Murena
Diagonale 2014 : prix de la meilleure série. Lutte pour le pouvoir dans la Rome antique.
Au temps de Rome et de l'Empire Romain Best of 1990-1999 Dargaud Jean Dufaux Prix Diagonale/Victor-Rossel Rome
Mai 54, Rome, midi. Il fait une chaleur torride sur l'arène et les quelques gladiateurs survivants qui essaient encore de s'entretuer n'amusent plus personne, sauf l'empereur Claude, affalé dans les gradins déserts, avide d'entendre le dernier râle du dernier combattant. En dehors de l'arène, la vie est aussi féroce. Tout le monde veut le pouvoir, tout le monde est prêt à tuer pour l'obtenir. Agrippine, par exemple, seconde femme de Claude et mère de Néron, est en train de faire fabriquer un poison pour son cher époux : maintenant qu'il a reconnu son fils, il peut disparaître et lui laisser le trône. D'ailleurs, il faut faire vite : Claude parle de la répudier et d'épouser la femme qu'il aime, Lolia Paulina, mère de Lucius Murena. Evidemment, dans le colimateur d'Agrippine, la pauvre Lolia n'a aucune chance. Quant à Claude, il mourra empoisonné et son fils Britannicus sera écarté du pouvoir au profit de Néron.
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Date de parution | Novembre 1997 |
Statut histoire | Série en cours - cycle(s) terminé(s) (4 cycles de 4 tomes, dont 3 terminés) 12 tomes parus |
Les avis
Je ne ferai pas l’affront de présenter Murena, cette série accompagne et régale de nombreux lecteurs depuis un bon bout de temps. Je suis tombé dans la marmite lors du premier cycle et depuis je suis systématiquement au rendez-vous. Déjà niveau graphisme, c’est magistral. Le regretté Philippe Delaby sort d’entrée le grand jeu et peaufinera son style pour atteindre l’apothéose en cours de route. Même si je garde une préférence pour ce trait d’origine, Théo, qui a eu la lourde tâche de poursuivre les pinceaux, s’en sort tout aussi bien. Costumes, décors … tout est soigné pour nous immerger à l’époque des César. Somptueux !! Niveau histoire, je vais utiliser un terme que je n’utilise jamais « du grand Dufaux », je ne retrouve pas ses tics habituels. Aucun passage ne m’a fait sortir de ma lecture, il faut dire que le côté un peu racoleur passe mieux à cette période et surtout rien n’est gratuit. De loin la meilleure série de son scénariste, ses intrigues, comme pour le dessin, nous immergent totalement dans cette Rome antique. On s’y croirait !! A ce jour, trois cycles de très hautes tenues, je considère Murena comme une BD immanquable sur la période, en plus de devenir un petit classique dans le monde du 9ème Art. Je dois toutefois avouer ma préférence pour les 2 premiers cycles (Mère, et Épouse), le dernier en date (Complot) est un peu plus lourd à digérer concernant l’histoire. J’attends donc le cycle définitif annoncé pour attribuer la note de culte mais cette série reste une sacré pépite.
