Les Héros Cavaliers
Cothias, Rouge et Tarral revisitent le mythe arthurien et nous font vivre en détail la fin d'un monde et la naissance d'une nouvelle civilisation, là où l'histoire et la légende se confondent.
476 - 986 : Moyen-Âge, Francs, Mérovingiens, Carolingiens... Consensus sur une BD Mythes arthuriens Vécu
En l'an 530 de notre seigneur, l'empreinte de Rome s'efface et se déforme. La Pax Romana agonise sous les coups de boutoirs des tribus barbares. Dans le fracas des combats, un empire se meurt. A l'aube des ténèbres, un héros de légende apparaît... Fougueux et naïf, batailleur et innocent, Perd-Cheval va croiser le destin d'êtres d'exception: Artus, fils du roi Penn Dragon, l'homme vert des forêts que certains surnomment Merlin, et Vivianne, la jolie sauvageonne. Le Roi Artus est encerclé avec son armée par les troupes du roi Mark mais aussi par les hordes de Corall le saxon. A cent contre mille ils parviennent à vaincre Mark dont la femme Isold le trahit dans les bras du beau Tristan, son propre fils. Perceval, l'ancien fermier naïf, apprend le métier de chevalier toujours sous le charme de Merlin qui lui prédit un avenir brillant. Le jeune homme, grâce aux pouvoirs du vieux Merlin, visite la vallée des Dragons peuplées de bien étranges monstres. Et puis, Artus rêve de conquête, de gagner Rome et d'en devenir l'Empereur. Cette épopée de sang et de gloire a pour cadre la fin du monde dominé par les hordes barbares, les révoltes, les rêves de victoire impossibles. Heureusement l'amour demeure dans le coeur des hommes les plus meutris. Avec les Héros Cavaliers, Patrick Cothias et Philippe Tarral nous font revivre l'épopée des Chevaliers de la table ronde, d'Artus, de Merlin, de Perceval, enfin personnage clé du récit. Après Michel Rouge, Philippe Tarral confirme son grand talent tout au long des pages de cet album riche en images fortes. Texte Glénat.
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Date de parution | 13 Janvier 1987 |
Statut histoire | Série terminée 6 tomes parus |
Les avis
Le scénario utilise un matériau à la fois classique et original. Classique pour ce qui est de l’univers des chansons de geste, des légendes arthuriennes. Originale car il met l’accent sur l’Histoire proprement dite, au moment où, suite à la chute de l’Empire romain, les institutions sont en déliquescence, la Pax Romana s’effondrant face aux incursions pictes et germaines (Angles et Saxons). Je dirais que le scénario de Cothias (vieux routier des séries historiques de cette collection Vécu) traite de façon originale la partie « classique », et de façon un peu décevante et retenue la partie « originale ». En effet, j’aurais bien aimé – et à tout prendre sans doute préféré – qu’il se concentre sur la partie historique, cette époque charnière permettant à elle seule de développer une intrigue foisonnante. Or je trouve que cet aspect est sous exploité, et que les promesses entrevues au départ n’ont pas été tenues dans ce domaine. Quant à l’univers arthurien, cette version est quelque peu originale, se concentrant sur l’origine – des surnoms, des personnages, des liens qui les unissent – avec comme fil rouge le personnage de Perceval. Cette approche est intéressante, mais là aussi brouillonne. Le personnage de Perceval lui-même est assez bizarre dans son évolution. Totalement niais au départ (au-delà même du crédible), il conserve cette caractéristique, alors même que physiquement il est devenu brusquement beau gosse et surtout qu’il se comporte comme un tombeur (au succès immédiat avec toutes les dames rencontrées). Je n’ai pas du tout accroché au personnage et à ses répliques (il est aussi une sorte d’Averell, ne pensant qu’à bouffer, une sorte de comique lourdingue, assez hors de propos ici). Un scénario qui exploite mal ses possibilités donc. Mais surtout Cothias se disperse, voire se perd dans des digressions qui embrument le scénario. C’est surtout le cas dans le quatrième album, avec les délires autour des dinosaures, les anachronismes linguistiques de Merlin – improbables et sans intérêt. Les deux albums suivants évitent cet écueil, pour finir une sorte de cycle (« La basse quête »), mais si Cothias avait prévu de poursuivre cette série, il n’en a finalement rien été. Le dessin de Rouge sur les deux premiers albums est très classique, mais bon. Le dessinateur change ensuite (je n’aime a priori pas du tout ce genre de chose au sein d’une série). Le trait de Tarral est plutôt bon, même si un peu inégal et moins bon que celui de Rouge (les visages en particulier). Je n’accroche par contre pas trop à sa colorisation. Les défauts du travail de Tarral sont davantage visibles dans le sixième tome je trouve, album qui, en plus, est celui dont le scénario m’est apparu le plus faible. Une série qui possède de réelles qualités, et un potentiel important (mais pas exploité correctement selon moi). A redécouvrir à l’occasion d’un emprunt (je ne sais pas si elle est aisément trouvable). Note réelle 2,5/5.
