Jonny Double

Note: 3.25/5
(3.25/5 pour 8 avis)

Un polar "hard-boiled", première collaboration de Risso et Azarello qui préfigure 100 bullets.


Auteurs argentins DC Comics Les petits éditeurs indépendants San Francisco Vertigo [USA] - Côte Ouest

San Francisco de nos jours, le meurtre sordide d'un SDF client du détective miteux Jonny Double... Ceci est le point de départ de l'enquête du détective, affaire à laquelle vient s'ajouter une mission de surveillance de routine plutôt facile pour Double. Mais les choses ne se passeront pas tout à fait comme prévu, Double parviendra t’il à s'en sortir indemne?

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Septembre 1999
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Jonny Double © Le Téméraire 1999
Les notes
Note: 3.25/5
(3.25/5 pour 8 avis)
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20/11/2004 | steamboy13
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Par Présence
Note: 4/5
L'avatar du posteur Présence

Polar bien noir et bien tordu - Ce tome regroupe les 4 épisodes d'une minisérie de 1998, qui forment une histoire complète et indépendante. Jonny Double est un détective privé qui a autrefois travaillé dans la police, et il entretient encore des relations ambigües avec son ancien partenaire. Il a un gros problème avec la boisson et il passe le plus clair de son temps dans un bar à écluser des bières et quelques fois à descendre du bourbon, en papotant avec des poivrots aussi paumés que lui. Il s'exprime d'une manière assez singulière, en utilisant des tournures de phrases issues de la contre-culture des années 1960. Un jour, il retrouve un client en train de l'attendre dans la chambre d'hôtel qui lui sert d'appartement. Ce monsieur bien habillé lui demande de veiller sur Faith, sa fille d'une vingtaine d'années qui a quitté le domicile parental pour s'acoquiner avec une bande de jeunes. Jonny Double commence à fureter autour de la bande et finit par nouer un contact avec eux. Il apprend qu'ils s'apprêtent à vider un compte en banque et qu'ils ont besoin de l'aide d'une personne comme lui. La petite histoire veut que ce récit marque la première rencontre artistique en Brian Azzarello et Eduardo Risso et que le résultat ait permis le lancement de la série 100 bullets (à commencer par Première salve). Ils déroulent ici un récit qui s'inscrit dans la veine des polars bien noirs mettant en scène des individus plus ou moins paumés, vivant d'expédients, n'ayant pas peur d'user de leurs poings et prêts à se raccrocher à n'importe quel plan leur promettant un enrichissement illicite, mais rapide, pour pouvoir changer de vie. Ils utilisent un personnage oublié de DC Comics : Jonny Double, créé en 1968 par Len Wein et Marv Wolfman et inutilisé depuis des années. Cette histoire est parue initialement dans la branche Vertigo de DC Comics. L'expérience a prouvé que très peu de créateurs sont capables de réaliser une bande dessinée crédible qui s'inscrit dans ce genre de polar. Azzarello et RIsso évitent tous les pièges, respectent toutes les figures imposées du genre pour un récit nerveux et tendu, avec une intrigue tordue à souhait. Première difficulté : faire exister des personnages dangereux et troubles, sans tomber dans le ridicule. Sur ce plan la réussite tient autant aux illustrations, qu'au scénario. Eduardo RIsso utilise un style à l'encrage un peu appuyé mais pas trop. Chaque personnage à une gueule bien marquée, une silhouette spécifique et un langage corporel unique. Jonny évoque régulièrement Marv (en moins imposant) de Sin City. Faith se meut comme une femme de son âge, sans exagération de sa silhouette, et avec des attitudes qui en disent plus long que ses paroles. Azzarello a l'art et la manière de dévoiler la personnalité de chacun avec quelques phrases. Il n'y a pas de bulles de pensée, mais Jonny, Faith et les autres sont tous des individus autonomes avec ce qu'il faut de caractère pour exister aux yeux du lecteur. Très vite le lecteur découvre que chaque protagoniste ne pense qu'à sa part du gâteau. Jonny ne se limite pas à quelques stéréotypes : il boit, il est costaud, mais il n'a pas de résistance surnaturelle à la douleur, il s'accommode de la dèche dans laquelle il est, il se sert de son intelligence, avant de se servir de ses poings, etc. Deuxième difficulté : respecter les codes du genre, sans tomber dans les stéréotypes. Risso déploie beaucoup d'efforts pour conférer de la personnalité à chaque lieu : clôture en grillage, agencement particulier pour chaque bar (de par la disposition des bouteilles par exemple), différents modèles de voitures, revêtements de façades d'immeuble variés, etc. Son talent de décorateur éclate dans une scène se déroulant dans les toilettes bien glauques d'une boîte de nuit. Les auteurs ont choisi de situer leur histoire à l'époque contemporaine (fin des années 1990) et chaque lieu semble plausible, vraisemblable, unique. Azzarello inclut donc les composantes attendues : femme fatale, coups tordus, trahison, bastonnade, magot mirifique, présence de la pègre, meurtre, etc. Et il organise ces éléments pour en faire un récit concis, malin, percutant, sans que la violence ne remplace l'intrigue. Il sait rendre Jonny Double sympathique au lecteur, malgré ses défauts, sans en faire un héros. le lecteur frémit à l'idée de ce qui attend cette bande de jeunes inconscients, tout en se disant qu'ils l'ont bien cherché. Pour un coup d'essai, ce comics est une réussite d'Azzarello et Risso. Ils entraînent le lecteur dans un monde d'adultes où chacun pense d'abord à lui dans l'espoir de s'assurer un style de vie meilleur rapidement.

