Aliens - Alchimie (Alchemy)

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

Le célèbre Alien, le monstre le plus effrayant venu d'outre espace, mis ici en image par Richard Corben.


Alien Dark Horse Comics Les petits éditeurs indépendants Richard Corben

Dans un futur lointain, sur une planète éloignée, les habitants humains de la cité d'Emerson sont totalement coupés du monde. La vie est difficile pour les gens, la société régresse, le maire a du mal à se faire écouter, le sergent Rachel Newcomen a du mal à faire régner l'ordre. Le Légat Muir prêche pour la parole sacrée du "Premier père", un dangereux intégrisme religieux est en train de faire vaciller cette civilisation. Les habitants d'Emerson vénèrent "l'Arche", l'épave du vaisseau qui a conduit leurs ancètres sur cette planète. L'arche est situé loin de la ville, en un lieu mystérieux, interdit d'accés par le légat Muir et ses "Frères" les plus fervents, en raison de son caractère sacré. Un jour un monstre féroce et indestructible attaque des gens et sème la terreur en ville. La notable madame Kartha, une femme de tête sensée, dont l'influence s'amenuise de jour en jour face à celle de Muir, charge le sergent Newcomen d'atteindre l'Arche et d'y trouver une arme assez puissante pour tuer le monstre. Rachel Newcomen, en menant sa mission, va être confrontée à une bien sinistre réalité...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Décembre 2001
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Aliens - Alchimie (Alchemy) © Wetta 2001
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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10/10/2006 | JJJ
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Par Présence
Note: 3/5
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Aliens et Corben en mode mineur - Ce tome contient une histoire complète, initialement parue sous la forme de 3 épisodes en 1997. le scénario est de John Arcudi, les dessins et encrages de Richard Corben, et la mise en couleurs de John Pound. Sur une planète indéterminée, une petite communauté subsiste, elle s'est donné le nom d'Emerson. Au cours de l'histoire, les personnages commentent qu'elle est en train de s'industrialiser petit à petit. Dans les environs de cette implantation humaine, se trouve la carcasse d'un vaisseau spatial de moyenne importance, dans lequel un spectre fait parfois son apparition. Au sein de la communauté, un ordre religieux dénonce les méfaits de l'industrialisation, à commencer par la pollution du milieu naturel (air et eau). Toch Newcomen est l'un des prédicateurs appelant au retour des traditions agricoles. Cet ordre religieux est dirigé par Carson Muir qui prétend communiquer avec le Premier Père, une vague déité. La communauté dispose d'une forme de gouvernement démocratique dirigé par Kartha. Un vote doit bientôt avoir lieu pour savoir si les habitants prennent l'initiative d'explorer les restes du vaisseau pour cannibaliser sa technologie. Un meurtre atroce survient et une créature diabolique est entraperçue, avec une forme repoussante, un appendice caudal capable de trancher un individu et un fluide corporel dissolvant tout. Rachel Newcomen (responsable des forces de l'ordre, et sœur de Toch) doit enquêter. En 1988, Dark Horse acquiert une licence d'utilisation des Aliens pour éditer des bandes dessinées utilisant ces extraterrestres teigneux. Les premières histoires restent assez proches du film Aliens, le retour de James Cameron, avant d'intégrer Ellen Ripley issue de Alien, le huitième passager. Au fur et à mesure du succès des bandes dessinées, les aliens ont servi d'argument de vente pour des histoires dans lesquelles ils pouvaient être relégués au simple statut ressort dramatique secondaire. C'est le cas pour cette histoire réalisée par 2 créateurs remarquables : John Arcudi (connu pour avoir créé The Mask, et pour coécrire BPRD avec Mike Mignola), Richard Corben (passé dans la légende avec la création de Den, et ramené sur le devant de la scène dans les années 2000 grâce à sa participation à la série Hellboy, par exemple dans La fiancée de l'Enfer). En 3 épisodes, John Arcudi met autant d'éléments qu'il peut, sans donner l'impression de noyer le lecteur et les pages dans une masse de texte envahissant. L'exercice est complexe, et le résultat donne parfois l'impression qu'il n'a pas pu tout développer comme il l'aurait souhaité, ou même qu'il n'a pas toujours pu (ou su) ordonner le flux des informations pour une narration fluide. La composante écologique du récit est éclatée dans plusieurs conversations qui semblent vouloir approfondir la question du changement de nature de société, du passage d'une communauté de fermiers, à une communauté industrielle. Arcudi insiste à deux reprises sur le fait que cette évolution s'accompagne d'une dégradation environnementale (cheminée d'usine recrachant des polluants dans l'air), et que cet état de fait crée une scission dans l'opinion publique, représentée d'un coté par les tenants de la religion (conservateurs, opposés au changement), et de l'autre les membres du gouvernement (mettant en avant les apports de la technologie, à commencer par un chauffage assuré pendant toute la période hivernale). Mais au final, ces discussions s'arrêteront là, elles n'auront que servi de prétexte pour opposer Carson Muir à Kartha, un simple artifice narratif promettant un développement, et ne débouchant sur rien. de la même manière, le lien unissant Toch et Rachel Newcomen promet le développement d'une relation affective conflictuelle et déchirante, mais en fait elle ne sert que de motivation pour pousser Rachel à s'inquiéter de son frère. Malgré tout, avec le troisième épisode, Arcudi ouvre une nouvelle perspective sur cette histoire qui réussit à maintenir un niveau d'intérêt suffisant. L'ensemble des apparitions de l'Alien se cumule sur une douzaine de pages au total. Corben (grand spécialiste de la représentation de créatures monstrueuses) se plie à la conception graphique de Hans Rudolf Giger, reproduisant le mélange techno-organique de manière assez servile, en particulier pour sa peau qui ressemble à une combinaison spatiale futuriste. Par contre, il apporte un savoir faire indéniable pour les mouvements de la créature, en particulier le balayage mortel de son appendice caudal. Il donne une consistance des plus répugnantes à l'acide excrété par l'Alien, parfait pour transcrire l'horreur de la dissolution. Il ne s'attarde pas trop sur les blessures, même si le sang gicle dans des proportions crédibles. Par contre, il s'est bien amusé à représenter le reflet d'un visage déchiqueté dans la flaque de son sang. Pour le reste, le lecteur retrouve un Corben en moyenne forme et propre sur lui. Il se montre très habile pour les visages et les morphologies des différents personnages : variés et très personnalisés. Sa mise en scène permet de rendre visuel aussi bien les séquences de dialogue que les séquences d'action. Par contre, à mon goût, il évite de trop lâcher la bride à son coté plus grand que nature, pour respecter le rythme et les thèmes du scénario. du coup le lecteur habitué à Corben ne retrouvera pas forcément le degré de démesure habituel du maître. Si le lecteur vient pour une bonne histoire des Aliens, il risque d'être un peu déçu par la place réduite qui leur est accordé, mais réjoui par l'interprétation visuelle viscérale de Corben. Si le lecteur vient pour Corben, il découvrira une histoire de science-fiction assez étoffée mais dont certains fils n'apportent pas grand-chose à la trame générale, avec un Corben en bonne forme, mais comme bridé par l'exercice de style.

