Une Jeunesse soviétique

Note: 3/5
(3/5 pour 5 avis)

Comme son nom l'indique, cet album raconte la jeunesse soviétique d'un ancien soldat de l'Armée Rouge...


1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Autobiographie Moscou Russie

C'était il y a quatre ans, Pangloss, la librairie-maison d'édition de Manu, venait de publier la première traduction russe d'Astérix. Un jour s'y est pointé un type d'environ 45 ans, trapu, timide, qui a pendant presque une heure fait mine de feuilleter des livres avant de se jeter à l'eau, c'est à dire d'ouvrir son carton à dessin en demandant à Manu s'il voulait bien regarder son travail. Il avait entrepris de raconter sa vie en bande dessinée. Ainsi débute, retrace par Emmanuel Carrère dans sa préface, la genèse d'Une Jeunesse soviétique de Nikolai Maslov, stupéfiant ovni grapique, document de première main sur un demi-siècle d'histoire contemporaine, description minutieuse par une de ses particules élémentaires d'un système à l'agonie et d'un pays à la beauté farouche pris entre l'ennui métaphysique et le vertige du vide. Un album parfaitement inattendu, qui rejoint sans le savoir la tendance bio-documentaire en train de renouveler la bande dessinée mondiale.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Octobre 2004
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Une Jeunesse soviétique © Denoël 2004
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 5 avis)
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07/08/2005 | Spooky
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Par McClure
Note: 3/5
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Je suis friand de tous ces récits qui éclairent ce que fut notre histoire, ancienne ou récente, mais délivrée sans fard. Et la tranche d'histoire qui m'est contemporaine s'y prète merveilleusement bien puisqu'elle est fraiche dans nos mémoires et compte encore de nombreux témoins vivants. Ce témoignage d'une vie d'un jeune artiste dans la russie soviétique, entre sa Sibérie natale, les plaines mongoles de son service ou les tribulations professionnelles moscovites sont vraies, sensibles et elles nous montrent avec sincérité le quotidien des générations qui auront vécu les années de fer du régime, sans sentir s'approcher ni même arriver à espérer (ou si peu comme certains protagonistes de Moscou) la fin du régime. C'est donc une tranche de mon histoire qui se déroule là et c'est en ce sens que l'apprécie, car elle remet en perspectives des images que je revois bien passer dans la petite lucarne chez Mourousi, PPDA ou Gicquel mais qu'alors je ne comprenais qu'au premier degré sans en attraper les implications géopolitiques. Par contre ce bouquin a deux très gros défauts qui en font une oeuvre vraiment trop imparfaite. Le dessin tout d'abord. Il est l'oeuvre d'un amateur. Bon dessinateur certes, surtout lorsqu'il s'attache à nous dépeindre sa sibérie, et ses paysage sont alors magnifiques. Le crayon rend merveilleusement cette atmosphère. Mais pour le reste. Les visages sont horribles avec des expressions simiesques, les batiments sont traités à la perspective première année de BEP, les véhicules sont ratés et surtout, même les paysages (qui pourtant semblent être le point fort de l'auteur) mongoles ou moscovites sont mal rendus. Et la narration, ben y en a pas. C'est une suite chronologique et illogique, sans tenue, on dirait le récit fait par un enfant de CM1/2 en rédaction. Pas de temps fort, pas de chagement de rythme (ni même de rythme). Je mets 3* pour l'intérêt très personnel que je trouve à ce témoignage comme je le dis plus haut mais sans cela on serait au 1*.

29/10/2011 (modifier)
Par Alix
Note: 3/5
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Un témoignage poignant qui nous vient du cœur du bloc soviétique des années 70. La vie en Sibérie et à Moscou sous le régime communiste nous est racontée au travers les yeux de l’auteur : sa vie, son travail, sa famille, ses amis, l’alcool, la propagande, la guerre… Un programme passionnant, mais la narration balbutie un peu je trouve, et aborde chaque thème indépendamment, plutôt que de proposer une histoire complète et fluide. Ce genre de témoignage me passionne toujours. J’ai passé pas mal de temps derrière le rideau de fer dans les années 80 (en Bulgarie), puis assisté à l’écroulement du bloc soviétique et à la transformation de Sofia lors des années 90. Mais j’étais bien jeune, et ce qui se déroulait autour de moi me dépassait un peu. J’aime donc revisiter ce contexte historique avec le recul de l’âge. Le dessin est assez déroutant. Il est réalisé exclusivement au crayon – aucun encrage, aucune couleur. L’auteur dépeint la Sibérie avec beaucoup de talent, mais j’aurais personnellement préféré des planches un peu plus accomplies et « finies ». Un moment de lecture agréable et intéressant. Une première œuvre de qualité pour un auteur qui à depuis publié d’autres albums sur des thèmes similaires. A découvrir !

