La Bulle De Bertold
Par les pouvoirs qui me sont conférés, je condamne Bertold Boro à la peine d'amputation totale, peine exécutoire immédiate, confiée au chirurgien bourreau.
Albin Michel Auteurs argentins Dictatures et répression Handicap Pantins & Marionnettes Utopies, Dystopies
Dans la cité apparemment isolée (et uchronique ?) de Butanie, devenue pour les protagonistes de l'album leur monde, un gigantesque réservoir en forme de sein abrite le gaz, le précieux gaz, au service duquel toute la cité, et tous, sont. Bertold a essayé de se révolter, et est condamné à être amputé des quatre membres, à devoir survivre comme il peut, en mendiant. Sa verve le fait remarquer par un "producteur" de théâtre de marionnettes. Mais ici les marionnettes sont humaines, chacun de leur mouvement soigneusement dirigé par une machine. Ne leur reste que la parole et la pensée, libertés dont Bertold va user de plus en plus et qui, alliées à sa faconde, vont aboutir à l'éclatement du système.
Scénario | |
Dessin | |
Couleurs | |
Editeur
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | Mai 2005 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
La bulle de Bertold est une bd assez bizarre dans un genre que je n'apprécie guère. Cependant, je ferai pour une fois une exception car le message délivré me semble pertinent ou du moins avoir du sens. Il est clair qu'une société qui ampute un individu au nom d'une certaine justice est un pays pour le moins ignoble et barbare. Si seulement ce n'était que pure imagination mais la réalité est un fait: cela existe. La culture par le biais d'une pièce de théâtre peut alors être une arme révolutionnaire. Le cadre est pourtant celui d'une société du futur où le butane semble être la principale source d'énergie. L'univers graphique est assez foisonnant dans un genre plutôt angoissant. Cela semble tout de même fonctionner.
Voilà une BD que je qualifierai d'OVNI et si je devais lui faire un reproche c'est qu'elle se lit relativement vite. Pour autant elle a des choses à dire et le fait de fort belle manière, hélas sans doute un peu compliquée, ou tout du moins sans en fouiller tous les aspects. Dans une ambiance plus que glauque et ou le dessin en rajoute une couche, l'idée de départ est tout bonnement excellente. Une faute et l'on vous coupe un membre, bien sur plus la faute est lourde plus l'amputation est importante. Dans un monde totalitaire ou toute expression de libre arbitre est condamnée, ces membres que l'on retire sont le symbole des idées de liberté qui n'ont pas leur place dans ce type de régime. Avec un dessin proche de la peinture qui retranscrit parfaitement ces ambiances style 1984, le film Brazil ou bien Eraserhead, cette BD s'imprime pour longtemps. J'ai été un peu déçu que l'on s'attarde si peu sur les rouages de cette société. Surement à lire, je ne connais pas les deux auteurs, argentins, mais leur nationalité éclaire un peu le fait qu'ils aient écrit ce récit.
Je m'étais toujours dit que, quand il y avait déjà dix avis, je ne rajoutais pas le mien, mais là j'ai envie de soutenir ce livre: le dessin est vraiment magnifique, profond, expressif, contrasté et nuancé à la fois, il s'imprime dans votre rétine, et dans votre mémoire. Je reconnais que les idées de départ de cet album de science-fiction (cette société où on ampute les condamnés, et du coup ses hommes et femmes-tronc trouvent à se faire embaucher dans des théâtres de marionnettes humaines), très intrigantes , ne sont peut-être pas exploitées au mieux, mais l'idée, les personnages et les dessins valent la lecture, même si la construction de l'histoire s'effrite un peu sur la fin. Il y a une force dans cet objet qui mérite notre attention, par delà les critères de la bande dessinée.
Voilà un album qui développe un univers assez original, futuriste – même si on souhaite ne jamais voir se réaliser ce monde froid et oppressant, dans lequel l’Intendance, dictature impersonnelle qui régit la société, punit les déviants en les amputant (la peine maximum consiste à amputer de tous ses membres le meurtrier ou le rebelle). Certaines des victimes de cette terrible répression se trouvent réunis dans un théâtre où, avec des prothèses, ils deviennent acteurs pour divertir la populace. Acteurs et cobayes, voire marionnettes, puisque les moindres de leurs gestes sont téléguidés, programmés. Au milieu de cette scène monstrueuse – on rencontre dans les rues des personnages proches de ceux de Tod Browning dans « Freaks », Bertold, dernier arrivant dans la troupe d’amputés, mène la révolte et apporte des sentiments là où ils étaient auparavant proscrits. J’ai vraiment aimé cet album de Science-Fiction (qui a reçu le prix Utopiales SF en 2005). on peut juste regretter que l'intrigue ne soit pas plus étoffée (comme la personnalité ou l'histoire des protagonistes), et que la fin soit un peu brutale. Mais je dois dire qu’en plus d'une intrigue intéressante, on a là un dessin vraiment très sombre et très beau. Ce qui fait une raison de plus de s’intéresser à cet album de deux auteurs argentins que je découvre ici, et qui m’incite à pousser jusqu’aux quatre étoiles !
Déçu par cette bd. Attiré par les graphismes et par le pitch au dos de l'album, je me suis dit que ce serait une bd hors-normes. Au bout de quelques pages, je me suis rendu compte que le sujet qui aurait pu m'intéresser déviait hélas sur l'égo d'un acteur de théâtre et sa vie au sein de la troupe. J'aurais préféré que l'auteur développe mieux le monde totalitaire qu'il avait mis en place au début de l'histoire. Une cruauté qui ne semblait pas si éloignée de nos sociétés modernes. Au lieu de ça, nous avons droit à une simili-pièce de théâtre qui se voudrait subversive. Les traits de caractère des personnages sont basiques et très peu approfondis. De plus, l'album se lit beaucoup trop vite (un quart d'heure) et la narration semble être un résumé d'une histoire qui aurait mérité un plus ample développement. Dommage.
