Hitler=SS
La BD polémique de Vuillemin et Gourio qui tourne en dérision les camps de concentration et l'horreur de l'extermination.
1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Hara-Kiri Humour noir L'univers concentrationnaire nazi Les petits éditeurs indépendants Nazisme et Shoah Racisme, fascisme Trash
La BD polémique de Vuillemin et Gourio qui tourne en dérision les camps de concentration et l'horreur de l'extermination. Peut-on rigoler de tout ? Vuillemin, Gourio et la bande du professeur Choron pensent que oui et nous balancent cette BD où les gags portent sur la torture des juifs, sur l'extermination des homosexuels, sur la dénonciation et sur toutes les horreurs de la Seconde Guerre Mondiale et des Nazis. Une BD trash et choc qui traite par la dérision un sujet tabou et très douloureux.
Scénario | |
Dessin | |
Editeur
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | Janvier 1990 |
Statut histoire | Strips - gags 1 tome paru |
Les avis
Voici un ouvrage atypique dans la bande dessinée et qui je crois doit être introuvable à l'heure actuelle, déjà en son temps, il était maudit, il était hors de question qu'un grand éditeur en 1990 ne prenne le risque de publier cette Bd, il était en vente de façon très confidentielle et en tirage limité à 1000 exemplaires, fort heureusement, la personne qui me l'a prêté l'avait acheté en sachant très bien que le sujet était tabou et que ça touchait un point ultra sensible encore en 1990, il fallait donc le posséder. Bon, les Bd interdites ou scandaleuses, il y en a eu, rappelons-nous de Marie-Gabrielle de Saint-Eutrope, sauf qu'il n'y avait pas d'humour, là ça pose la fameuse question de rire de tout. Je serais tenté de dire oui, mais bon ça dépend de quoi, comment et avec qui. En l'occurrence, je crois que l'humour très noir et graveleux de ce type peut servir d'exorcisme sur un sujet grave comme la déportation ou la mort. Moi aussi évidemment, je m'attendais à trouver des situations scabreuses, gênantes, très délicates, mais je crois que le rire peut tout décoincer, même les camps de concentration, les chambres à gaz et autres atrocités, c'est donc le cas ici, et je crois que seul un dessinateur comme Vuillemin pouvait traiter un tel sujet avec autant de dessins crades et d'humour trash et ouvertement provoc, mais il faut quand même un minimum d'acclimatation avec son style et son dessin ; si on est comme moi fan total de Les Sales Blagues de l'Echo, je crois qu'on est bien préparé, car on ne s'étonnera pas trop des dégueulasseries de Vuillemin dans cet album , et de son obsession scatologique, on est donc en terrain connu, et je trouve bien évidemment qu'il va beaucoup plus loin que dans Tragiques destins où déjà il se moquait d'un tas d'institutions honorables. Sauf qu'ici, c'est la déportation. Sauf que Vuillemin comme à son habitude, se fout de tout et de tout le monde en roulant juifs, nazis, cadavres et ossements dans une même dérision grinçante, c'est forcément très dérangeant, car un tel album fait obligatoirement mal quelque part, surtout si on a eu de la famille déportée (il ne vaut mieux pas offrir cet album à n'importe qui), mais un bouquin dans ce style, il n'en sort pas un tous les 10 ans, et il faut bien comprendre que le second degré doit être de mise, c'est donc aussi très drôle, pas partout à toutes les pages, mais la tendance est quand même un énorme éclat de rire, c'est une vraie gageure avec un tel sujet, et je salue le courage et le culot des auteurs d'avoir eu l'audace de publier une telle Bd, peut-être qu'en BD justement, ça passe un peu mieux qu'en film ou en documentaire... Cet album me permet en même temps un constat amer : on mesure comment notre époque qui logiquement devrait être plus permissive et plus tolérante avec le temps et le relachement des moeurs et de la pensée, est devenue régressive en matière d'art, d'expression ou de sujets de société, on le voit tous les jours aux infos, on ne peut plus rien faire ni rien dire dans ce pays sans craindre de tomber sous le coup d'une loi absurde, aussi il est étonnant de constater qu'en 1990, on pouvait encore publier un tel album, chose qui serait absolument impossible et inconcevable de nos jours.
