Love & Rockets X
Sexe, drogue et rock n' roll des années 80'...
1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Comix Fantagraphics Books Los Angeles Love and Rockets
Rex, Steve et les autres ont fondé le groupe Love & Rockets. Un nom que leur a piqué un célèbre groupe anglais. Ou alors c'est eux qui le leur ont piqué. Ils s'apprêtent à donner leur premier concert, dans la propriété de la mère -richissime- de Rex. Mais dans l'attente, des rencontres se font, la tension monte entre les communautés, la première guerre du Golfe approche... Love & Rockets X est le premier grand travail de Gilbert Hernandez qui se déroule dans un milieu contemporain bien reconnaissable: la fin des années 80 à Los Angeles. Avec près de trente personnages, allant et venant dans une histoire complexe qui s'articule autour d'un événement musical qui ne se produira jamais, Love & Rockets X explore les tensions et les conflits, les espoirs et les rêves mais aussi la politique américaine raciale, sexuelle ou politicienne.
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Date de parution | Novembre 2000 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Los Angeles, année 1989 - Il s'agit d'une histoire complète en 1 tome de 61 pages de BD, dans laquelle apparaissent quelques personnages de la série "Palomar / Luba". Elle est initialement parue en 1993, écrite, dessinée et encrée par Gilbert Hernandez. Elle est en noir & blanc. Elle a fait l'objet d'une réédition dans Beyond Palomar, en anglais. En 1989, Steve Stranski (un jeune adulte blanc) colle des affiches pour le prochain concert du groupe "Love and Rockets", dans un quartier noir de Los Angeles. Il réussit à se sortir d'une algarade avec un groupe de noirs, grâce à l'intervention de Junior Brooks, un pote de lycée (black lui aussi). du coup il va placarder ses affiches dans un quartier huppé où il croise Amber et Kristen, qui lui demandent de l'emmener aux répétitions dans un garage (chez Rex, un autre pote habitant une belle villa, dont la mère est absente pour le moment). Steve en profite pour aller téléphoner en douce dans la villa, où il fait peur par inadvertance à Riri, la femme de ménage. Les tensions raciales augmentent dans le quartier quand une sexagénaire latino se fait agresser dans la rue. Par des blancs ou des noirs ? La police attend qu'elle sorte du coma. Pendant ce temps-là, Rex essaye de convaincre sa mère de laisser on groupe jouer à sa prochaine fête entre gens du cinéma. Kristen se fait vomir dans les toilettes pour ne pas grossir. Son père est un réalisateur politiquement engagé qui désespère de trouver du travail. Maricella vit d'expédients, en vendant des fleurs coupées à un coin de rue. Après "Poison river", Gilbert Hernandez délaisse Palomar pour Los Angeles et une atmosphère urbaine et contemporaine, sur fond de tensions ethniques. Il campe avec justesse et doigté quelques jeunes adultes, certains essentiellement préoccupés par leur groupe de rock, d'autres bénéficiant de l'aisance financière des parents, d'autres encore étudiant ou travaillant. Chaque personnage dispose de son histoire personnelle, de ses aspirations, influencées par sa position sociale, les valeurs de ses parents, et son environnement proche. le lecteur partage leurs doutes sur leur place dans la société, sur leurs valeurs, sur leurs inclinations sentimentales, pas encore sclérosés par le cynisme. En plaçant son action dans un lieu réel et à une époque identifiée, Hernandez se fait le chroniqueur de cette époque, avec une perspicacité étonnante. 25 ans plus tard, le lecteur éprouve l'impression de pouvoir s'imaginer au sein de ce microcosme, une forme d'étude sociologique sous forme de bande dessinée. Cette impression est renforcée par l'habilité avec laquelle Hernandez met en scène plusieurs générations (essentiellement 2, parents et enfants) de manière naturelle. Comme à son habitude, Gilbert Hernandez ne montre aucune forme de mépris ou de supériorité morale vis-à-vis de ses personnages (sauf pour l'agresseur de la dame âgée). Chaque protagoniste existe grâce à ses idiosyncrasies. Les relations entre les individus sont riches et complexes, à l'image de ce qu'elles peuvent être dans la vie quotidienne, y compris avec des moments d'humour. Chaque personnage capte l'attention et l'affection du lecteur, éprouvant de l'empathie pour leurs difficultés émotionnelles. Pour la mise en images, Gilbert Hernandez s'en tient à un découpage strict de chaque page en 9 cases (3 rangées de 3) de taille identique. Il dispose toujours de ce don incroyable pour donner une apparence spécifique à chaque personnage, immédiatement identifiable. Il est encore dans un mode descriptif soutenu (l'épure s'affinera dans ses travaux ultérieurs). Ainsi le lecteur peut observer les détails de chaque tenue vestimentaire, de chaque environnement. Il subsiste une forme de simplification dans les éléments urbains, en particulier la représentation des voiries. Tout au long du récit, le lecteur peut apprécier l'art de la mise en scène de l'auteur. Il sait comment rendre chaque dialogue visuellement intéressant, en évitant d'enfiler les cases ne comprenant que des têtes en train de parler, par le biais d'un langage corporel mesuré, de gestes naturels, et d'expressions parlantes. En comparant cette histoire aux précédentes de la série Palomar / Luba, le lecteur a le plaisir de voir un lien apparaître. Non seulement il retrouve certains personnages, mais il y a une séquence qui se déroule à Palomar, et Fritz (la demi-soeur de Luba) fait son apparition pour la première fois. Hernandez a diminué la dose de sexe dans ce récit, ainsi que la nudité. Enfin dans la séquence se déroulant à Palomar, le lecteur prend conscience que Gilbert Hernandez dresse une comparaison des caractéristiques des relations sociales dans cet environnement de taille modeste, avec celles à Los Angeles. Toujours dans le cadre de cette comparaison, le lecteur constate que l'auteur ne recourt pas à des phénomènes de nature magique préférant un réalisme plus plausible. Il observe également qu'Hernandez ne cherche pas à édulcorer la réalité, en incluant, entre autres, un individu amputé d'une jambe, dépendant des autres pour se déplacer. Il n'y a pas d'embellissement de la vie, ou d'occultation de ses aspects injustes. En termes de narration, Gilbert Hernandez construit un final, tout en ellipses temporelles et en sous-entendus. Il fait preuve d'une grande intelligence narrative pour évoquer le devenir des personnages principaux en juxtaposant des cases qui constituent autant de saut dans le temps. Lorsque cette histoire est parue, le lectorat américain y a vu une chronique juste et révélatrice d'un climat social à Los Angeles. 25 ans plus tard le lecteur européen peut y voir un témoignage de cette réalité, ainsi qu'une étude psychologique bienveillante et pénétrante sur la manière dont la culture et la société pétrissent la vie des individus.
Cet album se veut une sorte de représentation de la société de la Cité des Anges il y a 15 ans. Le tableau est loin d'être riant : meurtres racistes, insouciance des ethnies, inconséquence sexuelle, instabilité sentimentale... A travers le parcours de cette trentaine de personnages, c'est toute la décadence de l'Amérique des années Reagan/Bush Sr que l'on assiste. Et c'est lourd. Il y a trop de personnages, dont les destins s'entrecroisent, et le propos est dilué dans la masse. Le dessin est quelconque, certes typique de l'underground, mais pas toujours très lisible. On a vraiment du mal à s'y intéresser. Je retiendrai cependant deux "bons mots", que j'ai bien aimés : "Smoke, drink, take drugs, wear fur, fuck" marqué sur un t-shirt, et "l'âge n'a aucune importance, sauf si tu es un fromage". :)
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