La Demoiselle de la Legion d'Honneur
Le destin exceptionnel d'une jeune fille.
1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide Ecole Duperré La BD au féminin Pierre Christin Pilote
Une femme des années 50/60. Une orpheline recueillie, encline à la solitude, dressée par une institution religieuse stricte. Mariée jeune à un militaire elle part en Afrique pour suivre son époux et les péripéties s'enchaînent, croisant les périodes historiques et les lieux qui ont fait cette deuxième partie du XXe siècle. Aline, c'est son prénom, un peu perdue, s'appuie sur ses ressources et ses capacités pour faire face à la vie. Elle subit son existence avant de réagir puis de sombrer à nouveau. Qui pourra l'aider à s'en sortir ?
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Date de parution | Janvier 1980 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Tiens encore une Bd que je n'avais pas avisée et que j'ai retrouvée dans le journal Pilote où elle fut prépubliée en 1979. Il s'agit d'une tranche d'histoire à travers le destin d'une femme, comme le feront Christin et Goetzinger dans leur récit suivant La Diva et le Kriegspiel, je crois mais je n'en suis pas sûr, que c'est leur première collaboration. On reconnait le Christin politique qui avait déja éclos dans les "Légendes d'aujourd'hui", il raconte la vie d'une héroïne qui sera bien morne, puisqu'elle sera placée à la mort de ses parents dans le moule d'une institution stricte qui apprend le respect des valeurs et de l'ordre moral. La vie monacale d'Aline commence donc dès cette école qui façonnera son tempérament de femme ; elle devient en effet le prototype des femmes dans cette première moitié de 20ème siècle, encore enfermée dans le carcan de la domination masculine, et pas tout à fait prête pour la libération des moeurs, et quand ça arrive, elle est trop âgée pour s'y jeter dedans. Aline a le même profil que madame Bovary, elle aura une vie monotone, vide de sens, elle s'ennuiera tout au long de son existence et sera soumise à sa belle-famille, c'est une Bovary moderne. Ses voyages restent instructifs et nous montrent une page de la société et du monde géo-politique qui l'entoure au travers de la guerre d'Indochine, de l'Afrique post-coloniale, de la guerre d'Algérie, de l'âge d'or de Hollywood, des émeutes de mai 68... elle traverse ainsi 50 ans de remous socio-politiques, je trouve que c'est une chronique intéressante, un peu comme une fable moderne, dans un passé récent mais un peu ancien, périmé, obsolète ou désuet. Christin fait preuve d'un bon talent de conteur, et Goetzinger qui en est à ses débuts, offre déjà un trait fin et élégant, malgré une légère raideur par endroits, mais rien de bien grave, je trouve que c'est joliment illustré. Un récit triste et édifiant.
Cette BD n'est pas foncièrement mauvaise, mais elle est très anecdotique et oubliable à mon sens, malgré quelques efforts. En fait, je retiens surtout de la BD qu'elle tente certains trucs. En parlant de femme qui s'émancipe et se trouve elle-même, il brosse un portrait d'un monde changeant, de mentalités évoluant et de nouvelles façon de vivre. Par le prisme de ses compagnons ou de ses voyages, Christin nous parle aussi de politique, de société. C'est assez dense dans les thèmes et plusieurs idées font mouche, le tout imprégné d'une certaine mélancolie qui me rappelle Baudelaire et ses vapeurs d'opium, le tout accentué par le dessin. Mais c'est malheureusement trop rapide, trop facilement brossé et esquissé. J'ai rarement eu de l'empathie pour le personnage principal, qui semblait bien plus une potiche bringuebalé au gré des évènements (ce qui est assumé par l'auteur), et j'ai eu du mal à ressentir quoi que ce soit pour elle. C'est aussi dû au fait que malgré le temps qui passe, dans la BD, elle ne semble jamais réellement prendre de décisions ou faire d'action qui lui importe. Cette apathie est voulue par le ton du récit, mais donne un aspect froid et distant envers son personnage. Et dans ce genre de récit, je trouve cela trop peu intéressant. D'autre part, les épisodes qui auraient pu être réellement prenant et intéressants sont souvent coupés trop vite. La pagination assez faible n'autorise pas plus de déroulé, et c'est bien dommage. J'aurais beaucoup aimé avoir plus de corps à l'ensemble, et plus de temps pour appuyer sur certains points qui auraient justement permis de développer la narration et sa narratrice. C'est dommage, à mon sens. Pour le dessin, je dois dire que je trouve ça plutôt bon. Il retranscrit bien les différentes atmosphères du long voyage que fait notre héroïne, mais a également une touche dans les portraits et les visages, qui n'est pas sans me rappeler quelque chose de Bilal. C'est peut-être un peu froid par certains moments, mais sans doute pour coller au ton du récit, notamment dans sa première partie. Bref, une BD chargée de bonnes intentions qui a peiné à me convaincre. C'est pas mauvais, mais je ne dirais pas que c'est quelque chose dont je recommande la lecture. Christin me semble souvent chargé de bonnes idées, mais pêche un peu dans la réalisation et le traitement de ses histoires, ce n'est pas la première fois que ça me fait cet effet.
