Fun Home - Une tragicomédie familiale (Fun Home: A Family Tragicomic)
Will Eisner Award 2007 : Best Reality-Based Work. Livre autobiographique d'Alison Bechdel sur la découverte de son homosexualité et sur la mort de son père. Entre secrets de familles et de nombreuses références à la littérature.
Autobiographie Gays et lesbiennes Mon père, cet inconnu Secrets de famille... Will Eisner Awards
Bruce Bechdel enseigne l'anglais dans une petite ville de Pensylvanie tout en dirigeant un petit salon funéraire le Fun Home. C'est un homme tyrannique dans ses choix esthétiques qui exerce une forte emprise sur sa femme et ses enfants. L'histoire se passe dans les années 70, Alison apprenant la mort de son père se lance dans un flash-back saisissant où elle essaye de reconstrituer son passé. On la voit affirmer son homosexualité et découvrir celle de son père. Alison essaye de comprendre la mort de son père qui a tout l'air d'un suicide. Elle ne peut s'empêcher de croire qu'elle a quelque chose à voir avec cet acte.
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Date de parution | Octobre 2006 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Une autobiographie centrée sur la relation complexe entre Alison Bechdel et son père, avec une narration qui revient sur leur vie commune, marquée par des secrets et des non-dits. À travers le prisme de la littérature et de leurs parcours respectifs, l’album montre comment ces deux personnages ont tenté de se comprendre malgré la distance qui les séparait. Le récit est en grande partie introspectif, avec un rythme assez constant et lent, et une ambiance plutôt froide. Le style graphique est sobre et figuratif, sans artifice. Les personnages sont souvent représentés avec une froideur qui renforce le malaise latent de l’histoire. Le ton général du récit est assez monotone, mais c’est maîtrisé de bout en bout. Les nombreuses références littéraires — moyen utilisé par les parents pour simuler un dialogue inexistant — sont omniprésentes et viennent accentuer la prise de conscience progressive d’Alison sur les anomalies de son enfance. Le récit introspectif, ponctué de réflexions personnelles, peut décourager certains. C'est riche mais j'avoue avoir trouvé cela assez monotone et parfois un peu long, on a l'impression de s'enliser avec eux. C'est une réflexion complexe sur la famille, l’identité, et les secrets qui façonnent une vie. Le résultat est un album introspectif, vraiment honnête mais que j'ai trouvé quand même un peu long personnellement.
Une chronique familiale très bien écrite sur les parcours "en miroir" d'un père et de sa fille ainée, leurs difficultés à communiquer les forçant à traduire leurs ressentis de manière inconsciente et, fatalement, à multiplier les actes manqués jusqu'à ce qu'une révélation tardive amène une réinterprétation complète de leur rapports passés -et une lumière nouvelle sur les raisons des choix de vie des deux. Le ton est très original ; surtout part l'extraordinaire des parallèles entre eux. Aussi : les nombreuses références littéraires (biais commun aux deux parents pour simuler un dialogue autrement inexistant) qui soulignent les prises de conscience de la fille au sujet des anomalies manifestes qui ponctuent, au sein de cette famille complètement assujettie au malaise existentiel du père, son enfance et son adolescence. Le graphisme est naïf et figuratif, sans aucune tentative d'embellissement : les traits des personnages trahissent tout du long un même mal-être très dérangeant, renforçant l'efficacité avec laquelle Alison Bechdel exprime ses affres et ses accomplissements jusqu'à l'âge adulte. C'est parfaitement égal et maitrisé, de la première à la dernière page (... 240 !). Peu familier de la formule, j'ai trouvé ce témoignage plutôt réussi car sans aucun effet ni artifice, et aussi remarquablement bien rythmé. Un très beau travail d'écriture qui -légèreté très bienvenue étant donné le propos tristounet- profite néanmoins agréablement de sa si "facile" mise en images. Profond et adaptable à de nombreux autres contextes familiaux -donc utile. À lire si on aime les témoignages personnels.