Agréablement surpris et relativement déçu. Ce n'est pas banal, mais c'est mon ressenti après la lecture de ce one shot. Le scénario est intéressant, bien construit et plaisant. Le dessin est très travaillé mais on frôle l'indigestion tant il est chargé. La mise en couleur est originale et très esthétique. Au delà des idées véhiculées dans ce récit, je regrette surtout le manque de développement de plusieurs points. Cette BD est très riche mais pour des questions de place, certains passages laissent des questions derrière eux. L'univers mis en place méritait d'être mieux exploité. Ce projet a manqué d'ambition car il y avait vraiment quelque chose de plus...
Note 2,5. Un postulat de départ très original, une société où la punition des délits passe par l'amputation des membres des criminels, solution évidemment assez radicale pour empêcher la récidive, mais je regrette que l'histoire prenne ensuite une direction qui ne m'a pas interpellée. Cette théâtralisation du récit ne me plaît guère, le ton est grandiloquent, avec encore une fois une critique acide de la société, on veut nous faire la leçon et je n'aime pas ça. J'aurais préféré un bon polar qui s'axe plus sur le contournement des lois et la façon dont les amputés auraient pu s'en sortir, avec un développement plus approfondi de cette société qui finalement me laisse un goût d'inachevé et de frustration. Le dessin par contre est de toute beauté, tout en couleurs directes dans les tons marrons, c'est un vrai plaisir que de regarder ces magnifiques planches défiler.
J’ai le postérieur entre plusieurs chaises. Si je pressens une diversité de niveaux dans la lecture de cette bande dessinée, trois seulement m’interpellent réellement. Et pas avec la même efficacité, ce qui m’a un peu déçu. Un premier degré d’imprégnation instantané. On pénètre de plain-pied dans un univers pessimiste et angoissant qui s’avère immédiatement fascinant, presque hypnotique. Un monde déshumanisé, une société normalisée, rationalisée et sclérosée où tout concourt à l’aliénation de la volonté au profit de la bonne marche du système. Une atmosphère étouffante, décuplée par la beauté crépusculaire et glaciale du graphisme. Des couleurs directes, très sombres et des expressions figées qui accentuent considérablement cette sensation de désespoir, de long et insondable cauchemar et qui affirment l’inexorabilité d’une misérable condition humaine. J’aime beaucoup. Le second degré est plus allégorique. Amputation physique des protagonistes pouvant s’appréhender aisément comme une image de leur castration psychique. Représentations de marionnettes vivantes qui, tout en louant la gloire de « la bulle », dévoilent en réalité les dessous de la machine, dénonçant par la même les rouages sur lesquels repose toute idéologie, qu’elle soit absolutiste ou non. Quelques petits cailloux (j’aurais préféré de gros pavés) jetés dans le miroir des illusions et qui sont autant d’appels à l’esprit critique et autant de tentatives pour démontrer toute la relativité du concept de liberté, pour jauger, par extrapolation, le potentiel et la capacité de révolte de l’être humain. Des « ficelles » diversement appréciées selon qu’elles apparaissent plus ou moins grosses. Cette révélation des mécanismes, effet de distanciation à demi avorté, induit un troisième degré de questionnement plus sous-jacent. À savoir, le rôle du théâtre, et par extension la position de l’art, dans le processus incitatif d’éveil des consciences du public et de remise en cause de sa vision du monde. Oui, mais encore ? Je suis conquis par l’approche visuelle et directe du récit, en revanche, les autres pans de l’oeuvre me laissent un peu plus circonspect. J’ai un peu l’impression d’être invité à la table du raisonnement politique, philosophique et artistique pour y déguster un plantureux repas et l’on ne me sert finalement que les hors-d'œuvre. Alors, quant à en conseiller l’achat, je dirais oui à ceux qui se satisferont d’une fable futuriste très noire doublée d’une mise en appétit cognitive, et non aux autres qui, comme moi, préféreraient une exploration plus spéléologique de voies méditatives prometteuses. Peut-être fallait-il ressentir l’ensemble comme un simple cri ?
Une belle anticipation, qui n'est pas sans rappeler le style d'un certain Bilal : un hypothétique futur très noir, un style graphique assez sombre également, des personnages machiavéliques, un aspect poétique toujours présent. Enfin, même si, à mon sens, le scénario est un peu léger, l'ensemble reste très correct. Une bd à lire sans hésitation.
Mon coup de coeur du moment. Sous une couverture plutôt laide, mais éminemment évocatrice, se cache un vrai petit bijou de brulôt politique. Ce titre est une critique de tous les systèmes totalitaires, pour une sauvegarde de l'être humain en tant qu'individu et pas comme un numéro... La parenté avec l'oeuvre de Bilal est évidente : déshumanisation, critique sociale... ainsi qu'un fond assez fantastique avec un dessin superbe, très soigné et réaliste, réhaussé de couleurs sombres. Très proche de Bilal. Un seul regret, ça se lit vite, trop vite. Les auteurs font sciemment l'impasse sur la description de cet univers à la fois totalitaire et fasciste (des uniformes très particuliers renforçant cette dernière impression), pour se concentrer sur leurs personnages, ce qui est, bien évidemment, le propos de l'album. Quand la forme rejoint le fond, c'est du grand art !
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site