun plaisir ; je trouve le tout grandiloquent et prétentieux avec ce discours de l'homme qui a détruit le monde tel qu'il était, ce statut de nouveau prophète qui place Stanton dans un rôle de Messie futuriste, ces démons hideux qui l'attaquent, et cette intrigue qui empile les rebondissements. Il y a aussi une dose de mystique qui m'agace, bref tout ça me donne l'impression de n'être pas structuré, voire décousu et d'être raconté au coup par coup ; sans compter que le héros n'est guère intéressant. Là-dessus, le dessin de Lauffray n'arrange rien ; il n'est pas mal par endroits, surtout sur certains décors déglingués, mais il comporte tout de même de nombreuses approximations sur les visages, des vues de loin, des détails vestimentaires, il est même trop excessif dans le tome 3 avec une déferlante d'images grandioses comme pour en mettre plein la vue, c'est du délire graphique qui me laisse indifférent. Pour conclure, ce récit qui laissait ses fans dans une attente insoutenable depuis 2005, se termine avec ce 4ème album qui arrive 9 ans après et qui finit un peu comme un pétard mouillé, avec beaucoup trop de choses en suspend. Encore moi, j'ai lu les 4 albums à la suite, mais j'imagine la frustration de ceux qui ont attendu 9 ans pour ce résultat... J'ai seulement trouvé le dessin plus soigné, car après tout ce temps, Lauffray a affiné son style, mais ce genre de série n'est vraiment pas faite pour moi, je n'y trouve aucun intérêt, et je n'y comprends pas grand chose ; cependant je ne regrette pas trop de l'avoir lue car j'ai ainsi une opinion sur ce type de Bd, il se trouve qu'elle est négative, tant pis mais je la laisse sans regret...
Je passe sur le graphisme de Lauffray, que j’ai beaucoup aimé ici, sur tous les tomes, même le dernier un peu plus gai au niveau des couleurs. Je passe aussi sur les trois premiers tomes assez appréciés par le plus grand nombre dont je fais partie. J’avais presque fait mon deuil sur la fin de l’histoire, maintenant qu’elle est là on ne va pas se plaindre, Lauffray aurait pu la laisser en plan, où faire un graphisme dégueu à la va-vite comme font certains. Certes elle a fait l’effet d’un pétard mouillé à beaucoup, un dernier tome qui attise la polémique, mais que… ? Qui…? Quoi… ? Comment… ? Pourquoi… ? Perso je n’ai pas eu de mal à accepter cette chute, ce que je reproche surtout au scénario c’est que pendant 3 tomes on évolue dans un monde apocalyptique, peuplé de démons effrayants où la peur et la mort sont les ingrédients premiers ; monde que l’on quitte abruptement dans le quatrième tome pour retrouver une étape nettement plus calme où l‘angoisse des premiers a pratiquement disparu. De plus, on ne revoit que sur quelques cases les personnages auxquels on s’était attachés auparavant. Pour ce qui est de l’interprétation du récit, j’ai associé cette histoire à celle de Scrooge, mais dans un univers dantesque, d’ailleurs tout commence mal qui finit bien. Je dirais que la stèle représente l’incommensurable ambition de Jack Stanton, la gamine Kalayeni sa rédemption, ou peut-être même sa propre fille. A l’instar de Scrooge il entrevoit tout ce qu’il perdrait s’il ne change pas d‘attitude, s’il ne s’assoie pas sur ses rêves démesurés de gloire, s’il ne voit pas ce qui est vraiment essentiel dans sa vie. La méthode est brutale mais efficace. Une histoire agréable mais un peu déséquilibrée, avec une fin qui aurait déjà dû prendre racine sur le tome trois, pour maintenir une certaine fluidité. Pas mal au final, peut-être que sachant ce qu’il en est j’apprécierai plus ma relecture.
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