Helldorado
Quelque part sur une île tropicale, un village indien s’éveille dans la douceur de l’aube. Mais l’enfer se déchaîne bientôt : un escadron de conquistadors a cerné les lieux, et massacre jusqu’au dernier tous les habitants, femmes et enfants compris.
1454 - 1643 : Du début de la Renaissance à Louis XIII Amérique centrale Auteurs argentins Civilisations précolombiennes Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc, Bruxelles Jean-David Morvan Maladies et épidémies
Quelque part sur une île tropicale, un village indien s’éveille dans la douceur de l’aube. Mais l’enfer se déchaîne bientôt : un escadron de conquistadors a cerné les lieux, et massacre jusqu’au dernier tous les habitants, femmes et enfants compris. Toutes les apparences d’un crime gratuit, impardonnable. Mais peut-être la réalité est-elle plus complexe qu’il n’y paraît. Car ce n’est pas une « simple » guerre conventionnelle qui oppose les Espagnols aux indigènes, les indiens Syyanas. Un troisième belligérant parcourt le théâtre des opérations, frappant indistinctement dans les deux camps sans jamais faire de quartier : une maladie mortelle foudroyante, si effrayante qu’on s’est même refusé à la nommer.
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Date de parution | 10 Avril 2006 |
Statut histoire | Série terminée 3 tomes parus |
Les avis
L’intrigue est située quelque part dans un archipel d’Amérique centrale, lors des premières rencontres entre conquistadors et populations amérindiennes. Si l’univers est totalement artificiel, et ne respecte pas forcément toute la réalité, les villes et l’aspect des Amérindiens les rapprochent de populations mayas. L’entrée en matière est des plus brutales – on a l’impression de voir des Einsatzgruppen éliminant des Juifs, tant les méthodes employées par les conquistadors sont similaires et horribles. La violence est d’ailleurs omniprésente, hormis dans les dernières cases. Elle est accentuée par la présence d’une épidémie contagieuse et mortelle, comme celles qui ont accompagné de leur fléau l’arrivée des Européens dans les populations autochtones non immunisées. La violence existe ici dans les deux camps, seulement mise en retrait parfois par deux Indiens, un peu voyous (quelques petits traits d’humours) et par quelques retournements d’alliance en fin d’histoire (pas forcément très crédibles étant donnés les types d’hommes composant les premières vagues de conquistadors, pas forcément ouverts aux autres et capables de hautes réflexions). Mais l’histoire en elle-même se laisse lire facilement, très agréablement, tout est fluide. C’est de la très bonne aventure « historique ». C’est d’autant plus fluide que le dessin de Noé – comme la plupart du temps – est vraiment chouette (peut-être peut-on regretter une colorisation manquant de nuance). Avec un trait gras, tout en rondeur parfois, il donne un cachet très agréable à ses planches. Et il réussit très bien les visages, certaines trognes sont vraiment très réussies. Mention spéciale bien entendu au chef des conquistadors, Abatirso, illuminé complet, ange exterminateur emporté par une folie meurtrière, et qui finit par faire l’unanimité contre lui. Bref, une lecture agréable et recommandée.
Helldorado est une aventure « historique » pleine de fureur et de sang superbement mise en image par Ignacio Noé. J’utilise les guillemets autour du mot « historique » car comme l’auront remarqué d’autres lecteurs, ce qui est raconté ici n’a pas grand chose à voir avec la réalité historique, mais soit, étant prévenu, j’ai accepté dès le début le caractère complètement fictionnel de l’intrigue. Et j’ai été conquis ! Le point fort de cette bd, c’est évidemment le dessin, et ces couleurs ! Voilà un univers visuel dans lequel on a envie d’être immédiatement plongé. On est loin du dessin réaliste historique standard que l’on retrouve dans tellement de séries du genre. Ici, on a affaire à un dessin particulier, avec de la personnalité, y compris dans sa mise en couleur et ses effets informatiques, qui sert admirablement un bon récit. Un bon récit car j’aime le scénario de Morvan et Dragan, sa philosophie un peu naïve (humaniste) et son habilité à renverser l’histoire avec une certaine « brutalité ». Le rythme est bon, les personnages attachants, l’intrigue est solide et trépidante. Je conseille d’ailleurs plutôt la lecture de la série d’une traite, dans son intégralité. D’ailleurs, une fois entamé le premier tome, c’est difficile de lâcher l’aventure avant la fin. Vous pouvez vous jeter sur sa version intégrale petit format à 15 euros. Les cases étant assez grandes, le format est parfaitement lisible.
