Rip Kirby

Note: 3.4/5
(3.4/5 pour 5 avis)

Une très bonne série de "détective"...


1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide Détectives privés King Features Syndicate

Il est grand, le port athlétique, le nez volontaire rehaussé de lunettes. Il fume la pipe, aime les beaux vêtements, le cognac et la musique classique.. "Il" ?... c'est Rip Kirby, un ancien marine reconverti dans la profession de détective. Il vit confortablement, entouré de Desmond -un forçat devenu un majordome stylé-. D'un style très "british", Rip est aussi fiancé avec une jolie jeune dame blonde : Dorian Honey Ensemble, ils vont avoir à résoudre pas mal d'énigmes et crimes perpétrés dans les bas-fonds ou au grand jour ; ce de l'autre côté de l'Atlantique. Ce ne sera pas souvent facile, mais Rip aura la chance d'être aidé par la brune et sensuelle Pagan Lee -une ancienne "dame du milieu"- ; forcément jalousée par Dorian.

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Janvier 1975
Statut histoire Série terminée 14 tomes parus

Couverture de la série Rip Kirby © Hachette/Glénat 1975
Les notes
Note: 3.4/5
(3.4/5 pour 5 avis)
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18/10/2006 | L'Ymagier
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L'avatar du posteur Noirdésir

J’ai emprunté plusieurs albums de la série, « pour voir », et j’ai été plutôt agréablement surpris par cette lecture. J’ai en tout cas davantage accroché que sur les Flash Gordon du même auteur. D’abord (et surtout, c’est le principal atout je pense !) parce que son dessin a ici gagné en maturité. Son Noir et Blanc est maîtrisé, son trait classique est d’une grande fluidité et, on peut le dire, d’une grande modernité. Il ne fait clairement pas son âge ! Avec des cases petites, Raymond est avare de décors, et mise tout sur ses personnages, qui sont très réussis. En particulier les femmes, toutes des pin-up fortement influencées par le style de Caniff, qui venait de publier Male Call (sa Miss Lace a peut-être servi de modèle à Raymond pour plusieurs de ses personnages féminins). J’ai lu le bel album au format à l’italienne reprenant plusieurs des premières histoires, et les tome 3 et 6 (« Les deux mères » et « La disparition de Melody Lane »), et je dois dire que sur les deux derniers, les cases étaient trop petites, et le texte – assez abondant, souvent difficile à déchiffrer. Alors que le grand à l’italienne (sur le modèle de ce que faisaient les éditions Futuropolis pour les reprints d’ « ancêtres » américains, y compris pour les textes de présentation en début d’album), plus fidèle au format strips d’origine, et avec des cases du coup bien plus grandes, était beaucoup facile à lire. Les histoires quant à elles sont aussi plus lisibles que je ne le craignais. Certes, le héros est un brin macho, sûr de lui, mais sa personnalité est plus nuancée et moins brut de décoffrage que beaucoup de privés des polars américains. Certes, les femmes sont quand même cantonnées aux seconds rôles et, sans être uniquement de jolies (très jolies en l’occurrence !) potiches, cet aspect est marqué par son époque (immédiat après-guerre). Et le texte est souvent un peu trop abondant (ce qui accentue le problème de taille évoqué plus haut). Mais, cela dit, les intrigues policières se laissent quand même lire. Là aussi, comme pour le dessin, il y a de nets progrès par rapport à « Flash Gordon », et Raymond nous donne à voir quelque chose de moins naïf et « grossier » que ce qui se faisait le plus souvent à l’époque. Kirby, détective amateur mais néanmoins très perspicace (mais qui est aussi un scientifique éprouvé, et qui a suffisamment de moyens et de temps pour ne pas être bloqué par les contingences du vulgum pecus), est épaulé par son impeccable majordome Desmond, et couvé du regard par Dorian, sa blonde fiancée qui n’hésite pas à participer aux enquêtes (elle se trouve ainsi à plusieurs reprises être une femme à sauver par le héros !). Pas mal d’aspects datés, mais au final, ça reste lisible et ça a bien mieux vieilli que la plupart des séries des années 1940-50 (et le très bon dessin de Raymond aide à ne pas trop sentir le poids des années).

