La Tentation

Note: 4.17/5
(4.17/5 pour 6 avis)

Depuis plus de dix ans, Renaud De Heyn (1972) dessine le voyage. De chaque pays habité, visité, chaque lieu traversé, il ramène carnets de croquis, notes, archives, documents. Varanasi, Téhéran, Hindoustan, Potosì, Bolivie, Han sur Lesse, Kurdistan, Syrie, Cuenca, Ixelles, Brésil, Peshawar, Vilvorde... Villes et contrées s'enchevêtrent en mots et en traits, pour raconter une expérience vécue. "La Tentation", fruit de plusieurs séjours au Pakistan, est son premier album.


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"Mais qu'est-ce donc qu'un islamiste?" demande un jour un Iranien à Renaud De Heyn. Il ne peut que lui faire le portrait d'un réactionnaire avide de pouvoir, pour qui la religion n'est qu'un prétexte à la domination, à la violence, et à la terreur. "Pourtant, réponds l'Iranien, islamisme signifie fidélité et profonde connaissance des sources de l'islam. Notre livre ne demande à personne de se comporter ainsi." C'est comme si nous parlions de tous les fascistes occidentaux en les appelant "les christianistes", comme si le christianisme était représenté par Lepen, Pinochet ou Monseigneur Lefebvre. Par le récit de ses rencontres, Renaud De Heyn questionne sa vision de la religion islamique.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Mai 2002
Statut histoire Série terminée 3 tomes parus

Couverture de la série La Tentation © La Cinquième Couche 2002
Les notes
Note: 4.17/5
(4.17/5 pour 6 avis)
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05/09/2005 | iannick
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Par McClure
Note: 4/5
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Un très agréable carnet de voyage que cette tentation entre Syrie, Iran et Pakistan pour cet auteur Belge. Une remise en question intelligente de sa foi, de ses croyances, de ce qui constitue les valeurs morales collectives, individuelles, cultuelles et/ou culturelles. On ressort de cette lecture avec des éléments intéressants pour ce qui aura pu amener une personne à la conversion, ce qui l'a empêché de franchir le pas, les éléments essentiels de sa culture occidentale, le positionnement des religions. Cette ouverture d'esprit se ressent dès les premières pages et nous permettent de suivre ce jeune homme avec d'autant plus d'envie. Et il nous fait nous questionner sur nous même, sur nos propres préjugés et sur nos limites à l'acceptation de l'autre, de ses croyances. Il nous permet aussi d'ouvrir notre cervelet à une autre grille de lecture de cette partie de monde, de l'importance de la religion, des a priori que l'on a sur celle ci mais aussi conforte certaines visions de ces différentes idéologies. Reste la forme, j'ai beaucoup apprécié les doubles pages en carnet de voyage, la qualité de la peinture, des lumières, bref un régal. Par contre je suis un peu resté sur ma faim concernant les pages BD, moins réussies et surtout par un manque parfois de dessins, surtout lorsque l'auteur nous parle d'un train, de nourriture sur le marché etc....... et que l'on n'a pas l'image c'est dommage. Malgré tout une très belle découverte

11/07/2016 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Ouverture d’esprit et tolérance. A travers trois carnets, Renaud De Heyn nous transmet sa passion pour les voyages mais aussi et surtout pour les rencontres. Le ton employé n’est jamais dramatique, bien au contraire. Il y a beaucoup d’humour, d’autodérision dans la narration de ces aventures, et de respect dans l’écoute de « l’autre ». Le personnage est curieux, tolérant et modeste. Pourtant le sujet traité aurait pu nous entraîner vers quelque chose de bien plus négatif, de moralisateur ou de professoral. Il n’en est rien, Renaud De Heyn écoute, observe, interroge mais ne juge pas (sinon lui-même et sa perception a priori d’une culture différente). Au niveau du dessin, les planches illustrées alternent avec de nombreuses séquences de bande dessinée plus classique. Le style de De Heyn est à la fois très personnel, fouillé, précis, souple et immédiat. Face à ce genre de dessin, je pense qu’on accroche ou qu’on déteste mais l’indifférence n’est pas de mise. J’y ai trouvé des décors soignés, des visages expressifs et des séquences très vivantes, soit tout ce que je peux attendre d’un carnet de voyage. Ici, émotion, interprétation et précision sont au menu. Par moments, je trouve qu’il y a une approche « impressionniste » du dessin, et ce style pictural dont l’objectif est de retranscrire l’impression laissée par une image plutôt que de reproduire cette image avec précision, convient à merveille à ce type de récit. La narration est excellente, instructive, philosophique (mais sans intellectualisation), drôle, vivante. Malgré le prix assez élevé (mais tout devient relatif dès que l’on tient compte du nombre de pages), c’est un achat que je ne regrette pas. Un vrai coup de cœur !

