Le Crépuscule des braves
La fin de "l'ancienne" chevalerie face à l'artillerie
1300 - 1453 : Moyen Âge et Guerre de Cent ans
17 Juillet 1453. La Bataille de Castillon sera la dernière de ce qu'on a appelé "La Guerre de Cent Ans". L'artillerie met fin à l'époque dite "de la chevalerie". Les canons du roi de France Charles VII finissent de balayer un idéal déjà mis à mis depuis près de un siècle... Pourtant, face aux bouches à feu qui déciment chevaux et hommes -sans distinction de rang-, face aux armées de mercenaires, quelques guerriers continuent de cultiver les antiques "vertus". Mais leurs aventures se terminent souvent dans le sang, à l'issue de folles charges suicidaires... Cinq histoires composent ce fort bel opus : - "La couleuvrine". Mercredi 27 Octobre 1428. Orléans est assiégée par l'armée anglaise du comte de Salisbury. Il y perdra la vie, bêtement, à cause d'un enfant. - "La dernière charge". Plaine de Bugnéville, 2 Juillet 1431. L'armée de René le Bon charge les Bourguignons du maréchal de Toulongeon. Deux mille chevaliers et hommes de troupe français vont se faire hacher par les canons. - "L'écorcheur". La déferlante des compagnies d'écorcheurs sur le Médoc. - "Henri le Fol". Il sera victime d'une fausse décapitation ordonnée par Charles le Téméraire. Il ne retrouvera jamais la raison. - "Le duel". Le fameux combat entre Don Alfonso de Sotomayor et Pierre du Terail, mieux connu sous le nom du "chevalier Bayard". Des histoires faites de barouds d'honeur sans lendemain, livrés par une poignée de braves ou de fous dont la faute fut de naître trop tard...
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Date de parution | Mars 1991 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Voilà un album qui possède de réelles qualités, mais qui peut aussi entrainer une certaine frustration pour le lecteur. Commençons par les bémols. D’abord le choix de ne faire que des histoires courtes : cela empêche forcément le développement d’intrigues fortes, mais aussi de préciser la personnalité des protagonistes. Le dessin de Tarral ensuite, que j’ai trouvé un peu statique. Mais ce dessin n’est pas mauvais pour le reste, et fait le job. Le matériel de l’époque (les histoires se déroulent du premier tiers du XIVème siècle au tout début du siècle suivant) est reconstitué de façon méticuleuse. On voit bien d’ailleurs que Giroud souhaite dans ses histoires dresser un certain portrait d’une époque, plus que développer une histoire à proprement parler. C’est ainsi qu’une double page n’est constituée que de dessins présentant l’évolution de l’équipement militaire au cours de la période traitée ici (si tout est très bien reconstitué, je doute qu’un homme tienne son arquebuse d’une main, comme un fusil contemporain – du fait de la longueur et du poids…). Plus généralement, ces histoires (des dernières années de la guerre de cent ans au début de la carrière de Bayard) semblent avant tout là pour mettre en avant les valeurs de la chevalerie (chacune d’entre elles illustre un aspect de l’idéal chevaleresque). Mais aussi et surtout leur remise en cause. Par les tactiques anglaises lors de la guerre de cent ans – l’histoire intitulée « La dernière charge » illustrant d’autres désastres comme Crécy ou Azincourt). Et aussi par une loyauté, une parole donnée de moins en moins fidèle aux engagements. Enfin par le développement de l’artillerie et plus généralement des « armes à feu ». C’est ainsi qu’il faut comprendre le titre de l’ensemble, les Braves en question étant les chevaliers, dont l’idéal s’efface devant les évolutions étatiques, matérielles et sociétales. A part Bayard dans la dernière histoire, Giroud s’attache à des personnages secondaires, comme pour renforcer l’impression qu’il traite là la fin d’une époque plus que l’histoire de tel ou tel personnage. En fin d’album, une courte chronologie situe chaque histoire dans ce long XVème siècle illustré ici. Cette chronologie est vraiment succincte, mais peut-être à lire avant l’album si vous ne connaissez rien à la période. C’est en tout cas un album qui réjouira les amateurs d’histoire médiévale. Un très honnête ouvrage qui joue plus sur l’aspect sociologique ou documentaire que sur une narration romanesque- même si celle-ci n’est pas absente (c’est ce qui le distingue de certains albums de la collection Vécu de Glénat). Si vous avez la chance de le rencontrer, jetez-y un coup d’œil ! Note réelle 3,5/5.
