Poulet aux Prunes
Angoulême 2005 : Prix du meilleur album. Nasser Ali Khan a décidé de mourir. Cette BD raconte ses 8 derniers jours et les souvenirs de sa vie.
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Nasser Ali Khan aime le poulet aux prunes, les seins de Sophia Loren et sa fille Farzaneh. Mais il aime surtout son Tar dont il est le plus grand des virtuoses. Aussi, le jour où on lui casse son instrument, il sombre dans la plus grande apathie et, désormais indifférent aux petits et grands plaisirs de la vie, il décide de se laisser mourir. Qui est Irâne, cette mystérieuse femme que Nasser Ali Khan croit reconnaître dans la rue ? Qu'est-ce donc qu'un Tar ? Peut-on trouver la recette du poulet aux prunes dans une bande dessinée ? Vous le saurez en lisant "Poulet aux Prunes".
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Date de parution | Octobre 2004 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
« Poulet aux prunes » est une histoire bouleversante qui se passe en Iran, dans les années 50. Nasser Ali Khan avait un Tar qui n’était pas son seulement son instrument de musique préféré et sa passion, c’était aussi le sens de sa vie. La perte de son Tar le plonge dans une profonde dépression dont il ne peut sortir. Il choisit alors d’attendre la mort. Les jours s’égrènent lentement avant l’issue fatale. Nasser Ali Khan revient sur des moments qui ont marqué sa vie : des rencontres, des souvenirs, des saveurs… Peu à peu, on découvre qui est vraiment cet homme. A travers ses pensées, Marjane Satrapi aborde les grands thèmes de l’existence : le temps qui passe, le sens de la vie, les enfants, et bien sûr : la mort. Le dessin en noir et blanc est puissant et donne une belle profondeur au scénario.
Cette BD est une découverte rafraichissante, un peu éloignée du monument de l'auteure, son fameux Persepolis, mais qui apporte à nouveau ce regard très humain et un peu en dehors de nos standards. Et le tout enrobé dans une histoire qui m'a réservé son lot de surprises. Le trait voluptueux de Marjane Satrapi, avec ses courbes et ses utilisations du noir comme unique couleur, serpentant entre les dessins, a toujours un caractère qui mêle la réalité de son histoire avec les mythes qu'elle affectionne. Le mélange est savamment dosé pour faire une pagination tout en beauté, mais aussi des cases sublimes et des mises en scènes inventives. Marjane Satrapi a une réelle inventivité dans ses compositions et son dessin, qui donne à elle seule l'intérêt à une BD. Mais en plus de cela, l'histoire n'est pas en reste. Les derniers jours de la vie de cet homme sont une sorte d'enquête sur lui-même : qui est-il, comment en est-il arrivé là et pourquoi veut-il mourir ? C'est dévoilé petit à petit, en reconstruisant son passé et en comprenant son présent. On navigue au fur et à mesure dans ses souvenirs jusqu'à comprendre, dans les dernières pages, l'origine du geste. C'est à la fois triste et beau, mais en même temps il y a une cruauté de la vie, un couperet implacable du temps qui s’abat. Il y a une beauté dans l'histoire mais aussi une dureté qui sait appuyer là où ça peut faire mal. Il est assez étonnant qu'un ouvrage aussi court soit si riche, je m'en rends compte en rédigeant cette critique. Il contient un bon nombre de scènes, chacune traitant d'un autre sujet sur un ton parfois humoristique, mais souvent triste et désabusé. C'est une belle découverte, pas autant que ne le fut Persépolis, mais qui ne doit pas être comparée à son ainée selon moi. Il s'agit d'une bonne BD, honnête et prenante, je ne lui en demande pas plus.
Après nous avoir conté sa jeunesse au moment de la Révolution islamique en Iran dans Persepolis, Marjane Satrapi nous raconte ici l’histoire d’un parent plus ou moins éloigné, grand musicien inconsolable après la destruction par sa femme de son instrument fétiche. Ne pouvant le remplacer, il décide de se laisser mourir. C’est encore un dessin en Noir et Blanc un peu stylisé, original et agréable à lire. L’histoire en elle-même se laisse aussi lire facilement, avec des flash-back parfois savoureux lorsqu’ils s’opposent aux discours des protagonistes. Mais je n’ai pas retrouvé dans ce one shot la fraîcheur qui m’avait séduit à la lecture de Persepolis (fraîcheur apportée par le regard souvent décalé de la plus ou moins jeune Marjane). Cela reste quand même un album à découvrir, et l'œuvre d'une auteure originale et attachante.
