Klezmer
"Klezmer est peut-être une réponse ashkénaze au "Chat du Rabbin".
Communauté juive Musique Road movie Roms, Gitans, Tziganes et autres Bohémiens Russie Sfar Spiritualité et religion
"Klezmer est peut-être une réponse ashkénaze au "Chat du Rabbin". Les héros sont presque tous juifs mais ils passent plus de temps à jouer de la musique qu’à penser à Dieu. Ce sont des musiciens sans argent embringués dans un feuilleton slave. Ils traînent leurs instruments dans les steppes d’Ukraine, à Odessa, dans des campements gitans. Je voulais que Michel Strogoff rencontre un Juif vert de Chagall : la grande aventure rejoint le violon sur le toit. Pour les aquarelles, le rythme du récit, j’ai travaillé en pensant à Hugo Pratt. Mais aussi à Quentin Blake, et à Sempé" (Joann Sfar). Préface de Marc-Alain Ouaknin. A la fin du livre, vingt-deux pages de notes et de travaux sur le thème de la musique klezmer, par l’auteur. La suite de "Klezmer" dans "Bon anniversaire Scylla"…
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Date de parution | Octobre 2005 |
Statut histoire | Série terminée 5 tomes parus |
Les avis
Avis sur le tome 1 "Conquête de l'Est" : Avec cette nouvelle série, Sfar a l’ambition de réaliser 2 à 3 albums par an. Au vu de sa capacité de production actuelle, cela me semble tout à fait à sa portée ! Sur la lancée du Chat du Rabbin, l’auteur continue son « exploration » dans la religion juive. Cette fois-ci, l’action se déroule en Ukraine au début du XXème siècle. Les protagonistes sont des personnages paumés ou rejetés par les leurs dont le principal soucis est de profiter de la vie à tous prix. Pour cela, ils vont découvrir plus ou moins volontairement la musique et former un groupe joyeux qui les amènera à Odessa. A travers leurs péripéties, les personnages principaux se révèleront très attachants malgré le fait qu’ils n’ont rien en commun avec des héros. A noter que les réactions du personnage principal ressemblent énormément à celles du célèbre « chat du rabbin » et que la femme rappelle beaucoup Zlabya de cette même série. Deux choses ressortent à la lecture de cette bédé : Les réflexions liées à la religion juive sont toujours présentes dans la vie de nos personnages principaux bien que leur monde soit dur et soumis à des actes horribles. Cette dureté est d’ailleurs renforcée par une mise en couleurs adéquate. La musique va prendre une place de plus en plus importante au fur et à mesure des aventures de ce groupe, il s’agit du « Klezmer » issu de communauté juive russe. La deuxième moitié du livre est quelque sorte totalement imprégnée de cette ambiance musicale. Pour ma part, Sfar a réussi à travers son récit à attirer la curiosité sur cette musique qui m’était complètement inconnue ! Chapeau l’artiste ! D’ailleurs, à la fin de ce tome, l’auteur donne des précisions très utiles sur le Klezmer. En dépit d’une longue introduction, ce road-movie se révèle finalement très attachant. « Klezmer » pourrait bien devenir une excellente série aventure, elle a pour mérite de nous faire découvrir cette musique, et de nous emmener dans une Ukraine hostile et paradoxalement captivante. Dans une interview, Sfar s'identifie comme un « raconteur d’histoires », je ne peux pas mieux le définir ! Note finale : 4/5 Avis sur le tome 2 "Bon anniversaire Scylla" : J’ai trouvé ce nouvel album meilleur que « La conquête de l’Est » (le premier tome de la série) ! Cette BD est une formidable invitation à la fête, jugez-en plutôt les paroles de la première page du livre : « Allez, on s’y remet !… On retourne à Odessa dans cette nuit étoilée… Les fenêtres ouvertes de l’élégante maison laissent la musique juive se répandre dans les rues endormies… profitons de cette drôle de fête. Souvenons-nous longtemps de cette nuit merveilleuse car c’est à ce moment-là que nos musiciens sont vraiment devenus amis.»