Piero
Baudoin évoque les moments forts de son enfance avec son frère ainé Piero, qu'il admire et avec qui il dessine... pour ne jamais s'arrêter.
Enfance(s) Frères et soeurs
Baudoin est très lié avec son frère et partage les mêmes rèves, les mêmes jeux et les mêmes histoires. Leur imaginaire trouve vie dans le dessin, que Baudoin préfère vite à l'école. Les deux frères grandissent en même temps que leur dessin murît et s'enrichit de leurs découvertes de la vie, quand ce n'est pas le dessin qui enrichit leur vie. Alors que les deux enfants se construisent par le dessin, un seul continuera dans cette voie par la suite... Ce sera d'abord Piero, puis Momon... Baudouin nous livre ainsi son enfance et ses rapports au dessin.
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Date de parution | Janvier 1998 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Et pourquoi trop s'appliquer, c'est tuer la vie ? - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre, dont la première édition date de 1998. Il a été réalisé par Edmond Baudoin, pour le scénario et les dessins. Il s'agit d'une bande dessinée en noir & blanc de cent-vingt pages. Au temps présent, Edmond marche dans une rue en regardant les feuilles tomber à l'automne. Aujourd'hui, les feuilles qui tombent des platanes sont grises comme un ciel triste. Il lui semble qu'avant, elles étaient pleines de couleurs. Avant, quand avec Piero son frère, ils poussaient les feuilles mortes devant eux, jusqu'à ce que le tas amoncelé les empêche d'avancer. Ensuite ils sautaient dedans. Ensuite, ils choisissaient les deux plus belles pour les dessiner. C'est avec son petit frère Piero qu'il a appris à dessiner. Ils étaient toujours ensemble. À Nice où leur père travaillait, à Villars-sur-Var, le village de leur mère, leur village. Dans une étendue d'herbe, les deux enfants font des bateaux. Avec un Opinel, ils sculptent des écorces de pin, et dans un canal d'arrosage, ils leur font faire des courses. le premier s'appelle Geronimo, le second Sitting-Bull. Les deux enfants courent pour suivre les bateaux filant sur l'eau. Ils voient passer une soucoupe volante dans le ciel. La soucoupe s'écrase plus loin et une colonne de fumée s'élève dans le ciel. Ils courent pour aller voir. Ils arrivent au bord du cratère et se couchent dans l'herbe pour observer sans être vu. Piero se retient de tousser. Il y a un extraterrestre humanoïde à côté de la soucoupe. Piero décide d'aller voir. L'extraterrestre reste assis et l'accueille amicalement. Il lui explique la situation, en lui parlant par transmission de pensée. L'essence des soucoupes volantes, c'est le rêve et sa soucoupe est en panne de rêve. Depuis tout à l'heure, il essaye de rêver, mais il n'y arrive pas. Mais Piero est un enfant, et l'extraterrestre est sûr qu'il est plein de rêves. L'enfant essaye de rêver et le plein de la soucoupe est ainsi fait. Mais avant de partir, l'extraterrestre doit supprimer de la mémoire de l'enfant ce qu'il vient de voir. Il règle son pistolet anti-mémoire et… Piero se réveille sans souvenir de ce qu'il s'est passé. Edmond le retrouve, lui parle de la soucoupe et lui montre les dessins dans le cahier. Piero aimait dessiner les voitures ; Edmond aimait mieux les chevaux. Quand Piero a eu cinq ans, il en avait six et demi. Ils ne savaient pas que la télévision avait été inventée, que certains l'avaient déjà, et ils n'avaient pas connu la maternelle. Ils ne savaient pas encore qu'ils dessinaient mieux que les autres enfants de leur âge. Ils ne les connaissaient pas, ils étaient toujours les deux ensemble. Ils ne savaient pas que c'était à cause d'une coqueluche qu'ils dessinaient bien. Piero avait eu une coqueluche, mais il toussait toujours. Et il était souvent malade. Ils étaient beaucoup, dans une maison qui avait peu de place. Ce qui fait qu'avec Piero, ils dormaient dans le même lit. Aujourd'hui, on peut penser que dormir avec son frère, ce n'est pas très bien. Pour eux c'était merveilleux. Plonger dans un récit de Baudoin constitue une aventure imprévisible, que le lecteur soit familier de son œuvre ou non. Si c'est le cas, il connaît déjà la qualité fusionnelle de la relation entre lui et son petit frère, sinon il le comprend rapidement. Dans le premier cas, il sait qu'Edmond a voué une admiration intense à Piero, sinon il suppose qu'il va découvrir un récit intimiste et biographique sur ce thème. Dans les deux cas, les surprises abondent. Pour