Yossel
Un gamin dessine le quotidien vécu dans le ghetto de Varsovie...
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La Seconde Guerre mondiale... L'horreur du ghetto de Varsovie... On y découvre un jeune adolescent pétri de talent pour le dessin. Sa famille se retrouve enfermée dans ce ghetto sous la botte des soldats allemands. Yossel, pour "s'évader", s'arme d'un crayon et d'un morceau de papier. Il dessine, croque le quotidien de cette misère, de cette déchéance humaine. Il a un talent fou. Et ce talent, les bourreaux ne vont pas tarder à la repérer. Ce talent lui sauvera la vie, mais il ne pourra rien faire pour les siens. C'est la vie du ghetto. La mort quasi inéluctable. Les brimades. Les rafles organisées et puis, soudain, l'espoir fou. Mais vain...
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Date de parution | Janvier 2005 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Devoir de mémoire, avec un point de vue intelligent et sensible - Il s'agit d'un récit complet et indépendant de tout autre, initialement paru en 2003, écrit et dessiné par Joe Kubert. le récit est en noir & blanc, les dessins ne sont pas encrés. Le récit commence le 19 avril 1943, dans les égouts du ghetto de Varsovie. Yossel est un tout jeune adolescent qui fait partie d'un petit groupe de résistants juifs qui se sont rebellés contre l'armée allemande lors de l'épuration du ghetto. Il dessine pour passer le temps et pour divertir ses camarades. Il se souvient de sa vie d'avant, avec son père (un boucher), sa mère, et sa sœur dans la petite ville d'Yzeran en Pologne, alors qu'il avait déjà un don pour le dessin et qu'il se préparait pour sa bar-mitsva. Un jour les soldats de l'armée allemande sont arrivés dans la ville et ont demandé à toutes les familles juives de prendre leurs affaires pour se rendre dans un quartier de Varsovie, séance tenante. Au terme d'une marche éprouvante, ils se sont retrouvés entassés dans un petit quartier, à plusieurs dans chaque pièce. La vie s'organise tant bien que mal, dans la hantise des rafles opérées par les soldats (des individus emmenés on ne sait où, et que personne ne revoient jamais). Yossel bénéficie de quelques menus avantages parce que ses dessins divertissent les autorités allemandes. Un jour, il aperçoit un vieillard au regard fou dans une rue. Il le prend en charge et l'amène à une réunion de ses copains. le vieil homme raconte qu'il s'est échappé d'un camp de concentration où il était devenu un Sonderkommando. Un auteur de comics se lançant dans un récit de fiction mettant en scène une partie de l'Holocauste prend un vrai risque. Il s'agit d'un sujet qui ne souffre pas la médiocrité, or Joe Kubert n'est pas renommé pour la l'intelligence pénétrante des récits qu'il a réalisé tout seul, ou même avec un scénariste chevronné. Il explique dans l'introduction qu'il a eu l'idée de cette histoire en se demandant ce qui se serait passé si ses parents n'avaient pas pu émigrer aux États-Unis en 1926. À partir de ce point de départ qui ressemble à une fausse bonne idée (comme un jeu d'enfant "et si…"), Kubert met en scène un jeune garçon (de 2 ou 3 ans moins âgé que lui à la même époque) avec un don pour dessiner (comme lui, Joe Kubert). Au premier regard, la forme du récit provoque également un moment de recul. D'un point de vue esthétique, Kubert a chois de laisser ses dessins sans encrage, pas fini d'une certaine manière. Globalement le niveau de détail est satisfaisant, mais avec quelques images qui ressemblent quand même à des esquisses. En feuilletant rapidement l'ouvrage, le lecteur constate également que Kubert a opté pour des pavés de texte assez écrit, accolés à quelques images, 2 ou 3 par pages. C'est à dire qu'il ne s'agit pas d'une bande dessinée traditionnelle, avec des séquences d'action décomposées en cases. Enfin en lisant quelques pages, le lecteur constate que Kubert a choisi une approche un peu romancée, un peu éloignée des simples faits. Et pourtant… Et pourtant le lecteur commence calmement l'histoire, sa curiosité éveillée. Il découvre la situation de Yossel dans les égouts, et son don pour le dessin. Puis il passe à ses souvenirs à Yzeran, ce qui maintient la curiosité du lecteur. Malgré ce texte un peu romancé, l'intérêt subsiste : il comprend une part d'ingénuité, tout à fait légitime dans la mesure où l'histoire est racontée par un jeune adolescent. C'est cette même ingénuité qui rend l'histoire supportable car l'espoir subsiste. C'est toujours cette même ingénuité qui fait accepter le concept que les illustrations sont celles qui auraient pu être celles réalisées par Yossel lui-même. Or Kubert s'avère assez adroit pour que le texte et les images soient en phase et rendent plausibles l'existence de Yossel, et la véracité de ses souvenirs. Tout d'un coup, le lecteur est dans la peau de Yossel, et là