C'est avec un grand plaisir que j'ai relu les onze tomes de la série afin de l'aviser. Cette série possède tellement de qualités que la faiblesse incontestable du tome10 ne me fait pas modifier ma notation maximale. Dufaux et Delaby ont effectué un travail d'excellence dans tous les domaines. Je n'oublie pas Jérémy Petiqueux dont la mise en couleur a renforcé cette merveilleuse impression de crédibilité dans le réalisme de la série. La réhabilitation de l'image de Néron à travers les tribulations d'un de ses proches est une trouvaille qui nécessite beaucoup de doigté. Dufaux et Delaby ont réussi le dosage quasi parfait entre les scènes historiques et les scènes fictives. Cela rend le scénario aussi intelligent qu'émotionnel. Les premiers épisodes m'ont immédiatement placé dans une ambiance digne des pièces de Jean Racine. La personnalité des personnages (Claude, Agrippine ou Néron) est si justement dépeinte, leurs discours d'un tel niveau, les citations des auteurs de l'antiquité si bien placées que la construction du récit ressemble à s'y méprendre à un travail d'horlogerie (suisse). Une autre idée géniale est de placer le centre des deux premiers cycles autour de femmes historiques. Cette idée est vraiment dans l'esprit de la Rome antique pour preuve un discours de Caton l'Ancien : "Vous les connaissez, les femmes : faites-en vos égales, tout de suite elles vous monteront sur le dos pour vous commander. Nous finirons par voir ceci : les hommes du monde entier qui gouvernent les femmes, gouvernés par les seuls hommes qui se fassent gouverner par les femmes : les Romains." Peut-il y avoir meilleure illustration du discours (macho et rétrograde) de Caton que la série de Dufaux et Delaby ? Evidemment Lemuria n'est pas de taille pour porter un troisième cycle et la disparition du personnage de Pierre laisse un grand vide. Peut-on faire mieux que Delaby dans son dessin réaliste ? Je ne suis pas sûr. Pourtant l'artiste n'a pas choisi la facilité en multipliant les cases où la plèbe grouille dans les rues, les tavernes ou au cirque. Le moindre visage de l'arrière-plan est travaillé tel le tableau des peintres italiens de la Renaissance. Le personnage le plus insignifiant de chaque case possède son expression affirmée et sa gestuelle propre. Si la BD est devenue un art, un artiste comme Delaby y a grandement contribué. On peut trouver ici et là quelques facilités scénaristiques (en dehors du t10) comme la quasi résurrection de Massam mais c'est tellement rare que je tire mon chapeau aux artistes et à tous leurs collaborateurs pour cette série hors du commun.
C'est une série qui force le respect, elle mérite d'intégrer les plus grands classiques de la BD. Les 3 derniers tomes m'empêchent de mettre un 5/5 parce-qu'ils cassent l'ensemble. Et celui qui reste à paraître (T12) risque de seulement confirmer ma déception. Note réelle : 4,5/5 Introduire ainsi, c'est laisser penser que je n'ai pas apprécié le dessin de Theo, qui prend part au projet à partir du chapitre neuvième. Or, j'ai autrement adoré parcourir ce récit à travers son coup de crayon. Theo, à l'instar de Delaby, a continué à faire de chaque scène une illustration de ce que l'on retrouve dans des livres d'histoire sans images. On peut parfois rester quelques minutes sur une seule case ne serait-ce que pour en savoir davantage sur l'architecture, les draperies, les outils utilisés à l'époque, les rites, les festivités, etc. Donc même si je suis peiné de ne pas voir la consécration de cette série par le même dessinateur, il faut admettre que Theo a pris le relais avec brio. Delaby lui-même a su grimper jusqu'au sommet de son art et son dernier tome, le huitième, montre tout cet accomplissement. Je suis tombé sous le charme dès le début, et le passage du T4 au T5 a été particulièrement jouissif me concernant, avec un trait plus clair et un remplissage de couleur plus fin. Quant au scénario, c'est un travail de titan qui est restitué ici. L'histoire se mêle à la fiction pour ne faire qu'un. Le dosage est parfait pour nous entrainer dans l'aventure tout en sachant que ce que nous parcourons tient de faits historiques avérés (ou suggérés puisque certains passages ne sont que scénarios probables). J'ai pu trouver le style d'écriture un peu verbeux, mais tant que l'équilibre était en place, cela ne faisait qu'augmenter mon plaisir. Le premier cycle est exceptionnel, avec la montée en tension et la lente folie grandissante de Néron. C'est un exemple à suivre pour tout scénariste en herbe. Dufaux a su placer de courtes scènes et des petits discours qui marquent