Mitchum

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

Mitchum constitue une aventure artistique aussi fascinante qu'originale. Libre d'inventer comme d'enfreindre ses propres règles, Blutch y esquive les pièges de la virtuosité pour laisser la seule émotion guider sa main.


Blutch École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg Les petits éditeurs indépendants

Entièrement dédiées au geste et au plaisir de raconter, ces pages sont un miracle d'épure et d'équilibre. Interrogeant sous différents axes les thèmes du regard, de l'artiste et du modèle, Blutch capte avec sensualité les chassé-croisés sentimentaux ou les visions nocturnes angoissantes. Les images qui surgissent de ces fulgurantes improvisations sont une plongée sans carte ni boussole au cœur d'un univers intime et onirique en perpétuelle mutation. La présente édition de Mitchum compile en un volume les cinq " comix " initialement parus, en les enrichissant de nombreuses pages et dessins inédits. Une occasion privilégiée de voir la bande dessinée en mouvement et de revivre une performance qui aura marqué autant les esprits que son auteur lui-même.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Octobre 1987
Statut histoire Série terminée 5 tomes parus

Couverture de la série Mitchum © Cornélius 1987
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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07/03/2006 | Gillix
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Par Ro
Note: 2/5
L'avatar du posteur Ro

Mitchum n'est pas une BD ordinaire : c'est en fait plus un recueil d'essais graphiques et narratifs de Blutch. Sur plus de 200 pages, il nous livre des planches aux styles graphiques légèrement différents, des récits parfois complètement improvisés, souvent oniriques ou délirants, des essais sur la forme et surtout la démonstration d'une grande part de son art. Si un auteur que j'adore comme Andreas ou Loisel par exemple avait réalisé un tel type d'album, je pense que j'aurais été subjugué et admiratif tout au long de ma lecture. Hélas, je n'accroche vraiment (toujours) pas au style de Blutch, et cet album m'est donc à moitié tombé des mains. Cinq chapitres (plus quelques bonus) composent cet album qui est en réalité une sorte d'intégrale de 4+1 parutions précédentes des éditions Cornelius. Le premier chapitre regroupe quelques histoires courtes. Amérique des premiers colons, états du sud aux temps de l'esclavage, intérieurs bourgeois du 18e, New York moderne puis Mexique, chaque récit prend pour décor des lieux plus ou moins exotiques pour nous narrer des tranches d'émotions et d'amours. Trop décousu pour entrer vraiment dans ces récits, je me suis contenté de constater que même si je n'aime guère le dessin de Blutch, il sait transmettre des ambiances et des expressions corporelles en quelques courbes et ombrages bien maîtrisés. Le second chapitre est celui qui m'a le plus em... ennuyé. Prenant pour décor le Paris "artiste", il m'a autant rebuté qu'un film français "dit d'auteur" peut me rebuter. Une fois de plus, la narration est très décousue, pas moyen d'entrer dans le récit. Ce qu'il en reste, ce sont des personnages et situations qui n'ont rien pour m'intéresser et aucune émotion qui passe dans mon cas. Le troisième chapitre donne peut-être son nom à l'album puisque c'est le seul où Robert Mitchum apparaît réellement, plus comme une icône du mâle dominateur que comme un vrai acteur cependant. Ce récit, plus linéaire que les précédents quoiqu'un peu plus onirique, m'a plus accroché, même si je ne suis que peu sensible à sa symbolique. Le quatrième chapitre, tel que présenté dans cette intégrale, est en fait la récupération d'une histoire un peu western inachevée (à laquelle on a droit en fin d'album) mais recouverte du dessin évocateur d'une danseuse qui cache les planches. Courbes sur courbes. Le récit part ensuite en délire graphique et improvisation narrative. Je m'excuse de parler aussi "mal" de ce qui a sans doute dû plaire à bien des personnes plus sensibles artistiquement que moi, mais moi, j'ai zappé complètement parce que ce n'est vraiment pas ma tasse de thé. Le cinquième chapitre m'a un peu plus accroché car, comme le troisième, il est nettement plus linéaire dans sa narration. Le dessin, différent des chapitres précédents, m'a fait réaliser ce que certains reprochent à Larcenet vis-à-vis de Blutch : c'est vrai que le lien de parenté est évident, sans pour autant que je porte ensuite quelque jugement que ce soit dans un sens ou dans l'autre. Quant au récit, j'ai bien accroché au début. Le moment où l'ours casse l'oeuf du contrôleur est particulièrement fort en émotions pour moi. Mais ensuite, l'émotion se dilue car le récit devient nettement trop évasif, onirique ou symbolique pour moi. S'ensuivent quelques histoires supplémentaires, le récit western inachevée du quatrième chapitre, un conte sympa d'après Grimm (peut-être le contenu que j'ai préféré dans cet album) puis un drôle de délire sur Vendredi ou la vie sauvage. Oeuvre graphique, BD d'art et d'essai, Mitchum doit être une bible pour ceux qui aiment le style à part de Blutch. Mais je ne fais pas partie de ceux-là et cet album ne m'a pas fait changer d'avis, donc c'est non pour moi.

25/03/2007 (modifier)
Par Gillix
Note: 4/5

Blutch fait partie de ces rares auteurs qui publient leurs expérimentations, leurs essais. Vous pourrez toujours me rétorquer, avec raison, qu'ils sont nombreux dans les marges de l'univers BD, d'accord. Mais combien de ces auteurs sont passés de la marge au centre (ou presque) ? Peu, très peu … Dans Mitchum, Blutch part sans contrainte. Il a droit à un nouveau format (en 1996) qu'il exploite en plein. Pas de contrainte structurelle, pas de contrainte de pagination, pas de contraintes narratives, il invente des codes pour mieux les briser, en permanence. Les techniques de dessins également seront expérimentées, passant d'une pseudo-ligne claire aux hachures si populaires aujourd'hui pour les auteurs "nouvelle BD" (ciel que je n'aime pas cette expression). Ces expérimentations sont le plus visible, par exemple, dans la dernière page du premier "comix". Page dans laquelle Blutch passe d'un dessin net à un trait épais, presque pâteux et néanmoins fascinant qui évoque un autre grand de ces marges : Baudoin. Les histoires que Blutch nous conte dans ces fascicules n'ont pas de structure prédéfinie. Il se donne un point de départ et verra bien où il arrive, du moins c'est l'impression qu'il me donne. Vous êtes donc avertis, vous les amateurs de scénarii en béton, passez votre chemin. Ces livres ne sont pas fait pour vous ! Maintenant, si vous êtes prêt à vous laisser emporter par le dessin, en écouter sa musique, je vous garantis de passer un bon moment. Bien que cet instant aura des hauts et des bas, la qualité n'étant certes pas égale. Voilà donc une oeuvre dont je vous recommande la lecture, mais c'est à vous de voir…

07/03/2006 (modifier)