Bernard Lermite
Un regard posé sur la fin de la société des années 70...
Echo des Savanes Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs El Vibora La Comédie Urbaine
Bernard ?... C'est un gars un petit peu "enrobé", la tête surmontée d'une mèche rebelle. Bernard ?... Il ne fait rien. Vivant chez son père assez fortuné, il se balade dans la vie ; tout en ne sachant que faire de ses mornes journées. Ses nuits ?... Il les passe à concrétiser ses (pourtant nombreuses) conquêtes féminines. Bernard ?.. C'est un fils de bonne famille ; bien éduqué au demeurant, et qui vit des historiettes futiles bien qu'amusantes...
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Date de parution | Janvier 1979 |
Statut histoire | Une histoire par tome 7 tomes parus |
Les avis
Je ne suis pas un amateur inconditionnel de l'œuvre de Martin Veyron. Celle-ci a eu une part de succès dans les années 80. C'était une époque de déconstruction des modèles issus de l'après-guerre. Peu ou pas de décors ni de couleurs, monsieur Veyron propose un dessin que je trouve sans profondeur ni relief. La sexualité féminine pseudo libérée est une ligne de force de son œuvre. En contrepoint il propose le personnage de Bernard Lermite, éternel adolescent pour qui le mot engagement est un gros mot. Il s'en suit une suite de(bonnes) aventures au gré du vent sans vraiment plus d'intérêt que le coup d'un soir. C'est une époque où un scénariste de renom (Veyron) pouvait faire dire à un petit Africain " Venez bwana, c'est paw là..."(p21)ou à un Japonais "Si l'honoLable monsieur..." (p10). J'aime bien la bande dessinées qui nous renvoie à nos errements passés même si aujourd'hui c'est insupportable!!
Je me suis intéressé à cette série après consultation des avis car j’espérais trouver chez ce Bernard Lermite un héritier ou du moins un cousin germain de Charles Bukowski ou des personnages oisifs d’Albert Cossery. Alors certes, cet homme est un je-m’en-foutiste de première, un traîne-savate doublé d’un fainéant, quoique ce ne soit pas tout à fait vrai qu’il ne travaille pas car s’il est bien un fils à papa on le voit parfois dans certains épisodes en tant qu’employé ou demandeur d’emploi. Toutefois, son côté bourgeois m’empêche de le percevoir totalement comme un marginal. Des personnes sans emplois qui cherchent à s’en sortir, à se bouger, cela existe bien évidemment. Tout comme il existe également des gens qui n’en ont rien à carrer de ce que vous pouvez penser d’eux, surtout quand c’est du mal, et pour qui passer la majorité de leur temps à travailler ne les intéressent aucunement. Ne dites pas de Lermite que c’est un parasite, lui se définirait plutôt comme un actionnaire qui vit de ses rentes. Ce type de personne existe bel et bien, et je trouve que cette BD a au moins le mérite d’exister, de nous rappeler à eux. Martin Veyron est très fort car il y a un vrai propos derrière l’image de ce paresseux lubrique infantile, c'est aussi une critique sur le fonctionnement de notre société qui pousse les individus à devenir de stupides moutons con-sommateurs et à s’écraser les uns les autres pour « réussir ». Bernard Lermite est un déphasé en rupture avec la société qu’il regarde avec un œil blasé, souvent cynique, personnage totalement dépourvu d’ambition professionnelle, c’est quelqu’un qui a baissé les bras et qui a décidé de se laisser couler par la vie, dénigrant le regard des autres. Avec ses penchants pour l’alcool, les femmes faciles, sa grosse bedaine tombante et les journées passées à rester improductif, il m’a rappelé Bukowski tant sur l’aspect spirituel que physique. Les albums sont découpés sous forme de nouvelles avec une certaine philosophie penchant vers l’absurde et où notre « Oblomov » national vit des aventures complètement invraisemblables et grand-guignolesques mais il se trouve toujours en décalage avec son environnement. On est en plein récit camusien dont par ailleurs il me semble avoir reconnu les traits caricaturés sous le philosophe qui accompagne Bernard, alors en pleine réflexion existentielle dans une nouvelle du tome 1. Mais honnêtement on se lasse vite, non pas de la verve toujours aussi marrante, mais par la répétition de ces minis histoires absurdes et plus barrées les unes que les autres. Il ne s’agit pas d’une histoire où l’on suivrait un type dépité par sa condition et où l’on aurait droit à tout un tas de monologues introspectifs, ce à quoi je m’attendais plus ou moins. Mais heureusement Veyron fera évoluer son personnage vers quelque chose de plus intéressant dans le dernier album. L’aspect critique de l’œuvre se fait d’avantage ressentir, atteignant son point culminant, où Bernard passe de l’homme conspué et insupportable aux yeux des autres, à celui de modèle à suivre glorifié par ses semblables. Il ne fait toujours rien, ne produit rien, mais met tout le monde d’accord sur le fait qu’il est génial. Bref, c’est la première vraie vedette de téléréalité. Excellent ! Certains passages sont très drôles de par le ton employé et les répliques acerbes, comme dans le tome 7 où Lermite toujours aussi inactif, provoque une manifestation de chômeurs jaloux de sa condition : « … stariser un inactif dans un pays qui compte trois millions de chômeurs, c’est ajouter la jalousie à la détresse… en plus, l’est même pas chanteur ! ». Au final je ne comprends pas trop ce rejet des lecteurs. Car quelle grande différence y a-t-il entre Gaston Lagaffe et Bernard Lermite ? Peut être est-ce le fait que l’un est un paresseux contraint et forcé d’exercer un emploi qu’il déteste (et sûrement que cela attire la sympathie de certains qui peuvent s’identifier à lui), tandis que l’autre est un glandeur qui s’assume, ce qui ne manque pas d’attirer sur lui la jalousie de personnes qui dans le fond envient sa situation ? Je préfère ne pas évoquer le dessin qui pourrait m’amener à revoir ma note tant celui-ci s’éloigne de ma zone de confort.