08/08/2024 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

Bien qu'Argentins les auteurs réussissent à nous transporter dans le monde du polar noir US avec brio. Le scénario utilise tous les codes du genre si bien que l'on croirait lire du Ellroy ou du Connelly par moment. Le privé rebelle, la beauté blonde et ambigüe, les mafiosi sans pitié et le coup génial qui pète à la figure sans que l'on comprenne pourquoi, tous les ingrédients d'un scénario efficace sont là. Azzarello fait dans le classique jusqu'à la pirouette finale et une fin ouverte assez courante dans ce type de récit. Le plus de la série est le graphisme de Risso. Son trait en N&B nous plonge dès les premières cases dans une ambiance glauque et poisseuse des bas-fonds de San Fransisco. Ses ombres chinoises sont formidablement sensuelles et il sait rendre l'atmosphère violente ou angoissante quand il le faut. Le découpage très moderne participe au dynamisme du récit. Un bon polar presque made in USA pour les amateurs. 3.5

05/03/2023 (modifier)
Par Miranda
Note: 3/5
L'avatar du posteur Miranda

Jonny Double est un petit polar entraînant qui trouve tout son intérêt dans les jeux de mots et répliques acides, noires et très jouissives des personnages. Le récit, lui, est plutôt banal et souvent assez prévisible et parfois, au contraire, une petite pirouette pas toujours logique fait que le scénario part dans un autre sens. Cela dit la lecture et le visuel étant excellents ça se laisse lire avec plaisir. Côté graphisme c'est du Risso toujours aussi beau, avec son jeu de noir et blanc où l'on ne sait pas si c'est le noir qui donne forme à l'image ou si c'est le blanc. Vraiment parfait.

05/01/2010 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
L'avatar du posteur Ro

Moi qui ne suis pas amateur de polar, j'ai beaucoup aimé celui-ci mais je comprends qu'il ne doit pas plaire à tout le monde. Ses défauts en effet : une intrigue qui devient un peu trop intriquée et confuse à partir d'un certain point et quelques points qui manquent un peu de crédibilité. Notamment 2 fois où, même en connaissant le dénouement final, je me demande encore ce qui explique vraiment que le héros n'ait pas été tué par l'assassin alors qu'il en avait plus que la possibilité. Quand on a pris connaissance de tous les tenants et aboutissants de l'intrigue, on peut éventuellement l'expliquer mais pas de manière très convaincante. Mais par contre, au rayon des qualités : - un dessin très sympa, maîtrisé, bon et doté d'une narration graphique très fluide - un personnage principal attachant, à la fois cliché mais aussi doté d'une certaine originalité - un scénario assez innovant, très dense (peut-être trop car il en devient un peu embrouillé) et surtout qui se tient du début à la fin - un dénouement de l'intrigue à rebondissement avec une explication de fin de texte à la manière d'un Agatha Christie qui nous révèle tout et met le jour sur plein d'inconnues et de mystères révélés - et surtout une intrigue prenante qui m'a accroché dès le début pour ne plus me lâcher jusqu'à la dernière page Dommage donc pour l'aspect un peu confus de certains passages où l'on s'y perd en ne sachant plus bien ce qu'il se passe et qui fait quoi mais en tout cas, voilà une lecture que j'ai franchement bien appréciée.