J'ai beaucoup aimé lire la (non) vie de cette anti-héroïne, dépossédée si jeune de son projet de vie, traversant soumise et tristement l'existence, passive malgré les multiples péripéties qui relèvent du film d'aventure rejoignant les principaux bouleversements de la deuxième partie du XXème siècle, les yeux fermés, ne les rouvrant que très tardivement devant le songe des ruines de ce lourd et triste bâtiment où l'horloge du temps s'est arrêté il y a si longtemps déjà, à l'époque où normalement on s'envole vers son propre destin. Mais la frigidité, c'est ça, et c'est bien ce que cette organisation sociale si hypocrite et écrasante avait prévu pour cette jeune fille esseulée. A voir la dernière image, elle arrivera peut-être quand même à franchir cette frontière qu'elle aurait déjà dû passer dès son adolescence, et cela sans se taper 10 ans d'analyse. Le monde du silence, le monde des femmes : Pierre Christin nous le raconte très bien, avec beaucoup de sensibilité, et Annie Goetzinger nous le donne à voir avec des dessins qui ressemblent à ces vieux clichés de famille qu'on découvre un jour au fond d'une boîte, planquée aux tréfonds d'une armoire. Une mémoire retrouvée qui permettra à la presque vieille demoiselle de devenir une femme épanouie qui tient sa vie en main, enfin ?
A force, j'arrive à accepter le trait plutôt figé du dessin. Mais c'est dur, il faut le dire... Les expressions des visages sont souvent vides, voir indéchiffrables. Ce "destin exceptionnel d'une jeune fille" est loin de celui de notre bien-aimée Sissi ! Peut-on seulement aimer une bd si le personnage principal vous paraît totalement insipide ? C'est juste une question. Pour moi, ce n'est pas le cas même si on est quand même légèrement au-dessus de Barcelonight. On peut passer totalement au travers de cette lecture qui ne restera pas gravée dans les mémoires.
Une BD qui a pris un coup de vieux. L'histoire de cette femme a qui rien ne réussit dans sa vie ne m'a pas touché car l'auteur va trop loin et aurait pu développer une, voir deux relations avantageusement. Au lieu de cela, on a une addition d'évènements souvent tragiques, des personnes finissant mal, des pertes d'honneur à tous les instants après avoir été pourtant conditionnée pour les honneurs, etc. Un concentré de vie si riche dans un one shot frôle l'overdose : Indochine, école militaire, Afrique, Amérique du sud, states, France... Autant de lieux mais encore plus de personnages rencontrés... Il y a trop de tout. Le dessin ne m'a pas plu mais ne semble pas si mauvais, l'édition à disposition avait en plus des défauts d'impression aggravant le rendu des couleurs qui ne me plaisaient pas. Christin a fait beaucoup mieux.
J’avoue, qu’après avoir été émue par les premières pages, j’ai baillé d’ennui à la lecture de ce peu palpitant one-shot. La faute sans doute au traitement narratif. En effet, cette histoire nous est racontée par une voix-off, celle de l’héroïne, créant de ce fait, une certaine distance avec les faits relatés. Cette distance est voulue, certes, mais elle ne nous rend pas X particulièrement attachante. De plus, c’est l’histoire d’une femme qui, en raison sans doute de son effroyable éducation, a passé son temps a subir sa vie. De ce fait, même si on lui trouve des excuses, on a souvent aussi envie de la secouer. En ce qui concerne le dessin, je dirais que c’est du Göetzinger classique, c’est-à-dire assez léché avec une mise en couleur pâlotte. Pas trop ma tasse de thé.
Annie Goetzinger et Pierre Christin nous font découvrir, ici, le parcours d'une femme peu ordinaire. Dès les premières pages, j'ai été absorbé par le récit et c'est avec beaucoup de joie que j'ai suivi cette demoiselle de la légion d'honneur à travers ses rencontres, ses combats et ses regrets. En toile de fond, plusieurs faits historiques sont abordés : la chute de l'empire colonial français, la révolution cubaine et les émeutes de mai 68. De plus, cette femme fascinante et fragile ne manque pas de personnalité, ce qui l'a rend très attachante. Le graphisme de Goetzinger est parfois approximatif mais ce one-shot date de 1980 et l'auteur nous a prouvé depuis lors qu'elle avait beaucoup de talent (Paquebot, La sultane blanche, Agence Hardy, etc....). La Demoiselle de la Légion d'honneur est un album écrit avec intelligence et subtilité. C'est donc avec beaucoup d'assurance que je vous conseille de vous plonger dans cette histoire. C'est à lire !
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