Après Les Ecluses du Ciel où j'avais apprécié le trait précis et agréable de Michel Rouge, je me lance dans cette série d'abord par amour du beau dessin comme je l'aime, puis pour sa conception du mythe arthurien vue par Cothias. Cette saga raconte la vie des Celtes au VIème siècle, au coeur d'un Empire romain en déclin et aux sources des légendes arthuriennes, puisqu'elle suit le destin d'un jeune garçon qui va devenir Perceval. Cette bande opte donc pour la version historique d'Arthur, tout comme le fera le film Le Roi Arthur avec Clive Owen et Keira Knightley un peu plus tard, débarrassée des légendes bien propres enseignées par les poètes. Les auteurs évoquent les débris de l'Empire romain, l'Angleterre et la Bretagne celtique, la Cornouaille, Stonehenge.... de belle façon, mais comme je m'y attendais, Cothias s'emmêle encore les pinceaux et veut trop en faire, un peu comme dans L'Empereur du dernier jour et certaines Bd dérivées du cycle des 7 vies de l'épervier, son écriture part un peu dans tous les sens. Mais bon, si l'on excepte la reprise au dessin de Tarral après les 2 superbes albums de Rouge dont j'adore le graphisme, qui m'a un peu gênée au début, cette série reste une chanson de geste épique qui revisite un mythe universel, c'est ça l'important.
J'ai plutôt bien aimé le début de cette histoire qui revisite la légende arthurienne en la situant à la fin de l'Empire Romain d'Occident. Le concept n'est pas nouveau : on mélange histoire et légende. Le fougueux héros de cette saga médiévale n'est autre que Perceval. On apprendra qu'il doit son nom à une maladresse du fait qu'il a perdu son cheval (perd-cheval). Nous revivons par conséquent les aventures des chevaliers de la table ronde sous un autre angle. Tous les ingrédients étaient réunis pour faire de cette épopée de sang et de gloire une bonne histoire. Cependant, encore une fois, l'auteur vire dans le fantastique au point de décrédibiliser l'ensemble de ce récit. C'est dommage tout simplement. On a le sentiment que cela aurait pu être meilleur.
Evocation du mythe du roi Arthur à travers le regard de l'adolescent Kern-Ab-Efrog, qui deviendra Perd-Cheval puis Perceval, cette histoire d'initiation permet de situer les éléments de la légende dans la réalité, en montrant justement comment la réalité devient légende en jouant sur la crédibilité de personnages et de situations entrés dans la mémoire collective. Le Perceval décrit ici est un homme naïf et brutal qui se laisse emporter par les événements, en partie manipulé par Merlin, seul personnage à user de surnaturel au milieu d'un monde gagné par le christianisme. Les chefs de guerre préfèrent abandonner leurs anciennes croyances pour rallier l'église de Rome et profiter de son soutien. Arthur serait de ceux-là, s'il ne craignait de se tromper, partagé entre Merlin et un représentant de cette Rome... Sur cette trame, Cothias brode une intrigue pleine de rebondissements d'où l'onirisme n'est pas absent, mais ici c'est la carte de la reconstitution historique qui est d'abord avancée. C'est la disparition de l'empire romain et donc l'incertitude pour de nombreux chefs de guerre qui ne savent pas avec qui se liguer pour conserver leurs privilèges. Michel Rouge joue lui aussi sur le réalisme, avec son dessin influencé par Jean Giraud, il réalise deux superbes albums chargés de compositions magnifiques. Il se montre expert dans le maniement du noir et blanc, et son trait recèle une vraie puissance. Tarral lui succède avec un trait beaucoup plus léger, malgré une certaine saturation de hachures, et se révèle parfois maladroit dans ses anatomies. Mais il évolue pour simplifier son dessin et s'appuyer sur la couleur qu'il assure lui-même. Hélas, Cothias, après une mise en place de tout son univers, a un peu trop tendance à "s'écouter parler", c'est à dire à se laisser aller à des digressions languissantes, ici essentiellement le tome 4 qui à lui seul semble ralentir le cycle, et finalement trop attendre pour dévoiler les enjeux de son histoire. Il se rattrape heureusement avec le tome 5, qui montre les éléments de la légende en place, et où les situations et les dialogues retrouvent la saveur des récits de Chrétien de Troyes. La fin de la série, pleine de mystère et replongeant justement dans l'onirisme de temps anciens alors qu'Arthur souhaitait s'en éloigner, est pleine de charme. Elle semblait annoncer un second cycle, qui n'a malheureusement pas vu le jour. Une série ambitieuse, originale et intéressante, qui souffre quelque peu des longueurs au milieu de l'intrigue, mais qui mérite largement la découverte, surtout les albums dessinés par Rouge.