22/03/2011 (modifier)
Par iannick
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Avis sur les tomes 1 et 2 : « La tentation » est LA série BD que j’emmène à chaque fois que je vais en voyage. Pourtant, il m’a fallu un fabuleux hasard de circonstance pour dénicher le premier tome tiré en 700 exemplaires. Tout est parti d’un petit commentaire d’un magazine sur ce livre où l’auteur faisait mention d’une BD illustrée par des croquis de voyage et parlant de l’Islam. Il n’en fallait pas plus pour me convaincre que cet album serait tout à fait que ce que je recherchais… Ma première réaction en voyant « Carnet de voyage au Pakistan – 1ère Partie » fut mon admiration devant la beauté de la couverture et de l‘excellente qualité d’impression. Ensuite, ce ne fut que du bonheur ! Bonheur de voir de très beaux dessins aquarellés ! Bonheur de lire une histoire qui m’intéressait fortement ! Bonheur de retrouver de temps à autre des croquis ou des crayonnés illustrant le voyage de Renaud comme si je vivais ses aventures ! Bonheur de voir un auteur ayant un excellent don de narrateur qui puisse me prendre par la main et m’emmenait dans un pays hostile à nous les occidentaux ! Ce que j’ai adoré dans cette BD, c’est le ton neutre dans lequel Renaud nous conte ses péripéties au Pakistan. Ici, point de réaction négative ou positive de la part de l’auteur, c’est à nous de se faire une opinion de ses aventures. Péripéties auxquelles j’ai parfois du mal à y croire et dont il m’est arrivé de lever la tête du livre pour réfléchir sur ça tout en abordant un beau sourire devant la naïveté de Renaud. Ler premier tome est assez surprenant dans ce sens, l’auteur se laisse « guider » par les habitants de ce pays avec toutes les conséquences qu’on peut imaginer… j’ai été fasciné par la curiosité de Renaud qui se met dans des situations assez abracadabrantes et comiques à la fois. J’ai été aussi charmé par le deuxième tome où cette fois-ci, l’auteur nous emmène dans l’intimité des habitants. Une fois encore, certaines situations vécues par Renaud sont assez bizarres, décalées pour un européen ! Graphiquement, j’ai préféré le premier tome au deuxième. Dans la première partie, le dessin est délimité par de l’encrage qui le rend très lisible. L’ambiance par sa mise en couleurs en tons gris et bruns qui s’y dégage est envoûtante. Le dessin de la deuxième partie apparaît plus grossier, l’auteur utilise des couleurs vives qui sont eux-aussi en adéquation avec le récit. J’ai relevé quelques erreurs de perspective dans ce deuxième tome notamment lors du passage à la « foire ». Néanmoins, l’ensemble est vraiment magnifique ! Renaud De Heyn présente un style personnel qui me fascine énormément ! « La tentation » est mon gros coup de cœur ! Si vous trouvez cette BD dans une libraire ou dans un autre endroit, n’hésitez pas ! Achetez ! Note finale : 5/5 Avis sur le 3ème tome : « La tentation » est une BD autobiographique de Renaud de Heyn qui raconte son voyage au Pakistan au milieu des années 