Ivoire - Les tribulations de Joost Vanlabecke

Note: 3.4/5
(3.4/5 pour 5 avis)

Bravo et Regnaud pastichent avec brio et rétro les récits d’aventures coloniales qui ont fait les belles heures du magazine Spirou dans les années 60.


Bichromie Le Colonialisme Les petits éditeurs indépendants Style Atome

Ivoire fut publié aux éditions Magic Strip, dans la collection Atomium, il y a 16 ans. Un succès commercial impossible à l’époque mais un vrai succès d'estime dès sa sortie. Émile Bravo a roulé sa bosse depuis surtout avec Jules publié chez Dargaud. Jean Regnaud a quant à lui été un peu plus tranquille dans le petit monde de la bande dessinée. La réédition d’Ivoire était en chantier depuis un bon moment à la Pastèque. La bichromie à été refaite et quelques rénovations ont été entreprises sous la supervision de Pascal Blanchet. Ivoire garde toutefois sa verve après toutes ses années. Cette histoire de contrebande demeure un regard noir sans concession qui souligne les pires côtés de l’homme. Le tout soutenu par un dessin d'une grande naïveté. Sur un petit format, en peu de pages, on se dit qu'on ne peut pas raconter grand chose. Mais Regnaud et Bravo réalisent le pari qu’en trente pages, on peut raconter une histoire terrible.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Janvier 1990
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Ivoire - Les tribulations de Joost Vanlabecke © La Pastèque 1990
Les notes
Note: 3.4/5
(3.4/5 pour 5 avis)
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07/09/2006 | alban
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L'avatar du posteur Noirdésir

J’ai eu l’occasion de lire cet album, dans l’EO parue dans la collection Atomium de Magic Strip (je ne sais pas ce que La Pastèque à modifié pour sa réédition). Sans être transcendante, l’histoire se laisse lire facilement, relativement agréablement. D’abord grâce au dessin de Bravo (dont c’était probablement l’une des premières apparitions dans le 9ème art). Celui-ci est un hommage assez explicite au style « old school », à la ligne claire, tout en allant quand même au-delà du simple copier-coller. Et la bichromie (le Noir et Blanc s’accompagnant d’un peu de rouge terne) renforce l’aspect faussement vieillot du dessin. L’histoire concoctée par Regnaud joue elle aussi sur une imagerie vieillotte, pastichant gentiment les BD d’aventure des années 1960. Le fait que l’intrigue se déroule dans un univers colonial renforce cette idée. Le personnage principal est tout sauf sympathique. En effet, il cumule tous les défauts du colon : raciste, méprisant avec les autochtones, mais il est aussi et avant tout un personnage infect, pétant plus haut que son cul, sans trop de morale : le cynisme avec lequel il massacre les éléphants pour s’enrichir, sa façon de draguer (d’acheter ?) la fille du gouverneur, ses rapports avec les autres en général en font une sorte de de Funès (hautain avec les faibles, mielleux avec les forts), mais bien moins sympathique, car sa méchanceté transparaît trop. De plus, je trouve le personnage un peu trop caricatural, ce qui atténue quelque peu la critique du fait colonial qui innerve l’album. Reste que ce fieffé imbécile, qui croit par ses magouilles mystifier tout le monde, est en réalité méprisé par les autres blancs, et roulé dans la farine par à peu près tout le monde. En cela la dernière planche le remet à sa place, humilié et « fini ». Un petit album à découvrir.

06/09/2018 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
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Un récit à lire si on aime Bravo quoique ce n'est pas ce qu'il a fait de mieux. Le dessin de Bravo est toujours aussi bon. C'est de la ligne claire comme le faisait Chaland et en plus il y a de la personnalité dans ce style (Bravo ne fait pas que copier bêtement Chaland). L'histoire est une parodie des récits d'aventures se passant au temps coloniaux. C'est un peu comme faisait Chaland sauf que je trouve que l'humour marche moins. J'ai souvent souri face à la bêtise et la méchanceté du personnage principal, mais je n'ai pas vraiment rigolé. L'humour noir me semblait parfois un peu forcé (ce qui n'est pas le cas avec des auteurs comme Chaland ou Yann) et il manque quelque chose pour que je trouve le tout passionnant à lire.