Publié au préalable dans le magazine Hara-Kiri du Professeur Choron, Vuillemin et Gourio ne reculent devant aucun tabou pour tourner en dérision les camps de concentration de la Seconde Guerre Mondiale par différentes histoires allant de une à plusieurs pages. S'il est toujours difficile de définir s'il est possible de rire de tout, ce recueil aujourd'hui introuvable et pas prêt d'être réimprimé en est probablement l'un des modèles en la matière car rire de l'Holocauste reste à juste titre un sujet tabou des plus brulants. Comme tout recueil humoristique classique qui se respecte, toutes les histoires ne sont pas du même niveau mais sont toutes clairement hors limite pour la tolérance du commun des mortels. Aussi il faudra faire preuve de beaucoup d'indulgence et lire "Hitler = SS" au 3ème voire 4ème degré pour en tirer du plaisir et un sourire coupable. Nazis comme déportés Juifs en prennent de la graine mais dans les situations les plus atroces ou écœurantes il vaut avouer que certains gags très noirs font mouche. La parodie du roman photo romantique vaut par exemple son pesant de cacahouètes. Vuillemin opte pour une bichromie rehaussant son trait gras habituel bien cradringue et il s'agit probablement d'une de ses réalisations les plus inspirées, écrite à 4 mains. Les problèmes juridiques auront eu raison à tort ou à raison de la publication de cette bd qui pousse le curseur malsain et trash au maximum. Elle n'est de toutes façons pas faite pour plaire à tout le monde ce qui est tout à fait normal mais on aura rarement vu quelque chose de si inspiré en terme d'humour noir.
Sans l'avis de Noirdésir, je n'aurais jamais fait les recherches nécessaires sur google et je n'aurais sans doute jamais lu cette oeuvre controversée ! Je ne vais pas trop m'étendre sur le débat 'peut-on rire de tout ?' et sur la censure (l'album a fini par être interdit). Disons juste que je suis fan d'humour noir et que je comprends que cela ne soit pas la tasse de thé de tout le monde, mais qu'interdire cet album est une erreur selon moi. Quoique c'est le côté 'ouvrage interdit' qui m'a intéressé à cet album vu que je ne suis pas fan des quelques albums que j'ai lus de Vuillemin. Eh ben après lecture je trouve que c'est son meilleur album. Le fait qu'il ne soit pas seul aux commandes y est sûrement pour quelque chose. Le dessin de Vuillemin est correct pour illustrer des histoires trash (et je l'ai trouvé un peu mieux soigné que d'habitude). J'ai souvent ri et souri en lisant ces histoires qui sont très noires, mais il y a aussi des récits moins intéressants. C'est un peu inégal, mais globalement c'est pas mal. Il est à noter que le projet a commencé lorsque Vuillemin a vu à la télé une cérémonie sur les déportés et qu'il y avait tous les groupes victimes des nazis sauf les homosexuels et cela l'a rendu tellement furieux qu'il a fait cette histoire où seul un homosexuel comprend ce qui va arriver s'il embarque dans le train et tous les autres passagers sont des gros cons. Je ne conseille pas l'achat vu qu’apparemment les prix de revente sont trop chers.
Moi qui n’ai jamais rien lu sur tablette et ne jure que par la version « papier », voilà bien la première fois que je lis une BD en version PDF. Il faut dire que cela fait des années que je recherche cette œuvre poétique, et que je me suis toujours refusé à l’acheter au prix (plus que prohibitif et spéculatif) auquel certains libraires ou vendeurs occasionnels le proposent, sur le net ou ailleurs – en plus faut-il le trouver ! Bref, renonçant – momentanément ? – à ma quête, je me suis rabattu sur l’une des versions disponibles en lecture en libre accès sur internet, pour découvrir enfin cet album. Alors voilà, je l’ai lu, et peut donc en tirer un bilan. D’abord, fidèle à Desproges, qui affirmait que « l’on peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui », je trouve dommage qu’un sujet – fut-il aussi horrible que la shoah – soit présenté comme « intouchable », tout rire à ses dépens étant assimilé à de la complaisance, voire de l’anti-sémitisme. Ici comme ailleurs, la liberté d’expression doit prévaloir, même si je ne rirais évidemment pas avec ça et de ça avec un nazillon ! Il est certain et dommage que notre époque politiquement correcte ne verra plus ce genre de chose publiée (ou alors, j’imagine le tollé, et les gros titres des journaux, pourtant plus complaisants, par leur silence, avec des horreurs bien plus grandes et réelles). Des gens comme le professeur Choron, à l’initiative de ce délire, manquent à notre époque d’autocensure. Ceci étant dit, est-ce vraiment drôle ? La partie roman-photo du début est dispensable, et c’est très inégal. Mais globalement, c’est quand même drôle : humour TRES noir et donc franchement trash bien sûr, mais un certain nombre de trucs sont franchement réussis (« encore en pyjama à cette heure-là ? » ; l’histoire « bonnes résolutions » ; le supplément jeux, atroce, etc.). Pas mal d’horreurs, mais qui arrachent sourire voire rire. Quelques ratages, certes, mais dans ces petites histoires (plusieurs pages chacune), il y a souvent du trash drôle. Le dessin de Vuillemin – crado comme souvent, est plutôt raccord avec le sujet et le ton. A noter, que de Porteere a, plus récemment – et de manière un peu moins frontale, mais franchement très réussie ! – fait quelque chose sur le même sujet avec son Dickie « Le fils d’ Hitler ». Mon conseil de lecture est donc de principe (mais aussi parce que j’ai plutôt aimé ma lecture). Le conseil d’achat, étant donné le contexte, est purement virtuel : refusez en tout état de cause d’encourager la spéculation. En cela une bonne réédition calmerait certains spéculateurs, même si cela exciterait les censeurs. Elle trouverait en tout cas en moi un acheteur. Note réelle 3,5/5.
