Prestige de l'uniforme
Paul Forvolino est un chercheur médiocre. Sa spécialité, ce sont les lichens, ces végétaux qui résultent de la symbiose entre un champignon et une alue, leurs propriétés se combinant en un végétal plus fort, plus résistant que la simple somme de leurs particularités. Sa vie privée est ordinaire. Il est marié, a une petite fille qu'il ne voit guère car il passe l'essentiel de son temps au travail. Sa vie de couple est morne.
Aire Libre La BD au féminin Super-héros
Paul Forvolino est un chercheur médiocre. Sa spécialité, ce sont les lichens, ces végétaux qui résultent de la symbiose entre un champignon et une alue, leurs propriétés se combinant en un végétal plus fort, plus résistant que la simple somme de leurs particularités. Sa vie privée est ordinaire. Il est marié, a une petite fille qu'il ne voit guère car il passe l'essentiel de son temps au travail. Sa vie de couple est morne. Il est mal dans sa peau et son quotidien l'étouffe un peu plus chaque jour. Par mégarde, il renverse le contenu d'une éprouvette sur son bras. Une métamorphose étonnante s'opère alors peu à peu. Son physique se fait plus attractif, sa force est décuplée, ses sensations aussi. Sa femme est aux anges, et ses amis ravis. Cette nouvelle nature qui prend possession de lui le comblera-t-elle ? texte : Dupuis
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Date de parution | Juin 2005 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Traiter de la genèse des Super-héros n'est pas une entrée inédite en la matière notamment depuis les années 80 et l'école Moore-Miller et leurs œuvres fondatrices respectives. Pourtant la scénariste Loo Hui Phang propose un point de vue audacieux en s’immisçant dans le quotidien d'un loser qui a tout loupé, de sa vie familiale sur le point d'imploser et d'un quotidien professionnel écrasant et pessimiste. Le trait charbonneux de Hugues Micol rappelant par moments celui de Blutch appuie tout à fait un scénario anxiogène : les couleurs sont ternes afin de plomber encore plus un destin qui échappe à tout contrôle. Un grand pouvoir engage de grandes responsabilités. C'est ici tout à fait le contraire : Paul Forvolino travaille dans une entreprise pharmaceutique à une cadence infernale. Les employés sont socialement désignés par la couleur de la blouse qu'ils portent. Sa vie de couple n'est pas des plus sereines. Il ne voit sa gamine qu'au coucher et réchauffe régulièrement ses plats pendant que son épouse Rebecca trompe cet ennui conjugal par des pratiques libertines Sado Maso. C'est à la suite d'une fausse manipulation à base de lichen que Paul va muer en une espèce d'être bleu rappelant Docteur Manhattan. Il lui sera par ensuite impossible de vivre normalement avec ce nouveau corps. Adieu boulot et libido, Paul va se terrer comme une bête incomprise jusqu'au déclic final qui fera de lui un héros ou un éternel solitaire ? Malgré quelques facilités, il faut prendre Le Prestige de l'Uniforme pour ce qu'il est et n'a jamais cessé d'être : un conte social d'une extrême noirceur. Plus proche de l'adaptation de La Mouche par Cronenberg que de Spider-Man (dont Paul emprunte le masque pour cacher sa nouvelle apparence), ce récit est à la fois d'une poésie extrême avec de savoureux dialogues qu'un constat amer sur l'isolement. Le couple Paul-Rebecca est parfaitement mis en lumière et sans concessions. Hugues Micol se révèle une fois de plus l'artiste idéal pour illustrer cette histoire. Certains de ses cadrages (notamment lors de la transformation/rêverie) sont tout simplement époustouflants. On peut regretter certains choix mais pas la direction artistique qui fait du Prestige de l'Uniforme une pépite comme on peut rarement en lire. Dommage que la couverture de la réédition en fera fuir plus d'un, les autres lecteurs qui passeront ce cap vont se retrouver avec un condensé de dépression sous haute tension. La fin est de surcroît juste parfaite.
Cette BD ne m’intéressait pas vraiment... Ce sont surtout les dessins qui me rebutaient, sombres et un peu trop "bruts" à mon goût. Et puis Pierig m’a dit que ça valait la peine, alors je l’ai lu... et j’ai été agréablement surprise! L’histoire est vraiment prenante. Une fois qu’on a commencé, on ne lache pas la BD! On se laisse entraîner aux côtés de Paul et on est touché par ce qu’il ressent: ses désirs, ses doutes, ses regrets... Il y a d’une part la vie de famille, avec les difficultés causées par l’absence; d’autre part celle de super-héros, avec la confrontation de la vie privée et de la vie publique, et surtout la difficulté de voir sa vie comme son corps échapper à toute maîtrise. De plus, à la lecture, le dessin repoussant au départ m’a semblé pas si mal que ça, plutôt bien fait même si ce n’est pas un style que j’apprécie. Bref, je ne peux que vous en conseiller la lecture! (Et pour ça je me remets à poster pour la première fois depuis des mois!) Ce serait dommage de passer à côté de cette BD.
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