le lecteur et impactent le récit. Je place le deuxième cycle au même niveau, d'autant que Delaby ne fait que s'améliorer je le rappelle. Mais quel bonheur franchement... Le 3ème cycle démarre au T9 et j'arrive encore bien à accrocher, même si on sent déjà que la fiction prend un peu le pas sur l'histoire. Et par la suite, j'ai perdu l'équilibre qui permettait à cette série de tenir le rang de "Culte". Encore une fois, ça n'est pas le dessin que je vise (il m'a seulement fallu réidentifier les différents personnages). Ma déception, c'est le scénario. Le T10 est décevant dès le début, le Banquet ne tient finalement que sur quelque planche et je trouve ce moment bâclé. Puis jusqu'au T11 inclus, la complexité des relations s'amenuise, on perd de vue les tactiques vicieuses, les rapports sexuels prennent toujours de la place mais ne viennent pas nourrir le scénario comme avant (au point de les trouver plus vulgaires), les histoires d'amour servent de grosses ficelles pour le scénario et la cruauté devient artificielle dans certaines scènes. Bref, j'ai perdu cet équilibre que je vantais tant depuis le début : le rapport Histoire/fiction. Et je remets beaucoup en cause ce problème à travers l'arrivée de Luméria. C'est un personnage complètement fictif qui prend une place monstrueuse et qui m'a emmerdé tout du long. Elle entraîne Lucius Murena dans une obsolescence terrible sur au moins 2 tomes. Les ficelles scénaristiques sont trop grosses et, sans que cela soit accablant, le contraste est trop important entre la belle construction du récit à laquelle je m'étais habitué depuis le début et ce revirement de situation. Néron lui-même ne devient plus que l'ombre de lui-même, je ne retrouve plus sa dualité, son charisme, ni sa férocité tyrannique. Alors cela m'amène à penser que Delaby tenait un rôle bien plus important que celui du dessinateur. Il a du être un conseiller vital, hors-pair, auprès de Dufaux pour construire une si belle intrigue. Ce qui serait logique, après plus de 15 ans de collaboration. Mais perso, je vois trop clairement la cassure à partir du T10, où tout s'enchaîne comme une vulgaire histoire de chasse à l'homme. Donc je ne trouve pas que Dufaux a su garder le niveau sans Delaby. Du coup, ce qui pouvait passer avant passe moins bien sur la fin, comme les dialogues que je trouve plus pompeux, verbeux. C'est difficile de faire cette critique, parce-que je ne peux que remercier Dufaux de vouloir terminer cette histoire et je suis persuadé qu'il le fait pour des motivations personnelles. Mais voilà, pour moi ça coince un peu. Les notes parsemées dans le récit et expliquées à la fin de chaque chapitre sont vraiment la bienvenue. Aussi, les plus curieux pourront allégrement reprendre les innombrables sources exploitées par les auteurs afin d'en apprendre toujours plus. Tout ce négatif pour seulement dire que je retire 1 étoile hein! Je serai le dernier à diaboliser cette série, qui doit survivre au temps aussi longtemps que possible. Bien heureux d'avoir les bouquins à portée de mains. Que c'est bon de replonger dans cette Rome antique, qui nous apparaît si réelle et enivrante, qui attire et qui effraie tout autant.
Construite comme une grande saga se déroulant à l’époque de l’empereur Néron, Murena est un exemple du genre. Le nombre de tomes de la série permettent à ses auteurs de développer la prise du pouvoir puis le règne de l’empereur en évitant les raccourcis et les simplifications habituelles. Le mélange fiction/histoire est réussi, on s’y retrouve très bien et les notes en fin d’album apportent des précisions intéressantes. Les dialogues sont bons et les citations enrichissent le texte. Je me méfie toujours un peu de Dufaux et de son lyrisme un peu lourd en général mais là, j’avoue, qu’il fait dans la sobriété. Bref, c’est une très bonne série historique et dramatique, classique mais réussie. Du côté du dessin, c’est très bon aussi. Le graphisme évolue au fil des albums, il s’affine et nous régale des détails des lieux de pouvoir comme des lieux du quotidien Romains : la cloaca maxima, les latrines publiques, les quartiers et leurs échoppes, etc… qui font toute la richesse de ces albums. Les couleurs douces sont vraiment agréables à l’œil qui glisse tranquillement d’une page à l’autre tant l’ensemble est fluide. Le héros, Lucius Murena continue de développer son personnage dans le second cycle en contrepoint de Néron qui sombre dans la paranoïa et la folie alors que, dans le premier, les auteurs lui avaient laissé une part d’humanité… enfin, une humanité replacée dans le contexte de l’époque.