Mon intérêt pour les civilisations précolombiennes m'a immédiatement attiré vers cette série, mais le résultat final est un peu en demi-teinte. Le début du premier album avec sa longue séquence sans dialogue est saisissant de cruauté, c'est une véritable abomination qui fut hélas perpétrée sur ces peuples en plusieurs endroits de la méso-Amérique. Ce qu'imaginent ensuite les auteurs est inspiré des maladies infectieuses apportées par les conquistadores, comme la variole ; l'organisme des indigènes étant vierge de toute infection, ces maladies se sont propagées à grande échelle et très vite. Ainsi, non contents d'avoir détruit les riches civilisations amérindiennes du Mexique, il a été prouvé par des historiens sérieux que les Espagnols avaient probablement tué plus d'indigènes par la contagion de ces maladies que par les armes. Sur 10 millions d'Indiens qui peuplaient le Mexique (Mayas, Aztèques, Toltèques...) avant l'arrivée des conquistadores, il n'en restait plus qu'un quart vers 1521. Partant de ce postulat, les auteurs diabolisent les Espagnols, non seulement par leurs actes barbares et brutaux, mais aussi par leur aspect physique peu engageant, aux têtes de dégénérés, et dont le capitaine Abatirso est l'exemple le plus frappant avec sa silhouette de grand brûlé. De leur côté, les Amérindiens sont aussi cruels, mais eux, ils n'ont rien demandé, ils sont chez eux. Ce sujet mettant en avant une maladie fulgurante et des corps en putréfaction, n'est pas très attractif au premier abord, mais il permet aussi de brosser un portrait réaliste de ces peuples d'ascendance Maya ou Aztèque saisis dans leurs pratiques sacrificielles et leurs rivalités tribales. Seul le dialogue plutôt moderne de certains personnages cadre mal avec le contexte historique, qui lui est parfaitement crédible au niveau des décors et des costumes, et que le dessinateur s'applique à restituer de merveilleuse façon. J'avais découvert Ignacio Noé en 1996 sur une série érotique très sulfureuse "le Couvent infernal", où son dessin hyperréaliste faisait déjà sensation ; avec cette série, il trouve un terrain propice à son talent graphique : les visages ravagés des Espagnols et ceux très typés des Amérindiens sont très réussis. C'est vraiment superbe visuellement, même s'il utilise des couleurs informatiques. Le dénouement de cette trilogie est quand même un peu décevant, tant par son côté inattendu que par son aspect peu crédible : à cette époque, les Espagnols n'avaient aucun respect pour ces peuples autochtones, or les voir s'engager vers une voie diplomatique telle qu'elle est montrée ici, semble peu convainquant. Reste la réflexion sur les boucheries de ce temps, de même que le fait d'avoir montré ce genre de répugnante infection est une entreprise courageuse, le tout servi je le redis par un dessin exceptionnel.