19/03/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Dessinateur fécond mais se lassant vite de ses personnages, Alex Raymond reste un grand monsieur de la BD américaine. En 1946, il crée un nouveau héros policier avec ce Rip Kirby, ancien commandant des Marines, qui revenu à la vie civile, devient criminologue et détective privé. Pour la première fois dans l'univers de la BD, Raymond montrait un détective cérébral, esthète et élégant, appréciant la musique, sachant reconnaître un bon cognac et faisant travailler plus sa tête que ses poings. Kirby se montrait également délicat et attentif envers les femmes, même si on sentait parfois qu'elles devaient rester à leur place. Bref, un héros à l'opposée des flics mal dégrossis que le public avait l'habitude de voir dans d'autres bandes ou dans le roman noir, à mi-chemin entre Philippe Marlowe et Phil Corrigan. Malgré ça, ses aventures étaient aussi mouvementées que celles de Corrigan, Kirby se retrouvant dans des situations critiques, et épaulé par son majordome stylé, Desmond, jusqu'à ce qu'il s'en tire le sourire aux lèvres et la pipe à la bouche. En découvrant les albums édités par Glénat, je me suis rendu compte que cette bande me passionnait beaucoup moins que Agent secret X-9, précédente bande de Raymond, et en plus, l'édition de ce genre de bande en album alignant les strips à la suite, peut rendre la lecture malaisée, alors qu'elle fut diffusée aux Etats-Unis en un seul strip quotidien. D'autres bandes diffusées ainsi puis traduites en France en album ont également souffert de ce procédé, comme Modesty Blaise. Le mérite de "Rip Kirby", c'est son impressionnante maîtrise du noir et blanc, qui graphiquement atteint des sommets, alliée à l'efficacité du découpage et à l'équilibre dans la composition, sublimant le dessin racé de Raymond. A sa mort dans un accident d'auto en 1956, c'est son assistant John Prentice qui reprend la bande en suivant fidèlement les formes établies par son créateur ; son style, très proche de celui de Raymond, et ses formes narratives originales lui ont permis de continuer avec talent "Rip Kirby" jusqu'en 1999. Il eut comme assistant pendant 4 ans Al Williamson avant que celui-ci ne reprenne Agent secret X-9 ; Neal Adams a aussi travaillé dessus.

30/09/2013 (modifier)

