La Guerre du Professeur Bertenev
Crimée 1854. Britanniques et russes combattent dans la péninsule lors d'une terrible guerre de positions. Léon Bertenev, un professeur moscovite, déserte du bataillon d'artillerie auquel il appartient.
1816 - 1871 : De la chute du Premier Empire à la Commune Europe centrale et orientale La Guerre de Crimée Paquet
Crimée 1854. Britanniques et russes combattent dans la péninsule lors d'une terrible guerre de positions. Léon Bertenev, un professeur moscovite, déserte du bataillon d'artillerie auquel il appartient. Capturé par les Britanniques, il est condamné à mort par les Russes. Il vivra une histoire exceptionnelle dans un camp de prisonniers anglais.
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Date de parution | 14 Septembre 2006 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
L’intrigue se déroule dans un cadre assez rarement abordé en BD, à savoir la guerre de Crimée (qui n’a laissé dans les mémoires que quelques noms de stations de métro ou de boulevard – à Paris en tout cas), et qui n’a même pas été trop rappelée dans les médias à propos du récent conflit entre Russes et Ukrainiens. Mais, de toute façon, la guerre en question, une fois passée la première dizaine de planches, n’est plus qu’un décor, puisque l’on se focalise sur Bertenev (déserteur russe, qui va peu à peu se lier d’amitié avec un officier britannique, son attitude déclenchant à l’inverse la haine d’un officier russe). Du coup, si le début est rythmé, c’est beaucoup moins le cas par la suite, on est alors davantage dans un roman graphique assez psychologique, les dialogues prennent le dessus sur l’action proprement dite. Il y a ainsi quelques longueurs. Mais la lecture n’est pas désagréable, Bertenev, alternant les passages où il incarne le couard (face à ses compatriotes prisonniers haïssant en lui le déserteur et le traitre bien traité par les Anglais) et le professeur (enseignant aux soldats anglais mais donnant aussi des « leçons » à son ami officier anglais dans le domaine amoureux), est un personnage assez riche, ambivalent. Balloté par les événements, il finit par maîtriser sa trajectoire. Une petite lecture intéressante.
Je ne suis pas rentré dans cette BD. Une histoire assez universelle mais qui ne m'a pas enthousiasmé plus qu'il ne faut. Le dessin faussement naïf est correct avec une colorisation qui ne m'inspire pas grand chose. Au niveau de l'histoire j'ai parfois eu un peu de mal avec ce professeur totalement paumé dans une guerre à laquelle il ne semble rien comprendre qui se retrouve interprète puis faisant jouer Shakespeare à la troupe. Rédemption par le savoir? Je n'ai pas cru à la situation. Dommage cette époque et cette guerre méconnues avaient pourtant un potentiel narratif intéressant entraperçu avec Capitaine Conan. J'ai pas trouvé là mon bonheur.
C’est marrant mais j’avais lu cette bd il y a un temps et je n’en avais plus de souvenirs précis. Une relecture salvatrice m’amène donc à rédiger ce présent avis. Le trait fin et faussement hésitant, associé à des aplats de couleurs chatoyants, ferait presque oublier qu’il y est question de guerre. Oh, pas la grande guerre mais la guerre de Crimée opposant une coalition franco-anglo-ottomane contre la Russie. Il y est peu question de bataille finalement (hormis au début), l’auteur préférant se focaliser sur le traitement particulier réservé au soldat russe Bertenev durant sa captivité. Capturé par les Britanniques alors qu’il désertait son poste, Bertenev est interné dans un camp où il subit l’ire de ses camarades pour désertion. Son érudition et sa connaissance de l’anglais vont lui permettre d’avoir un traitement de faveur. Paradoxalement, ce qu’il redoute le plus, ce n’est pas la guerre en soi mais plutôt le moment où elle se terminera. Car peu importe le vainqueur, ses camarades ne manqueront pas de lui faire sa peau pour désertion et trahison. Il règne donc une atmosphère particulière, faite de petits moments que le professeur vit de manière épicurienne afin de ne pas penser au lendemain. La relation qui s’instaure avec le gradé anglais va évoluer du simple respect à une amitié franche et sincère. C’est très agréable à suivre. Plus qu’un récit de guerre, nous nous trouvons face à une aventure humaine de très belle facture.
La guerre de Crimée est un sujet rarement évoqué dans la bande dessinée. C'est bien pour les auteurs de faire preuve d'originalité en nous contant des passages de l'histoire peu connus. Bertenev était un professeur idéaliste à Moscou qui s'est opposé à la tyrannie du Tsar Nicolas 1er. Il a été envoyé au front pour y mourir. Cependant, l'instinct de survie est plus fort que tout. Il va passer dans le camp des anglais ce qui lui vaudra une rancune tenace du capitaine russe sanguinaire. J'ai à la fois aimé le dessin ainsi que le récit de guerre de ce professeur pas comme les autres. Il apporte beaucoup de fraîcheur par une manière de penser assez égalitaire. L'exemple qui me vient à l'esprit est le rapport homme-femme dans une Angleterre victorienne où les soldats devaient se battre pour la Reine. Il va réussir à mettre fin à bien des conflits parfois intérieurs. La fin de la lecture sonne comme le tocsin. C'est dommage car on aurait aimé savoir ce qu'il va devenir. Peut-être y aura-t-il une suite un jour...
