Modeste et Pompon
Modeste et Pompon sont deux amis.
Franquin Goscinny Greg Journal Tintin Les chieurs
Il y a aussi Félix, qui tente toujours de vendre tout et n'importe quoi à Modeste, le voisin : prototype du gros chieur pas méchant et les 3 neveux...
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Date de parution | Octobre 1958 |
Statut histoire | Strips - gags 8 tomes parus |
Les avis
Je ne peux nier que l'effet nostalgie de mes jeunes années journal Tintin est pour une part dans mon appréciation de la série. Et il y a deux difficultés pour que j'exprime mon avis sur Modeste et Pompon : les reprises par d'autres auteurs qui, du coup, rendent la série inégale et, même en se concentrant sur la période Franquin, la tentation de la juger à l'aune de ce parangon d'humour qu'est Gaston. Essayons quand même, bien que, même si j'en ai lu beaucoup dans la revue et que je possède pas mal d'albums, je ne crois pas connaître l'intégralité des gags. Par où commencer ? Il s'agit d'un presque « family strip », mais Modeste et Pompon ne vivent pas ensemble, rien ne permet de supposer qu'ils se « fréquentent » comme on disait à l'époque (c'est dans un journal de jeunes, voyons !) mais sont adultes et vivent chacun chez soi dans le même quartier, plutôt pavillonnaire (la banlieue de Bruxelles ?). Pompon est quand même bien souvent chez Modeste dont l'intérieur délicieusement typé seventies est le théâtre principal des opérations. Dès les premiers albums, on reconnaît les qualités que Franquin sait insuffler à cette série. Pour commencer un dessin expressif au possible, une petite merveille de dessin parfaitement adapté à une série d'humour. La galerie de personnages est variée à souhait et s'étoffe au fil du temps. Les gags se concentrent au début surtout sur le couple éponyme et le personnage délirant, bien qu'un peu râleur et surtout satisfait de sa personne, est Modeste lui-même. Mais rapidement le troisième comparse Félix apparaît et devient le trublion de la troupe, préfigurant Gaston. Les trois neveux, l'oncle Symphorien, les voisins Ducrin (ersatz de Lefuneste) et Dubruit ( modèle Séraphin Lampion) viennent enrichir ce petit monde de leurs personnalités bien trempées. Les gags sont à la fois variés et répétitifs, comme sait les fabriquer Franquin, et qu'il fera si bien dans sa série principale. Variés car en plus de son imagination débordante, quelques autres viendront lui prêter main forte, et non des moindres, Greg et Goscinny pour les voisins par exemple, excusez du peu ! Et répétitifs : à l'instar du gaffophone ou des contrats de Demesmaeker, il y aura le coq Jules, l'agent de police, les facéties des enfants, … et surtout les trouvailles diverses et variées de Félix. Ça, vous l'aurez compris, c'était pour la période Franquin. Après, je trouve qu'Attanasio s'en sort franchement bien : l'esprit de la série est conservé, le graphisme reste nerveux, chapeau. J'ai aussi deux albums de la période plus récente de Walli et Bom. Et là, on perd beaucoup à mon goût. L'inventivité n'est plus tout à fait là et les auteurs ont essayé de « rajeunir » la série. Le décor change un peu, mais surtout Pompon a dû troquer sa délicieuse robe vintage et chaussettes en tire-bouchon pour des jeans baskets, et elle perd ses pompons dans les cheveux. Je l'aimais bien moi Pompon, avant. Mine de rien, si elle était l'élément modérateur, elle avait quand même son petit caractère et savait remettre son monde à sa place. Là, c'est bête hein, mais c'est plus vraiment pareil, snif. Bon, … vous ai-je dit que j'aimais bien Modeste et Pompon ? Je viens de relire toute ma collection d'un coup. J'aime bien, presque autant que Gaston. Enfin pas tout à fait, mais presque presque autant.
Difficile de savoir ce qu'on évalue, quand on doit attribuer une note à Modeste et Pompon : est-ce qu'on doit mettre une note à toute la saga, ou est-ce qu'en fait, on ne note que la période Franquin, la principale et sans doute celle que tout le monde a lu sans forcément aller plus loin ? Pour ma part, même si j'ai lu un peu la période Attanasio et quelques gags de Godard, c'est très essentiellement à la période Franquin que j'attribue cette note, ne connaissant pas assez la suite pour savoir ce que j'en pense vraiment. Il faut dire que cette ère se suffit à elle-même, tant le futur créateur de Gaston Lagaffe y démontre déjà toute l'étendue de son talent comique. Comme on l'a déjà beaucoup dit avant moi, Modeste et Pompon incarne le stéréotype même de la bande dessinée comique des années 50-60. On y trouve tous les ingrédients des classiques de l'époque, de Boule et Bill à Achille Talon : un couple principal, lui impulsif et facilement sujet à la colère, elle spectatrice attendrie et amusée des déboires de son compagnon ; trois petits garçons qui ne ratent pas une occasion de faire un mauvais coup ; un voisin envahissant et un ami représentant de commerce qui se croit tout permis. Bref, de quoi faire un sacré cocktail ! Et de fait, Modeste et Pompon est un régal de tous les instants, en tous cas sous le règne de Franquin (auquel un certain Greg et un certain Goscinny viennent parfois prêter main forte). Les gags suscitent chez moi, presque à chaque page, une irrépressible hilarité, tant la chute parvient à être originale et assez souvent surprenante (certes pas toujours). Certes, on peut trouver que les personnages ne sont pas des plus attachants, mais je trouve que ça n'est pas le plus important pour une BD qui repose sur des gags d'une page. En revanche, l'alchimie entre tous ces personnages fonctionne à merveille, et crée des situations comiques imparables. Témoin d'une époque, Modeste et Pompon survit tout de même bien à son âge, et n'a pas vieilli comme d'autres séries des années 50 peuvent l'avoir fait. Elle tient toujours la route grâce au talent comique de Franquin, qui rôde évidemment ici les codes qu'il réemploiera par la suite dans son oeuvre phare, le cultissime Gaston Lagaffe. Mais pour autant, ce serait une erreur de juger Modeste et Pompon à l'ombre de Gaston Lagaffe, car même si, bien sûr, la saga est un (petit) cran en-dessous, elle développe quand même sa propre personnalité et son propre ton qui en font, non pas un brouillon de la plus grande saga de Franquin, mais une petite pépite tout-à-fait indépendante, qui se goûte pour ce qu'elle est : une série humoristique légère et bon enfant, qui atteint son but à merveille. Détendre et faire rire.