commencer, les dessins ne sont pas réalisés au pinceau comme la plupart des bandes dessinées de l'auteur, mais à la plume et à l'encre. Cela donne une impression un peu griffée, plus enfantine qu'abrasive ou âpre. La première séquence conforte le lecteur dans cette impression : elle s'avère très linéaire, avec un événement survenant après l'autre, comme dans l'esprit d'un enfant, et une imagination assez naïve avec cette soucoupe volante. le lecteur se dit que la narration s'avère un brin basique et se demande si la suite va être du même acabit. La rencontre avec l'extraterrestre reste dans un registre un peu naïf avec ce moteur qui carbure aux rêves. Puis l'auteur passe à une autre facette de sa relation avec son petit frère Piero : la maladie de celui-ci qui avait contracté une coqueluche et qui souffrait encore de problèmes respiratoires. Les dessins sont alors un peu plus chargés en encre, à la fois parce que cette séquence se déroule en intérieur, à la fois parce que l'alitement de Piero rend l'ambiance un peu triste, comme toute maladie. Les dessins redeviennent beaucoup plus aérés alors que les deux frères sont couchés dans le même lit, qu'ils dorment en partageant le même rêve, celui de voler ensemble au-dessus de la Terre. le lecteur éprouve la sensation de se retrouver devant la séquence animée servant d'ouverture et de fermeture d'antenne pour la chaîne Antenne 2, diffusé entre 1975 et 1983, réalisé par Jean-Michel Folon (1934-2005), avec cette même qualité onirique, le temps des pages trente-cinq à trente-sept. Les souvenirs continuent avec la pratique du dessin par les deux frères, en particulier leur jeu préféré : prendre une grande feuille de papier et chacun dessine un château fort avec un drapeau, l'un à gauche, l'autre à droite. Un pont relie les deux forteresses et sous le pont une rivière infestée de requis ou de crocodiles suivant les jours. Puis chaque frère dessine des soldats du côté de sa page, en train de tirer à l'arc, ou d'être atteint par une flèche, en en rajoutant tant et plus, jusqu'à ce que tout devienne ratures et traits informes, les obligeant à arrêter. Cette séquence de bataille sur une grande feuille en format paysage se déroule sur trois doubles pages (p. 40 à 45), chacune avec un unique dessin en double page dessiné de manière enfantine. Sur la deuxième, l'auteur précise qu'ils ne se servaient pas de gommes, qu'ils ne se sont jamais beaucoup servi de gommes. le lecteur se rend compte qu'il vient d'assister incidemment à la formation d'une des caractéristiques de dessin d'Edmond Baudoin. La même chose se reproduit quelques pages plus loin : Edmond évoque le fait que son frère et lui recopiait également les photos des calendriers de la poste, et celles en noir & blanc des journaux. Ils fixent longuement ces photographies et finissent par distinguer qu'elles sont plein de petits points et que quand ces points se collent, ça devient noir. Il teste alors de simplifier les photos de plus en plus pour voir à quel moments ses gribouillis noirs ne sont plus que des gribouillis. Il vient ainsi d'expliquer, avec deux dessins, le processus complexe de représentation par des traits et des taches, mettant en jeu le processus de reconnaissance et d'identification par l'esprit du lecteur. Un peu plus loin, Edmond voit des dessins d'Alberto Giacometti (1901-1966). Il comprend qu'il y a un homme qui ne se posait pas seulement la question de ce l'œil voit, mais aussi de ce qu'il y a derrière les yeux. Il devient évident pour lui que toute une vie ne suffirait pas pour comprendre. le lecteur assiste ainsi donc en toute simplicité à sa démarche artistique pour apprendre et faire l'apprentissage de la représentation, ni plus ni moins qu'un commentaire sur sa façon de concevoir ses dessins. À quel moment des traits, des taches, des hachures ne sont plus de l'herbe, des pierres, un arbre, des branches… Et pourquoi trop s'appliquer, c'est tuer la vie ? À d'autres moments, la composante biographique, présente tout du long, reprend sa place au premier plan. Toutefois, le lecteur a bien saisi qu'elle est indissociable de son apprentissage artistique, qu'il s'agit d'une partie intégrante. Il assiste ainsi à l'arrivée de l'adolescence, à la prise d'importance des femmes dans la vie des deux frères. S'il est déjà familier des œuvres de l'auteur, le lecteur sourit car il sait que c'est une composante essentielle dans sa vie et dans ses bandes