… Pour tout vous dire, je m’en souviendrais toujours de cette lecture car bien que l’album soit sorti depuis environ un mois seulement, je l’ai relu au moins 4 fois avec toujours un grand plaisir ! J’adore cette histoire assez folle qui se passe quasiment en huis-clos où notre groupe de musiciens se produit sur scène toute la nuit dans une grande maison bourgeoise. J’adore ces instants où j’ai eu l’impression de partager des moments intimes avec chacun des personnages lorsqu’ils faisaient une pause. J’adore quand l’auteur se permet par l’intermédiaire du personnage de Tchokola de raconter de courtes histoires à la fois drôles, dures et émouvantes (pages 31 à 39 et de 42 à 62). Sfar a vraiment un talent de narrateur extraordinaire ! J’adore ce dessin nerveux, expressif et vivant qui sied merveilleusement à cette histoire joyeuse et qui a réussi à me faire « sentir » cette musique dite « Klezmer ». J’adore aussi cette mise en couleurs qui crée des ambiances tantôt chaudes, tantôt froides, tantôt reposantes tout au long du livre. Sur ce dernier point, à la fin de l’album, Sfar nous fait partager sous forme de notes son point de vue très intéressante sur l’utilisation de l’aquarelle dans une BD. J’adore aussi l’excellente travail de reliure des éditions Gallimard pour l’ensemble de cette collection dont est issue « Klezmer ». « Bon anniversaire Scylla » est un album qui peut se lire indépendamment du premier tome de la série. Même si vous n’avez pas aimé « La conquête de l’Est », je vous recommande très vivement de feuilleter le deuxième album de la série car l’ambiance, le lieu sont assez différents du premier tome. En tout cas et personnellement, ça fait bien longtemps que je n’ai eu autant de plaisir à lire une BD ! Merci Joann ! Note finale : 5/5 Avis sur le tome 3 "Tous des voleurs !" : Quand je lis un nouvel album de Joann Sfar, je m’attends à ce qu’il me surprend et me raconte une belle histoire… et ce troisième tome remplit, à mon avis, parfaitement son contrat ! Dans « Tous des voleurs ! », Yaacov, Tchokola, Vincenzo et Hava se retrouvent dans une vaste demeure laissée à leur disposition par Scylla (voir tome 2)… les ennuis vont recommencer lorsque le baron les rejoindra le lendemain avec des caisses de whiskys dont une contenant des armes… Ce nouvel album est riche en péripéties, sur ce point, la trame de l’histoire se révèle aussi vivante que le premier tome de la série. D’ailleurs, je me demande comment nos amis vont s’en tirer dans le prochain album (intitulé normalement « Kishimev des fous ») ! Personnellement, je ne me suis pas du tout ennuyé en lisant « Tous des voleurs » et je me suis régalé sur les dialogues de Sfar dont une de ses phrases assez marrantes est restée gravée en moi : « Pour le Talmud, il faut bombarder son maître de question ; pour la guitare, on observe et on ferme sa gueule » (page 7). Dans ce nouvel opus, si la musique régit toujours le quotidien de la bande, la religion s’efface en faveur des séquences immorales (le vol, la luxure, etc…) . La bd comporte un mini-carnet intéressant sur la ville d’Odessa, on y découvre les habitudes des russes et de beaux croquis. Alors, avec tous ces qualités, « Tous des voleurs ! » est-il le meilleur album de la série ? Non parce que je trouve que le graphisme est d’un ton en-dessous des deux premiers tomes. Pour réaliser « Tous des voleurs ! », Joann Sfar a dessiné sur un livret en plus grand format que ses autres albums… je me demande bien quel intérêt a-t-il eu à avoir changé de format étant donné que son dessin m’est apparu –cette fois ci- trop souvent brouillon (d’ailleurs, on peut voir ses crayonnés en rouge à travers sa mise en couleurs à l’aquarelle). Même sa mise en couleurs m’a semblé moins flamboyante (je pense que cela est du au fait que Joann Sfar a été obligé combler de plus grands vides que d’habitude… à l’aquarelle, il est assez difficile de dessiner sur de grands formats). Au final, j’ai passé un bon moment de lecture avec « Tous des voleurs ». Joann Sfar est, à mon avis, un des meilleurs narrateurs actuellement et il est difficile de décrocher à la lecture de ses albums. Dommage que le dessin ne soit pas aussi beau que les deux premiers albums de « Klezmer »… mais cela ne m’empêchera pas de me précipiter sur le prochain tome ! Note finale : 4/5 Avis sur le tome 4 "Trapèze volant !" : Cinq ans d'attente pour ce nouvel tome "Klezmer" ! Vous vous en doutez : j'étais impatient de lire cet album et de me plonger dans cette lecture avec gourmandise ! Eh bien, grande fut ma déception ! L'histoire n'avance pas beaucoup malgré le nombre de pages conséquent ! Il faut dire aussi que cet album comporte énormément de planches en une ou deux cases ; du coup, la lecture se fait vite fait ! Et le scénario proprement dit ? De nombreuses invraisemblances jalonnent les aventures du quatuor et je ne vous parle