Batman - Des cris dans la nuit (Batman: Night Cries)
Ce volet, assez peu connu, des aventures du célèbre justicier de Gotham aborde un thème très délicat : celui des sévices sur les enfants.
Batman DC Comics Futurs immanquables Super-héros Univers des super-héros DC Comics
Quand une série de crimes impliquant des abus sur des enfants vient horrifier les habitants de Gotham City, Batman et Jim Gordon (devenu préfet) s'embarquent dans une quête pour trouver l'immoral criminel. Mais quand Batman est accusé d'être impliqué dans ces meurtres et d'avoir terrifié des enfants, le justicier de la nuit va devoir enquêter pour laver son nom et prouver son innocence. Ce volet, assez peu connu, des aventures du célèbre justicier de Gotham aborde un thème très délicat : celui des sévices sur les enfants. Les peintures de Scott Hampton y sont très travaillées et rappellent les oeuvres de Hopper. Une édition difficile à trouver cependant. Pour adolescents/adultes.
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Date de parution | Mars 1993 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
L'horreur absolue de la maltraitance - Il s'agit d'une histoire complète de Batman, initialement parue en 1992, indépendante de la continuité du personnage. L'histoire s'ouvre sur une scène de nuit dans laquelle un groupe de chauve-souris prend son envol au dessus de Gotham. Ces 3 images sont accompagnées d'un extrait d'un guide sur la vie sauvage rappelant que ces animaux sont incapables de se diriger quand ils sont frappés de surdité. Il faudra attendre la fin du récit pour comprendre le sens de cette séquence. Dans cette histoire, James Gordon est l'équivalent du préfet de police pour Gotham. Il est accaparé par les relations avec les élus. En cette fin de soirée, il choisit d'échapper à cette pression pour se rendre sur les lieux d'un crime horrible : toute une famille massacrée, égorgée dans son appartement situé dans le quartier le plus défavorisé de Gotham. Il sait déjà que les rapports d'analyse mettront des jours à lui parvenir car l'élucidation de ce crime abject n'aura pas la priorité. Chez lui, il n'arrive plus à gérer ses responsabilités écrasantes et sa vie de famille, que ce soient les relations avec son épouse, ou avec son jeune fils. Cette même nuit, Batman envahit (à lui tout seul, c'est possible) un laboratoire synthétisant une nouvelle drogue appelée Boost, encore plus addictive que le crack. Il réfléchit en même temps à son apparence, à l'absurdité inhérente de son costume aux oreilles pointues et à l'effet que cela peut avoir sur les criminels qu'il attaque. Batman est en train de remonter, maillon par maillon, ce réseau de distribution de drogues. En parallèle, en tant que Bruce Wayne, il a décidé de prêter assistance à une œuvre de charité qui gère un centre d'accueil pour enfants maltraités dans ce même quartier défavorisé. Il est directement en relation avec le chef de ce centre (Brian McLean, psychiatre) et sa sœur (Sybil McLean, administratrice). Un nouveau meurtre immonde chez un notable va réunir Batman et Gordon pour essayer de démêler les circonstances et trouver le coupable. Fin des années 1980 et début des années 1990, DC Comics dispose de moyens et les emploie à diversifier le type de ses comics, en particulier en essayant de toucher un lectorat adulte. La plupart du temps les scénaristes augmentent juste le niveau de violence et de barbarie, et les dessinateurs troquent le crayon pour la peinture. La qualité du résultat n'est pas automatique. Et puis, parfois, le scénariste et l'illustrateur ne se reposent pas sur ces artifices, ils ont une vraie histoire à raconter et un vrai savoir faire. C'est le cas pour cette histoire. Archie Goodwin est un vétéran des comics ; il a commencé à en écrire en 1964, et il a 55 ans quand il écrit cette histoire. le début de l'histoire fait craindre un scénario prétexte à un thème (celui de la maltraitance) calqué sur une histoire mal équilibrée de Batman. En particulier, il est difficile de concilier les séquences très prosaïques de Gordon, avec celles forcément plus flamboyantes de Batman. Il faut attendre la moitié du tome pour que les différentes composantes s'agrègent plus harmonieusement. Passé ce point là, il n'est plus possible de