Jacob le Cafard (55 Dropsie avenue, le Bronx) (A life force)
Première partie de la trilogie du Bronx comprenant également Un pacte avec Dieu et Dropsie Avenue. Initialement publié sous le titre "55 Dropsie avenue, le Bronx", tome 2 de la série Big City. Les aventures de Jacob Shtarkah, un juif new-yorkais qui compare son existence à celle d'un cafard.
1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale Dans mon immeuble... Kitchen Sink Press New York Will Eisner (1917-2005)
Jacob Starkah est le personnage central de cette oeuvre, chronique poignante de la survie des différentes classes sociales dans le quartier du Bronx au moment de la grande dépression de 1929 aux USA. Will Eisner est au summum de son art, dans ce qui constitue son premier véritable récit complet. Découvrez son histoire, et celle d'autres locataires du 55 avenue Dropsie.
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Date de parution | Octobre 1987 |
Statut histoire | One shot (Egalement regroupé dans les intégrales Big City et La Trilogie du Bronx) 1 tome paru |
Les avis
Après Un Pacte avec Dieu (1978), "A Life Force" sort en 1988 comme deuxième épisode de Dropsie Avenue. Tout d'abord je préfère le titre original compréhensible par tous, à ce ridicule titre français. Si Eisner compare bien la résilience des immigrés devant les obstacles majeurs et les souffrances endurées à la capacité des insectes à survivre, il n'attribue pas à Jacob Shtarkah le sobriquet de "cafard". Au contraire, c'est "L'Homme fort" en Yiddish, celui qui repart de rien mais qui arrive à modeler son environnement d'une façon significative et bénéfique dans ce récit. Je trouve le scénario très travaillé avec ces destins croisés d'Elton, Angelo, Rebecca ou Max. Tous viennent d'horizons très différents mais se retrouvent dans le même puits noir de la misère. Une sucess story du rêve américain où 50 cents évitent le grand plongeon et mènent au bonheur grâce au courage. Eisner par l'introduction de coupures de presse du NYT décrit intelligemment les effets de la grande Histoire sur la vie quotidienne. La loi Johnson-Reed sur l'immigration (1924), le développement du PC Américain, une des priorités extérieures de Staline ou la montée du Nazisme sont des événements clés qui influencent grandement sur la vie de ces communautés pauvres et d'origines européennes. Eisner choisit un happy end qui contraste avec tout ce qui précède et avec l'image même des cafards condamnés à rester dans leurs boîtes de conserve. Eisner y ajoute ses interrogations sur Dieu comme une suite du premier acte. Eisner ne dessine pas ici des héros en collants moulants avec des masques, qui vont sauver l'Amérique. Il dessine des héros plutôt vieux, plutôt laids avec des vieux fringues froissés qui vont sauver l'Amérique par leur abnégation et leur résilience. Quelle élégance dans le geste et dans le langage corporel. La page 32 où Rifke se relève presque en dansant, n'a ni besoin de texte ni besoin de tutu pour nous la présenter en danseuse étoile. De même son utilisation des ombres et lumières intensifie les effets dramatiques comme dans la séquence où Rebecca annonce son état à Elton et attend sa réponse vitale. Eisner ne sait représenter que des étoiles lumineuses dans cette "Life Force", force qui nous anime.
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