1990. Par rapport aux deux premiers albums de la série, ce dernier tome aborde un ton plus grave et change radicalement de rythme. Dans cette BD, on découvre un Renaud De Heyn moins naïf et plus réfléchi par rapport à ses premières semaines d’existence au Pakistan décrites dans les tomes 1 et 2. Il y aborde des commentaires plus engagés et n’hésite pas désormais à nous faire partager ses opinions. L’auteur apparaît désabusé par les contraintes de la vie islamique et nous livre sa véritable motivation de la venue dans cette région relativement isolée. Ainsi, son objectif majeur de cette aventure était de rencontrer les Kalashs. C’est un peuple athée cerné par le monde musulman qui a su garder son indépendance vis-à-vis du mode de vie extérieur et qui physiquement ne ressemble pas aux peuples l’avoisinant. C’est en contact avec cette population que Renaud de Heyn va prendre du recul par rapport à tout ce qu’il avait vécu avec les pakistanais et les afghans. Il va aussi rencontrer un homme avec qui il va se rendre compte que le combat contre l’antisémitisme est loin d’être gagné… Ce passage qui oppose ces deux personnages et qui occupe plus de la moitié du livre est sans contexte la séquence la plus dure et la plus importante de la série. L’aquarelle est une technique rarement utilisée dans la bande dessinée, de nombreux auteurs pensent qu’elle n’est pas adaptée à ce média. Dernièrement, Joann Sfar en a fait un long commentaire dans son album « Bon anniversaire Scylla » (« Klezmer T2 ») où il nous fait part des avantages et les inconvénients de l’utilisation de l’aquarelle dans une BD. Je suis persuadé que l’aquarelle est une technique qui peut être employée avantageusement dans la mise en couleurs d’une BD à condition d’avoir le talent d’un auteur comme Renaud De Heyn… ce dernier est sans contexte un excellent aquarelliste ! Ainsi je vous invite à découvrir ses magnifiques dégradés étonnants de fluidité et de flous, il utilise pour cela une technique difficilement réalisable (il faut absolument savoir gérer le dosage de l’eau !) que seule l’aquarelle permet la réalisation de ce rendu pour illustrer des fleurs par exemple. Renaud De Heyn excelle aussi dans la mise en ambiance et dans la création de croquis qui illustrent abondamment les séquences en voix off de l’auteur. Ce troisième tome conclut les aventures de Renaud De Heyn d’une façon dure et engagée une série initialement abordée dans la contemplation et dans des anecdotes très sympathiques. Le lecteur découvrira enfin la principale raison de ce voyage et l’intérêt de l’auteur à la retranscrire. Plus qu’une BD de voyage, « La tentation » dénonce les dérives d’une religion pratiquée par des fanatiques et par des gens qui l’utilisent pour leurs propres intérêts. Je note aussi que l’auteur a su me faire partager ses joies de la découverte vers ses craintes d’une façon très efficace aussi bien par ses dessins magnifiquement mis en couleurs que par sa narration accrocheuse : Chapeau ! Note finale : 5/5