Chapitre 11 : Lemuria La qualité narrative de ce 11e chapitre est toujours là, avec son lot d’intrigues de palais, mais hormis l’apparition d’un personnage marquant, celui du L’Hydre, une femme esclave et gladiateur qui semble avoir des secrets à révéler à Néron, et fera tout pour l’approcher, cet opus n’apporte guère de surprises. Les jeux sexuels si bien décrits tout au long de la série, avec juste ce qu’il faut d’élégance, se poursuivent dans une tonalité légèrement racoleuse mais pas du tout désagréable – et l’on sait qu’à cette époque, le libertinage était monnaie courante dans les classes aisées. Cette fois, le beau Lucius (Murena) va se retrouver pris dans les griffes d’un personnage fictif, tout comme lui (la série mêle personnalités historiques et inventées). Il s’agit de Lemuria, libertine riche et oisive que l’on avait découverte à la fin du tome précédent, et qui a fait de Murena son objet sexuel en le droguant. Certains verront sans doute dans cette liaison lorgnant vers le SM un argument d’achat, mais si l’on s’en tient au scénario, on est bien obligé de constater un certain reflux. Néanmoins, on ne saurait en vouloir aux auteurs. On peut également en déduire que ce n’est que le calme avant la tempête, puisque l’on va assister ici à la naissance d’un complot visant à assassiner Néron, la fameuse conjuration de Pison. Chapitre 10 : Le banquet Si l’on en croit la préface de Jean Dufaux, il s’en est fallu de peu pour que la série s’arrête après le neuvième volet (premier épisode du troisième cycle), suite à la mort de son dessinateur, le talentueux Philippe Delaby. Quatre ans après, trouver quelqu’un à la hauteur de la tâche ne s’avérait pas une mince affaire, mais l’Italien Theo, très apprécié par Delaby, semble avoir relevé le défi de façon très naturelle. Son trait possède les mêmes attributs, faits à la fois de puissance et de finesse. C’est à peine si l’on peut déceler un moins grand raffinement dans les détails, mais il faut avoir l’œil bien exercé pour cela. Il faut souligner qu’à la base, l’ambitieux projet prévoyait quatre cycles, et la disparition de Philippe Delaby compromettait gravement sa poursuite. Aujourd’hui, « Murena », comme Rome après le Grand incendie décrit dans le volume précédent, semble ne pas vouloir sombrer dans l’oubli, comme dépassé par sa force intrinsèque qui lui est, sait-on jamais, octroyée par l’aura de la ville éternelle. Theo étant florentin, il n’est pas surprenant qu’il ait accepté d’insuffler son propre talent à l’entreprise, tout en se montrant respectueux vis-à-vis de son prédécesseur. Si Jean Dufaux semble satisfait de ce nouveau départ, le lecteur ne s’en plaindra pas, tant s’en faut. L’effet de surprise n’est évidemment plus là, mais il n’en reste pas moins que ce dixième chapitre reste aussi captivant que ne l’ont été les épisodes précédents, toujours aussi documenté. Et à en croire la couverture, c’est un fabuleux festin qui s’annonce… Chapitres 1 à 9 Dire que j’ai été bluffé par cette série serait un euphémisme. Je m’en veux tout de même un peu de ne pas l’avoir découverte plus tôt. Et pourtant, chaque fois qu’il m’arrivait de flâner dans une librairie (où je ne fais que feuilleter, car je n’aime pas lire dans les librairies…), j’avais toujours été frappé par ces couvertures énigmatiques et suggérant une menace implacable, d’une efficacité redoutable jusqu’au titre évoquant cet étrange poisson prédateur à la réputation sulfureuse. Et puis tout récemment, j’ai franchi le pas en voyant les huit tomes réunis sur une étagère de ma médiathèque… l’occasion était trop belle ! Dès que j’ai attaqué les premières pages, mon intuition s’est vue confirmée : la « murène » a vite pris le dessus pour m’absorber littéralement, moi qui ne demandait que ça. Ce formidable péplum évoquant le règne de Néron est mené de main de maître sur tous les fronts. Tout d’abord, le maître