La Perdida
"La Perdida" raconte les mésaventures d'une jeune américaine exilée à Mexico.
La BD au féminin Mexique et mexicains
Carla, américaine délaissée par son père mexicain part à la recherche de ses racines. Elle commence son périple en rejoignant un ex-petit ami, Harry. Elevée dans la tradition britannique de sa mère, elle décide, à 20 ans, de partir pour Mexico en compagnie de Harry, jeune homme de bonne famille en quête de dépaysement. Depuis leur rupture, Carla a rencontré Oscar, natif de Mexico, s’est immergée dans la culture espagnole et y a découvert ce à quoi elle ne s’attendait certainement pas. Il accueille Carla à bras ouverts jusqu'à ce qu'il réalise qu'elle n'est pas décidée à retourner aux USA.
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Date de parution | 04 Octobre 2006 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Un album découvert grâce aux libraires du musée de la BD d'Angoulême, véritable caverne d'Ali Baba dont je recommande la visite ! Carla, jeune américaine en conflit avec son identité de métis mexico-étasunienne, part s'installer à Mexico sans parler un mot d'espagnol. Honteuse de ses origines gringo au Mexique, après avoir été honteuse de ses origines mexicaines à Chicago, elle se sépare de son petit ami étasunien, trop "expat" et trop friqué à son goût, et s'accroche à une bande de copains mexicains qui lui paraissent capables de la faire pénetrer dans les cercles de la véritable mexicanité : Memo, un intellectuel révolutionnaire glandeur et dragueur, Oscar, un rêveur à gueule d'ange qui s'imagine DJ aux Etats-Unis et Ricardo, une petite frappe qui deale de l'herbe. A force de se couper de tous ses amis trop "intégrés", fascinée par le discours extrémiste de Memo, Carla va peu à peu perdre pied et se mettre en danger. La constance de Carla à faire systématiquement les mauvais choix paraît parfois un peu forcée, même si la psychologie des personnages est crédible et bien fouillée. Carla semble au fond ne pas être capable de s'aimer. Malade de ses origines, elle croit pouvoir retrouver une sorte de pureté morale en faisant aveuglément sien le discours extreme-gauchiste de Memo, d'autant plus intransigeant avec elle qu'il n'a pas su la mettre dans son lit... Le contenu politique du discours de Memo, puis de ses actes, a le mérite de faire réfléchir sur la relation de domination qui lie les Etats-Unis et le Mexique et sur la situation des pays du tiers-monde. Mais l'histoire est d'abord celle d'un itinéraire intérieur. La réflexion socio-politique reste en arrière-plan et ne l'emporte pas sur les personnages. Jessica Abel nous fait en même temps plonger dans la vie quotidienne de Mexico, entre fêtes de la jet-set, marchés interlopes, cérémonies familiales ou sorties à la montagne... On est loin des clichés d'un Mexique folklorique à l'ancienne, en sandales et sombrero. Précis et lisible bien qu'un peu chargé, dans des pages au format A5, le dessin se lit facilement et s'adapte bien à l'histoire. Le noir et blanc est un peu dommage pour un récit qui a pour cadre la ville si colorée de Mexico. Mais n'oublions pas que Jessica Abel a écrit et dessiné l'ensemble seule ! Bref, j'hésite pour cet album entre 3 et 4. 4 donc pour l'instant, pour la qualité des personnages, la richesse du dessin et le crescendo réussi de l'histoire. Même si le livre m'a paru un chouia long et, encore une fois, manquant d'espace et de couleurs.
Jessica Abel... Un nom qu'il va falloir retenir. Car son premier ouvrage publié en France est un joli "coup". A l'heure où le président américain a l'intention de faire dresser un mur entre son pays et le Mexique, l'éclairage que donne l'auteur de la vie au sud du Rio Grande, et surtout de la façon dont les Américains y sont perçus, nous permet d'appréhender certains enjeux internationaux. "La Perdida", est, comme son nom l'indique, l'histoire d'une jeune fille qui a voulu se perdre dans la culture mexicaine, et s'y retrouve encore plus isolée qu'elle ne le pensait. Pire, elle aboutit à un point de non-retour, au milieu d'une sombre affaire due à des incompréhensions et des jalousies inter-communautaires. L'histoire racontée par Jessiaca Abel est touchante, sinon poignante, et l'on a besoin de deux ou trois lectures pour saisir toute la complexité de son propos. Son trait, qui rappelle celui de Craig Thompson (influence revendiquée par l'éditeur), est très expressif, contrairement à ce qu'on eût pu croire au simple feuilletage de l'album. Une nouvelle découverte, avec un bel album à la clé.
Carla, délaissée par son père mexicain, part à la recherche de ses racines. Elle commence son périple en rejoignant un ex-petit ami, Harry, perdu dans les mêmes brumes alcoolisées que ses héros, William S. Burroughs et Jack Kerouac. Au départ et comme toute étrangère ne parlant pas la langue locale, elle fréquente principalement ses concitoyens expatriés jusqu’au jour ou sa relation avec Harry se détériore jusqu’au point de non retour, elle choisit alors de rejeter ce petit monde pour se lancer à la découverte de la véritable culture mexicaine avec le désir de vivre une expérience authentique… Les dessins, très simplistes et en noir et blanc, ne donnent pas très envie de prime abord de se plonger dans le récit, mais après quelques pages de lecture, les ambiances latino étant tellement bien retranscrites que ce qui pouvait être gênant au premier coup d’oeil, en devient simple détail lorsque l’on est plongé dans le récit. Cette prouesse est largement due à l’habile narration de l’auteur, qui a choisi de garder certains dialogues en espagnol (avec sous-titres et lexique à la fin du livre, je vous rassure !) rendant les ambiances très palpables (l'auteur, par la même occasion rend compte de sa vision de Mexico). Ce récit dramatique (non autobiographique) sur la quête de soi de près de 250 pages n’est pas seulement une BD, c’est aussi un véritable roman sur une des façons de se perdre dans lequel tous les amateurs de Burroughs et de Ellis devraient trouver leur compte (ceux qui ont aimé "Blankets" aussi je pense).
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