01/08/2011 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
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Voilà un témoignage vraiment intéressant pour savoir à quoi ressemblait la vraie vie pour un jeune russe dans les années 70, derrière le rideau de fer. C'est assez édifiant et très instructif. D'emblée le personnage principal, auteur de la BD, est rendu attachant. Instruit et sensible malgré sa jeunesse passée dans un village perdue au fin fond de la Sibérie, il est amateur d'art et de la France. Et c'est cela qui rendra d'autant plus frappant le contraste entre sa vision posée des choses et l'union soviétique en pleine décrépitude qu'il décrit. Autour de lui, le désespoir et le vide psychologique est tel qu'il n'y a plus qu'une échappatoire : la vodka, la dissolution de l'esprit dans l'alcool. Ce sont des beuveries en permanence, agrémentées de quelques bagarres et de drames. C'en est à la fois pitoyable et effrayant. On a l'impression que tous les hommes russes de cette époque ne sont que des braillards brutaux à la cervelle noyée dans l'alcool. On en viendrait à vouloir venir en aide à ce peuple matraqué par un gouvernement déshumanisé qui nivelle tout le monde par le bas. Et en même temps, on se rend compte au cours d'une simple conversation que le désespoir est tel chez la majorité d'entre ces hommes qu'ils auraient pu fondre sur l'Europe de l'Ouest et massacrer tous ses habitants par simple dépit, pour rigoler un peu. Ca en fait froid dans le dos. Et en même temps, avec le narrateur, on en vient à éprouver de la tendresse pour son pays, pour la grandeur qu'il a perdu, pour les quelques hommes bons et les esprits fins qui y vivent encore (mais qui n'ont pour la plupart qu'un désir à l'époque, quitter la Russie pour aller en Amérique ou en France comme l'auteur). La narration est simple mais pleine de sincérité. On sent qu'il s'agit d'un premier album mais qu'il a été réalisé avec le coeur et malgré tout une assez bonne technique. Le dessin m'a un peu rebuté au départ car il n'est pas encré. C'est un simple dessin au crayon, un peu amateur dans son rendu. En outre, les visages sont souvent laids, notamment les bouches ouvertes aux dents anguleuses. Mais par contre, les décors sont très réussis. Les paysages sibériens sont envoutants. Et inversement, l'auteur rend avec justesse et pitié les autres lieux de Russie, plus proches de la décharge à ciel ouvert que des étendues naturelles qu'on pourrait imaginer. Instructif, sincère, je regrette un léger manque d'impact dans ce récit qui est encore un petit peu débutant et dans ce dessin qui n'a pas encore toute la technique qu'il mérite. Mais les amateurs d'Histoire et de la Russie à l'époque soviétique y trouveront véritablement leur compte.

17/04/2009 (modifier)
Par herve
Note: 3/5
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Comme je l'ai écrit précédemment, nous assistons à un retour en force, dans le monde de la bande dessinée, à une certaine "nostalgie" (au sens critique) du socialisme soviétique (Lady S., voire Le Tour de Valse). Cet album atypique en est le parfait exemple. Atypique pour plusieurs raisons : Primo, le graphisme, qui oscille entre le crayonné et la planche définitive (le tout en noir et blanc). Secundo, le format, plus de 100 pages qui échappent aux sempiternelles 48 pages standards, enfin tertio par le thème qui est (ou était) très peu traité en BD, à savoir l'emprise communiste sur la jeunesse. Cependant, si j'ai été véritablement enthousiasmé par le dessin (qui mérite vraiment le détour), je trouve que le scénario n'est pas à la hauteur de ce que j'attendais d'une BD "dissidente". En effet, tout au long de l'album, nous découvrons une Russie (comme disait le Général de Gaulle lorqu'il évoquait l'URSS) imbibée de Vodka, soumise et bagarreuse... Bref, rien de neuf sous le soleil. Il manque le déclic au scénario pour en faire un chef d'oeuvre (dommage !). En conclusion, un dessin superbe mais desservi par un scénario tout de même assez plat.

20/08/2005 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5
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Pas si à part que ça, quand même, cette histoire. On commence à voir poindre, ça et là, des témoignages de l'ancien bloc soviétique. La grosse originalité vient du fait que c'est un album entièrement dessiné et "encré" au crayon à papier. En cela, c'est vrai que cela peut surprendre le lecteur occidental qui lit de la BD traditionnelle. Maslov, ancien soldat de l'Armée Rouge, mais aussi fils de prolétaires et petit-fils de paysan, traverse cet album comme un témoin pas privilégié, qui raconte ses mémoires au fil de son inspiration, ce qui en fait la fraîcheur, mais aussi le défaut majeur : le récit est décousu, on saute d'une époque de sa vie à l'autre, sans préavis, et c'est assez déroutant. Pour le ton, il faut noter que tout est raconté sur une tonalité sobre, presque désabusée, si caractéristique de l'âme slave qui renferme une grande part de nostalgie, de résignation. Tout ça dans un pays immense où la seule distraction est une bouteille de vodka... Le dessin de Maslov est loin d'être désagréable, assez réaliste avec ses dégradés de gris (comme le ciel de Sibérie ?), mais se perd parfois dans une certaine caricature sur les visages des personnages négatifs ou hâbleurs de son histoire. A réserver aux amateurs de la Russie, cependant.

07/08/2005 (modifier)