Une bonne série, qui renouvelle un peu le mythe du roi Arthur et de "sa" table ronde. Le héros m'a plu : un adolescent qui vit dans la forêt -qui s'appelle Kern Ab Efrog (!)- et va rencontrer Merlin (un sauvage !). Ca change un peu de la vision stéréotypée que l'on a de cette histoire connue. Les héros cavaliers ?... Une bien belle transposition, un heureux mélange aussi, du temps d'Arthur, de la quête du Graal, de Perceval... Qui plus est, un certain humour plane sur les planches où le dessin de Rouge -réaliste, clair et fougueux- "orne" de bien belle façon le texte de Cothias. Hélas -ben oui-, en 1993 Rouge cède son pinceau à Tarral. Il y a pour moi une sorte de cassure, une forme d'abandon de cette continuité d'esprit et de "main" que formait au départ le duo d'auteurs. N'empêche, ces "héros cavaliers" sont de bien belle facture, tant graphique que textuelle ; et je leur porte un bon attachement que je ne renierai pas.
Note approximative : 2.5/5 Quel dommage : cette série commençait d'une manière qui pouvait vraiment me plaire. Déjà le dessin, aussi bien celui de Rouge que celui de Tarral qui le remplace dès le tome 2, est tout à fait correct. Il n'est pas exempt de fautes parfois bien inesthétiques (erreurs de perspective, anatomies discordantes, etc...) mais globalement je trouve le résultat plutôt joli à regarder et à lire. De même les couleurs sont plutôt pas mal. Mais ce qui m'a surtout plu, c'est le décor de cette série. Une série portant sur le mythe du Roi Arthur et de ses chevaliers, c'est plutôt courant, non ? Oui mais pas de la manière dont il est traité ici. Les Héros Cavaliers inscrit ici la légende dans son contexte historique exacte et complexe. Point de Camelot, de Morgane la fée, de beaux chevaliers en armure étincelante, ici on pourrait vraiment croire que ce qu'on lit n'est que la pure réalité historique. L'Angleterre y subit encore les dernières influences de l'Empire Romain désagrégé, les chevaliers sont à peine plus civilisés que des barbares brutaux, leurs armures sont des mélanges entre les tenues de soldats romains et les peaux de bêtes des pictes, le Roi Arthur n'est qu'un chef de guerre plus ou moins influent... Tout ici est réaliste et permet de voir le Mythe Arthurien sous un œil qui m'est personnellement nouveau et que j'ai beaucoup apprécié. Seule part de magie (non négligeable), Merlin, en grand druide maîtrisant les éléments et l'omniscience à la façon du Leonard Langue-Agile des 7 Vies de l'Epervier (Cothias aime décidément avoir un tel élément dans ses récits). Les trois premiers tomes m'ont plutôt bien accroché pour les raisons que je cite ci-dessus. Même si le personnage de Perceval, adolescent ignorant, instinctif, brutal et sans gêne, est loin d'être attachant à mon goût, je trouvais qu'avec un tel décor, de tels personnages, l'histoire pouvait très bien tourner. Mais j'ai vraiment décroché avec le tome 4 (le passage avec les dinosaures, très peu pour moi). A partir de ce moment là, les défauts de cette série me sont vraiment apparus. La narration est plutôt confuse, il est difficile de trouver un fil conducteur dans cette histoire qui part à droite à gauche sans qu'on sache bien où l'auteur veut en venir. Nombre d'épisodes de cette petite saga sont sans intérêt tandis que j'aurais aimé en voir d'autres plus approfondis. Et puis surtout, le tome 6 termine la série un peu en queue de poisson, avec un petit délire de nouveau sans grand intérêt et une morale un peu philosophique, un peu druidique, dont je me serais passé. En gros, toute cette série ne mène à rien à mes yeux. Tout se termine sans qu'il ne se soit passé quelque chose de vraiment captivant et c'est plutôt frustrant. Reste donc ce décor Arthurien-Historique très sympa et instructif, le dessin correct et... et l'impression qu'il y aurait quelque chose de très bon qui aurait pu en sortir, hélas.
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