Lu dans la foulée de Persepolis (et par hasard, puisque cet album avait usurpé dans ma commande la place d’un des tomes de la série susmentionnée (on se demande ce que les bibliothécaires ont en tête)), cet album m’a déconcerté, de prime abord. En effet, l’auteure abandonne ici le roman graphique pour nous offrir un récit proche du conte. Et comme le début du livre m’a laissé croire à un nouveau récit véridique, tant pour le fond que pour la forme, j’avoue avoir eu du mal à rentrer dans l’histoire. Ajoutons à cela que le trait de Marjane Satrapi n’est vraiment pas de ceux que j’affectionne. Trop épuré et trop naïf, il me laisse la plupart du temps totalement indifférent. Je soulignerais toutefois dans le cas présent quelques tentatives esthétiques, empreintes d’influences orientales comme il se doit (l’auteure étant d’origine iranienne) qui, si elles ne sont pas toujours à mon goût, ont le mérite de diversifier et donc de dynamiser la mise en page. Il me faudra cependant les deux tiers de l’album pour enfin vraiment m’installer dans ce récit. Jusque là, ça se laisse lire mais je ne suis pas loin de m’ennuyer, ne voyant pas où l’auteure veut en venir. Et puis, il y a ce dernier tiers… et la magie opère. Mon appréciation passe du bof poli au franchement bien enthousiaste. Ce conte, dans lequel l’humour n’est pas absent malgré la noirceur du thème, ce conte donc, qui m’offre une belle fenêtre sur la culture perse, ce conte, disais-je avant d’être interrompu par moi-même, ce conte est ma fois bien plaisant à lire. Derrière cette histoire, il y a une morale, une sagesse. Derrière ce conte, il y a une culture riche et raffinée. Pas facile d’accès, déroutant si on le compare à Persepolis, ce récit est toutefois digne d’intérêt. A lire en évitant de penser à Persepolis (et le fait que je ne cesse de vous en parler n’est pas de nature à vous y aider). 3/5 car j’ai tout de même eu du mal à rentrer dans l’histoire, mais il s’agit là d’un emprunt accidentel que je ne regrette pas.
Note approximative : 3.5/5 J’apprécie énormément les BD de Marjanne Satrapi, donc j’ai entamé la lecture de ce livre avec l'envie de me faire bercer par ses histoires remplies de poésie. Finalement même si cela reste une bonne BD, cela ne vaut pas Persepolis ou même Broderies. L’histoire est bien écrite, bien ficelée, mais ne m'a pas vraiment emporté ni même touché, et les personnages ne sont pas attachants. Finalement, cette BD est vite lue, et assez vite oubliée. Je conseille donc plus d’emprunter cette BD plutôt que de l’acheter.
J’ai adoré Persepolis, c’est donc avec un intérêt certain que j’ai emprunté « poulet aux prunes » à la bibliothèque. L’histoire est belle et prenante, et après une courte mise en place, on revient sur le passé de Nasser Ali Khan, on essaye de comprendre ce qui peut bien pousser ce pauvre homme à se laisser mourir à cause d’un simple instrument de musique cassé. En refermant la dernière page, je le comprenais presque et éprouvais de la compassion pour cet homme qui semble avoir raté sa vie, et pour qui la perte de son Tar constituait sans doute la goute qui a fait déborder le vase. Le dessin est très expressif et rempli de trouvailles amusantes. En tout cas les aficionados de Marjane Satrapi ne seront pas trop dépaysés ! Voilà, pas la BD du siècle, mais je pense que les amateurs de Persepolis (sans doute nombreux !) devraient adorer ce chouette one-shot.
C'est la première BD de Satrapi que je lis. L'entame est dépaysante puis la suite se lit d'une traite. Malgré l'histoire dramatique, j'ai pris du plaisir à la lecture. L'histoire est universelle, elle aurait pu se dérouler dans n'importe quel pays. Dans le cas présent, elle se déroule en Iran dans les années 50. L'auteur nous resitue le contexte et fait en sorte que le lecteur ait tous les éléments pour la compréhension du récit. La narration est excellente et le rythme est soutenu. Le dessin N&B est simple et personnel. Il se révèle agréable. L'histoire ne se résume pas à une dispute entre un homme et sa femme, puis la destruction de son instrument de musique qui semble être toute sa vie et pour finir son envie de mourir. Son talent pour le tar explose à cause d'une histoire d'amour abrégée par le père de la fille. Une autre femme en tire partie mais cette relation démarrera sur du vide. De fil en aiguille, l'on comprend les tenants et les aboutissants. Le puzzle se résout tranquillement dans une logique implacable. L'ensemble est bluffant de cohésion et décortique des relations humaines souvent complexes. Quelques petites histoires à morale parsèment le récit et sont toujours là pour imager le propos.