J'avoue que j'ai éprouvé une pointe de déception à la lecture de Hitler=SS. Je n'ai pas été choqué le moins du monde, premièrement je savais à quoi m'attendre avant de commencer la lecture, deuxièmement celui qui me choquera n'est pas né. C'est juste que je n'ai pas trouvé ça toujours très drôle. Pourtant je suis fan de Vuillemain, de son dessin dégueulasse et de son humour bien bourrin et scato mais là j'ai trouvé que ça tombait parfois à plat ou que ce n'était pas toujours très efficace. Les sales blagues de l'écho ont bien plus de punch. Je me suis même ici parfois ennuyé à certains passages. Je précise que ma réaction n'a vraiment rien à voir avec le sujet difficile, je suis convaincu que l'on peut rire de tout et que l'idée de départ est brillante. C'est juste que c'est souvent pas drôle. Cependant certaines planches sont géniales: le nazi qui viole une juive devant un four où se trouve le squelette d'un juif et la bulle "ciel mon mari", on a jamais fait une parodie aussi brillante et dégueulasse du vaudeville. Le passage où les juifs sont exécutés selon leur numéro et se battent entre eux pour savoir si on doit compter ou non le bébé pour modifier l'ordre est également extra. L'introduction en forme de roman photo avec Choron est aussi bien fun. J'aimerais que tout soit de ce niveau.
Le commandant Hammer entre dans un baraquement de prisonniers juifs en hurlant « encore en pyjama à cette heure là ?! », « Haha non je plaisante » et les juifs répondent « quel sacré déconneur ce Hammer haha ». Je trouve ça hilarant pour ma part cet humour bien noir et second degré. C’est souvent très trash avec Vuillemin, il est dans la même lignée de ce que fait un Durandur sur Gilles Hamesh par exemple. Franchement je me suis bien marré n’en déplaise aux maîtres de la bien-pensance et autres redresseurs de torts. J’ai besoin que l’humour soit subversif et corrosif pour me marrer, ça ne fait pas de moi un salaud pour autant. Après il y a effectivement certains passages qui m’ont mis mal à l’aise. Et puis, on ne rigole pas à tous les sketchs, la BD humoristique parfaite n’existe pas. Je me suis bien marré au passage du soldat allemand mélancolique quand il compare sa situation avec celle des prisonniers : « Regarde les eux ! Ils se sentent bien avec la peau sur les os, plus de femmes, plus d’enfants, pas de four à nettoyer, toute la journée avec les copains ! » Ah oui ça ne plaira pas à tout le monde surtout à notre époque où la censure prospère tranquille. Je suis partisan du « on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui » et j’offrirai cet album à un béni-oui-oui bien chiant dans mon entourage. Juste pour voir sa réaction choquée et me fendre la poire.