l'indifférence n'est plus possible parce que lorsqu'un officier allemand déclare au père de Yossel qu'il n'y a pas lieu d'être inquiet et que c'est pour leur propre bien, le lecteur sait ce que dissimulent ces propos. En outre l'apparence un peu lâche des dessins permet au lecteur de projeter cette anticipation de ce qui va arriver, dans la mesure où ils ne figent pas les individus et la situation comme le feraient une photographie. Imperceptiblement, la situation de Yossel devient celle du lecteur. La même alchimie opère lors du récit du Sonderkommando qui a réussit à s'échapper du camp de concentration. Par ces caractéristiques, Yossel 19 Avril 1943 constitue déjà l'équivalent d'un bon roman capable de vous transporter dans l'environnement et la situation du personnage principal, sans que Kubert ne se repose sur des scènes chocs ou la description d'horreur pour provoquer la pitié. Mais petit à petit, cette histoire agit à plusieurs autres niveaux. Pour commencer, le point de départ et le don de Yossel en font le double de fiction de Joe Kubert. Au travers de son personnage, Kubert évoque ce don qui est celui de dessiner, et d'une manière plus générale, le don de créer. Il n'expose pas ses convictions religieuses, par contre il devient évident qu'il expose sa conviction que le don de créer constitue quelque chose de merveilleux dont tout le monde ne dispose pas et qu'il s'estime très heureux de l'avoir. Ce thème revient à plusieurs reprises dans le récit. La mise en abyme que constitue Kubert en train de raconter l'histoire au travers des images dessinées par Yossel signifie qu'au travers du personnage, c'est bien Kubert qui livre son point de vue sur ces faits historiques. S'il apparaît rapidement que Kubert s'est documenté de manière à ne pas raconter de bêtise, le récit ne se transforme pas en leçon d'Histoire, il reste un récit romanesque historiquement plausible, sans être superficiel. le travail de recherche de Kubert se remarque par l'absence d'incohérence historique, et par certains dessins qui rappellent des photographies d'époque. le point de vue de Kubert apparaît dans les jugements de valeur de Yossel et du rescapé du camp de concentration. le lecteur a la surprise de découvrir un point de vue pragmatique, avec une approche psychologique dénuée d'infantilisme. Il n'y a pas de sentiments exaltés, ou de noblesse d'âme trop pure pour être réaliste. Il y a bien une motivation de survie un peu simpliste, mais dans les rationalisations du survivant le lecteur ressent les horreurs vues et commises et une forme honnête d'expression de la volonté de vivre. À nouveau, en ne s'appesantissant pas sur les détails, les dessins transcrivent les caractéristiques principales de chaque situation avec une intensité encore plus vive. À nouveau, les descriptions donnent envie de vérifier par soi même la réalité historique de ce qui est décrit pour se faire une idée par soi-même. Alors que la nature du projet et les travaux passés de l'auteur pouvaient faire craindre une histoire simpliste et jouant sur la pitié, Joe Kubert réalise une histoire très personnelle, intelligente, adulte et débarrassée de tout manichéisme. Grâce au commentaire de Bruce Tringale (un grand merci), j'ai pu dépasser mes a priori négatifs pour découvrir un auteur intelligent mariant le fond et la forme pour un résultat qui accomplit son devoir de mémoire, qui emmène le lecteur dans des zones inconfortables, et qui l'oblige à penser par lui-même. Indispensable.
J'ai déjà lu un bon nombre de bd sur la Shoah qui décrivent l'horreur absolue. La guerre est une chose terrible mais le génocide marque l'ignominie absolue avant la destruction totale de notre planète dans une échelle malsaine des pires catastrophes humaines. Alors que Steven Spielberg avait décidé de tourner en noir et blanc à la surprise générale sa Liste de Schindler, l'auteur Joe Kubert fait le même choix au niveau de la bd. C'est vrai que la couleur n'a pas sa place tant c'est sombre et cruel. Le graphisme sera entièrement crayonné (non encré) et cela donne un bel effet à l'ensemble même si j'avoue avoir eu un peu de mal à entrer au début car un peu déstabilisé. Sur le fond, je suis resté sans voix car il y a une véritable force émotionnelle qui balaye tout. On pense également au film chef d’œuvre de Roman Polansky Le Pianiste qui traite du même sujet sur le ghetto de Varsovie. Pour le reste, j'avais déjà tout dit sur le fait que ce genre d’œuvre est d'utilité publique surtout pour la jeunesse au nom du devoir de mémoire. Il s'agit de faire en sorte que cela ne se reproduise plus jamais. Or, dans le monde et de nos jours, beaucoup de peuples votent de plus en plus pour des nationalistes prônant le retour sur soi et la haine des autres ou soutiennent des dictateurs. C'est plus que jamais d'actualité pour un monde meilleur et ainsi éviter le pire.