Attiré par les dessins, qui me semblaient de grande qualité, et le thème de la colonisation des Amériques, qui pour une fois, avait l’air d’être abordé de manière assez réaliste (c'est à dire avec toute la barbarie qui va avec), je me suis rué dessus. Après lecture, je ne suis pas forcément déçu, mais je ne peux pas dire que j’ai pris la baffe espérée non plus. L’histoire se déroule sur une petite île faisant partie de l’Amérique du sud. Les habitants sont depuis quelques temps frappés par une épidémie mortelle lorsqu’arrive un nouveau fléau : les conquistadors. Ceux-ci sont sans pitié, menés par le redoutable capitaine Albatirso. Ayant échappé au chaos ambiant, deux amis, Hutatsu et Dathcino, survivent comme ils peuvent, mais ils vont faire la fâcheuse rencontre du chef de la tribu des Syyanas, qui va les envoyer vers un destin incertain (c’est pas évident de pas trop en dire !!!)… En ce qui concerne le sujet, il est bel est bien développé avec une violence crue, mais sans manichéisme, ce qui est assez agréable. En effet, du coté des précolombiens Syyanas, comme des conquistadors, le mal est en chacun, pas de jaloux. Il y a deux grands « méchants » dans l’histoire et ce sont les chefs des deux camps opposés. Le capitaine Albatirso, est d’une horreur implacable mais se sent investi d’une mission divine tandis que le grand prêtre Pavo-Caltan est tout aussi impitoyable, assassinant ses pairs en signe d'offrande aux dieux. Le jeune Dathcino est arrogant, pessimiste et ne respecte pas ses propres morts (qui peut le juger à voir ce par quoi il est passé ?) tandis que son ami Hutatsu pourrait donner sa vie pour lui. Ignacio Noé nous dessine à merveille toute une galerie de « gueules » impressionnante. L’expressivité et les gestuelles sont vraiment justes, le tout parait bien vivant et quelques panoramiques d’animaux exotiques viennent faire la pause dans ce récit sanglant. Dame Nature paraît bien calme comparée à la boucherie qui se déroule au même moment. La narration est dynamique et le côté inachevé des dessins ne m’a pas dérangé, au contraire ; j’ai trouvé que cela rajoutait de la vitalité et de la nervosité au graphisme (sauf sur une partie du 3ème tome ou j’ai l’impression que l’auteur a carrément bâclé). Les couleurs sont magnifiques et se marient à merveille avec le dessin. Sans être indispensable, Helldorado est une bd qui se laisse lire sans mal. Et nous rappelle accessoirement que « la violence engendre la violence ». Histoire : 3/5 Graphisme : 4,5/5 Ma note exacte est donc de 3,75/5
Ca faisait un petit bout de temps que la couverture du premier tome me faisait de l’œil dans les rayons de ma médiathèque, aguichante avec un conquistador à la pose impitoyable. Mais les priorités de lectures étaient toujours ailleurs jusqu'à récemment. Déjà donc, point fort (affaire de gout bien sur), la série dure 3 volumes durant, évitant de tourner en rond. La lecture est coulée, fluide et rapide, sans blabla superflue pour se restreindre à l'essentiel, osant même certaines double pages complètement muettes, mais suffisamment narratives pour ne pas paraitre inutiles. Deuxièmement, le dessin est à l'identique des couvertures : Magnifiques, colorés comme le nouveau monde, ou monochrome selon les instants, et très typé centre-américain, imprimant une patte particulière par un trait très appuyé au récit. Cependant, il est un peu regrettable de voir certaines scènes d'ampleur (batailles entre autres) en plan large se résumer à du bariolage griffonné, perdant cette précision et ce détails présent le reste du temps. L'histoire enfin est plutôt originale par ailleurs dans ce contexte de conquête espagnole et donc d'affrontement sans merci entre autochtones et matadors, mais aussi luttes fraticides, raconté des deux cotés des armes. Les enjeux sont multiples et captivants, tous brillamment conclus et le récit, sans concessions dans sa brutalité, laisse cette part d'ombre, comme les origines d'Abatirso par exemple ou l'arrivée des espagnols ou encore l'amitié des deux héros de l'histoire, qui font voguer l'imagination sur tout ce qui peut entourer cet univers, y compris sur la suite qui pourrait être donnée à Helldorado notamment. Une vraie bonne surprise pour ce pendant bédéphile du film Apocalypto.
