Avaler la terre (Chikyu wo nomu)
Sur son lit de mort, Zephirus qui maudit l'humanité, demande à ses sept filles de réaliser ses dernières volontés : détruire l'argent, déstabiliser les lois et la morale et prendre sa revanche sur les hommes.
Guerre des sexes Les petits éditeurs indépendants Seinen Tezuka Tezuka productions
Se faisant passer pour leur mère, les orphelines exécutent son plan machiavélique. Grâce à la diffusion mondiale du Dermoid Z, une peau synthétique pouvant imiter quiconque à la perfection, tout un chacun usurpe l'identité d'autrui. C'est le début du chaos à tous les niveaux de la société.
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Date de parution | Octobre 2006 |
Statut histoire | Série terminée (Réédité en intégrale) 2 tomes parus |
Les avis
Avec la réédition, j'ai enfin eu le plaisir de lire cette série que je convoitais depuis un moment mais dont les tomes en occasion faisaient claquer un PEL à eux seuls. Ce qui m'intéressait surtout, c'est ce pitch de base qui semble ô combien moderne alors qu'il accuse l'âge honorable de 54 ans. Pour le resituer, il faut se dire qu'il sort en 1968, et pourtant semble déjà bien en avance : une femme victime de la société humaine et des hommes veut abolir l'argent, les lois, la morale et faire payer aux hommes. Ça sent le récit anti-capitaliste et féministe, non ? Et c'est ce que j'ai trouvé dedans. Même si, comme l'a souligné très justement Gaston, le récit semble un peu décousu et manque parfois de liens directs. C'est une caractéristique qu'on retrouve souvent chez Tezuka, dû notamment à des impératifs de production. Mais malgré cette sensation de naviguer entre différents épisodes de séries, je trouve que l'ensemble se tient et reste cohérent. C'est une prouesse, vis-à-vis de ce qu'il nous détaille, mais c'est souvent très juste. Les épisodes intercalés, présentant simplement des moments de vide dans un monde qui change brutalement, sont déchirants et bouleversant. Je reste encore touché par l'une de ces histoires, à la fois belle et tragique. Je suis souvent très positif sur les BD de Tezuka, que j'aime énormément. Ce n'est pas pour autant que je suis fermé sur les défauts bien réels qu'il a : le dessin peut aujourd'hui rebuter, la façon dont ses personnages se déforment, les passages très cartoonesques qui font parfois tâche au milieu. Personnellement j'y suis habitué et je vois ça comme un souci de communiquer au plus vite et au plus efficace. Par les déformations, il permets de comprendre tout les enjeux et les émotions rapidement. Un autre reproche que je peux entendre concerne les personnages qui sont parfois caricaturaux et stéréotypés. Ici, le personnage principal est défini comme un alcoolique peu intéressé par la gente féminine. Ce qui ne me gêne pas non plus, puisque je vois le procédé comme un usage narratif : on représente un personnage hédoniste qui n'aime que boire, dans une simplicité de vie totale. Bref, même si je comprends les critiques que peuvent soulever les récits de Tezuka, je dois bien le dire : je passe largement outre. Car ce récit dépasse son simple pitch pour nous proposer une histoire de vengeance qui ne se finit pas bien (comme souvent) mais pas pour ceux qu'on imaginait. C'est une dénonciation du capitalisme sauvage et globalisé, de l'attrait de l'argent, du racisme et de l'absurdité du genre humain, toujours plus prompt à descendre son voisin qu'à l'aider. Là où le récit fait vraiment mouche, c'est qu'en dehors de grosses ficelles scénaristiques nécessaire (l'or extrait du continent, par exemple, où le matériel qui permets de faire une seconde peau), le récit ne fait que développer ce qu'il fournit de base, sans jamais ajouter à outrance pour relancer la machine. L'exemple de cette peau qui permets de se faire passer pour n'importe qui permets de montrer à la fois la propension de l'humain à la criminalité lorsque les conséquences disparaissent, parler de racisme, mais aussi montrer une superbe et émouvante histoire de famille qui remet en question le modèle classique (ce que l'auteur refera à la fin du livre d'ailleurs). Comme si l'auteur voulait montrer que le capitalisme qui se fait abattre dans le récit est aussi une question de société et de domination