Une femme nue est prise en levrette par un nazi, la porte du four n°5 s'ouvre laissant paraître un tas de cendres avec quelques ossements surplombés par un crâne. La légende indique "Ciel, mon mari !". Ce "gag" me reste en tête des mois après l'avoir lu. C'est une illustration du niveau donné par Hitler=SS en terme de mauvais goût dans l'humour. C'est clair que les auteurs ne se sont pas posés beaucoup de limites et encore aujourd'hui une publication de ce type aurait de quoi provoquer un tollé. Je connais très peu Vuillemin donc je ne sais pas dire si l'humour parfois scatologique est un trait commun chez lui comme dans le passage avec la mouche à merde qui se plaint d'avoir rien à se mettre sous la dent vu que les prisonniers n'ont rien à bouffer et que les cadavres sont secs. Bien sûr ça ne fera pas rire tout le monde selon son degré d'acceptabilité en terme d'humour trash, mais il y a quand même des passages qui m'ont fait rire. Par exemple les scientifiques du camp mettent au point des poupées gonflables à partir du corps des juives, l'avantage c'est qu'une fois dégonflé ça ne prend pas de place et permet de les envoyer aux hommes sur le front russe. L'un de ses collègues lui objecte que gonflable ou pas, ça reste une juive, et le troisième acquiesce en disant que ça pose un problème d'éthique... Ou encore quand les villageois alignés devant un mur, les nazis devant en exécuter un sur cinq, se battent pour savoir si le bébé porté dans les bras d'une femme ça compte ou pas. Tellement horrible mais on rit doucement. Voilà un beau matériau qui a déjà plus de 20 ans pour alimenter le débat sur les limites de l'humour, il fallait oser. Supportés dans leur oeuvre par Choron, Gourio et Vuillemin l'ont fait.
Comme le dit Ro, cette BD est franchement dure à noter. Finalement, j'ai décidé de m'en tenir au strict gag et à l'humour, et donc je mets un 2/5. Car l'humour ne m'a pas franchement fait rire. Si j'ai souri de temps en temps, si j'ai même ri avec les gags en une image (les meilleurs à mon goût) de Vuillemin, j'ai trouvé le reste franchement nul. Scato, crado, méchant, gore, dégueulasse, ça va loin dans la provocation, voire même trop loin. Personnellement je trouve qu'il y aurait dû avoir une limite. Bon, cela dit, j'ai bien aimé l'histoire de la fille romantique et le début de celle sur l’exécution des villageois. Par contre, le dessin est moche, et c'est parfois trop violent pour qu'on en rigole. Pas dans le fait des camps de concentration, mais dans l'humour très douteux. Même dans un autre cadre, ça ne passerai pas. La série de gags style "caricature de journal" en plein milieu est complètement saugrenue et à mes yeux pas du tout drôle. Par contre, je mettrais 4/5 pour l'initiative, car je la trouve remarquablement osée et très juste. Peut-on rire de tout ? Oui, disent-ils, en y allant au plus profond et a fond la caisse. Ce n'était pas forcément la meilleure démarche, mais je trouve que les auteurs présentent une certaine idée qui mérite réflexion. Le Fils d'Hitler reprendra ce principe en plus soft, et à mes yeux en plus réussi. Du fait des rééditions avortées et peu fréquentes, associées aux plaintes et aux procès, la BD est assez peu disponible mais on peut la trouver gratuitement sur le net. Je pense qu'il est intéressant d'y jeter un coup d'oeil ou de se renseigner sur son histoire. C'est assez éloquent sur la liberté d'expression. Donc une BD qui rate son objectif en terme d'humour (mais je n'ai jamais vraiment aimé l'humour de Vuillemin) mais qui est très intéressante pour son audace et son histoire. 2/5 pour le contenu, pour le reste, à vous d'en juger.
Peut-on rire de tout ?… à priori : oui… mais parfois le rire est teinté d'une certaine gêne. C'est le cas ici. Fallait quand même oser !… Oser quoi ?… Faire de l'humour avec une des pires périodes de l'Histoire -celle de la Deuxième Guerre Mondiale- et, surtout, axer en particulier cet humour sur l'holocauste. Curieuse BD qu'il fallait oser, en étant quasi sûrs (les auteurs) que les foudres de la censure s'abattraient sur eux… ce qui a été fait d'ailleurs. Qu'ai-je donc lu ?… une parodie de la déportation, une description grinçante (des dents) des camps de concentration où l'on se croirait parfois plus au Club Med que dans l'antichambre de la mort. Il est vrai que la vie quotidienne décrite par les auteurs est une vie quasi sans histoires, où les victimes et bourreaux sont des gens tout ce qu'il y a de plus ordinaires… C'est d'ailleurs cette dérision provocatrice, voulue par les auteurs, qui fait rire. Enfin, rire, c'est beaucoup dire… Il y a des gags, c'est vrai. Et de bons… Mais la lecture de cet opus, dont la couverture imite celle du journal allemand "Signal" de cette époque, m'a néanmoins laissé comme un goût de… cendres. Fallait oser…c'est fait. Etait-ce utile ?…je n'ai pas de réponse(s) à cette question. Je cote 3/5 pour le courage d'avoir affronté -voici bientôt 20 ans- cette Censure laquelle, néanmoins, a été déboutée en Jugement.
