La Rue sans Nom
Paris, hiver 1895 Dans une ambiance proche du réalisme poétique, suivez les déboires de Gabriel, jeune dandy à la santé fragile traînant ses guêtres dans les bas-fonds de la capitale.
1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants Paris
Fiction dans le Paris fin du XIXème siècle, tel que le photographiait Eugène Atget. Gabriel, jeune dandy maladif, et Ile, petite prostituée lunatique, errant du Marché des Halles à la Butte aux Cailles jusqu'à franchir les fortifications et découvrir ce que déjà on dénommait la zone. Après avoir détruit son passé, Ile embarque Gabriel dans son rêve, qui vire bientôt au cauchemar. Petite Flamme Menteuse constitue le second opus du diptyque. La rue sans nom. Dans Notre Dame de l'Oubli et dans Petite Flamme Menteuse, les deux volets de ce diptyque, Mandragore a glissé dans ses pages des citations graphiques et littéraires renvoyant à Schwob, Valloton, Richepin (des références et notices leur sont réservées à la fin de l'ouvrage).
Scénario | |
Dessin | |
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Date de parution | Janvier 2002 |
Statut histoire | Série terminée 2 tomes parus |
Les avis
Cette petite production indépendante ne paye pas de mine et pourtant, elle mérite qu'on s'y attarde. Le dessin en noir et blanc avec un trait plutôt épais nous entraîne dans le Paris de la fin du XIX ème siècle. C'est une ballade au coeur même d'un Paris qui n'existe plus. Paris est une ville où l'histoire se lit dans les murs. C'est intéressant de se plonger dans la petite histoire du peuple de ce Paris qui a aujourd'hui disparu, victime d'une lente épuration dans une ville devenue vitrine, vendue au plus offrant, une ville aux prises avec les notions de patrimoine et de rentabilité. On découvre une rivière qui coulait jadis, du nom de la Bièvre et qui se jettait dans la Seine en parcourant les 5 ème et 13 ème arrondissements. On découvre également les derniers vestiges des fortifications élevées entre 1840 et 1844. On parcourt toutes ces rues avec un brin de nostalgie. Une petite production à lire surtout pour son ambiance si vous arrivez un jour à mettre la main dessus.
Premier point positif quand on prend en main cette BD : c'est un très bel objet. Albums brochés souples rehaussés d'une couverture amovible d'une qualité et d'un papier tels qu'on croirait admirer un très beau faire-part de mariage. Pages faites d'un papier épais et résistant expliquant presque à lui seul le prix finalement très raisonnable de l'objet. Deuxième point positif, le dessin, à la fois original et vraiment esthétique. Quand on y regarde de près, on sent que Mandragore ne maîtrise pas encore totalement son trait : personnages assez figés, visages parfois trop simplifiés, profils crus, expressions faciales jolies mais trop répétitives, narration visuelle parfois confuse... Mais ces défauts techniques n'empêchent pas les planches de rendre une vraie impression de beauté. Pour simplifier la chose, je pense, sans la connaître, que Mandragore s'y entend très bien en matière d'illustration et de croquis mais manque encore un peu de maturité au niveau du dessin narratif et de la BD. Ca donne des planches d'un esthétisme indéniable et qui m'a beaucoup touché. Les scènes de Paris de nuit et de la Butte-aux-Cailles sont vraiment envoutantes. De manière surprenante, Mandragore change de technique de dessin au fil des planches, usant de la peinture/encre noire et de l'eau de manières variées pour donner un rendu différent sur certaines planches, ce qui étonne un peu car brise légèrement le rythme de lecture. Je me demandais en effet à certains moments si ce changement de technique indiquait un changement chronologique, un retour en arrière ou une vision onirique, mais il semble que cela ne soit pas particulièrement le cas. Ce sont des changements presque gratuits, pas moches mais... étonnants pour le lecteur. Concernant l'histoire, elle fait la part belle à l'ambiance et à l'onirisme. J'ai plongé avec grand plaisir dans ce Paris de la fin du 19e siècle, ce Paris de la nuit, de l'absynthe, des poètes et anarchistes. Mandragore nous offre une vision plus poétique et plus douce que le fameux Paris de Tardi et j'avoue l'avoir également beaucoup appréciée. L'ambiance est là, poétique et onirique, sombre et lumineuse à la fois. Pour le récit en lui-même maintenant, il pêche là où l'ambiance est reine, justement. L'aspect poétique et onirique entraîne des dialogues un peu abstraits, des citations d'auteurs qui s'insèrent assez difficilement dans un récit qu'on souhaiterait un peu plus linéaire pour pouvoir le suivre plus agréablement. La narration est un peu confuse, les personnages difficiles à cerner. L'aspect onirique entraîne le lecteur à ne pas toujours bien comprendre les tenants et aboutissants de ce qu'il lit. Le final du récit (la fin de Petite Flamme Menteuse) offre une touche claire de fantastique expliquant du même coup la nature même de la mystérieuse Île et permettant de comprendre une part des dialogues de la BD qui au départ paraissaient un peu incongrus et ardus à saisir. Une belle ambiance et des planches très esthétiques pour un récit hélas un petit peu trop confus et abscons à mes yeux. Mais une lecture agréable et une belle BD, offrant une vision poétique et belle du Paris nocturne d'il y a plus d'un siècle.
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