05/09/2005 (MAJ le 14/04/2008) (modifier)
Par Quentin
Note: 5/5

Renaud De Heyn a entrepris un voyage que la plupart d’entre nous ne fera jamais : il est allé à la rencontre de l’Islam et des Musulmans du Pakistan. Dans la plupart des récits de voyages, l’auteur n’est qu’un observateur extérieur nombriliste décrivant ses problèmes et prenant cliché sur cliché (Le Photographe de Guibert). On en apprend plus sur les préjugés et l’ignorance de l’auteur que sur la société visitée (Shenzhen et Pyongyang de Delisle). Même Abdallahi qui traite du voyage de René Caillé, un Français converti à l’Islam, ne nous apprend finalement pas grand-chose sur les autres cultures et religions. Mais De Heyn nous offre un récit de voyage très différent, centré sur les hommes qu’il rencontre et qui se racontent à travers leurs conversations plus que sur les paysages ou les impressions superficielles de voyages. Comme il le dit lui-même : « Je me suis assez vite rendu compte que ce que je savais du monde musulman n’était qu’une grossière caricature (…) J’ai essayé de découvrir de quoi il s’agissait sans tenir compte de ce que je savais, puisque c’était très souvent faux ». On redécouvre avec De Heyn les vertus du dialogue qui fait si souvent défaut dans les autres récits de voyages, surtout que le dialogue en question se fait ici avec « l’ennemi » de notre époque (les talibans du confins du Pakistan et de l’Afghanistan). Essayer de comprendre le point de vue de ‘l’autre’ sans le juger a permis à l’auteur de faire des rencontres fantastiques. Dans sa BD, il nous en présente quelques morceaux choisis, allant de l’inconnu qui lui offre une hospitalité sans borne sans rien lui demander en retour (donnant inévitablement mauvaise conscience à l’auteur quand il pense à la manière dont il traiterait son hôte s’il venait à le rencontrer chez lui en Belgique) à l’Allemand nazi converti à l’Islam et pouvant vivre son antisémitisme sans honte. Bien entendu, le lecteur peut choisir de ne retenir que ce qui renforcera ses préjugés (la tolérance et l'hospitalité d’un côté, ou l’antisémitisme et le machisme de l’autre). Mais il aura également le choix de prendre les trois volumes de « la tentation » comme un tout démontrant la diversité qui caractérise les religions et leurs adeptes et concluant que l’important n’est pas la croyance mais la manière dont on la vit.

29/01/2007 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
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Les couvertures et les pages de ces albums sont vraiment très esthétiques, très attirantes. Ce sont de belles BDs. Comme dit ci-dessous, l'intérieur n'est pas strictement de la BD mais plus des alternances de planches de BDs et de pages de carnets de voyage avec notes, croquis, scans de tickets de bus et autres fleurs séchées. Les croquis (au crayon noir) sont sympathiques. Les autres dessins sont des aquarelles avec sous sans encrage. Je n'ai pas trouvé ces dernières vraiment fantastiques pour en faire une BD. Elles manquent assez de profondeur et de maîtrise. Mais ce doit être aussi une affaire de goût. Le contenu ensuite est un véritable carnet de voyage, traversée de l'Iran puis du Pakistan. Le décor et les conversations rappellent beaucoup Le Photographe d'une part parce que la région est assez voisine de l'Afghanistan et d'autre part car les sujets abordés sont proches : découverte silencieuse des lieux, rencontres avec les comunautés locales et discussions sur la religion et la façon de vivre. L'auteur visite ici non pas une région en guerre mais des pays où l'homme occidental est rare. Il aborde son voyage avec une neutralité stricte, privilégiant souvent le dessin à la recherche du dialogue et de l'exotisme, ce qui est appréciable. C'est donc un carnet de voyage sympathique, très joliment présenté et intéressant. Par contre, je trouve franchement que chaque tome se lit vraiment trop vite et manque vraiment de densité par rapport à leur prix élevé. Ce sont de beaux albums, d'accord, mais je me vois vraiment mal vous conseiller un achat à un tel prix pour un contenu de cette légèreté.

27/12/2005 (modifier)
Par herve
Note: 4/5
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Merci beaucoup à Yannick de m'avoir fait découvrir (et surtout de m'avoir forcé à acheter, si, si!!) ces deux volumes. C'est une bande dessinée "spéciale", entre le récit de voyage, le carnet de croquis et la BD, le tout magnifiquement illustré. Contrairement à Yannick, j'ai nettement préféré le deuxième tome, surtout à cause des couleurs, et sans doute car on a de plus en plus d'affection et de sympathie pour Renaud, baroudeur haut en couleur, assez naïf, à tel point que l'on se demande comment il n'a pas rencontré plus de difficultés dans ces pays (Iran, Pakistan...) assez hermétiques à" l'homo occidentalus" Une rencontre sympathique et tolérante ( enfin ça dépend des rencontres) entre l'occident et l'Orient. Vivement le 3ième volume ! (qui sort très bientôt parait-il)

26/09/2005 (modifier)