23/07/2015 (modifier)
Par Pierig
Note: 3/5
L'avatar du posteur Pierig

Dénichée à un prix dérisoire (2 euros), cette bd était l’occasion de découvrir une œuvre de jeunesse d’Emile Bravo. Son trait, précis et soigné, est un hommage à la ligne claire des Chaland et Cie. La bichromie des planches donne un petit côté oldie pas désagréable. Le scénario fait aussi référence au passé … mais colonial. L’histoire est une caricature des récits aventureux d’antan mais avec un regard critique et un humour cynique qui apportent une touche de modernisme de bon aloi. Bref, voici un beau pastiche qui se la joue finement. A lire si l’occasion se présente.

06/08/2014 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

J'adore Emile Bravo (pour sa série Jules évidemment), j'aime le style rétro de la ligne claire, j'apprécie grandement les histoires qui veulent se la jouer aventures classiques mais en profitent pour glisser un humour plus moderne et plus piquant. Hélas, je n'ai que moyennement apprécié Ivoire. Le dessin est très bon ici. Evidemment, avec ce style, on ne peut s'empêcher de penser à du Chaland, tout en retrouvant les faciès typiques des personnages de Bravo. Rien à redire, c'est plaisant à lire et à regarder. Par contre, je n'ai guère été captivé par le scénario. Il commence de manière trop outrée à mon goût : le racisme du personnage principal est trop exacerbé et artificiel à mes yeux pour me faire vraiment rire. S'ensuit une intrigue à base de trafic d'opium et de magouille du méchant personnage principal pour se faire de l'argent au mépris de la vie de ses pauvres serviteurs Birmans. Et hélas, je dois avouer que rien de tout cela ne m'a vraiment fait rire ni vraiment intéressé. Seule la toute dernière planche m'a vraiment plu et amusé. Alors je ne déconseille pas l'achat car certains, comme moi, aiment trop Emile Bravo et/ou le style ligne claire rétro pour ne pas posséder un tel album, mais je doute que les autres acceptent d'acheter un petit album souple à ce prix pour une histoire assez moyenne.

18/10/2006 (modifier)
Par alban
Note: 5/5

Cet album, réédition d'un volume de la célèbre collection Atomium de Magic Strip (allez faire un tour sur ce site si vous ne connaissez pas http://perso.orange.fr/f.sirven/ ), ne peut passer inaperçu, d'autant plus quand son nouvel éditeur est La Pastèque et qu'il nous gratifie d'une nouvelle couverture et d'une qualité d'édition meilleure que la première (quelle magnifique bichromie nous ont-ils refaits !). Le pari de La Pastèque est réussi même si on peut regretter le célèbre dos toilé de la première édition, mais là je sombre trop dans la nostalgie. Puisque l'occasion nous en est donnée, parlons un peu de cet album. Peut-être vous rappelez-vous du 4eme plat de l'édition originale ? Non ? Un texte (qui faisait le charme de la collection atomium) était la première étape de la lecture. Là il s'agissait d'un extrait du gouverneur Sir Stevenson : « Si l'homme est homme et si la femme est femme c'est parce que l'éléphant est éléphant », une bonne partie des ingrédients de cet album y étaient résumés dans cette magnifique et hilarante phrase ! Dans cet album, Bravo et Regnaud allaient s'attaquer aux albums rétros des aventures coloniales, tous les ingrédients y étaient : les explorateurs, le gouverneur, les jolies jeunes femmes, les trafics en tout genre, et un zeste de racisme... A l'exemple de Chaland quelques années plus tôt dans le cimetière des éléphants, Bravo et Regnaud nous emmenaient sur les traces d'un trafic d'opium et d'ivoire. Graphiquement, Bravo maîtrise la ligne claire et domine la fluidité des traits. Ce deuxième album publié est bien plus abouti que celui paru deux ans plus tôt (Fighters) et a fait connaître ce très bon dessinateur. Je n'ai pas pu m'empêcher de rire face à certains détails comme cette main baladeuse dans la barque... Le scénario est réussit et dénonce le côté sombre de la colonisation. L'âme humaine était noire et tout était bon pour se livrer aux pires trafics. J'ai trouvé particulièrement poignante la scène de la déportation & Le seul petit reproche que l'on peut faire est qu'il arrive après Chaland et manque de ce fait un peu d'originalité. Pour conclure, c'est un bien bel album qui vient de ressortir et qui illustre parfaitement la fin d'une période de réinterprétation de la ligne claire... Les années 80 avaient poussé de jeunes dessinateurs sur les traces de leurs aînés, Bravo est l'un des derniers à s'y être mis et il en reste ce volume à part dans sa biographie.

07/09/2006 (modifier)