Juliette Jones - Juliette de mon coeur (Heart of Juliet Jones)
Un soap-opera américain mis sous forme de BD
Format à l’italienne
Nous sommes aux Etats-Unis, dans la petite ville de Devon. Y vit la famille Jones. Le père -Howard- un retraité de l'administration banquière, est l'observateur tranquille de la vie sentimentale de ses deux filles. L'aînée, c'est Juliette. La trentaine. Une fille "classique", lucide et réservée. La cadette, c'est Eve ; la vingtaine, blonde, exubérante, et qui collectionne les aventures sans lendemain. Mais c'est la vie de Juliette qui est mise en évidence. Après quelques péripéties, elle se mariera avec un juge d'instruction -Owen Cantrell. Elle deviendra maire de Devon où elle assumera avec sagesse -mais aussi un brin d'autorité- ses devoirs politiques.
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Date de parution | Janvier 1984 |
Statut histoire | Histoires courtes 2 tomes parus |
Les avis
Après les remous de la guerre apparut aux Etats-Unis une sorte de néo-romantisme qui s'est traduit par la prolifération des romans-photos. A la radio, à la télé et dans les comics, le genre soap-opera qui s'en inspire commence à inonder les foyers américains dans les années 50. Cette bande, "Heart of Juliet Jones" (francisée en "Juliette de mon coeur") créée en 1953 pour le KFS, fut le prototype le plus réussi et le plus accompli du soap, équivalent des feuilletons TV sentimentaux de l'époque comme Peyton Place ; le soap dans ce qu'il a de plus sirupeux, visant à réveiller le sentimental qui sommeillait en chacun de nous, ou plutôt la sentimentale, car cette série s'adressait presque essentiellement à un lectorat féminin. L'atout maître, c'est que c'était servi par le dessin superbe, clair, réaliste et ultra élégant de Stan Drake ; diffusée en strip de 3 cases dans plus de 600 quotidiens U.S. au cours des années 50, la bande fut ensuite diffusée dans le monde entier et eut une influence en Europe, où des millions de lectrices se sont passionnées pour les petits tracas de la famille Jones. De nombreux autres strips s'en sont inspirés ("Mary Perkins", "Apartment 3-G", "Friday Foster", Tiffany Jones" en Angleterre...). Le strip évolue au fil des années, Juliette épouse un riche avocat, devient maire de sa petite ville où elle se montre à la hauteur de ses devoirs politiques, tout en surveillant les aventures sentimentales de sa jeune soeur ; les épisodes se modifient, et les vicissitudes des personnages prennent plus d'importance. Véritable triomphe dans son genre, cette bande qui s'est poursuivie jusqu'en 1999, n'est parait-il jamais tombée dans la banalité, en dépit de ses sujets quotidiens bien construits, mais elle ne m'a évidemment jamais intéressé ; avec toujours mon esprit de découverte, j'ai pu lire les albums Futuropolis dans les années 80, mais c'était vraiment ce qui m'emmerdait le plus en BD, car c'est sans aucun doute le genre de bande le plus typé 50's dans son genre et la plus représentative d'une époque, d'un état d'esprit très ricain où tout était bien propret, bien clean et bien rangé, avant les affres du Viet-Nam et les malaises qui toucheront ensuite les States. Il n'est donc pas honteux d'en feuilleter quelques pages pour s'informer et ne pas rester ignorant, mais en dépit de son aspect documentaire très utile pour savoir comment on vivait à cette époque, cette bande est datée et faite pour un certain public des années 50.