Encore une série typique des années 80 qui trimballe son lot de pseudos réflexions existentielles. Je trouve tout cela d'une vacuité absolue. Au même titre que se pauvre Bernard, pendant ma lecture, je erre d'une case à l'autre sans bien capter tout se qui se passe. Alors passer mon temps a suivre les pérégrinations d'un mec qui ne fait rien, qui s'emmerde à longueur de temps j'avoue que c'est pas mon truc. Si au moins cette vacuité disait quelque chose. Alors si peut être, un reflet des années 80 dans un milieu Parisien bien précis, mais n'ayant pas connu ce type de milieu peu être me manque t'il des bases, des codes. En même temps vu la vie du gaillard et celles qu'il croise je ne regrette rien. Uniquement pour nostalgiques de cette époque qui devenus vieux auront ainsi leur petite madeleine de Proust (qui lui avait un autre talent pour décrire, entre autre, la vacuité de l'existence).
A première vue, ce personnage est assez proche de Luc Leroi, création de J.C. Denis en 1980. Tous les 2 sont des anti-héros et tournent constamment autour des femmes. La différence s'arrête là, Lermite ne ratant pas tous ses plans. De plus, c'est un fils à papa glandeur qui fuit les responsabilités, un cossard désinvolte, un hurluberlu maître de l'absurde, une tête à claques à qui on aimerait botter le cul pour qu'il se décide à travailler ou exercer une activité intéressante. Il passe son temps à s'ennuyer, à dormir, à draguer les filles, parfois, il en met une dans son lit, prend un plaisir vite oublié et passe à autre chose. Lunaire, distrait, désoeuvré, peu susceptible et jouant les indifférents ou les blasés, il est franchement horripilant dans ses attitudes et ses frasques, mais aussi très amusant dans son décalage avec les gens qui parfois le méprisent. Les femmes ont souvent le beau rôle et se jouent de lui, mais comme il se fout de tout, ça ne lui fait rien. Cette Bd très contemporaine où Veyron, en bon observateur de notre société, capte bien les courants à la mode des années 80 et ses différents acteurs, se livre à une critique souvent cruelle de l'univers parisien, servie par un humour en demi-teinte et qui peut être subtil, où le thème central est toujours le sexe, mais habilement suggéré. Tout ça va bien un moment, mais à la longue, ça me lasse un peu, on ne s'attache absolument pas au personnage principal, c'est une vraie tête de con qui finit par agacer et qu'on peut lâcher sans regret. Mais c'est bien d'en lire un album ou 2 pour approcher cet univers factice dont le graphisme adroit de Veyron accentue la drôlerie des personnages.
Il y a aussi des afficionados de Lermite ! Par exemple moi. Lermite est un personnage intelligent et tendre, encore prisonnier de sa naissance bourgeoisie mais parfaitement libéré d'esprit de compétition. Il est inadapté au monde de winners qui s'impose, mais sa manière ou sa philosophie trouve toujours miraculeusement son chemin. L'humour des mots et des situations ne reste jamais potache bien longtemps. Passionnant de voir les premiers albums, un dessin encore assez fanzine au regard de son évolution ultérieure.
Les lecteurs découvrent la série dans l'Echo des Savanes de Juin 1977. Bernard ?... Ce n'est pas un héros... et encore moins un anti-héros. Il n'est (aux yeux de la société) : rien ! Il passe son temps à faire la sieste et à regarder, disserter parfois, sur la société dans laquelle il vit. C'est tout ?... C'est tout !... Néanmoins, avec ce postulat de départ bien mince, Veyron va transformer ce "blasé de naissance" d'une sorte de caricature originelle à un personnage un rien plus adulte, plus réaliste aussi. J'avoue que ces "non-aventures" ne sont pas ma tasse de thé. Déjà que le graphisme me crispe un peu (chacun ses goûts) par une mise en page un peu fade, sans relief(s) réel(s). Mais alors, suivre -au jour le jour- un gars qui se balade, se repose, drague, pour devenir une sorte de "conquérant de l'inutile"... Un, voire deux albums, ça va... beaucoup plus, et bonjour l'ennui. Non pas que cela me déplaise, mais je ne retire rien de concret. Ayant vécu la fin de ces années 70, on était en pleine période disco, je peux affirmer que je ne m'y suis pas ennuyé !... Une série inutile ?... Non, loin de là ; mais le regard porté par l'auteur (qui allait alors aborder la trentaine à cette époque) me semble un peu "à côté de la plaque". Les albums : Si vous aimez cette série, tant mieux, vous vous y retrouverez facilement. Pour les "non initiés", c'est un vrai chemin du combattant. Editions du Fromage : albums 1 à 4. E.O. de 1979 à 1981. Editions Dargaud : Album n° 5. E.O., de 1982. Ed. Futuropolis : 1 album, numéroté "1". E.O. de 1980. Ed. Albin Michel : 7 albums, de 1981 à 1993, numérotés 1 à 7. Les 5 premiers sont des rééditions. Les n° 6 et 7 sont des E.O. Albin Michel "sort" également une "intégrale" (2 tomes) en 2001. Editions "J'ai Lu Pocket" édite également quelques opus de 1988 à 1992. Sans compter des rééditions de rééditions -AVEC NOUVELLES COUVERTURES- et tirages de tête. C'est vrai que c'en est un vrai, de "tirage" de tête pour s'y retrouver ! In fine : une série "pour rien" ?... Non, mais pour quoi alors ?...
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