J'avoue que je ne comprends pas bien les autres avis (d'où mon avis vu que je ne viens quasiment plus sur le site :) ), vu que fun home est un vrai coup de coeur pour moi... j'ai trouvé cette histoire passionnante d'un bout à l'autre. Peut-être que le fait que le point de vue soit féminin a aidé, en tous cas je me suis sentie dès le début impliquée dans cette histoire et proche de la narratrice. Et voir petit à petit au fur et à mesure réinterpréter son enfance et son adolescence à l'aune de la révélation de l'homosexualité de son père, et de montrer comment en filigrane ce sont les pressions sociales qui l'ont au final rendu étranger à sa famille, et quel désastre cela a été pour tous, n'est pas une histoire que j'ai souvent lue. Et là je l'ai trouvée très finement analysée. Les quelques réflexions féministes qui parsèment le bouquin m'ont beaucoup plues aussi, les anecdotes sur sa puberté aussi. L'aspect "reportage" sur une certaine époque, et notamment sur la façon dont étaient perçus les homosexuels et comment ils se débrouillaient, était passionnant en soi, aussi. J'ai aimé le ton, aussi - factuel, non dénué d'humour, et refusant l'émotion facile. Une excellente BD, en ce qui me concerne.
Un roman graphique au sujet sérieux, intimiste et assez introspectif qui aurait pu m'ennuyer car ce n'est pas ma tasse de thé. Mais le sujet est intéressant et bien mis en scène. Il s'agit en effet de présenter comment un père très renfermé et maniaque a pu gâcher la jeunesse de ses enfants et comment finalement tout cela s'explique par la vie qu'il s'est imposée malgré son orientation sexuelle, et surtout comment sa fille qui n'a jamais su se sentir proche de lui finit par s'en rapprocher aux tous derniers instants de sa vie. La présentation est un peu morne et aurait pu me rebuter. Les personnages ont l'air presque en permanence dépressif (ce qu'ils ne sont pas loin d'être en vérité). Le récit est très intimiste et assez bavard, sans que le rythme accélère jamais. Mais la narration est bonne et a réussi à maintenir mon intérêt. Le fond du récit est en outre très instructif. On y voit à quel point le comportement très particulier d'un père peut rendre névrosés ses propres enfants. Et ce comportement, qu'on trouve plutôt psychotique au départ, se révèle découler très logiquement d'une situation intime qui ne laissait guère d'autres choix finalement (à part peut-être à la mère qui donne l'impression d'avoir gâché sa vie en connaissance de cause). D'autant que la découverte par le lecteur de cet état de fait se fait en parallèle de celui par l'auteure et narratrice de sa propre homosexualité. Ce type de récit autobiographique et intimiste en rebutera certains et j'aurais pu en faire partie, mais il est intéressant et bien mené et a su capter mon intérêt jusqu'à sa conclusion plutôt optimiste.
Fun Home est déconcertant et je suis tiraillé entre 2 sentiments. Féliciter l'auteur pour ce travail où elle dépeint la vie d'une jeune femme qui s'est construite complètement hantée par le souvenir d'un père. Celui-ci se révèle bien plus proche d'elle qu'elle ne le pense. D'un autre côté je me sens étranger à cette histoire qui est vraie même si romancée certainement. Je n'ai pas envie de rentrer dans cette intimité limite psychanalyse d'une lesbienne en émoi. D'ailleurs j'ai eu du mal à rentrer dans cette histoire, la commençant à peine pour ne la terminer que des mois plus tard. Mais ce retour m'a accroché car j'ai bien aimé découvrir la face cachée du père qui est un personnage très charismatique dans cet album. Un véritable esthète attaché à la littérature et exigeant avec ses enfants. Il a une part sombre qui fait scandale dans la petite ville quand il fraye avec le babysitteur. Le dessin est bien réalisé, il n'éveille pas plus de passion que cela mais c'est secondaire. Je me rappelle avoir glané ce roman graphique dans les bacs d'occasion alléché par une quatrième de couverture dithyrambique, ce n'est pas la pépite escomptée mais au global un bon 3 étoiles quand même pour ce Fun Home.
Ouais, bof… L’histoire est nombriliste au possible, et racontée sur un ton monotone et décousu qui m’a ennuyé. La vie du narrateur n’est pas passionnante, à l’image des longs passages basés sur son journal intime (franchement, ca vous intéresserait que je vous raconte les banalités de mon journal intime écrit quand j’étais gosse ? Oui ? Je n’en ai pas écrit de toute façon :)) L’ensemble ressemble finalement plus à une analyse psychologique d’une situation familiale qui ne me regarde pas et ne m’intéresse pas. Ajoutons à cela une utilisation de mots super compliqués complètement artificielle (dans la VO tout du moins) qui donne un faux coté intello à l’ensemble qui m’a beaucoup énervé. Que la BD s’élève au dessus des histoires trollesques remplies de filles aux gros seins, je suis d’accord, mais attention à ne pas trop en faire quand même. Bref, il y a beaucoup mieux dans le genre : L'Ascension du Haut Mal, Blankets - Manteau de neige, Persepolis… Voir aussi notre thème Autobiographie.