Qu'il est difficile de donner un avis sur cette BD. Peut-on rire de tout ? Je suis prêt à le penser, oui, et j'ai vraiment lu cette BD par curiosité en me disant que traiter un sujet aussi polémique et sensible pouvait faire ressortir quelque chose de vraiment original, fort voire marrant. Je me sentais assez distant du sujet, assez insensible pour ne pas sombrer du tout dans la polémique, pour n'être choqué par rien et rigoler de voir le tabou se faire littéralement exploser par la plume trash et acide de Vuillemin et Gourion. Et effectivement, j'ai été soufflé par l'audace des premières pages de l'album, par la première image même qui montre la photo d'un déporté maigre et pitoyable grimé avec une mèche et une moustache à la Hitler. Je me suis dit : "Oupf ! Hé beh ! Si ça commence comme ça, ça va être fort !". Quand j'ai lu ensuite le petit roman photo où le professeur Choron et d'autres de sa bande jouent le rôle d'officiers nazis qui critiquent la BD Hitler=SS elle-même ou la complimentent par moments, je trouvais ça drôle aussi. Mais c'est ensuite que la BD démarre pour de bon. Ce sont des gags ou histoires courtes dessinées par Vuillemin pour la plupart, à l'exception de quelques gags en une image qu'il n'a pas dessinés et qui n'ont pas le même humour aussi trash. Car c'est trash : les nazis y sont représentés en glorieux cons, les juifs en victimes naïves et torturables à loisir, les homosexuels en obsédés dégueus et dignes d'être lynchés par les autres prisonniers, les déportés dans leur ensemble sont vus comme une bande de lâches idiots prêts à s'entretuer par connerie et par haine de leur prochain, les français ou autres pays conquis sont des collabos, dénonciateurs, lâches et salopards, et partout des profiteurs, des salauds, des connards plus écoeurants les uns que les autres. Certains gags m'ont fait rire par leur incorrection politique totale et leur audace dans la manière dont les auteurs font croire qu'ils se placent du côté des nazis. Pour l'exemple, l'image de la galerie demande "pourquoi ?" en montrant les monceaux de cadavres des camps, et la page suivante, imprimée par les imprimeries Goebbels répond : "Parce que !!" avec un nazi glorieux et combattant. Ou encore un petit jeu en une image représentant un aryen beau et fort placé à côté d'une foule de déportés où la légende dit : "Il y a 6 millions d'erreurs dans cette image, saurez-vous les trouver et les éliminer ?". Nul anti-semitisme ni anti-homosexualité dans tout cela à mes yeux, les auteurs traitent de la torture en général, de l'horreur de la guerre et de l'extermination en général et ces gags auraient pour la plupart pu aussi bien se placer dans les camps Khmers Rouges ou les Goulags de Staline. Néanmoins, je suis ressorti de ma lecture avec un véritable malaise. Je ne suis pas aussi insensible que je le pensais. Il y a une telle accumulation d'horreur, de trash, de violence, de monstruosité humaine qui est représentée dans ces "gags" que c'en est... écoeurant. La dénonciation par le politiquement incorrect a marché d'une certaine manière lors de ma lecture. C'est une BD assez forte et qui fonctionne sur ce plan là. Par contre... par contre, j'ai trop vite retrouvé l'humour typique de Vuillemin, cet humour crade, souvent scato, violent, dégueu. Certains gags n'ont même rien à voir avec le décor nazi qu'est sensée représenter la BD, comme par exemple le gag avec les mouches dont une mouche à merde. De même, je n'ai guère rigolé à la plupart des histoires que j'ai trouvées lourdes et pas vraiment drôles. Certaines images, certains gags sont forts et audacieux mais beaucoup sont assez mauvais, voire redondants avec d'autres gags de Vuillemin dans ses autres BDs qui n'ont rien à voir avec le sujet. Cette BD a joué sur le côté choc de son sujet et de la façon dont elle le traite avec dérision et le désir de choquer, mais passé la surprise et le choc, elle devient rapidement écoeurante et assez peu drôle. Alors à ce prix là, et même si c'est une BD rare car interdite en France par la censure, je trouve qu'elle ne vaut pas tant que ça la peine d'être lue.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site