L’histoire débute dans un cadre historique plausible. Pendant le second tome les auteurs semblent ne plus très bien savoir où aller et l’histoire stagne sur le passé de certains personnages peu intéressants et sur certaines scènes inutiles. D’un autre côté certains autres personnages manquent de développement, comme les deux gamins et le capitaine. Le dernier tome réamorce l’histoire, mais la fin est un peu ridicule, avec cette phrase en fin d’album… la phrase qui vient d'une certaine façon assassiner l’histoire dans ce qu’elle pouvait contenir de positif, je cite : « … tu as été vacciné, comme chaque nouveau-né, grâce aux cellules souches de ton parrain. » … ça laisse perplexe, non ? Si les auteurs avaient voulu faire de l’uchronie il aurait fallu commencer dès le début et ne pas amener ça de la sorte. On parle tout le long de « remède », mot classique, et on passe subitement à « vaccin » et « cellules souches », vocabulaire purement scientifique actuel… Ça se lit en plus très vite, pas plus de dix minutes par album et encore, le premier peut être bouclé en bien moins de temps. C’est aussi ce qui fait que l’histoire se lit d’un certain côté agréablement, vite lue donc vite finie. Par ailleurs le dessin de Noé Ignacio est très réussi. Les visages sont parfaits et variés, les couleurs informatisées finalement passent très bien, j’aurais juste aimé avoir des décors un peu plus fouillés.
Ma première réflexion en refermant ce triptyque fut, "Diable, que le titre est bien trouvé!" En effet, cette île perdue au milieu de l'océan s'apparente plus à un enfer qu'à un eldorado... Les deux co-scénaristes nous démontrent ainsi toute l'étendue de la cruauté et de la perversion humaine d'un côté comme de l'autre. Ils mettent ainsi en vis-à-vis le chef des colons et des colonisés pour faire prendre conscience au lecteur que la cruauté n'a pas de camp. Ce non parti pris affiché dès les début de la série m'a plutôt séduit. En effet, il aurait été plus simple de diaboliser les colons Hispaniques et de rendre plus empathiques les Amérindiens. Ne vous fiez pas ainsi aux magnifiques paysages colorés jonchant les pages de cette BD, le thème principal est la violence, et le lecteur assiste à des affrontements où la perversité n'a d'égal que l'imagination de l'homme... Ca saigne beaucoup, un peu à la manière d'un Zorn et Dirna du même auteur. [SPOILER] La fin m'a toutefois légèrement déçu car on a du mal à croire à cette communauté composite gouvernée par un conseil de plusieurs personnes s'étant auparavant affrontées. La fin laisse toutefois une petite pointe de pessimisme, démontrant que la colonisation se poursuivra irrémédiablement et entrainera de nouvelles guerres inéluctables. [SPOILER] L'autre point fort de cette série est sans nul doute le trait d'Ignacio Noé véritable révélation de cette œuvre. Le trait est vraiment atypique et les couleurs confèrent une véritable profondeur aux scènes. En résumé, malgré la légèreté du scénario, une BD atypique et intéressante. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 6,5/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 9/10 NOTE GLOBALE : 15,5/20
On est vraiment loin des Cités d'or ! Le ton est cruel et très adulte. J'aime comment les deux scénaristes décrivent la violence des deux clans. Il n'y a aucun manichéisme car les espagnols et les indiens peuvent tous faire des choses cruels et inhumaines. Toutefois, je ne mets que trois étoiles car je trouve que les personnages manquent un peu de profondeur même si les auteurs montrent des moments de leur passé. Ça manque aussi un peu de rebondissements captivants qui rendraient la série inoubliable.
En lisant cette Bd j'ai passé un agréable moment, mais ce récit en 3 tomes est un peu court à mon goût, pas assez de rebondissements, une histoire avec des Conquistadores et des Amérindiens aurait mérité une approche plus politique. C'est un récit d'aventure où tout va très vite et rempli de scènes de guerre d'une très grande violence et fort bien dessiné. Dommage qu'on n'en sache pas plus sur l'origine de cette maladie, ça reste un mystère. Pour l'achat je dis oui car j'aime le trait de Noé et l'histoire tient quand même la route.
Difficile de noter cette nouvelle série uniquement sur le premier tome. Je l'ai apprécié, mais je vois pas encore où le scénario va nous mener. Le gros reproche déjà évoqué dans les autres avis, vient du peu de temps qu'il faut pour lire la BD. Sinon, je n'ai rien à reprocher au reste, on n'atteint pas des sommets mais on peut raisonnablement s'attendre à une bonne suite. J'affinerai certainement ma note après la lecture du tome 2.
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