Cette année ma récolte de BD anciennes et semi-anciennes à Angoulême fut bonne, en voici un exemple avec cet album que j'avais repéré grâce à BDthèque. Comme les autres volumes de cette collection Histoires de l'Histoire, l'album s'ordonne en courts chapitres présentant différents types de batailles (siège d'Orléans, pillages des Ecorcheurs, épisode d'Henri de Wurtemberg, duel de Bayard) et le rôle de l'artillerie qui changea le sort des combats, notamment ici lors de la guerre de Cent Ans. La chevalerie est au coeur du sujet, ou plutôt sa fin, ses nobles vertus ayant conditionné la vie médiévale au coeur des batailles. Mais surtout, les auteurs s'attachent à illustrer non pas de grands faits d'arme, mais plutôt des épisodes moins connus et restés plus discrets dans la grande Histoire, dont certains m'ont rafraîchi la mémoire et que j'avais complètement oublié, tel celui de la dernière charge de chevalerie sur la plaine de Bulgnéville en 1431, où périt Barbazan, et qui rappelle la bataille funeste d'Azincourt. Il est intéressant aussi d'évoquer le personnage de Rodrigue de Villandrado, un des plus fameux chefs de soudards de ce temps. Bref, je suis conquis par cet album où Giroud fait preuve de rigueur et rode déjà son style documenté et précis, ainsi que son goût pour le beau langage médiéval, tandis que le dessin de Tarral accuse un côté un peu statique, mais se révèle honnête. A cela s'ajoutent des pages éducatives qui renseignent sur les armures du XVème siècle, ainsi qu'un tableau chronologique situant les événements. Du bel ouvrage.
À travers différents chapitres, Giroud nous montre la fin de la chevalerie. Le coté documentaire est intéressant car j'ai appris plusieurs choses que je ne savais pas. Toutefois, j'ai trouvé qu'il manquait un peu de dynamisme dans les histoires. L'auteur ne fait que raconter des faits et j'ai trouvé que ça manquait de 'vie'. Le dessin est réaliste comme on en voit dans plusieurs séries historiques et là encore je trouve que ça manque de dynamisme. Les personnages sont un peu figés et ce n'est pas un style qui me plait personnellement. Enfin, cette bd est à lire si on veut apprendre des choses sur cette époque ou si on aime les récits historiques, mais je crois que les autres risquent de s'ennuyer.
Franck Giroud utilise son passé d’historien pour ressortir d’on ne sait où quelques anecdotes sensées illustrer la fin d’une époque : celle des chevaliers. Les historiettes sont plaisantes et originales. Elles rappellent une époque où les puissants se voulaient (se croyaient ?) nobles. Malgré son coté documentaire, la structure de ces différents récits est alerte, et montre déjà tout le talent de son auteur. Au niveau du dessin, Tarral atteint un niveau tout à fait correct. Son trait est précis et la recherche de réalisme historique est à souligner. Je regrette cependant les trois bras d’un duelliste au cours du dernier chapitre. Ce genre de récit est à réserver aux amateurs du genre. Toutefois, si votre progéniture doit se documenter sur la chevalerie, le présent ouvrage pourrait lui offrir un angle d’approche original. Finalement, pas mal dans sa catégorie.
Un fort bon et bel ouvrage que celui-ci. Même si l'on n'est pas attiré par l'Histoire, on ne peut que plonger dans ces récits qui fleurent bon la chevalerie. Terminés les combats épiques, les charges de cavalerie, les duels d'homme à homme : l'artillerie prend le dessus et écrase tout, sans distinction aucune... Ces récits de l'Histoire -par beaucoup oubliés- revivent ici sous le trait alerte, vigoureux, violent, baroque de Tarral. Son graphisme est fort, vif, détaillé, emportant dans une grande fresque sanglante les scénarios de Giroud. Ces personnages, délaissés de la mémoire des livres et des hommes, reprennent ici vie, le temps de quelques dizaines de pages, pour notre très grand plaisir. Du très bon travail d'auteurs. Pour ne pas oublier.
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