permanente. A cet égard, le traitement des femmes est remarquable : la violence sexiste omniprésente, les conventions sociales qui nécessitent de toujours être plus belle, la violence sexuelle (suggérée très fortement à plusieurs reprise dans le récit) servent à mettre en lumière l'origine de cette vengeance. Même si Tezuka semble condamner les actes de ces femmes qui vont tout faire imploser, il ne condamne pas pour autant ce qu'elle font. Les motivations sont mauvaises, mais le combat semble louable. Encore une fois, il ne se contente pas d'un récit manichéen et l'étire en tout sens pour montrer les limites de chaque chose. C'est intelligent et menée de façon assez crédible (je n'ai pas dit réaliste). En fin de compte, je dois dire que la lecture m'a perturbée. Déjà par la façon d'aborder ce sabotage en règle du capitalisme qui est présenté. Mais aussi par la violence qui baigne l’œuvre. Que ce soit autour du sexe, des femmes, de l'argent, des militaires ... Une violence que l'auteur condamne à chaque fois. Mais qui reviendra pourtant sans cesse. Je suis toujours ébahi par ce que l'auteur peut nous proposer. Autant de beauté et de noirceur dans une seule œuvre, autant de dégout de l'humanité et autant d'amour en même temps. Je sais que l'auteur à vécu la guerre et en est très clairement ressorti traumatisé, ce qui se sent dans toutes ses œuvres. Mais comment fait-il pour faire d'aussi belles histoires aussi violentes et aussi tristes ? Vraiment, Tezuka, j'ai beau essayer, je ne m'en remets pas.
J'ai profité de la réédition en un tome de la série pour l'acheter et relire une série dont je ne gardais que quelques souvenirs. C'est un récit pas mal même s'il y a des défauts. Comme souvent avec Tezuka, les thèmes abordés sont intéressants et il y a de bonnes idées. J'aime bien l'idée d'une peau spéciale qui permet de prendre l'apparence de quelqu'un d'autres, surtout que l'auteur montre bien tous les ennuis que cela apporterait si ça existait pour de vrai ! Toutefois, le scénario n'est pas excellent. Il y a des grosses facilités, notamment lorsque l'auteur fait des grosses éclipses sur certains événements et des longueurs. Il y a des chapitres qui ne mettent pas en scène les personnages principaux du récit, mais sont un peu comme des one-shots qui montrent les conséquences des actes des sœurs. Ses chapitres sont parmi les meilleurs de la série, mais en même temps cela ralentit l'action du récit principal. Et le héros n'est pas très charismatique. En fait, le principal problème de cette série, et de plusieurs autres œuvres adultes de Tezuka par ailleurs, est qu'on sent que l'artiste improvisait son scénario au fil du temps ce qui fait qu'il y a quelques trous dans le scénario et que c'est décousu par moment. Cela reste tout de même sympathique à lire avec plusieurs scènes mémorables. Je le conseille surtout aux gros fans de l'auteur. Ce n'est pas un titre que je conseillerais si on veut découvrir ce mangaka et si vous êtres allergique au style de l'auteur, ce n'est pas ce manga qui va vous le faire aimer.
Kanko est un nouvel éditeur des éditions Milan (comprenant également 13 Etrange) et se tourne également vers le manga. Il se propose de faire découvrir ce média pour tous les publics de l'enfant à l'adulte. On peut dire que l'éditeur commence ses publications avec un auteur qui va attirer une certaine frange du public mangaphile avec Tezuka. J'ai trouvé l'histoire assez proche de Barbara traitant du pouvoir que peuvent avoir les femmes sur les hommes. Dans ce cas particulier, cela traite de la vengeance perpétrée par ses filles d'une femme flouée par son mari dans le contexte de la seconde guerre mondiale. Les principaux protagonistes sont une de ces filles, femme fatale et manipulatrice, et un homme plutôt simplet qui ne pense qu'à boire mais n'a aucun intérêt pour les femmes au grand désespoir de la première. Bref pour ceux qui aiment Tezuka, la trame ne devrait pas les décevoir, le dessin est habituel du maître. Le format choisi par l'éditeur est quant à lui assez petit (mais bon ça tient dans la poche pour lire dans le métro... :)) Essai à transformer avec le second tome qui doit paraître en novembre.
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