Palaces
Simon Hureau n'est pas de ces auteurs voyageurs pour qui le monde n'existe que parce qu'ils l'ont visité. On ne trouvera donc pas dans son récit les habituelles appréciations ethnocentrées de petit dessinateur de BD exilé en territoire inconnu.
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Cette fois, c'est le pays qui l'accueille (ici le Cambodge) qui l'observe, s'amuse et nous amuse de l'inadaptation de ce sorte de SDF lunaire. Car, il risque sa vie, Simon, l'inconscient. Il dort au bord de rivières sans doute infestées de crocodiles, il s'enveloppe dans de douteux sacs de ciment trouvés sur place. Il a également une incompréhensible prédilection pour les nuits passées dans des temples abandonnés aux âmes errantes des crimes de Pol Pot. Il se ballade au crépuscule dans des champs aux hautes herbes pas complètement déminés. On appréciera la véritable aisance dont fait preuve l'auteur pour rendre compte de ses pérégrinations, alors que quelques temples d'une jolie couleur de lichens vermillon viennent éclairer ce remarquable album, de plusieurs pages d'une superbe bichromie orangée.
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Date de parution | Juin 2003 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J'ai hésité entre le 3 et le 4 pour cette série de Simon Hureau. 3 à cause du graphisme que je trouve bien moins abouti que dans ses productions ultérieures comme Intrus à l'Etrange ou l'excellent L'Empire des hauts murs. Simon Hureau aime les vieilles pierres qui racontent une histoire. Son graphisme aux mille détails excelle à reproduire chaque défaut et chaque anfractuosité de ces vieux murs qui sont hantés par un lourd passé. Parmi les temples célébrissimes du Cambodge il a pu donner libre court à son talent dans ce domaine. C'est vrai aussi pour les dessins des insectes même si je trouve que cela fait un peu trop planche anatomique de biologie animale. Par contre je trouve les visages pas toujours agréables ainsi que la jungle trop souvent floutée à mon goût. D'autre part, je trouve le scénario très intéressant. A travers son observation privilégiée des pierres d'Angkor c'est une partie de l'histoire et de l'ambiance du Cambodge que Simon Hureau nous fait vivre. On le sent vraiment dubitatif et circonspect vis à vis de l'humain et amoureux des architectures et de la nature. En effet le récit humain semble vouloir choisir une troisième voie entre un passé rouge d'idéologie et de sang et un présent gris qui transpire les effets les plus contestables du consumérisme capitaliste. Entre les douilles des Khmers rouges de Pol Pot et la canette de Cola, Hureau repousse les deux. Il ne reste qu'au bout du voyage qu'une péripétie amère, une de plus à gérer presque seul. Presque en queue de poisson.
J’avais tellement aimé le « Bureau des prolongations » de Simon Hureau que quand j’ai vu « Palaces » du même auteur lors d’une des mes virées dans une librairie parisienne, je n’ai pas pu m’empêcher de l’acheter ! D’ailleurs, ça aurait été vraiment idiot de ma part de laisser tomber cette lecture car « Palaces » est en quelque sorte le prologue du « Bureau des prolongations ». Ce récit est en réalité le carnet de voyage de Simon Hureau au Cambodge. Le lecteur y découvrira un homme qui semble se négliger un peu comme les fanas du mouvement « grunge » des années 90 (souvenez-vous, c’était « Nirvana », « Soundgarden », etc…). Bref, l’auteur se retrouve dans ce pays avec quelques amis, il ne se prend le pied qu’en dormant à la belle étoile même au beau milieu d’un champ de mines abandonné par les Khmers rouges et de partager ses péripéties avec la population locale… Ce genre de voyage où le gus part à l’aventure avec pour seuls compagnons un sac à dos et une bonne dose de culots (ou d’insouciances), je l’ai fait il y a quelques années et j’en ai ramené d’excellents souvenirs. Et quelles sont les raisons qui m’ont motivé à faire ça ? Réponses : ne pas être enfermé dans la cage dorée d’un hôtel proposé par une agence de voyages et le… peu d’argent, et c’est certainement ces raisons qui ont aussi poussé Simon Hureau à se rendre ainsi au Cambodge. Bref, je pense que vous l’avez compris : j’ai passé un très bon moment de lecture en voyageant en compagnie de Simon Hureau. J’ai admiré avec lui les monumentales « pierres » d’Angkor, j’ai frissonné avec lui quand il s’est réfugié dans cette fameuse bâtisse, je me suis mis à sourire lorsqu’il était « secoué » sur sa mobylette en empruntant les pistes cambodgiennes, etc… ça a été un bon dépaysement pour moi de lire cette bd ! Au niveau du dessin, je préfère me taire car je risque de ne dire que des superlatifs ! J’aime déjà le noir et blanc de Hureau Simon aperçu dans « "Le Bureau des prolongations" » mais là, avec l’emploi de tons rougeâtres, c’est vraiment ma-gni-fi-que ! Et dire que l’auteur a réalisé sa bd à partir de croquis faits sur place (et donc nombre d’entre eux ont « disparu » pendant son voyage), je suis vraiment époustouflé par son coup de crayon ! Sans être aussi enrichissant que « La Tentation » de Renaud de Heyn ou encore « Le Photographe » de Guibert & Lefèvre, « Palaces » offre aux lecteurs une vision très divertissante d’un voyage dans un pays dit « risqué » ; c’est cet aspect-là qui m’a plu dans cette bd. Dommage que l’album (au format et à la pagination conséquente) coûte 28€00 ( !)…