Paru dans les journaux américains après guerre Rip Kirby vieillit (très) bien. Les précédents avis ayant parfaitement décrit comment trouver ces opus inutile de s’attarder, je perlerai donc de la version Glénat. Graphiquement le trait en noir et blanc dégage une maturité, une fluidité et des contrastes presque parfaits. A montrer dans toutes les écoles et à faire connaître à n’importe qui voulant se lancer dans la BD, les planches parfaitement lisibles montrent toutes les palettes possibles de prise de vue pour situer l’action et faire parler le dessin. On pourrait parfois trouver un certain statisme dans quelques rares cases, mais cela relève plutôt de l’exception. De même comme cela paraissait en feuilleton, les planches étant assemblées par ligne de parution, on peut trouver une certaine monotonie dans la construction de la planche globale dans la mesure où celle-ci n’était justement pas publiée de la sorte à l’origine, cela occasionnera également certains effets de retards un peu étranges au sein d’une même page et parfois une tendance à la rallonge ou au raccourci pour faire tenir l’intrigue dans 4 cases horizontales. Mais ces quelques défauts se font rares. D’un point de vue scénario, on ne reconnait une certaine époque qu’à une certaine idée du patriotisme américain. Les personnages principaux présentés prendront la forme d’un gentleman, scientifique reconnu, athlète accompli, pas stérile du cerveau et habile dans ce qu’il entreprend, aux grosses lunettes et de son maître d’hôtel un peu rêveur mais toujours partant pour se fourrer dans les coups de son patron. Autour de ces personnages nous verrons pas mal de femmes dont la fiancée de Kirby en personnage récurrent. Des blondes des brunes, des jolies, des maîtresses femmes, des entremetteuses, tout ce qui peut permettre un bon récit d’enquête. D’un point de vue format l’histoire durera une quinzaine de planche par aventure, et curieusement cela suffira pour créer une problématique pas simpliste où les rôles ne sautent pas aux yeux à la première planche. Car les méchants ne sont pas (tous) stupides, et RIP pas omnipotent en devinant tout par avance ! Certes certains scénarios paraissent moins fluides que d’autres, mais dans la moyenne cela est très plaisant. Il y a même quelques très bons moments comme entre autre cette aventure dans les îles chez un oncle de la fiancée de kirby avec cette étrange femme aux poupées. Alors parfois certaines répliques ou fins montrent un indéniable encrage dans le temps qui surprend avec une lecture actuelle (Kirby et les armes bactériologiques, le don aux œuvres après héritage…) On entre parfois dans le plein de bons sentiments. Aujourd’hui cela parait ringard et ridicule, mais à cela je répondrai est-ce mieux finalement d’être complètement désenchanté, sans espoir et sans idéal… Au final, sans avoir tout lu car il me manque quelques opus à la maison je dirai que cette série est bonne, une lecture agréable avec un dessin magistral. Les défauts viennent d’un formatage par strip et de récits un peu courts tout de même à mon gout ce qui m’empêchent de classer la série en vraiment bien. Evidemment pour l’époque c’est culte mais avec un avis actuel c’est très bien, à connaitre ce qui se traduit sur ce site par 3 avec achat.

21/12/2010 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
L'avatar du posteur Ro

Une dizaine d'années après Flash Gordon et Jim la Jungle, une fois la guerre passée, Alex Raymond sortait une nouvelle série : Rip Kirby, à partir de 1946. Et alors que je trouvais que les précédentes séries n'avaient pas su passer outre le poids des années, plombées par des scénarios clichés et une narration en strips trop décousue et trop prévisible, Rip Kirby a très bien vieilli et se révèle même très moderne par certains aspects. La série détonnait assez à l'époque car elle présentait son héros sous un jour nouveau. Loin du héros artificiel à la manière des Superman, Jim la Jungle et autres Steve Canyon dont on ne voyait que les exploits et jamais la vraie vie, Alex Raymond n'hésitait pas à mettre en scène Rip Kirby dans ses scènes de la vie de tous les jours, sortant du lit, s'habillant, déjeunant, prenant quelques loisirs chez lui ou avec sa fiancée. Une manière de rendre ce dernier plus vivant, plus crédible et attachant. Et même si Kirby avait tout du héros typique physiquement et mentalement parlant, ses lunettes d'écaille montraient d'emblée son décalage avec les personnages habituels. Les enquêtes qu'il résout sont variées et assez complexes pour captiver le lecteur moderne. Le méchant n'y est pas toujours désigné d'emblée et ce n'est qu'au bout de nombreuses pages et quelques fausses pistes que l'on peut enfin découvrir qui est le coupable de tel ou tel agissement. La narration est aussi fluide que dans une bonne BD actuelle. Certes le héros "beau, fort, distingué et intelligent" est assez désuet de nos jours, certes son comportement paternaliste et sûr de lui avec les femmes a de quoi irriter quelques féministes, et certes quand il se fait torturer à coups de poing pendant des heures par les méchants on le retrouve aussitôt après sans la moindre contusion et son brushing impeccable, mais hormis ces points finalement assez amusants pris au second degré, on se croirait lire une BD parue dans les années 80 ou après. On ne ressent le poids des ans qu'à l'apparition de valeurs américaines assez détonantes de nos jours comme ce passage où Kirby récupère la formule d'une terrifiante arme chimique et qu'il refuse de la détruire pour la donner plutôt à son gouvernement par patriotisme. Mais justement, et c'est un autre point qui marque à la lecture de Rip Kirby, ce dernier n'a pas toujours raison et se trompe parfois. Ses actions, peut-être trop assurées finalement, entrainent quelques fois la mort de ceux qu'ils voulaient protéger. C'est en cela aussi que les scénarios de cette série ont l'avantage de ne pas être trop prévisibles. Mais j'en viens au point essentiel qui m'a séduit dans cette lecture : le dessin d'Alex Raymond y est épatant ! Quoiqu'un petit peu plus figé, son style y est clairement plus maîtrisé qu'à l'époque de Flash Gordon et de Jim la Jungle. Il a affiné sa technique et offre des planches impressionnantes de beauté. Il maîtrise à la perfection son noir et blanc et chaque case est une petite oeuvre d'art. C'est superbe tout en étant très lisible. Ne serait-ce que pour sa beauté graphique, je conseillerais cette série. Mais qui plus est, et cela ne gâche rien, les scénarios ne sont pas mauvais du tout, même lus de nos jours, plus de 60 ans après leurs parutions. A noter d'ailleurs que j'ai bien l'impression que Maurice Tillieux a été influencé par Rip Kirby car je retrouve beaucoup du Libellule de Gil Jourdan dans Desmond, le fidèle compagnon de Kirby, et l'allure et la pipe de ce dernier ne sont pas sans rappeler celles de Jess Long.