dessinées. Il se demande dans quel sens va évoluer la relation fusionnelle des deux frères, si elle va survivre aux copines, à l'éloignement des études dans des lieux distants. Il sait peut-être déjà que Piero finira par abandonner sa carrière artistique. Il en découvre ici la raison. Il assiste également à un terrible accident de la route, avec des blessures graves. En voyant le corps du jeune sur le capot de la voiture, il pense également à cette interrogation chez Baudoin : comment est-il possible qu'en s'éteignant, la vie emporte avec elle toute la personnalité d'un être humain ? Pourquoi le corps inanimé n'en contient plus rien ? En découvrant le titre, la quatrième de couverture, éventuellement un résumé, le lecteur ne peut pas s'empêcher de se faire un film de se faire une idée a priori du contenu de la bande dessinée. Pour chaque ouvrage d'Edmond Baudoin, il a à la fois entièrement raison sur sa nature, et en même temps il ne peut pas imaginer ce qu'il va découvrir. Pour celui-ci, cela commence avec le mode de représentation choisi : d'un côté il y a bien ces dessins pas forcément jolis mais toujours facilement lisibles et vivants, de l'autre côté l'artiste n'utilise pas le pinceau mais la plume et il varie à deux ou trois reprises la tonalité globale de ses représentations. Sans surprise, la narration développe des éléments biographiques, très personnels, même s'ils peuvent être un peu enjolivés ou modifiés pour donner une histoire plus cohérente. de manière inattendue, le créateur rend hommage à d'autres artistes et il explique le cheminement artistique qui fut le sien, sa façon d'envisager la représentation de ce qu'il voit. Comme d'habitude, la lecture de cette œuvre de Baudoin apporte ce que le lecteur attend, mais aussi beaucoup plus, dans un récit qui donne l'impression d'avoir été réalisé au fil du vagabondage de sa pensée, mais qui offre une cohérence globale d'une rigueur insoupçonnable. Indispensable, ne serait-ce que parce que l'auteur tient son pari de parvenir à continuer l'enfance.
Récit autobiographie teinté d’imaginaire du royaume de l’enfance. Baudoin danse sa plume en pleins et déliés pour former mots et dessins qui se répondent et se mêlent pour raconter un temps passé, une liberté d’époque, une jeunesse pleine de vie et une vocation d’artiste en devenir. Il raconte son frère, Piero, son frangin, son poteau, avec poésie, mélancolie et espoir. Et si les rêves étaient le chemin à suivre ? J’aime beaucoup ce roman graphique qui offre un portrait d’enfance et d’adolescence, un rappel au rêve, un parfum d’ancien temps, une tranche de vie. Le trait tout de noir et blanc est sensible, parfois brouillon comme le sont les souvenirs. Le ton est juste, sans filtre. En somme, Piero est un bel album sur la fratrie et la passion du dessin servi par un auteur de talent.
Une belle petite surprise cet album, vu que je ne suis pas habituellement fan des souvenirs d'enfance. Mais en feuilletant à la bibliothèque, le graphisme a su me parler sur les quelques planches que j'ai vues, j'ai donc emprunté. On retrouve dans cet ouvrage tout l'amour que peuvent éprouver deux frères élevés ensemble dans la campagne et isolés dans leur prime jeunesse des autres enfants. En effet leur parcours n'est pas banal et la maladie du jeune frère les a soudés dans le même amour de la nature et surtout du dessin. J'ai été amusée par le fait qu'une fois scolarisés et donc confrontés aux autres, ils découvrent que leur talent n'est pas partagé par tous. Le dessin justement, il ne fait visiblement pas l'unanimité mais j'aime bien ce trait un peu gras et parfois ces ''gribouillis'' qui finissent par dévoiler l'image. C'est expressif et la narration est fluide, on ne s'ennuie pas. Je n'irai pas jusqu'à le relire mais c'est un emprunt que je ne regrette pas.
Enfin une bande dessinée de Baudoin qui me touche. Cet album autobiographique est beaucoup plus facile d'accès que 'Les Essuie-glaces' qui m'avait vite ennuyé. L'auteur montre différents moments de sa vie (particulièrement son enfance) et voir comment il évolue au fil du temps est intéressant. Sa relation avec son frère est très touchante. Il faut dire aussi que je me reconnais un peu dans ces deux jeunes garçons qui utilisent leur imagination pour raconter des histoires et qui veulent vivre de leurs arts plus tard. Sauf que mes dessins sont laids et je n'ai jamais eu de patience pour m'améliorer. Le dessin de Baudoin est sympa.
