Avant Blake et Mortimer (Le Rayon U)

Note: 2.26/5
(2.26/5 pour 19 avis)

Au coeur de la lutte entre Austradiens et Norlandiens, l'uradium provoque bien des aventures...


Les petits éditeurs indépendants Ligne Claire Péchés de jeunesse Raypunk Van Hamme

Les Norlandiens, par l'ntermédiaire du Pr Marduk, viennent de faire une importante découverte scientifique. Mais ils ont besoin d'uradium pour achever le travail. Or, il ne s'en trouve que dans des contrées inconnues, très dangereuses. Se monte alors une expédition autour de Marduk et de son assistante, Sylvia. Mais l'expédition est infiltrée par le capitaine Dagon, espion des Austradiens. Il fait en sorte que nos amis se retrouvent totalement perdus dans une jungle hostile peuplée par d'étranges créatures... Retrouveront-ils le chemin du volcan Urakuwa, où se trouve l'uradium ? Et pourront-ils rentrer chez eux sains et saufs ?

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Avril 1967
Statut histoire Une histoire par tome 2 tomes parus

Couverture de la série Avant Blake et Mortimer (Le Rayon U) © Blake et Mortimer 1967
Les notes
Note: 2.26/5
(2.26/5 pour 19 avis)
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07/08/2005 | Spooky
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Par Josq
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Espérons que cette saga redorera un peu son blason avec l'arrivée de Jean Van Hamme ! Je ne trouve déjà pas que le premier tome mérite autant de si mauvaise notes... L'arrivée de Van Hamme est pour moi une vraie bonne nouvelle, et il réussit sans conteste à se hisser au niveau d'Edgar P. Jacobs. Je ne garantis toutefois pas que les lecteurs qui n'avaient pas aimé le premier tome changeront complètement d'avis car Van Hamme, comme à son habitude, se glisse avec un plaisir non dissimulé dans les codes désuets de l'époque, et pourtant, il contribue largement à donner de la profondeur à des personnages qui en manquaient peut-être jusque-là. Ce que j'aime chez Van Hamme, comme avec Blake et Mortimer, c'est qu'il utilise ces codes peut-être un peu "vieillots", mais il est aussi le premier à s'en amuser ! Ainsi, l'ouverture du second tome, La Flèche ardente, est un festival de second degré, où Van Hamme annonce clairement sa note d'intention, qui est à la fois de nous offrir une bande dessinée digne en tous points de son maître, mais aussi de dépoussiérer un peu Le Rayon U en revisitant ses fondements et en approfondissant largement ses personnages. La première phrase de l'album dite par un personnage renvoie ainsi avec amusement au trou béant laissé par Jacobs dans son tome, on y voit l'empereur Babylos III déclarer "Par tous les dieux de l'enfer, nous ignorons toujours en quoi consiste ce fameux rayon U !". J'avoue qu'il m'a fallu attendre cette case pour réaliser qu'effectivement, le titre de l'album initial n'y était jamais vraiment explicité ! On enchaîne ensuite avec une révélation qui n'en est une pour personne (ni l'auteur, ni le lecteur), et une séquence de course-poursuite préhistorique, où l'on retrouve tous les défauts et toutes les qualités de Jacobs, mais subtilement détournés : le dinosaure est tout-à-fait improbable, mais cette fois, la cachette du personnage poursuivi ne parvient pas à l'arrêter ! A l'image de cette séquence, Van Hamme s'amusera sans cesse à détourner les codes à l'ancienne pour en faire quelque chose de très traditionnel mais un peu moins naïf. Ce que cette séquence illustre également, ce sont les incontournables allusions à Blake et Mortimer. Le dinosaure improbable et les ptérodactyles qui interviennent juste après semblent tout droit sortis du Piège diabolique, tandis qu'une séquence qui suit est (presque) issue du tome 3 du Secret de l'espadon. Tout le récit est ainsi émaillé des piques de second degré de l'auteur, sans que jamais, la lecture au premier degré n'en souffre. Enfin, ce que Van Hamme réussit totalement à faire, c'est à faire exister les personnages. Là où ils étaient très sommairement brossés dans Le Rayon "U", l'auteur parvient à leur donner un vrai caractère et à illustrer des relations plus complexes entre eux (même si ça reste assez court, bien sûr), allant jusqu'à me surprendre dans un retournement, somme toute classique mais bien amené. Ainsi, certains héros du premier tome deviennent beaucoup plus nuancés ici, voire presque méchants. Cela sert le propos de l'auteur qui introduit les thèmes classiques de l'époque : les risques d'une science sans conscience, et le drame de la colonisation par la force. Ce dernier thème donne lieu à de magnifiques séquences de bataille, épiques à souhait, qui confèrent tout son souffle à l'histoire. Du côté du dessin, Christian Cailleaux et Etienne Schréder, admirablement secondés par le coloriste Bruno Tatti, livrent un travail très propre. Le dessin me paraît parfois un peu plus simple et naïf que chez Jacobs, mais l'hommage graphique n'en est pas moins réussi. On retrouve aussi bien l'esprit de Jacobs dans le dessin que dans la narration (quoique la dose de textes à lire est réduite dans le second tome). Pour en finir avec La Flèche ardente, j'ai juste trouvé étonnant un épilogue assez long (11 pages), qui ne renouvelle pas toute la vision du récit. L'instrument narratif utilisé par Van Hamme dans l'ouverture du prologue laisse penser qu'on va avoir droit à une vision changée par un retournement quelconque, mais en fait, non. L'auteur cherche simplement à apporter la meilleure conclusion possible à chacun des personnages. C'est tout à son honneur, et finalement, cela me suffit, mais je m'attendais à autre chose. J'ai beaucoup parlé de La Flèche ardente, mais très peu du Rayon "U", je conclurai donc cet avis en remontant aux sources. J'ai déjà dit plus haut que le tome d'Edgar P. Jacobs avait quelques vieilleries peut-être dommageables, mais qu'il ne méritait à mon avis pas la si mauvaise moyenne qu'il a actuellement sur le site. Et de fait, je trouve que ce premier album révèle déjà les grandes forces de ce géant de la BD qu'est Jacobs. Ainsi, la narration est certes extrêmement désuète, s'autorisant parfois à réduire une péripétie en quelques cases, mais cela donne à l'album un rythme et un souffle dont toutes les sagas d'aventure ne peuvent se targuer de bénéficier. En effet, tout va très vite, mais justement, cela permet au récit de ne pas avoir un seul temps morts et d'enchaîner pour notre plus grand plaisir (le mien, en tous cas) des péripéties où l'on retrouve toute l'essence des récits traditionnels d'aventure, à la Conan Doyle et Jules Verne (probablement les deux principales influences de cette saga). Tombant des griffes d'un dinosaure assoiffé de sang en captivité d'une tribu d'hommes-singes peu avenants, en passant par la découverte de nouveaux territoires et de leurs dangers inévitables, tout est là pour faire du Rayon "U" (mais aussi de sa suite) un condensé de tout ce qui se fait de mieux dans le registre "aventures". On peut trouver que ça a vieilli. Je serais plus diplomate en préférant voir dans cette prise d'âge un charme qui résiste merveilleusement à l'esprit du temps.

25/03/2023 (modifier)