22/05/2009 (modifier)
Par L'Ymagier
Note: 4/5

Pas fort (ou plus du tout) connu, ce personnage. C'est dommage... Nous sommes en 1946. Alex Raymond, l'auteur, dessine Agent secret X-9 depuis 1936. Il décide de changer -un peu- de registre. Il crée ainsi Rip Kirby, un détective comme on se plaisait à imaginer les "privés" des années 40/50 aux Etats-Unis. Tout à fait à l'opposé des personnages de Chandler qui traînent leur carcasse désabusée dans les bars louches, Rip est quelqu'un de vraiment racé, cérébral, intellectuel. Pour le plaisir du scénario, Raymond crée autour de lui un petit groupe composé de deux Femmes fatales qui se détestent et d'un "adjoint" (excellente, l'idée de l'ancien forçat majordome) qui n'a pas peur de faire le coup de poing. La tête et les jambes sont ainsi réunis pour une longue série plaisante, agréable de lecture et -surtout- dessinée par Alex Raymond. Et je l'aime vraiment bien, ce Monsieur, créateur -entre autres- du fantastique Flash Gordon. Rip Kirby est une série d'histoires policières "normales", avec les bons et les méchants. De vrais méchants. La mise en scène des planches est classique, sans cases éclatées, les dessins étant "limités" aux rectangles et carrés types de cette époque. Mais c'est surtout le dessin qui a retenu mon attention. J'aime le noir et blanc. Et ici, c'est une véritable série réaliste fondée sur le magnifique contraste des deux tons. Style "académique" ?... Peut-être... C'est vrai que parfois les personnages semblent "prendre la pose". Mais c'est tout Alex Raymond, ça : un graphisme net, solide, racé. Et en France ?... Série peu connue, c'est vrai. Pourtant, "Rip Kirby" sera publié quotidiennement dans des journaux à grands tirages (L'Aurore, Le Parisien Libéré). Les albums : Ce n'est qu'en 1975 que l'éditeur Hachette "sort" un opus broché. De 1978 à 1986, Glénat éditera 12 très bons albums cartonnés. En 1987 sortira une "intégrale" . Mais peut-on parler "d'intégrale" alors qu'elle ne reprend que la période 1946-1947 ?.. ; et surtout qu'elle ne concerne que les 3 premières histoires éditées ?... A noter : Suite au décès d'Alex Raymond, survenu le 6 Septembre 1956, la série sera -très bien- reprise par John Prentice. Rip Kirby ?... Une très bonne série à la "vraie" ambiance américaine des années d'avant-guerre. Du grand art... tout simplement.

18/10/2006 (modifier)