refermer l'ouvrage avant la fin du récit. le lecteur se trouve pris au piège d'un suspense psychologique diabolique et dépourvu de manichéisme. Goodwin a su trouver le bon équilibre entre les éléments de la mythologie de Batman, l'horreur des crimes et le roman policier sophistiqué. La fin est digne d'un roman très noir où l'espoir est réduit à sa portion congrue. On est très loin d'une solution assénée en 2 coups de poings bien placés. Pour mettre en images ce récit poignant et terrible, Goodwin a bénéficié d'un illustrateur qui sait manier le pinceau : Scott Hampton (né en 1959, et frère de Bo Hampton). Hampton maîtrise bien la mise en place d'une ambiance par le choix des couleurs. Il a une préférence marquée pour les couleurs sombres qui nécessitent une bonne luminosité pour la lecture de cette histoire. Il y a plusieurs atouts dans sa technique. Chaque individu dispose d'un visage spécifique. Sa mise en page est très claire et facilement lisible. Il évite les clichés visuels simplistes pour des images qui montrent ou suggèrent selon les besoins du récit. Il réussit plusieurs décors marquant tels qu'une institution psychiatrique privée magnifique. Mais il reste encore un peu vert pour les expressions faciales qui provoquent l'empathie immédiate pour les plus réussies, ou un mouvement de recul incrédule devant des expressions peu réalistes pour les moins réussies. Il a également du mal à trouver le bon dosage entre les décors finalisés et les teintes uniformes derrière une tête en train de parler. Malgré ces imperfections, cette histoire prend le lecteur à bras le corps pour l'enfoncer dans une horreur quotidienne immonde (Goodwin cite une statistique horrifiante) jusqu'à une fin réaliste et angoissante.
J'ai lu cet album parce que j'aime bien Archie Goodwin, qui est un bon scénariste. L'histoire est assez sombre même pour du Batman, Le récit est orienté vers la psychologie et il ne faut pas s'attendre à des scénes d'action où Batman affrontent ses ennemis récurrents. Le thème de la maltraitance des enfants est assez bien développé, mais je n'ai pas réussi à trouver le tout passionnant à lire. Il faut dire que j'ai trouvé le dessin assez froid. Le style est parfait pour mettre une ambiance noire, mais l'ennuie c'est qu'il ne m'a pas donné des émotions. Du coup lorsque je voyais un enfant avec un problème, je comprenais que c'était horrible, mais je n'avais pas envie de pleurer pour lui. Au final un album pas mauvais, mais ce n'est pas le meilleur Batman que j'ai lu.
Ce récit de Batman est bien construit et traite d'un sujet difficile : la maltraitance des enfants sous toutes ses formes. L'histoire semble partir vers une banale histoire de trafic de drogue avant de basculer dans une thématique beaucoup plus complexe. La complexité de ce scénario provient des prises de parti imposées, quand l'on sait pourquoi les victimes sont choisies par le meurtrier de cette histoire, on ne sait plus de quel côté il faut se placer. On rejoint un aspect de la personnalité du chevalier noir qui est toujours à la limite sur ses interventions et ses prises de position. Je regrette un manque de développement, j'ai presque eu l'impression de lire un résumé alors qu'il y avait matière à approfondir. Je retiens tout de même une belle prise de risque sur le sujet de fond finalement en phase avec l'univers sombre de Batman. Le dessin de style peinture réaliste m'a plu, je me suis habitué à ce genre de prestation à la fois esthétique mais difficile parfois à déchiffrer. Cet opus de Batman n'est pas des plus divertissants, il amène à réfléchir et s'avère très intéressant malgré la noirceur du scénario.
Je découvre l'étendue de la collection "Batman". Ma surprise est de taille car c'est à chaque fois un style totalement différent que je trouve. Je n'ai pas trop aimé le graphisme de celui-ci à cause sans doute de l'imprécision du trait. C'est volontairement flou et les personnages sont souvent dans la pénombre. Par contre, j'admets que cela donne un ton singulier à cette oeuvre. Non, ce qui m'a le plus marqué, c'est le sujet traité à savoir la maltraitance des enfants et toutes les dérives psychologiques que cela implique. C'est très fort. J'ai rien à redire sur le traitement et le déroulement. A découvrir !