J'ai bien souvent ri avec cette charmante série de gags parfois dévastateurs qui annoncent ceux de Gaston Lagaffe, mais je l'ai découverte sous le crayon de Dino Attanasio, qui avec la période Franquin reste la meilleure ; celle de Franquin, je l'ai lue alors que j'étais déja plus âgé, et je ne la trouve pas si exceptionnelle que ça. D'abord graphiquement, elle était très moyenne, et il suffit de se rappeler les premières apparitions de Gaston qui elles aussi n'étaient pas au point, car n'oublions pas que "Modeste et Pompon" a été créée 2 ans avant. Le mérite de Franquin est d'avoir mis en place un univers qu'il a ensuite transmis à Attanasio. Cet univers lui a permis d'essayer des idées et des gimmicks qui lui serviront ensuite pour Gaston. Modeste et son ami Félix forment une fois de plus un duo dissemblable comme il y en a tant dans la BD, et qui sont en fait, les vrais héros de la bande, Pompon n'apparaissant qu'épisodiquement. 1ème idée à roder : Modeste est un employé de bureau, dont le directeur Mr Rugisson ressemble beaucoup au De Mesmaeker de Gaston (un type sérieux qui ne rit jamais). 2ème idée à roder : Modeste vit (ou plutôt pourrait vivre) paisiblement dans un petit pavillon de banlieue bien propret entouré d'un jardinet mitoyen avec celui de l'irascible Ducrin ; on a là le thème du voisin pénible qui sera exploité dans Achille Talon ou Marc Lebut et son voisin, mais ici, Ducrin est un petit vieux amer, rabougri et d'une méchanceté déprimante qui fait penser à ces ronds de cuir besogneux des administrations d'antan. 3ème idée à roder : les neveux de Modeste qui viennent troubler de leur espièglerie la tranquillité de Modeste ; ils seront remplacés chez Gaston par une ménagerie instable. 4ème idée à roder : il y a aussi un agent de police étrangement vêtu d'un uniforme à l'américaine ; une idée à creuser pour créer Lontarin chez Gaston. 5ème idée à roder : Pompon a un rôle secondaire, comparable à celui de M'oiselle Jeanne 6 ème idée à roder, et non la moindre : Félix qui s'apparente à Prunelle, sauf que les rôles seront inversés dans Gaston (le calme et gaffeur Gaston est suggéré par Félix, le vindicatif Prunelle est suggéré par Modeste). Mais Modeste n'est pas si méchant que ça, il est victime d'un prototype de casse-pied infernal aussi crispant que peut l'être le Séraphin Lampion de "Tintin" ; il est harcelé par Félix qui tente de lui fourguer des produits de mauvaise qualité qui générent des catastrophes. C'est bien-sûr cette opposition qui est la plupart du temps source de gags, bien que Franquin se concentre plus sur le couple Modeste/Pompon, où Félix est souvent absent. En 1961, Attanasio prend le relais et s'en sort fort bien en continuant dans la même veine, en utilisant certains rouages mis en place par Franquin, mais en concentrant les gags plutôt sur les 2 compères Modeste/Félix, et en offrant également comme l'a fait son prédécesseur une vision du design des années 50-60, surtout flagrante dans le mobilier. Graphiquement, il prouve qu'il est vraiment à l'aise dans la bande humoristique, son dessin est enlevé et bien mieux que dans ses bandes réalistes ; n'oublions pas qu'il a aussi crée Spaghetti. La plupart des gags, publiés généralement en dos de couverture du journal Tintin, étaient écrits par Lucien Meys ; je me souviens que c'était la première bande que je lisais avant d'ouvrir le journal. La série aurait pu perdre de sa qualité lorsqu'en 1968, elle arrive sous le crayon de Mitteï, mais elle connaît encore de bons moments, avec l'aide de Foal pour les décors et de Godard sur certains gags. Mais pour moi, ça n'a plus la même saveur, car on sent que Mitteï était plus à l'aise avec ses propres créations comme L'Indésirable Désiré. Après 1975, la bande est reprise par d'autres dessinateurs, elle s'étiole et c'en est fini. Voici donc une Bd qui se rapproche du family-strip bien qu'il s'agisse d'une fausse famille, et qui figure parmi les meilleures séries humoristiques du journal Tintin, à condition d'accepter le fait qu'elle est représentative d'une époque, celle des années 50 et 60. Mais aujourd'hui, elle n'est peut-être pas assez "mordante" pour les générations nouvelles. A tester donc pour les non-convaincus.
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