Strip-Tease
Le journal dessiné de Joe Matt
Autobiographie Comix Profession : bédéiste
Un mâle trentenaire occidental dans toute sa splendeur : égocentrique, maniaque et obsédé sexuel. À travers son journal dessiné, le dessinateur évoque sans complaisance ses multiples travers, avec force maestria graphique et narrative. Depuis sa radinerie désormais légendaire jusqu’à la quête obsessionnelle de vidéos porno qui le mèneront jusqu’aux réunions des “Sex Addicts Anonymes" Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’intimité sexuelle des hommes sans avoir besoin de le demander
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Date de parution | Janvier 2004 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Crotte de nez - Ce tome est l'œuvre de Joe Matt (1963-2023, scénario, et illustrations en noir & blanc). Il regroupe des histoires (pour la majeure partie en 1 page) publiées entre 1987 et 1991. Comme son titre l'indique, il s'agit du journal autobiographique de Joe Matt, dessinateur de comics et névrosé. La première page de ce journal porte déjà toutes les caractéristiques de ces entrées très personnelles. Elle s'intitule Ce que vous devez d'abord savoir sur Joe Matt. Elle comporte 32 cases dépourvues de décors avec des fonds noirs. Chaque case comporte une courte phrase avec l'illustration permettant au lecteur de déterminer l'interprétation qu'il doit en faire. Par exemple la deuxième chose que doit savoir le lecteur est "Voici comment il (Joe Matt) se comporte", et le dessin représente un jeun enfant (2 ans) avec sa couche en train d'agiter la main. La narration est donc portée par les brefs textes et les dialogues qui dictent la nature des dessins. Au fil des entrées, le lecteur découvrira également des trames narratives plus traditionnelles dans lesquelles Joe Matt raconte un événement particulier dans une narration séquentielle avec écoulement du temps et décors situant l'action. Cette première page permet également de découvrir que ce journal a pour personnage principal son auteur (ce n'est pas une surprise), mais qu'il ne sera pas un héros. Matt indique qu'il souffre d'un sentiment de culpabilité lié à son éducation religieuse, qu'il est pingre; que sa mère est folle (au sens clinique du terme de son point de vue), qu'il a horreur du sport, qu'il a un égo surdimensionné, qu'il est indécis, etc. La page du 24 février 1988 expose son addiction à la pornographie. Et les pages 22 et 47 ajoutent quelques informations supplémentaires telles qu'il ne repasse jamais ses vêtements et qu'il mange ses crottes de nez. Au 26 novembre 1987, il explique que sa vie n'a rien d'extraordinaire et que les faits saillants sont finalement très banals. Et pourtant Peep show est une bande dessinée que je relis régulièrement et qui me fait toujours autant rire à chaque lecture. Joe Matt a pris le parti de se moquer de lui-même et de faire rire à ses dépends de tous ses défauts, de toutes ses mésaventures. Il utilise un style graphique simplifié, un peu élastique, aux expressions faciales caricaturales. Effectivement pour chaque individu, sa propre vie n'a rien d'extraordinaire, puisqu'il s'agit de son quotidien. Toutefois la verve comique de Joe Matt rend même ses séjours aux toilettes (oui, il y a une page entière qui est consacrée à comment couler un bronze en étant le plus discret possible, page 65) devient un spectacle drôle et irrésistible. Dans la mesure où il décrit sa vie, le lecteur découvre également sa recherche artistique pour trouver un mode d'expression adapté à son projet autobiographique, ses essais pour améliorer son art, et il explique quelques unes des techniques qu'il emploie. le constat est que Joe Matt a un sens inné de la mise en scène, de la concision et du minutage pour tout transformer en spectacle. Et puis sa vie, toute ordinaire qu'elle soit, permet au lecteur de découvrir sa famille dans la banlieue de Philadelphie, son quotidien à Montréal, puis à Toronto, son amitié avec Matt Wagner (Grendel, Mage), Bernie Mireault (illustrateur de The Devil inside), Seth (George Sprott) et Chester Brown (Le petit homme, Vingt-trois prostituées). Du coup il y a quand même un aspect exotique (ou au moins touristique), ainsi que des détails intéressants sur la vie de ces autres artistes. Et la vie quotidienne d'artiste fauché de Joe Matt présente des particularités très exotiques pour le commun des mortels. Au fil des pages, il est possible de découvrir comment il fait pour vivre sans revenu régulier, sa déclaration de revenu pour l'année se montant à 700$ (avec la réaction ahurie de son frère). Mais le plaisir de lecture ne s'arrête pas à un humour politiquement incorrect et une forme d'exotisme social, ou à l'intimité sordide d'un individu pathétique. Joe Matt dispose d'une capacité surnaturelle à faire émerger les aspects les moins reluisants de la condition humaine, et à transcrire les relations interpersonnelles. À la fois il apparaît comme un individu unique et particulier ; à la fois ses petites névroses, ses insécurités et ses défauts sont celles de tout être humain. Et il peut