Un des meilleurs "Batman" tout simplement ! Tout d'abord le dessin ; c'est parfois trop sombre mais quel travail, quel souci du détail dans cette technique difficile. Personnellement je trouve ça magnifique, et comme dans les bd que j'adore le style du dessin rejoint la ligne scénaristique. Je m'explique, on a affaire a une histoire compliquée, touchant un sujet qui n'a jamais été abordé dans une bd, alors oui il faut "lutter" pour tout comprendre, et même parfois pour bien saisir qui parle ; on est pas dans un "Tintin" où tout est simple, on est dans une lecture au couteau... L'histoire ensuite : le thème est sombre, ça vous l'aurez compris. La progression est très bien faite, on a plein de rebondissements. Enfin bref, une excellente bd adulte qui fait réfléchir... Ca fait du bien.
Un bon Batman, très noir, et assez original. Original par son dessin d’abord, réalisé à la peinture, sans encrage. Ce style ne fera évidement pas l’unanimité, mais il a le mérite de bien représenter la noirceur du scénario. Scénario qui pour une fois n’oppose pas Batman à un super-vilain, ni même à la police de Gotham. La proie de Batman est un bête tueur, mais un tueur d’abuseurs d’enfant, ce qui le rapproche de manière intéressante de notre héros masqué (ben oui lui aussi il tue des criminels). Au final, « Cris dans la nuit » est un bon Batman, mais pas aussi marquant que des chef-d’œuvres comme Batman - Un long Halloween ou Batman - Année 1. De plus comme le signale Ro ci-dessous, la narration est parfois un peu pénible à suivre. Bref, à lire si vous arrivez à mettre la main dessus, mais pas forcement une priorité à dénicher à tout prix.
Une aventure pas très connue et pourtant très forte du Batman. Très forte et très puissante pour deux raisons. Le dessin, d'abord. Les peintures de Scott Hampton dans cet album sont magnifiques. Flirtant avec Hopper, il réussit à transfigurer l'univers sombre et nocturne du Dark Knight de manière subtile et magistrale. Le sujet, ensuite : les sévices sur enfants. Le scénario d'Archie Goodwin aborde le problème sans fard, mais sans voyeurisme et manichéisme. Le parti-pris face à cette violence innommable est réaliste, et c'est un constat terriblement désespérant qui attend le protecteur de Gotham (et le lecteur). "Cris dans la nuit" prouve que Batman reste le sujet phare lorsqu'on veut aborder les Super-héros sur un mode plus noir qu'à l'accoutumée. (PS : malheureusement non réédité, je pense que cet album est aujourd’hui difficile à trouver)
Cette BD se démarque d'abord par son dessin. Ce n'est d'ailleurs pas du dessin mais vraiment uniquement de la peinture, sans encrage. Scott Hampton y a un style qui n'est pas sans rappeler celui des peintures de Hopper. Cela donne donc parfois quelques cases ou planches très réussies, notamment celles de paysages nocturnes ou de visages en gros plan. C'était d'ailleurs exactement la même réflexion que je m'étais faite à la lecture de D-day, le jour du désastre du même dessinateur, même s'il avait déjà acquis plus de maîtrise technique dans cette autre BD que dans ce Batman plus ancien. Cependant, dans l'ensemble, tout n'est vraiment pas réussi visuellement parlant. D'abord, il est évident qu'un peintre ne peut pas offrir la somme de détails, de décors et de précisions qu'un dessinateur à l'encre peut offrir. Ensuite, la majorité des planches m'ont parues trop obscures, trop floues, reproche que je fais très souvent aux BDs sans encrage. C'est une question de goût ceci-dit car certains doivent sûrement trouver ce style de peinture sans encrage très beau en BD. Le scénario lui aussi est assez noir. Il traite du monde obscur de la nuit bien évidemment, comme presque toujours avec Batman, mais aussi d'abus et de violences sur des enfants, de troubles psychologiques, de traumatismes, etc... Un scénario vraiment pas très gai même s'il est relativement bien construit. Ici pas de super-méchants, pas de Joker et compagnie, c'est un polar noir et sérieux avec juste une infime touche de fantastique sur la fin. L'ennui, c'est qu'à trop jouer dans la recherche de noirceur et de profondeur légèrement artificielle, le scénariste en a oublié un peu la narration qui n'est pas aisée à suivre et pas toujours agréable à lire. Le récit peine à entraîner le lecteur et à lui faire ressentir l'oeuvre. Une BD à la peinture intéressante même si pas toujours excellente, et un récit noir et assez bon. Mais n'appréciant personnellement pas les histoires trop noires, je n'ai que moyennement apprécié cette BD que je trouve en outre trop chère dans son ancienne édition devenue introuvable.
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