Je suis assez déçue par cet album. J’avais adoré et lu d’une traite les 4 volumes de Persepolis mais je pense que c’est parce que son sujet (l’expérience d’une jeune Iranienne et son regard d’expatriée sur l’occident) était plus fort, et l’héroïne, plus attachante. Ici, j’ai peiné à me sentir concernée par les déboires de cet homme, qui perd le goût de vivre et se laisse littéralement mourir, suite à la destruction de son –c’est vrai, si précieux- instrument de musique par sa pétasse de femme. On a envie de le secouer, cet homme ! Heureusement, le talent de conteuse de Satrapi nous sauve de l’ennui et de l’exaspération, en replaçant dans l’histoire familiale le drame personnel de Nasser Ali, et ce, avec la petite touche d’humour dont elle ne se dépare jamais. C’est pour cela que je mets 3/5.
Je connais Marjane Satrapi après avoir lu Persepolis et après être allé le voir au cinéma. J'avais bien sûr adoré (C'était mon premier post sur bdthèque : "Culte!") Puis j'ai vu "Poulet aux prunes" à la bibliothèque, alors j'ai voulu essayer. En ayant peur d'être déçu. Et bien, pas du tout. J'ai vraiment trouvé ça bien, l'histoire de cet homme qui a décidé de se laisser mourir. Je me rappelle avoir eu des frissons à la fin de l'album et avoir été ému plusieurs fois par le récit de cet homme à qui on a cassé son tar (sa guitare, quoi). On apprend petit à petit son histoire, ses relations avec ses enfants (il a sa préférée et celui qu'il aime le moins, voir pas du tout), son enfance entourée de sa famille (son frère, sa soeur, sa mère), tout cela sur fond d'histoire iranienne. C'est d'ailleurs un pays et un peuple qui m'intéressent de plus en plus, grâce à Marjane; je déplore beaucoup leur gouvernement actuel tout en le comprenant parfois un peu. Bref, je conseille vivement la lecture, et je pense que de mon coté, je lirai tout les Satrapi que je trouverai. Bonne lecture. Maikeul
Poulet aux Prunes est la première BD de Majane Satrapi que je lis. Ayant néanmoins vu l’excellent Persepolis au cinéma, l’univers de la dessinatrice m’était un peu familier, et je me rends compte au fur et à mesure de mes explorations que je suis particulièrement sensible à son art et à son propos. Avec cette histoire j’ai pu donc retrouver tout ce qui m’avait plu dans le film d’animation : l’ambiance (n&b oblige), la qualité de la narration (style et rythme), et l’humour très bien distillé et qui fait toujours mouche. Je me suis donc régalé. D’autant qu’en bande dessinée, on peut mieux apprécier les coupures de rythme du à la mise en page (ces quelques dessins pleine page qui viennent agréablement ponctuer le récit). De transformer en flash back dont on connait l'issue, les huit derniers jours de Nasser Ali Khan est aussi une excellente idée de construction de récit. Enfin, le style « naïf » qui m’aurait rebuté il y a quelques années, contribue finalement beaucoup à l’immersion dans l’univers doux amer de l’auteur. Si Marjane Satrapi sait faire rire ou sourire, elle sait aussi me donner une certaine colère intérieure. Je n’ai jamais étudié l’histoire de l’Iran, mais tout ce que j’apprends par ses œuvres de l’histoire de ce pays m’attriste particulièrement au regard de l’image que l’on en a à l’heure actuelle. Et pourtant on entend presque tous les jours dans les médias des soit disant spécialistes nous narrer par le menu le pourquoi du comment des sources de tension entre l’Iran et le reste du monde, mais sans que jamais ne soit évoqué le passé hautement progressiste de ce pays, et les grandes puissances clairement responsables de son déclin. Les récits de l’auteur deviennent alors pour moi d’authentiques témoignages vivants de ce qu’aurait pu être l’Iran, un pays qui s’est peut être lui aussi laissé mourir et que l’on a laissé mourir.
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