aussi bien passer de blagues potaches sur les odeurs corporelles, qu'à la réaction des individus face à la mort, ou la complexité de la vie de couple (entre mesquineries manipulatrices quotidiennes, et chaleur de la relation). Or comme Seth et Chester Brown, Joe Matt construit ses entrées de journal sur le sujet, sans jamais utiliser la psychanalyse. Il illustre également l'incidence de la foi catholique de sa mère sur la façon dont il a été élevé, ce qu'il est devenu et le poids de la culpabilité inhérente à la religion (avec une page très drôle sur les différentes façons de faire passer le temps lors de la messe, page 41). Au fur et à mesure des pages, Joe Matt s'interroge également sur son art ; il explique que dessiner est sa vocation, qu'il ne sait faire que ça et que seule l'autobiographie l'intéresse. Certaines planches servent à mettre en abyme son interrogation sur la nature même de son activité. Il se dessine en train d'essayer de réaliser une nouvelle planche, sans aucune inspiration, ayant épuisé toutes ses anecdotes. Au 15 septembre 1988, il met en scène un critique d'art fictif lui rendant visite et mettant en évidence l'influence (et la source d'inspiration) majeure de Joe Matt : Robert Crumb. Contrairement à la règle de base du prestidigitateur, Joe Matt n'hésite pas à montrer l'envers du décor, à expliquer comment il construit ses pages autobiographiques. À la fois il explicite le fait que chaque page est une construction artificielle d'un moment de sa vie ; à la fois il met en évidence sa maîtrise des techniques narratives. À la fois il met en scène son manque d'aspiration ; à la fois il décrit au lecteur son processus créatif. Or à chaque page, le lecteur est pleinement absorbé par ce que raconte Joe Matt au point d'en oublier la forme. Mais quand Matt pointe du doigt une de ses techniques, le lecteur se rend compte qu'il vient de terminer une page remplie de petites cases qui lui donne l'impression d'avoir lu une nouvelle. le summum de cette technique est atteint page 39 où Joe Matt utilise une mise en page comprenant 12 lignes de 8 cases chacune, soit un total de 96 cases en une page (= l'équivalent d'une histoire normale de 12 pages). Ouvrir et plonger dans Striptease, c'est découvrir un auteur à l'humour décapant, découvrir un individu minable et mesquin, découvrir un être humain qui ressemble au lecteur. Joe Matt a réalisé 3 autres albums après Striptease : Les Kids, Le pauvre type et Épuisé.
C’est avec cet album que j’avais découvert le travail de Joe Matt – d’ailleurs je crois qu’il rassemble ici ses premiers travaux publiés. Comme l’indique le sous-titre de l’album, il s’agit là d’une sorte de journal intime, publié sans trop de filtre par l’auteur. En effet, contrairement à l’usage en la matière, Matt ne nous épargne aucun détail trivial, glauque, de son intimité, et il se complaît même à s’auto-flageller, nous faisant découvrir une personnalité hypocondriaque, une sorte de loser fainéant, branleur chiant et caustique, qui s’enferme dans une vision autocritique alternant entre l’humour vachard et le morne sur-éclairé. En ressortent deux défauts principaux – en tout cas consciemment compris et affichés comme cela par Matt : il est franchement radin, mais surtout il est obsédé par le sexe, adepte de la masturbation et de l’univers porno, ce qui peut avoir des conséquences sur ses relations amoureuses (il ne nous cache pas grand-chose de ses expériences ou échecs amoureux, de sa relation difficile avec sa compagne, Trish). Les sujets abordés et le ton adopté peuvent surprendre, mais cela se laisse lire globalement. Mais, plus que le sujet lui-même, et l’angle utilisé par Matt pour nous livrer sa biographie, ce qui rend difficile la lecture, c’est déjà les pages bien remplies ! En effet, ça ne se lit pas vite, car chaque page est remplie de petites cases : c’est dense, mais aussi parfois difficile à lire (écrit tout petit). De plus, la lecture de cet album d’une traite, comme je l’ai fait, n’est pas une bonne idée. Car cela devient lassant – même si Joe Matt fait quelques digressions, et joue souvent sur l’humour, l’ironie, cela tourne quand même pas mal autour des mêmes obsessions, et je vous recommande de lire l’album en plusieurs fois. Cela reste quand même un auteur original, même si je ne sais pas si je vais continuer à découvrir le reste de sa production, craignant quand même un manque de renouvellement dans le ton et les sujets.
Pas mal. Ensemble de petits strips autobiographiques (et antérieurs à Peep Show), dans lesquels Joe Matt se livre entièrement, sans pudeur et sans retenue. On y trouvera pêle-mêle : son boulot de dessinateur, ses relations avec Trish sa copine, sa mère, ses relations avec l'argent (Joe Matt est un rat), et même pour finir, un strip sur Chester Brown et un autre de Seth. Un peu décevant quand même, l'humour un peu trash de l'auteur m'a un peu agacé sur la fin. Tous ses problèmes de sex addict (Joe est accro à la pornographie) deviennent un peu lourds à la longue, et finissent par lasser.
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