Le Grand Manque
Godard et Ribéra, auteurs du Vagabond des Limbes, nous imaginent un monde où les hommes ont disparu et où les femmes vivent dans une société totalement remodelée.
Auteurs espagnols Christian Godard Dictatures et répression Guerre des sexes Utopies, Dystopies
A Roma comme à Moscograd et ailleurs sur le monde, depuis le Grand Vacarme, la dernière guerre mondiale, les mâles ont disparu. Mais cela, les habitantes de Roma n'en savent rien et elles vivent comme si les hommes n'avaient jamais existé, priant Dieuze et suivant la Doctrine qui répête inlassablement le même message : Dieuze a enfanté les femmes et nul ne saurait imaginer un autre sexe dans la race humaine. Jusqu'au jour où...
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Date de parution | Janvier 1989 |
Statut histoire | Série terminée 2 tomes parus |
Les avis
Voici une bd tout à fait symbolique de ce que Godard peut faire par ailleurs. Enfin il n’a pas de cadre à respecter et peut se laisser aller dans le propos sexuel direct, habituellement toujours sous jacent dans ses séries. Du coup il se lâche, sauf qu’à montrer ce qui ferait mieux d’être suggéré, on perd en finesse. Car honnêtement je ne crois pas une seconde dans le coup de l’étude d’un monde uniquement féminin et sa sociabilité. Non, nous avons un gros prétexte pour montrer des scènes sensuelles entre femmes et puis en apothéose avec des hommes, rien de plus ne venons pas ajouter une dimension critique alors qu’il ne s’agit que d’une succession de clichés autoritaristes basés sur du religieux dogmatique sans fond. Soyons sérieux, Godard n’est pas sérieux une seconde dans cette série, en tous cas je le prends comme tel (sinon c’est grave !). Alors on y va pour nos scènes sensuelles d’attouchement ponctués de cavalcade et comme un bon mâle est au scénario, on finit avec le message que rien d’égale la relation avec un homme. Merci j’ai bien ri ! Graphiquement, le style space opera se trouve téléporté dans une fable érotique, honnêtement ça m’a fait rire de voir devant moi tout ce que cette équipe ne peut habituellement pas mettre dans ses albums et se lâche pour un truc kitchisssime assumé. En fait j’en viens à me demander s’il faut effectivement lire cela au premier degré où pour le coup les opus ne vaudraient pas grand-chose, au second tel que je le conçois on rigole et on oublie vite.
Sorti de son idée de départ (elle-même déjà exploitée par d’autres artistes et d’autres médias), ce diptyque n’a rapidement plus grand-chose à offrir. Les clichés s’amoncellent rapidement, notamment au niveau de la description du régime politique, dans lequel l’intolérance de la religion sert la cause d’un régime totalitaire. Cliché aussi, ces représentantes de l’ordre amoureuses de leurs matraques, méchantes, violentes et sans cervelle. Cliché toujours, la gentille héroïne entrainée malgré elle dans une course poursuite infernale. Clichés enfin, les rebondissements sans surprises et, plus grave encore, sans rythme, qui se succèdent au fil de pages sans saveur. En plus, le dessin de Ribeiro n’est vraiment pas de ceux que j’affectionne. Les personnages n’ont pas l’air d’avoir les pieds par terre. Les décors manquent de relief et de profondeur (tout me semble sur le même plan). Les expressions de visages sont toujours les mêmes. Les couleurs sont on ne peut plus fades et démodée. Si, encore, des scènes érotiques torrides avaient pu capter mon attention. Mais non, même pas, les auteurs se contentent d’un doigt (c’est le mot juste) d’érotisme par ci par là … Je suis toutefois parvenu au terme de cette lecture (même si je me suis endormi à deux reprises durant celle-ci). Je ne peux donc pas dire que j’ai détesté mais c‘est un très petit 2/5 que je lui accorde.
Le thème de cette BD en lui même est plutôt intéressant, mais le traitement en est assez léger. L'exemple type d'une BD au scénario trop simpliste pour tenir ses promesses, dommage de réduire cette séduisante idée à son strict minimum. D'autres oeuvres présentant souvent des sociétés régies par différentes formes de pouvoirs matriarcales, où l'homme n'est là que pour perpétuer l'espèce existent, mais dés les deux ou trois premières pages de "Le Grand Manque", on se rend vite compte que le concept est ici poussé à l'extrême, l'homme est un élément inconnu dans cet univers. Une série au départ alléchant... mais qui s'essouffle vite. Passé quelques pages, le manque de finesse se fait sentir, le régime clergé-flic qui impose une dictature de fer est dépeint de manière trop convenue et les rapports entre les personnages sont dépourvus de délicatesse. C'est un peu trop lourd et maladroit pour que l'on s'attache à cette histoire, tout devient trop prévisible, même la fin du premier tome qui est pourtant un dénouement autant stupide que spectaculaire ne parvient pas à surprendre, c'est tout juste grotesque. Heureusement, les dessins sont chouettes, ça m'a poussé à terminer le premier tome, je lirai peut-être le second... si je lui tombe dessus par hasard. Je ne peux conseiller la lecture de cette BD, encore moins son achat. Ses quelques qualités sont masquées par trop de défauts. JJJ
Note approximative : 2.5/5 Cette petite série en deux tomes part sur une idée qui n'est pas inhabituelle en matière de science-fiction : comment serait le monde si un seul sexe de la race humaine survivait, ici uniquement les femmes ? Le sujet a avant cela et depuis été mieux traité à mes yeux dans le livre "les hommes protégés" de Robert Merle ou la série comics Y, Le Dernier Homme. Je me souviens également d'un épisode de la série télé Sliders sur le même thème exactement. Mais cette vision un peu désuette imaginée par Godard et Ribéra ne manque pas d'un certain charme. Au dessin, Ribéra y a son style typique, celui de Chroniques du temps de la vallée des Ghlomes ou de la série bien connue Le Vagabond des Limbes. Cependant, quand il s'agit de ne pas montrer un univers heroic-fantasy ou un univers space-opera mais un univers proche du présent, le côté un peu vieillot de son dessin ressort beaucoup plus. Sincèrement, je ne trouve pas ces planches très jolies même si elles se lisent sans déplaisir et si elles ne manquent pas d'un certain attrait. Je note cependant que le second tome, avec quelques décors campagnards et de forêts, possède des planches nettement plus réussies que le premier tome très urbain. Au scénario, Godard nous invente un monde dystopique un peu naïf. L'idée de cette société de femmes où les très rares hommes ne sont plus que des machines à produire du sperme n'est pas mauvaise mais on n'y croit vraiment pas dans la façon dont elle est présentée ici. Le côté dictature du régime de la Papesse, avec les grosses et méchantes flikesses qui donnent de la matraque à tout va, ça fait plus grand guignol que véritable système d'opression. Quant à la vie des femmes sans hommes, elle semble se borner à travailler à l'usine et à penser uniquement au sexe entre elles la plupart du temps. C'est bien l'ennui de cette BD à mes yeux, c'est que la partie érotique est nettement trop mise en avant, avec des fesse et des nichons à l'air en permanence, et toutes les femmes qui ont envie de l'héroïne blondasse naïve. Un peu lourdingue et surtout très inutile et artificiel. Une BD trop naïve et un peu trop racoleuse donc, mais qui a un certain charme et un certain interêt dans le monde sans homme imaginé là.
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