28/07/2024 (modifier)
Par JJJ
Note: 3/5

Cette BD parue en France en tant qu'album indépendant, est un des chapitre de la série Dark Horse Aliens, où plusieurs auteurs ont écrit et dessiné une histoire complète sur le thème de cette créature, une série à laquelle ont participé, entre autres, Mignola, Risso ou encore Dixon. Le scénario d'Arcudi est plutôt bon, les gens d'Emerson partagés entre leur foi religieuse et leur peur, ayant perdus toutes notions de concepts technologiques avancés, sont confrontés aux Aliens, des créatures indestructibles et sans pitié. L'environnement est sale et pollué, l'ambiance est sinistre et glauque. L'histoire s'appuie fortement sur cette facette sinistre, Aliens Alchemy est une oeuvre plus horrifique que guerrière. Les dérives d'une religion trop dirigiste sont montrées du doigt au travers du récit, même si cet aspect est traité avec trop de legèreté pour être suffisamment remarqué. Dommage, un peu plus de finesse dans le propos aurait pu donner du crédit à cette idée. La narration ne brille pas par sa clarté, certains passages sont éludés un peu vite, d'autres trop alourdis de détails, heureusement l'histoire reste linéaire, on évite ainsi de s'y perdre. Richard Corben nous présente un Alien assez surprenant, je m'attendais à un monstre boursouflé et très organique, il est représenté en fait de façon plutôt sèche et osseuse, presque anguleuse par rapport aux autres créations du dessinateur. On devine tout de même aisément que c'est un Alien façon Corben, tant son style est particulier. Les dessins de cet album sont bons, le découpage est irréprochable et le caractère graphique inimitable de Corben saute aux yeux, mais il a fait largement mieux. Pour satisfaire complètement les mirettes, il vaut mieux aller faire un tour du côté de Bigfoot par exemple, c'est de classe supérieure, le spectacle pictural y est grandiose. Une BD à même, je pense, de plaire à ceux qui affectionnent le fameux Alien. Un livre sympathique mais assez décevant pour les inconditionnels de Corben, une de ses oeuvres mineures. JJJ

10/10/2006 (modifier)