Curieux album qui mélange secrets de famille, enfance gothique, anxiété sexuelle, grande littérature et déchirures cachées... Le postulat ?... L'auteur -elle s'appelle Alison Bechdel- est orpheline d'un père qui -pour elle- est une énigme. Elle fait alors le portrait de cette personnalité complexe qui lui parle -tel un miroir- mais sans jamais vraiment lui adresser la parole. Leur "dialogue" s'établira pourtant au travers de la littérature -dont celle de Marcel Proust- et d'une sorte de "compréhension sexuelle". J'ai ici eu affaire à une autobiographie familiale qui évoque la révolution sexuelle de la fin du 20ème siècle (en France, après "Mai 68" disent certains) : l'homosexualité dévoilée au grand jour. Et après ?... ben, pas grand chose. Je ne suis vraiment pas attaché aux pas ou au soliloque d'Alison, déçu -en cela aussi- par un dessin minimaliste (au trait net, certes) mais peu convaincant, peu attachant. Un album, une histoire pour rien ?... Non, pas vraiment. Mais, sincèrement, Alison et ses problèmes n'ont fait que passer dans mon esprit. Et elle est déjà bien loin...
Cette histoire présente certains évènements de la vie d'Alison Bechdel mais ce n'est pas vraiment autobiographique, en fait, au travers de moments de sa vie familiale sclérosée, l'auteur raconte surtout la relation qu'elle entretient avec son père. Une relation spéciale et assez ambivalente, même si il y a quelques points d'accord entre ces deux personnages. Le ton employé sur l'ensemble du récit est froid, comme si l'auteur voulait retranscrire les faits avec une certaine distance, un parti pris qui rend l'ensemble monotone. Ce livre semble interminable, il y a de nombreuses répétitions. Le style narratif se révèle aussi sophistiqué que soporifique. De nombreux détails inutiles sont donnés, beaucoup de préoccupations humaines banales sont étalées sur des pages entières, cela renforce peut-être l'authenticité, mais pour ce qui est de susciter un peu de passion chez le lecteur, on repassera... Au fil des pages l'intérêt pour cette histoire ne cesse de faiblir, de plus le thème abordé n'est pas vraiment nouveau, ce récit s'avère finalement n'être qu'un exercice nombriliste un peu vain. Pour ce qui est des dessins, il n'y a pas grand chose à en dire, le trait est clair sans être trop travaillé. Fun Home est pour moi une BD bien décevante, au propos mou et superficiel que l'on peut ignorer sans problème. JJJ
C'est un des livres qui fait parti des plus déroutants que j'ai lus. Alison Bechdel est une militante de la cause lesbienne aux Etats-Unis. Son livre a été célébré par les critiques américains comme le roman graphique autobiographique le plus fort depuis Maus de Spiegelmann. Alison s'interroge sur la mort de son père, renversé par un camion. Cette mort a tout d'un suicide. Grâce à un flash-back, on découvre ce père tyrannique, esthète, qui place au plus haut degré la littérature et l'architecture. Cependant, cet homme est un être complexe qui a des relations avec des hommes plus jeunes que lui, au grand désespoir de sa femme. Alison établit d'ailleurs un parallèle entre la découverte de son homosexualité et celle de son père. Elle est l'homme, il est la femme. Les références à la littérature sont nombreuses : Ulysse de James Joyce, Colette, Marcel Proust et son personnage d'Albertine dans la recherche du temps perdu. Le livre est dense et nous permet en filigrane de découvrir la face cachée de l'Amérique : les années Nixon, le Watergate. Le puritanisme est présent, incarné par la mère d'Alison, femme blessée et outragée par les frasques de son mari. Les allégories sont nombreuses comme celle du serpent qui revient plusieurs fois. La construction narrative est assez complexe, alternant passage au présent et retour en arrière. Alison Bechdel signe un ouvrage très intéressant, déconcertant par moment, subversif très souvent qui n'est pas sans me rappeler l'excellente série Six feet Under.
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