Dufaux, qui du coup porte bien mal son nom et a réussi à produire un scénario impeccable et captivant, malgré toutes les contraintes imposées par la vérité historique, évitant les contresens grâce à une source abondante de documents et de conseils d’historiens chevronnés sur cette période marquante de l’humanité. De même, textes et dialogues sont d’une grande qualité, émaillés de citations de poètes et philosophes de l’époque. Ensuite, le maître Delaby, dont le dessin précis et élégant réussit à cerner parfaitement ses sujets : luxe de détails et/ou magnificence quand il s’agit de scènes contextuelles (paysages, intérieurs, scènes de rue…), expressivité des visages, des principaux personnages jusqu’au moindre figurant, beauté des corps, masculins comme féminins. Le tout servi par une mise en couleur soignée, en particulier celle, sublime, de Jérémy Petiqueux pour le deuxième cycle. Le premier cycle (tome 1 à 4) évoque l’accession de Néron au pouvoir jusqu’à l’assassinat d’Agrippine. Lucius Murena, lui, ne jouera un rôle déterminant qu’à partir du second cycle (tome 5 à 8 ), au cours duquel les auteurs nous proposent, en jonglant subtilement entre fiction et Histoire, de découvrir quel aurait pu être le battement d’ailes papillonesque qui conduisit au Grand incendie de Rome en l’an 64 … Pas facile d’être bref devant cette immense saga dont les bouts ne se laissent pas prendre si facilement… l’œuvre est d’une grande richesse et extrêmement bien documentée, mais en même temps jamais ennuyeuse. Normal, avec toute cette tension qui irrigue le récit, cette incandescence sourdant sous la couverture…. Quel souffle épique ! Quelle puissance de feu ! Et de feu il est beaucoup question, c’est d’ailleurs un peu le fil conducteur du récit, l’élément incarnant parfaitement la folie de Néron, obsédé qu’est celui-ci par le quatrième élément. Son règne sera comme on le sait marqué de façon irrémédiable par la quasi-destruction de la cité romaine par les flammes, telle une punition divine envers celui qui osa souiller l’une des gardiennes du feu sacré… Les plus critiques pourront toujours arguer d’un certain académisme narratif et graphique, mais lorsque l’académisme produit de tels chefs d’œuvre, je n’y vois pour ma part absolument rien à redire. Je suis réellement impressionné par cette BD-monument qui s’est révélée largement à la hauteur de mes attentes. Les auteurs ont parfaitement su nous émerveiller avec cette peinture stupéfiante de la Ville éternelle, qui ne nous aura jamais paru aussi familière, tout comme les protagonistes, esclaves ou puissants, à la fois si humains et si proches de nous, avec des préoccupations qui pourraient être les nôtres - à la différence près que si une catégorie de gens pouvait être vendue, la vie humaine semblait avoir beaucoup moins de valeur à l’époque !... Par ailleurs, Néron n’apparaît pas seulement comme le tyran cruel que l’Histoire se plaît à dépeindre, mais plutôt comme un être complexe, avec ses failles et ses zones d’ombre, doté d’une sensibilité artistique. Ce qui en outre est passionnant, c’est de voir comment celui-ci va perdre progressivement son âme au contact du pouvoir, d’autant que celui-ci est absolu et marqué du sceau du parricide : au départ affable et innocent, notre César glissera peu à peu vers la folie et la cruauté, faute d’avoir su s’entourer de conseillers éclairés, préférant les flatteries de courtisans ambitieux. Parallèlement, son ami Lucius Murena, fils de patricien gâté par la vie, se changera en « bête » avide de vengeance suite à la disgrâce infligée par Néron. En conclusion, il ne faut pas passer à côté de ce chef d’œuvre. J’en ressors moi-même avec l’envie de me documenter plus sérieusement sur cette Rome antique qui n’en finit pas de nous fasciner et nous interroger, nous, humains de ce début de XXIème, pressentant confusément l’imminence du Grand incendie planétaire.
Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai toujours eu en tête qu'alors que Rome brûlait, Néron regardait l'incendie en riant et jouant de la harpe... Murena vient casser toutes les idées reçues que l'on pourrait avoir sur le règne de Néron. En effet, les 5 premières années de son règne, Néron était un empereur aimé de son peuple. De plus, il n'était pas aussi mauvais et égoïste que ce qu'on nous fait croire à la TV: il pleurait le décès de sa fille, il aidait les victimes de l'incendie, il finançait nombres de projets "caritatifs"... Au delà de rétablir certaines vérités historiques, Murena est une véritable leçon d'Histoire. Tant par toutes les annotations en fin d'album mais aussi et surtout par les dessins de Delaby. Quel plaisir que de découvrir en arrière plan tous les grands édifices de Rome, en passant par les latrines publiques, le sanctuaire au mort des Gaulois, les orgies, le sénat, les tags sur tous les murs de la ville. Parlons également des nombreuses allusions aux divinités romaines ainsi qu'aux très très nombreuses fêtes et jours fériés ( pas loin de 150 par an si ma mémoire est bonne). Les 4 premiers tomes nous relatent principalement la montée en puissance de Néron et son début de carrière avec à ses côté (ou en opposition) sa mère, Agrippine. Les tomes 5 à 8 nous présentent un empereur en puissance jusqu'au fameux incendie à Rome. Les derniers nous montrent l'après incendie, ainsi que le début de la persécutions des chrétiens. On note que tout au long de la série le dessin du regretté Delaby se bonifie jusqu'à atteindre son apogée au tome 8, à l'incendie de Rome, qui est selon moi, le tome le plus ambitieux, le plus grandiose de la saga. Réussir à résumer un tel événement en une bande dessinée relève de l'exploit. 5 étoiles MAUPERTUIS, OSE ET RIT !
Murena est produit par un scénariste très talentueux à savoir Dufaux et un dessinateur hors-paire: Delaby. Murena est un somptueux péplum riche en rebondissement tragiques. L'une de ses grandes forces est de coller scrupuleusement à la réalité historique et de la rendre palpable et émouvante. Le premier cycle "celui de la mère" raconte l'histoire de la jeunesse de l’empereur Néron dans la Rome antique. L'empereur Claude est tombé amoureux d'une jeune femme, délaissant ainsi la terrible Agrippine et son fils adoptif, le futur empereur Néron. Agrippine n'aura de cesse que de faire reconnaître son fils comme unique héritier de l'empire et s'opposer à Brittannicus. Elle sera prête à tout même à tuer ceux qui barrent la route au chemin du trône. Néron est un jeune homme écrasé par le poids de sa mère, il se soumet à tout ce qu'elle prévoit pour lui, jusqu'à être complice du plus terrible des actes. Devenu empereur, ce dernier prend conscience des véritables motivations de sa mère au point d'ordonner son assassinat. Mais avant de disparaître, Agrippine élabore une dernière machination: placer Néron entre les griffes de l'inquiétante Poppée. Le second cycle "celui de l'épouse" explore les années où Néron est enfin parvenu à se soustraire de l'emprise de sa mère et où il règne sans partage sur l'Empire mais où il a succombé aux charmes vénéneux d'une femme encore pire que sa défunte mère. Son meilleur ami Murena apprendra à ses dépens qu'il n'est pas bon de rester près du pouvoir. Néron va sombrer petit à petit dans la folie que lui connaissons attisée par son épouse Popée. Pour autant, l'auteur ne le considère pas comme un personnage tout noir. Il y a comme une espèce de réhabilitation à un moindre degré que l'on ressent par exemple dans le tome 7 où l'on découvre qu'il a véritablement de la peine après la mort de sa fille unique. On voit également qu'il n'a pas allumer le feu dans Rome ce que je croyais véritablement d'après ce qui en avait été dit jusqu'à présent. Oui, le récit de sa vie réserve quelques surprises de taille ! Le troisième cycle est "celui de la mort" et commence véritablement avec le tome 9 à savoir les épines qui sera le dernier dessiné par le regretté Philippe Delaby. On le regrettera beaucoup car il a porté cette série sur des sommets