C'est la première BD de Simon Hureau que je lis et je dois dire que j'apprécie son dessin. A mi-chemin entre le carnet de croquis travaillé et le dessin artistique, ça donne de jolies planches et ça met bien en valeur l'exotisme et la beauté du Cambodge tel qu'il est visité dans Palaces. A côté de ça, pour l'histoire, je l'ai lue sans trop de déplaisir mais je dois dire que je suis partagé. Pour commencer, il me semble très probable que Simon Hureau et moi ne nous entendrions absolument pas dans la vie : nous avons une idée du voyage (et sans doute de la vie) radicalement opposée. Je n'ai rien de ce bohème mal rasé et keffieh autour du cou, artiste qui cherche à vivre comme les gens du cru, s'habillant comme eux et vivant à la manière d'un SDF le temps d'un voyage, prompt à retrouver sa France natale ensuite et à ramener au passage des souvenirs pittoresques achetés au marché pour les copains. D'ailleurs, l'auteur a la sincérité de montrer dans son récit que les Cambodgiens ne sont pas dupes de ce comportement puisqu'ils lui jettent du poisson dans la rue en le traitant de monsieur Dollar, d'étranger. En outre, ayant vécu 16 ans en Afrique en tant que fils d'expatriés, je me sens directement insulté par certaines de ses remarques et certains passages du livre. Bref, je suis obligé de passer outre une certaine amertume pour juger cette BD objectivement. Pour le reste, Palaces réussit le pari du dépaysement, plongeant le lecteur dans un Cambodge relativement authentique, des décors exotiques et beaux dans leur simplicité et leur force. Dans les faits, il ne se passe quasiment rien dans cette BD, j'aurais pu stopper ma lecture à n'importe quel moment car rien n'était particulièrement captivant. Mais c'est un carnet de voyage assez réussi et beau, montrant aussi bien des décors que des gens, même s'il n'apprend vraiment pas grand chose sur le Cambodge en lui-même. Maintenant par contre, s'il faut payer un tel prix pour une BD que j'ai lu sans passion et que je ne relirais jamais, je ne peux absolument pas conseiller un tel achat.
Simon Hureau signe là une première oeuvre magistrale. Même s'il faut quelques pages pour s'habituer à son univers graphique, le voyage au Cambodge, en sa compagnie vaut vraiment le détour. Au final, beaucoup d'images restent inscrites dans nos têtes : le vol de la vielle sacoche bien sûr, véritable épisode tragi-comique, les démarches administratives à l'étranger( c'est du vécu, non ?), le carrefour aux 4 feux rouges et surtout les formidables couleurs vermillon du " palace". Avec un album qui relève à la fois du guide du routard et du traité de botanique (je sais cela fait un grand écart!), les aventures de Simon Hureau ne peuvent vous laisser indifférent. Du début à la fin, on admire la nonchalance du héros, devant des situations dramatiques (le vol), cocasses (le réveillon) et bien d'autres encores. L'humour est évidement au rendez-vous avec la balade en moto (page 44), la promiscuité avec des "travailleurs " et des "parasites"... Alors vite achetez, mais surtout lisez cet album. Dépaysement garanti.
Et bien, je ne serai pas aussi enthousiaste que Kael, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, parce que j'ai lu et aimé Pyongyang et Shenzhen, de Delisle. Pour moi, comme carnets de voyages témoins de la culture asiatique en bande dessinée, difficile de trouver mieux que ces deux albums là. En effet, je trouve Simon Hureau beaucoup moins apte à rendre son quotidien, finalement assez banal, passionnant. Pourtant, on pourrait croire le contraire : là où Delisle ne faisait que partir bosser dans un studio d'animation, Simon Hureau, lui est un aventurier. Il part coucher dans des temples khmers, nuit... après nuit... après nuit.... et finalement, ne renouvelle pas tant que ça son récit. Mais aussi parce que la narration de Simon Hureau semble particulièrement décousue dans certaines parties de son histoire. Les dialogues s'enchaînent parfois sans queue ni tête, et au final, on apprend bien peu de choses de ce pays khmer. Juste des impressions, des sentiments... Pas très enrichissant, tout ça. Alors, OUI, c'est un album à lire car dépaysant et original. Mais NON, vous ne tenez pas une perle (malgré son prix élevé) entre les mains. Juste un album sympa, à la narration un peu brouillonne, mais au dessin assez séduisant.
J'ai acheté cet album sans savoir de quoi il parlait, après avoir lu le sublime et terrible Colombe et la Horde du même auteur, persuadé que son talent n'était pas un accident et que j'allais encore lire un très bon (voire même excellent) bouquin. Bien m'en a pris. :) Cet album n'a qu'un seul vrai défaut : son prix ! 28€ pour une BD, ça m'agace pas mal... Heureusement, c'est un grand format de 150 pages. Ce type de BD relatant un voyage personnel n'est pas une exception, mais il est finalement assez ambitieux puisqu'il peut facilement devenir ennuyeux pour le lecteur. Je suis aussi enthousiaste qu'après avoir lu Le Photographe ou Clichés Beyrouth 1990 tant l'auteur a réussi à impliquer le lecteur dans son récit, dans son aventure. Il a décidé de partir réellement à l'aventure à l'autre bout du monde, loin des pseudo-aventures modernes et bourgeoises, et de tout noter et dessiner dans son petit carnet de croquis (qu'il s'est d'ailleurs fait voler sur place, argh) Le dessin, quasi intégralement en noir & blanc (sauf quelques pages en milieu d'album, teintées d'ocre) est un peu plus réaliste que dans Colombe et la Horde, un peu plus gras aussi. J'aime beaucoup le résultat, ça ne ressemble à aucun autre style d'auteur que je connais. On peut aussi remarquer un réel effort dans la mise en scène, les cadrages sont dynamique et précis. Cet album me confirme que Simon Hureau a un talent énorme de dessinateur et de conteur. J'achéterai ses prochains album sans me poser de question !
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