pas du dénouement ridicule qui n'a que pour rôle de nous donner du suspense en attendant le prochain tome : c'est mesquin ! Où sont passées les historiettes racontées par les principaux personnages qui faisaient un des points forts des précédents albums de la série ? Il n'y a aucun dans "Trapèze volant !" ! Où sont les références historiques et culturelles de la Russie qui faisaient la richesse des premières tomes de "Klezmer" ? Que dalle ! Rien ! Nada ! Et le dessin ? Une grosse déception également ! J'ai eu le sentiment que Joann Sfar devait impérativement terminer rapidement son ouvrage à une date bien précise au vu des planches pratiquement illisibles et à la mise en couleurs faite en crayonnés ! Du jamais vu de mémoire de bédéphile dans un des livres réalisés comme ça par un auteur ! Ce résultat me donne l'impression que Joann Sfar s'en foutait royalement du lecteur ! Franchement, si cet auteur n'était pas mondialement connu, quel éditeur aurait publié ce genre de bd au dessin si inachevé ? Je suis très déçu par ce tome de "Klezmer", tellement déçu que je ne me précipiterai pas sur le prochain album de cette série. Je ne comprends pas qu'un éditeur ait publié ce livre au dessin illisible et inachevé ! A mon avis, Joann Sfar devrait arrêter de concevoir des films et des nouveaux albums afin de mieux se concentrer sur son dessin et sur les scénarii de ses séries en cours ! Note finale : 1/5
Dilemme économique: comment concilier production industrielle et réussite artisanale ? La réponse est illustrée par Sfar en ce moment dont l'actualité est énorme et la qualité au rendez-vous, sur Klezmer au moins. Un superbe dessin, qui certes n'est pas du Chagall, mais qui donne une force et une ambiance admirable à ces planches. Quand Sfar parle de la couleur dans ses notes à la fin du tome 2, j'ai enfin réalisé qu'effectivement les couleurs étaient "particulières" mais qu'elles donnaient une ambiance merveilleuse. Comment arriver à utiliser du vert, du jaune et des teintes bizarres sans que cela choque l'oeil et en donnant une superbe ambiance à cette histoire ? Là encore Sfar a réussi à faire une belle synthèse de deux éléments qui semblent éloignés. Il en va de même avec le manque de précision des dessins, du "coloriage" et l'extrême justesse du trait. Tout ceci arrive à donner une impression d'être dessinée dans la matière du rêve: cotonneux, créant une ambiance brumeuse tout en faisant sortir des détails avec force (comme une nuit de sommeil: une impression brumeuse, mais des détails de rêves qui restent...). C'est un peu pareil pour l'histoire, un peu brumeuse mais très simple. En fait le tout pourrait être comparé à de la Barbe-à-Papa: un assemblage de petits fils qui volent au vent, mais qui forment un ensemble majestueux et cotonneux qui se laisse savourer. Les personnages sont attachant car complets et humains: ce ne sont pas des supers héros, ils ont leurs défauts, leurs crimes, leur passé, leur lubie, leur connerie, leur sourire... Au final ils s'acceptent tous pour constituer un petit groupe charmant, qui vit quelque chose de finalement assez simple (on voyage en faisant de la musique) dans des circonstances qui ne le sont pas. Tout ceci amène Sfar à nous présenter simplement des petites bulles de philosophie quotidienne avec beaucoup de tendresse, de recul simple. Pas de grands discours, mais des petits éléments de pensée, qui donnent le sourire et qui constituent en elles-mêmes une belle petite ode à la vie, à l'amitié et à la simplicité. On retrouve certes des éléments du Chat du Rabin, mais tout me semble plus simple, plus en prise avec la vie quotidienne. Ceci est sûrement lié à un recul plus fort avec la religion dans cette oeuvre qui est largement remise en cause. Klezmer est à mon sens un contrepoint par rapport au Chat du Rabbin: la religion n'est plus structurante dans le vie des gens et dans la construction du récit, elle est plus remise en cause... Enfin les notes de Sfar sont un vrai délice. Je me suis marré tout seul dans le métro quand il parle de la Fête de la Musique d'ailleurs. Il dit beaucoup de choses, sans importance, pour constituer quelque chose qui a du sens, que peut en avoir plein de sens différents parmi chacun pourra piocher une petite pensée à grignoter. Un vrai régal dont on attend à autre opus.
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