historiques. Autant dire que le tome 10 était particulièrement attendu 4 ans après le dernier. Il fallait prendre la relève de l'excellent dessinateur Philippe Delaby. Pas facile vu le niveau graphique de ce dernier qui frisait avec la perfection. Je n'ai pas été déçu par Théo qui a repris le flambeau avec honneur. C'est la série qui en dépendait véritablement. Il apporte une autre touche tout aussi intéressante. Son dessin est certes un peu plus anguleux et sans doute un peu moins perfectionniste. Cependant, il y a une parfaite maîtrise des corps et des décors tout en assurant un cadrage digne de ce nom à cette production. Une bonne idée que cette tête de cochon pour un banquet assez prometteur. Le récit est relancé par la perte de mémoire de Murena qui va se retrouver mêler à un complot visant à tuer l'empereur. Je considère cette série comme un réel chef d’œuvre tant par le dessin qui frise la perfection que par la psychologie de ses personnages. Les luttes intestines sont montrées dans toute leur dureté. Tous les coups sont permis pour des personnages dévorés par la passion du pouvoir, ce dernier les poussant à accumuler trahisons et crimes! Une BD « culte » même si le personnage du héros portant le nom de la série pourrait être plus étoffé. Il est vrai que c'est le seul personnage principal de la série à être fictif. Murena est tout à tour témoin et acteur de l'existence mouvementée de Néron. C’est du grand art! De loin, une des meilleurs BD historique avec un souci du réalisme qui imprègne chaque case des albums jusque dans ses moindres détails. Bref, Murena restitue dans toute sa splendeur, sa violence et son horreur le règne de Néron. Une captivante et prodigieuse leçon d'histoire! :) :: Note Dessin : 5/5 – Note Scénario : 4.5/5 – Note Globale : 4.75/5
Je n’ai pas toujours été convaincu par les productions de Dufaux – loin s’en faut ! –, mais là, je dois dire que c’est plutôt une réussite. L’histoire romaine a déjà donné de l’inspiration à de nombreux scénaristes, qui se concentrent généralement sur le tournant entre la République et l’Empire. Si l’on met de côté Astérix, qui ne prétend pas à la crédibilité historique (en faisant par exemple de Jules César un empereur), la plupart des séries ont cherché à maintenir un verni historique pour enjoliver les libertés prises par les scénaristes avec la réalité. Bien souvent c’est bancal et la mayonnaise n’a pas pris. Ici, bien au contraire, je trouve que le travail de Dufaux est équilibré. Il a cherché à « respecter » une trame historique, jusque dans certains détails (expressions, mœurs, personnages, événements), ce que confirme la courte bibliographie (allant du relativement érudit à la grande vulgarisation) qui clôt chacun des albums. C’est plutôt bien fait, mais en plus, cela ne nuit pas à la fluidité d’une intrigue vraiment bien fichue, centrée autour de Néron (il faut dire que les premiers empereurs romains, leur entourage et leurs mœurs offrent aux scénaristes un terrain de jeu fourmillant de possibilités). La grande et les petites histoires sont ici habillement mêlées, avec le personnage de Lucius Murena comme fil rouge et catalyseur d’intrigues entremêlées. Du classique, mais bien fichu donc, une aventure que je vous recommande. Peut-être une légère baisse de régime dans le neuvième tome, mais je fais confiance à Dufaux pour relancer l’aventure après l’incendie de Rome et les persécutions contre les chrétiens. Si la lecture est aussi plaisante, captivante, c’est aussi que le dessin de Delaby est vraiment très bon. Très réaliste, il réussit tous ses personnages, leurs expressions, voire leur évolution (Murena par exemple). Et il croque de belles femmes, Dufaux agrémentant les albums de quelques scènes érotiques – justifiées et non pas simples prétextes – qui font d’Eros un bon complément de Thanatos, très présent dans cette série. Une série très recommandable donc, en tout cas une belle réussite du genre historique. J’espère que la suite se haussera au niveau des deux premiers cycles (même si je m’interroge sur le temps qui passe depuis le premier album du troisième cycle ?).
