Le Pays des Cerisiers (Yunagi no Machi Sakura no Kuni)
1955. Dix ans après le bombardement d'Hiroshima...
Futabasha Seinen
1955. Dix ans se sont écoulés depuis le jour où l'éclair incandescent a fendu le ciel dans la ville d'Hiroshima, l'esprit d'une jeune femme est intensément bouleversé. Pour les plus faibles, qu'ont représenté la guerre et la bombe ? Minami Hirano a perdu toute sa famille dans cette abomination, sauf sa mère. Ensemble, elles s'efforcent de vivre, tout simplement. Mais 10 ans après, la Mort a-t-elle dit son dernier mot ? Personne ne le sait.
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Date de parution | Avril 2006 |
Statut histoire | Histoires courtes 1 tome paru |
Les avis
Comme Ro, j'ai surtout été touché par le premier récit. On suit donc une jeune fille dix ans après les bombardements nucléaires. C'est intéressant de voir la vie au Japon à cette époque, mais en plus l'auteur réussit à traiter de ce sujet délicat sans tomber dans le misérabilisme. J'aime particulièrement les interrogations de la jeune fille. Tout semble si réel que je n'aurais pas été surpris si l'auteur avait mis en scène un témoignage d'une survivante, mais en fait c'est de la fiction. J'aime beaucoup le dessin. L'histoire suivante qui est plus longue et qui met en scène une autre fille m'a moins enthousiasmé. Ça se laisse lire sans problème, mais je n'ai pas ressenti beaucoup d'émotions durant ma lecture contrairement à la première histoire.
Ce manga parle avec beaucoup de pudeur et de justesse de la vie des survivants de la bombe à Hiroshima. Dix ans ont passé et pourtant, les habitants ont du mal à reconstruire leur vie, traumatisés par l’omniprésence de la mort qui continue de frapper. Ce malheur est perçu comme une malédiction qui se perpétue de génération en génération. Le dessin un peu naïf contraste fortement avec la dureté de la thématique et permet de transmettre au lecteur beaucoup d’émotion. Le Pays des Cerisiers est un album fort qui grâce à des situations simples et un ton juste, a su parler de l’horreur sans tabou ni misérabilisme.
Le style du dessin de Fumiyo Kouno a un grand impact sur le ressenti de ce manga. Il contraste en effet fortement avec la thématique et permet de la faire ressortir d'autant mieux. Ce dessin est un peu particulier, avec des personnages légèrement enfantins, grosses têtes, grands pieds. Quand on l'observe de près, il ne semble pas très maîtrisé techniquement : les personnages sont simplifiés, les visages se ressemblent un peu trop, les pieds sont bizarres, etc. Et pourtant j'aime beaucoup ce style. Il donne une vraie fraîcheur et une vraie lumière au récit et est très agréable à lire. En outre, malgré ses défauts techniques, il a un vrai charme autant dans ses personnages que dans ses décors. Le récit se scinde en trois chapitres. Le premier chapitre forme une histoire complète, en quelque sorte un prologue à la suite. Si l'album complet avait été du même tonneau que cette histoire, je l'aurais trouvé vraiment franchement bien. C'est une histoire douce, avec des personnages et surtout une héroïne très attachante, une histoire qu'on aime à suivre avec plaisir. Et c'est cela qui rend d'autant plus fort l'aspect sombre du récit, la façon dont l'héroïne tente de vivre une vie heureuse malgré le traumatisme de la bombe atomique pourtant larguée dix ans auparavant, et surtout la fin dramatique... Cela m'a vraiment pris à la gorge, j'étais très bien rentré dans l'histoire et c'est d'autant plus fort. Pourtant, les deux chapitres suivants qui forment une seule histoire m'ont nettement moins accroché. Il m'a déjà fallu de nombreuses pages avant de comprendre que nous ne suivions plus la même génération de personnages, leurs visages ressemblants m'ayant induit en erreur. Le récit est plus décousu, la narration plus confuse, moins aisée à suivre. Ce n'est que sur la fin du récit que j'ai fini par situer vraiment qui étaient les personnages que nous suivions dans cette nouvelle histoire par rapport à ce prologue qui m'avait tellement plu. Et l'intrigue les concernant m'a au départ embrouillé puis ensuite tout simplement nettement moins plu ou intéressé que le premier récit. Bref, j'aime beaucoup le style original du dessin et des personnages de ce manga, j'ai vraiment été enthousiasmé et touché par le premier récit, mais j'ai moins accroché à la suite.
Surprenant ! La couverture de l'album ne laisse en rien présager de son contenu. Hormis sur le plan graphique. La mangaka Fumiyo Kouno a bel et bien un style "naïf", printanier, presque à l'état d'ébauche. A tel point que ses personnages ont tous l'air d'enfants. Mais ce choix n'est peut-être pas étonnant, puisque face à la mort, nous sommes tous impuissants, fragiles et, parfois, indécis. Dix ans après la bombe, les habitants survivants font comme si de rien n'était, ils veulent, malgré la malédiction qui les poursuit, plutôt que survivre, tout simplement vivre, jouir de l'existence. Ainsi Minami trouve-t-elle l'amour avec un gentil collègue, sa mère reprend-elle espoir en l'avenir... Pourtant l'horreur est là. Quand Minami ferme les yeux, elle revoit la rivière charriant des centaines, des milliers de cadavres, elle revoit sa mère gonflant comme une baudruche dans un abri de fortune juste après le bombardement, ces corps qui jonchaient les rues, et qu'elle enjambait sans plus même les voir au bout de quelques jours... L'horreur est également présente dans la seconde histoire, qui donne son nom à l'album, où une jeune fille suit son père au travers des fantômes du passé d'Hiroshima... Difficile de rester insensible à tout ça. L'émotion submerge rapidement le lecteur, qui suit les calvaires de ces deux jeunes filles. Mais le tableau n'est cependant pas tout noir. L'humour est présent par petites touches, fines, légères, comme une brise qui fait bruisser les cerisiers d'Hiroshima. La mort n'a pas tout anéanti, il faut continuer à vivre malgré tout...
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