Il est vrai que je ne suis pas réellement un gros fan de l’auteur. Ce titre fait partie de la sélection 2012 du prix IRCOS de la bd. Bref, ceci pour expliquer que je lis parfois des œuvres non par choix mais par obligation d’esprit. Qu’importe d’ailleurs car ma boulimie de lecture me permet également de faire des découvertes. C’est peut-être également celà l’ouverture d’esprit. En réalité, l’auteur a déjà réalisé il y a plus d’une dizaine d’années ce titre qui revient sur le devant de la scène grâce à une réédition. J’ai toujours beaucoup de mal avec le trait graphique en noir et blanc que je n’arrive pas à apprécier. Sur le fond, il n’y aura guère de péripéties mais une impression sur l’enfance, les vacances, les rêveries et la fraternité. On sent qu’il y a beaucoup de sensibilité mais retenue. J’ai aimé ce côté amour fraternel et passage du flambeau.
Pour l'instant je n'ai jamais été déçu par Baudoin. Cette petite BD est remarquable de simplicité et de sincérité. J'ai été touché par cette autobiographie qui raconte sa jeunesse avec son frère "Piero". L'auteur se livre mais rend surtout hommage à son frère avec qui il partageait tout et surtout la passion du dessin. Dans cette BD, le dessin N&B est épuré avec un petit côté enfantin qui fait son charme. Je continuerai à découvrir cet auteur car il sait transmettre les émotions sans en faire des tonnes.
Enfin une BD de Baudoin qui a su me plaire, me captiver du début à la fin et me toucher. Cet album aborde deux sujets : la jeunesse de Baudoin et l'amour qu'il porte à son frère d'une part, et d'autre part leur passion commune pour le dessin et comment celui-ci s'est développé pour Baudoin au fil du temps. Avec ce récit, Baudoin m'a offert les clés de la compréhension d'une partie de son art, les clés pour comprendre son dessin, pourquoi il a fait le choix de cette esthétique qui, jusqu'à présent, me rebutait car je la trouvais trop brouillonne, avec un trait trop charbonneux. Et effectivement, en expliquant en quelques pages le schéma de pensée qui l'a amené à aborder son dessin de cette manière, j'ai pu suivre cette évolution et l'apprécier à sa juste valeur. Sans pour autant que cela soit vraiment mon goût personnel, je le comprends mieux et verrais probablement les planches de Baudoin sous un nouveau regard. Mais ce n'est pas tout car l'essentiel du récit porte tout de même sur la relation entre Momon et Piero, les deux frères Baudoin. Cette relation fusionnelle est touchante, faites de rêves, d'imagination et de vie de tous les jours. On suit son évolution et ses changements avec intérêt et affection. Le récit est fluide et plaisant, sans fioritures et digression malheureuse. Il a su m'intéresser de bout en bout et me toucher à certains moments cruciaux. Le dessin est dans le style de Baudoin mais son trait est ici plus fin, plus net que dans la majorité de ses autres oeuvres : je le préfère comme ça. Si bien que sans être totalement amateur de cette esthétique, j'ai trouvé cet album plutôt joli. Bref, je suis heureux d'avoir eu l'occasion de lire cette BD au petit format de Baudoin et peut-être que, grâce à elle, je vais enfin voir mes futures lectures de cet auteur sous un oeil plus favorable que celui que je lui portais jusqu'à présent.
Baudoin raconte de manière autobiographique une partie de son enfance et sa vie avec son frère Piero. Ils ont été élevés ensemble malgré leur légère différence d'âge, c'était plus « facile ». On découvre également comment il s’est lancé dans la bande dessinée. C’est intéressant, sensible, on se plaît à suivre cet hommage à un frère. Un frère qu'il idéalise peut-être trop, se dévalorisant face à ses propres réalisations.
Fan de Baudoin, surtout des ces premières années (Couma Aco, La peau du lézard), j'ai beaucoup aimé cette BD qui aide à mieux le connaître. Son dessin y est comme toujours du grand art, et cette Bd aide à comprendre pourquoi... Pour moi, ce qu'il a fait de mieux depuis les 2 merveilles citées plus haut.
Personnellement je n'apprécie pas beaucoup Baudoin. J'avais commencé par "le chemin de Saint Jean" puis l'Eloge de la poussière. Je les avais trouvés trop fouillis bien qu'extrémement bien dessinés. Le dessin de Baudoin reste très beau, et j'ai beaucoup aimé l'histoire, qui est plus structurée par la chronologie... Le lire permet de mieux apprécier l'oeuvre de Baudoin, d'autant plus que toutes ses BDs sont en relation et se répondent les unes les autres. J'ai beaucoup apprécié l'évocation de ses souvenirs, et les liens avec le dessin. A lire pour apprécier l'oeuvre de Baudoin.
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