Comme l'a si bien dit Ro, Juliette en elle-même est TROP lisse, trop bien, trop tout. Par contre, la petite soeur n'est pas triste dans son genre... Le graphisme est élégant, beau, très bon, très bien. Bô quoi ! L'histoire est bateau, convenue, gnangnan... Bref, il y a une sacrée distance entre le dessin et le scénario. En France, nous avons dans le même genre "13 rue de l'espoir". Même dessin élégant, mêmes historiettes ultra-classiques sans surprise avec plein de bons sentiments dans chaque case du strip. D'ailleurs, dans la préface, il me semble bien que les auteurs de "13" reconnaissent l'influence de "JJ". Honnêtement, moi, j'ai ces ouvrages dans ma collection parce que je suis assez fan de ce genre de graphisme, mais ç'aurait été écrit en Bouglouchtanais du Sud (très différent de celui du Nord), j'aurais quand même acheté.
Quel dommage qu'un dessin d'une telle qualité soit mis au service d'histoires aussi plan-plan. Le terme de soap opera s'applique parfaitement à cette série dont l'héroïne est une midinette dont les péripéties les plus graves sont des histoires de coeur la concernant elle ou son entourage. Elle, c'est la parfaite petite ménagère, la bobonne en tailleur strict et chignon serré qui pardonne toutes les offenses comme une parfaite chrétienne et sait que le seul vrai de devoir d'une femme est de s'occuper de son foyer, de sa petite famille et de ne jamais faire de vagues. A ses côtés, un papa probablement veut, gentil mais un peu mou, une petite soeur belle et énergique pour qui le terme chipie serait presque un euphémisme, et une suite de beaux hommes et de soupirants qui s'égrènent au fil des histoires courtes. Si le personnage de Juliette Jones pouvait paraître charismatique dans les années 50 puritaines, elle est d'une platitude et d'un ennui assez caricatural de nos jours. Tout l'intérêt vient donc plutôt de ses proches et notamment de la jolie petite soeur, même si celle-ci se fait on ne peut plus détestable dans la première histoire de l'édition Futuropolis. Mais malgré cela, le scénario des récits n'a guère d'intérêt ni d'originalité. C'est souvent très niais ou cucul-la-praline, et il n'y a pas d'humour où alors au second degré pour un lecteur actuel qui se gausserait de la façon de pensée de l'époque. C'est bien dommage car le dessin, lui, est superbe. D'un très grand classicisme dans le style comics de l'âge d'or, il est d'une technique irréprochable et je le trouve vraiment très beau. Ah, que j'aurais aimé voir le même dessinateur travailler sur un excellent scénario !
Une bonne série dont plus grand monde ne se souvient. J'ai noté "inclassable" car je ne sais vraiment quel genre lui convient ("chronique sociale" ?)... La famille Jones -et surtout Juliet(te)- débute sa carrière aux USA dans divers journaux distribués par le King Features Syndicate ; et ce dès le 9 Mars 1953. D'abord sous forme de strip quotidien, une planche dominicale est ajoutée dès le 2 Mai 1954. Gros succès d'un lectorat US qui apprécie le genre : des histoires à l'eau de rose, romanesques, qui voient et mettent en évidence une "petite américaine" gravir un à un les échelins de la réussite sociale. Le dessin de Stan Drake y est aussi pour quelque chose. J'apprécie vraiment son graphisme ; un trait net, précis, réaliste, qui joue magnifiquement des contrastes du noir et blanc. Les scénarios ?... romantiques, où le lecteur vit quasi au jour le jour les (fausses) péripéties de Juliette. En France ?... Connues sous le titre général de "Juliette de mon coeur", cette série fera l'objet d'un long suivi dans divers quotidiens tels "France Soir", "Ici Paris",... Les albums ?... Aucun dans le sens où l'on conçoit ce terme. Heureusement, Futuropolis a "sorti" deux recueils cartonnés en forme d'intégrale -en 1984- et qui reprennent les années 1953 à 1955. Bons ouvrages d'ailleurs. In fine : Julliette (de mon coeur) Jones ? Une vraie tranche de vie de "l'American Way of Life" des années 50. Une sorte de très long roman photos mis en BD. Ce genre de série, d'ailleurs, fera l'objet d'aventures de même style -en France, et à partir des années 50 également- dans les hebdos "Fillette", "Mireille" et autres parutions surtout destinées au public féminin.
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