Oui, c'est très bien de faire de la BD historique mais cette série n'a pas réussi à me convaincre. Tout me semble trop figé, trop distant. Je reste indifférent aux personnages, à l'intrigue, aux tomes suivants... et j'ai fait un véritable effort pour tout lire ! Les dessins ont évolué, certes, mais pas de vraies émotions aux visages, pas de suffisant dynamisme dans l'action ! Les combats, le sexe, tout me semble trop conventionnel et artificiel. Le scénario, oui... mais bof... je préfère quand même les grands historiens français, les séries de BBC ou les romans de Robert Graves. Même avec Alix de J. Martin, j'avais plus d'empathie !
Au passage des 500 avis il me fallait trouver quelque chose de grandiose, voilà qui est fait avec Murena. Quelle série!, Quelle histoire! En même temps Mrs Dufaux et Delaby avaient de quoi se mettre sous la plume, la Rome antique et la vie des Césars permettaient d'offrir aux lecteurs une geste, une saga, une tragédie à la hauteur de leurs ambitions. Dans l'inconscient collectif, Rome c'est Jules César, quelques noms d'empereurs, Claude, Néron, Caligula, Hadrien ou des noms bizarres comme Sévère ou Commode. C'est aussi les romains qui ont conquis le Gaule et fait prisonnier le célèbre Vercingétorix, une icône nationale. Plus près de nous ce peuple fut utilisé pour faire rire au travers des aventures d'Astérix le Gaulois. Ici les auteurs nous entraine au cœur même de l'empire de l'accession au pouvoir de Néron jusqu'au célèbre incendie de Rome. C'est Dufaux qui signe le scénario et le moins que l'on puisse dire est que celui ci est millimétré. Rigueur historique autant que faire se peut, documentation plus que sérieuse et d'une grande précision sur la vie à Rome à cette époque, les us et coutumes de ce temps sont assimilées et retranscrites de belle manière. Cela permet aux lecteurs, non seulement de suivre une histoire complexe, mais en même temps d'apprendre une foultitude de choses sur le vie de l'empire romain. Tout est fait sans didactisme, sans préciosité, sans ce côté professoral qui aurait pu être un écueil et rebuter le lecteur. L'ensemble est conçut comme ce que j'oserais appelé un véritable thriller antique. L'on sait bien d'ailleurs que nous n'avons rien inventé, tout était déjà là dans le théâtre grec et la mythologie. Nous sommes donc au delà du simple péplum. Et puis cette lecture permet d'aller au delà de ce qui nous est conté, comme un de mes prédécesseurs, je suis retourné voir ici ou là afin de regarder les évènements antérieurs ou postérieurs à cette histoire. Si le scénario est ce qu'il est convenu aujourd'hui d'appeler une claque quand à sa maitrise que dire du dessin! Delaby dans un style réaliste propose du grand art. En dessinant notamment les bâtiments, temples et palais de Rome on aurait pu craindre une certaine raideur, mais rien de tout cela, la qualité du dessin et la colorisation assez exceptionnelle nous donnent l'impression d'être au cœur des choses. Et puis que dire des costumes, des coiffures, des intérieurs et puis, et puis, et puis, tout est magnifiquement en place. Détail d'importance, les visages sont expressifs et les expressions bien maîtrisées renforcent s'il en était besoin le charisme, la forte personnalité de tout ce beau monde. Cette série, et c'est tout à son honneur, ne s'interdit rien. Pas de concession à un quelconque politiquement correct. Tout nous est montré, l'or et la pourpre mais aussi la misère crasse dans laquelle une partie de la population vivait, les coups politiques tous plus tordus les uns que les autres, la bassesse, la compromission des uns ou des autres. De même les "plaisirs " de l'époque: jeux du cirque, orgies, viols, etc... C'était il y a 2000 ans! Que de progrès depuis , n'est ce pas!!! Voilà donc une série incontournable qui bruit de fureur et de passion et ne doit pas être réserver aux seuls amoureux de l'histoire car elle possède de nombreux éléments qui encore aujourd'hui font échos. C'est donc une réussite totale tant au plan scénaristique que graphique. A lire et à faire découvrir.
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