Cette BD est formatée à 100% comme celle de la collection "Poisson pilote" chez Dargaud. Le dessin est très agréable, léger et pourtant détaillé. La colorisation est top, simple mais de toute beauté. Le scénario offre une rencontre entre 2 personnages provenant initialement de camps opposés dans une guerre entre la Russie et l'Angleterre. Le récit est original, bien amené. Les personnages sont tous intéressants avec leurs qualités et leurs défauts. Le cadre historique et géographique est limité à une petite cité où les anglais tiennent prisonniers des russes. Les rapports entre les protagonistes sont bien décortiqués et les dialogues sont clairs et bien tournés. J'ai hésité à mettre un 4/5 car il manque seulement un peu de volume à cette BD qui n'a pas vraiment de défauts. Une belle découverte peu connue à découvrir.
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en ouvrant cet album, même si j'aime bien cette collection Blandice chez Paquet. Zapico nous emmène au coeur de la Guerre de Crimée, qui a opposé la Russie à l'Angleterre il y a 150 ans. Un conflit et une période que je connais mal, et qui m'ont intéressé. L'histoire de Bertenev aurait pu se passer au cours de n'importe quelle guerre. C'est à cela qu'on reconnaît un récit universel. Universel et sympathique. J’ai bien aimé le personnage principal, plein de défauts, mais authentique. Ce bon moment de lecture est dû également au trait plutôt agréable de Zapico, qui m'a rappelé celui d'Hergé par moments. L'histoire de Bertenev, à défaut de m'avoir passionné, m'a bien distrait et fait découvrir un pan de l'Histoire que je ne connaissais pas (certes de façon presque anecdotique), et c'est bien là le principal.
J'ai d'abord été intéressé par la période historique incriminée : la guerre de Crimée (milieu du 19ème siècle) ; laquelle période a plus que rarement été traitée en BD. Le postulat ensuite : un prisonnier -déserteur et ex-professeur à Moscou-, fait prisonnier par les Anglais, qui voit ce personnage, isolé, se lier d'amitié avec l'officier qui l'a capturé puis le conseiller dans ses amours... Assez jubilatoire, c'est vrai, et traité "façon british". Via Bertenev, son "héros", l'auteur fait ici sien certains préceptes de Toslstoï développés dans son oeuvre "Guerre et Paix" : même au coeur de la boucherie qu'est la guerre, l'homme est libre... d'une certaine façon. Bon postulat, bon dessin, bon thème pour un ensemble qui "tient la route", même si un peu flottant dans le milieu de l'histoire. Cote perso : 3,5/5.
Lors de la guerre de Crimée, les Britanniques et Russes combattent dans une guerre de positions où comme souvent à l’époque l’homme est utilisé pour servir de chair à canons. Lors d’une bataille, Leon Bertenev, ancien professeur Moscovite enrôlé de force à cause de ses idées réactionnaires, déserte le bataillon d’artillerie Russe et est ensuite capturé par les britanniques. Condamné à mort par ses compatriotes Russes qui le jugent tel un lâche, il sera pris en pitié par un officier Anglais et protégé grâce à ses talents de traducteur. Lors de cette période, Bertenev sera tantôt professeur pour analphabètes, tantôt conseiller sentimental des envahisseurs et vivra des expériences uniques pour un prisonnier de guerre. Ce magnifique album sur les absurdités de la guerre, est remarquablement bien écrit et mis en images, l’émotion est palpable tout au long de la lecture, ce qui représente une vraie performance pour un auteur dont ce premier ouvrage représente sa première expérience dans le milieu du 9ème art et je ne sais que chaudement vous le recommander.
Pierre Paquet a pris l'habitude depuis quelques années d'embaucher des auteurs par-delà la barrière des Pyrénées. Et bien lui en a pris pour la présente bande dessinée, publiée dans la fort élégante collection "Blandice", qui reste pour moi un gage de qualité depuis sa création. D'abord, le format de 76 pages permet à l'auteur de réaliser sur la longueur ses propres idées sans être enfermé dans le carcan des 48 voire des 62 pages. Outre le bon scénario sous-jacent à cette bd, le dessin d'Alfonso Zapico est excellent. Il y a du Tolstoï dans le personnage du Professeur Bertenev, couard devant l'ennemi mais fier de sa nationalité russe, fier de la littérature russe. L'auteur, Alfonso Zapico, à la fois scénariste et dessinateur, nous offre là un portrait fabuleux d'un intellectuel russe, rebelle au pouvoir tsariste mais proche de ses ennemis, bref un ami du "siècle des lumières" dans une Russie encore moyenâgeuse. J'ai vraiment adoré ce personnage de professeur, perdu dans la guerre de Crimée, idéaliste du moment, pacifiste avant l'heure. Il y a du Lincoln dans l'air mais aussi un film avec Danny De Vito (où celui ci donnait des cours à des soldats en mal de reconnaissance). La fin reste ouverte et permet d'espérer une suite où le personnage, idéaliste fort déçu par les hommes et par la guerre, veut se refaire une vie par-delà l'Atlantique. Voici donc une bd, dont je n'ai vu aucune publicité, qui célèbre à la fois l'héroïsme guerrier, l'humanisme du vainqueur, et la fragilité de la paix, sur un fond (mais assez discret) d'histoire d'amour. C'est drôle, émouvant, simple, cela m'a fait songer à du Chaplin. Mon coup de coeur du moment.
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