12/08/2007 (modifier)
Par Alix
Note: 3/5
L'avatar du posteur Alix

Jonny Double est un polar dans la plus pure tradition, un ex-flic baroudeur, alcoolique, et devenu détective privé, un commissaire qui l’aide parce qu’ils étaient collègues dans le temps, un vol d’argent qui tourne mal, un homme d’affaire pourri, un tueur, une belle blonde aux gros seins, bref, vous voyez le genre… Le début de l’histoire marche assez bien, et l’intrigue est vraiment intéressante. Le problème est que ça se complique inutilement vers la fin, on sent que les auteurs ont voulu impressionner le lecteur, mais le résultat est un peu décevant. Les dessins sont chouettes, et contrairement aux posteurs ci-dessous, j’ai lu la VO qui est colorisée. Bref, je ne conseille pas l’achat, mais si vous êtes fan du genre et avez l’occasion de la lire en bibliothèque, n’hésitez pas.

07/06/2006 (modifier)
Par Kael
Note: 4/5

J'adore le dessin de Risso, et c'est bien ce seul élément qui m'a poussé à lire cet album. Comme d'habitude, il nous régale de ses planches parfaites : les perspectives sont justes, les personnages ont tous une certaine classe, et ses encrages sont magnifiques. Des planches dynamique du début à la fin de l'album, c'est du bonheur. Le scénario ne fait pas pâle figure. Je n'ai vu aucune faille dans cette intrigue qui mène le lecteur en bateau du début à la fin, sans qu'on se sente floués à la fin (fin qui est tout sauf un happy end) Jonny Double est un personnage qui réussit à devenir attachant alors que c'est une ordure, une petite frappe, un looser. Il m'a presque fait de la peine à la fin... Un thriller comme j'aimerais en lire plus souvent.

03/03/2005 (modifier)
L'avatar du posteur ThePatrick

Très décevant. Si l'histoire de base n'est pas mauvaise, en revanche les personnages ne sont ni attachants ni même crédibles, le scénario se révèle vraiment téléphoné, d'une banalité que son apparente complexité ne parvient pas à dissimuler. Il utilise les poncifs du genre sans jamais réussir à les mettre en valeur, et surtout la fin est totalement ratée, d'autant plus que les pages précédentes auront éteint toute trace d'intérêt qu'on aurait pu éprouver. Même le superbe noir et blanc de Risso en pâtit, et on en vient à le trouver sans saveur, un comble ! Bref, ne fonctionne absolument pas. Dommage.

22/02/2005 (modifier)

Cette histoire se déroule dans les ruelles bien sombres et crasseuses de San Francisco. Jonny Double héros minable est un ex-flic devenu détective, couvert de dettes et passant le plus clair de son temps à se pinter dans des bars minables et à promettre à son logeur de lui régler le loyer. Son unique client vient de se faire descendre et Double désabusé reçoit une proposition bien aguichante. Ceci est le début de cette histoire jalonnée de trahisons, meurtres barbares et de fausses pistes. On retrouve les thèmes chers à Azzarello et Risso dans cette histoire somme toute très banale. En effet, la série annonce l'arrivée de 100 bullets et utilise les mêmes codes. Et pourtant la qualité est loin d'être la même dans "Deux Doigts de Rabais", pourquoi ? -1 : Parce que l'histoire du détective miteux, complètement fini qui est en fait un gros malin et se comporte d'un seul coup de façon chevaleresque, c'est peut-être du romantisme de bas étage mais c'est certainement déjà vu consommé, oublié et difficile à croire. -2 : Parce que trop de choses se passent dans cette histoire, trop de gens se retrouvent par hasard, trop de situations dégénèrent et la lecture en devient fastidieuse. -3 : Parce que même si les dessins sont carrément aussi bons que dans 100 bullets, ils sont en noirs et blancs ! Du coup, ça nous permet de voir l'importance du travail de la coloriste malheureusement absente de la présente BD. Donc, il y a certes de bonnes intentions dans cette BD mais ce n'est pas abouti et l'ensemble est maladroit. Encore une BD qui ne restera pas dans les mémoires.

20/11/2004 (modifier)