Joe Kubert conclue sa préface autobiographique par cette phrase : « C’est une œuvre de fiction basée sur un cauchemar qui a réellement eu lieu. » Il a hélas raison sur ce dernier point… Fils de parents juifs polonais ayant réussi à émigrer vers les Etats-Unis à la fin des années 1920, Kubert se demande dans l’introduction ce qui se serait passé si sa famille était restée en Pologne. Un peu comme les survivants des camps– à un degré moindre évidemment -, il se demande pourquoi il a échappé, lui, à cette horreur, au contraire de tant d’autres innocents. L’essentiel de l’album retrace la révolte héroïque et sans issue des derniers survivants du ghetto de Varsovie lorsque les Allemands ont décidé de le liquider. La seule parenthèse durant la montée de la tension n’apporte aucun air salvateur, puisque c’est un Juif échappé d’Auschwitz qui révèle l’horreur des camps de la mort à Yossel, le gamin personnage principal du récit. C’est en effet une fiction, mais sur le cauchemar qu’a été la Shoah, c’est sans doute la bande dessinée qui m’a le plus bouleversé. Bien plus que Maus par exemple. Kubert explique pourquoi il a volontairement pris le parti de n’utiliser que des esquisses, des crayonnés, en se privant de couleur. Son choix est justifié, car le résultat est vraiment plus que réussi et, même si ce n’est pas la priorité ici, cela met en valeur son joli coup de crayon. A lire, à méditer. Un coup de cœur pour un haut le cœur…
Est-ce réellement une BD ? Yossel est une fiction s'appuyant sur des faits réels. Elle traite du ghetto de Varsovie et des camps de concentration. Le dessin est fait de crayonnés et les textes sont tous en voix off. Je ne résumerai pas cette oeuvre car j'estime qu'il faut la lire. Le passage où le rabbin décrit ce qu'il se passe dans les camps de concentration, devenus des camps d'extermination, est impressionnant de justesse malgré le côté malsain et morbide. Ce one shot est avant tout historique et participe au devoir de souvenir. C'est à lire une fois dans sa vie, cette BD a la même valeur informative que l'exceptionnel documentaire " De Nuremberg à Nuremberg ". Une grosse claque...
Cette histoire est peut-être née d'une sorte de mauvaise conscience éprouvée par son auteur. On sait que Joe Kubert est issu d'une famille juive qui a fui la Pologne bien avant l'arrivée d'Hitler au pouvoir et qui a ainsi pu échapper à la déportation dans les camps. Avec cet ouvrage, Joe Kubert a imaginé ce qu'aurait pu être la vie d'un jeune garçon passionné par le dessin, dans le ghetto de Varsovie, et dont le talent a été rapidement remarqué, c'est à dire en fait sa propre vie. Kubert nous raconte ici la vie du ghetto au moment des premières déportations dans un camp de concentration. L'auteur nous raconte cette période au travers d'un angle relativement inédit puisqu'il s'agit de la résistance des habitants du ghetto face à l'occupant allemand. Pas de misérabilisme donc, pas de tonalité larmoyante dans l'histoire de Yossel, mais juste un acte de bravoure de gens qui résistent et préfèrent mourir en héros, dignement, plutôt que de courber l'échine face un ennemi dont ils n'imaginent même pas le sort qu'il leur réserve. En effet la vie des camps est relatée aux habitants juifs de Varsovie par un rabbin qui a pu s'en échapper. Mais ils ne parviennent pas à croire le récit du rabbin tellement l'horreur qui s'en dégage est grande. Au milieu de tout cela, il est un jeune garçon, Yossel, dont le talent artistique est rapidement repéré par l'ennemi qui lui commande alors des dessins. Cela lui permettra d'endormir la méfiance congénitale des nazis vis à vis des juifs et de commettre ses premiers actes de résistance. Le récit s'achèvera dans un combat inégal et par un dessin que Yossel ne pourra achever. Une histoire superbe à lire absolument pour tous les amoureux d'Histoire. Une histoire superbement mise en image par Kubert de manière très originale. L'auteur nous livre une facette de son talent jusqu'alors inconnue et bien différente de celle de l'auteur de comics. Ici pas de bulles ni véritablement de cases, justes des croquis qui pourraient être ceux de Yossel, et une voix off qui relate le déroulement des faits. Tout cela permet d'admirer la virtuosité artistique de Kubert au travers d'un récit très personnel et très juste. Une BD rare qu'il convient de posséder absolument.
Très bel album... Rares sont les ouvrages qui traitent avec autant de justesse et d'humanité de la Shoah. Joe Kubert n'a pas vécu cette catastrophe, mais il a construit son récit d'après des témoignages recueillis auprès de proches, mais aussi ses lectures. Le résultat est vraiment tétanisant. Il ne cache rien, ou presque, de l'horreur de la Solution finale, des camps, de la répression faite aux Juifs dans le ghetto de Varsovie. Réalisé sous forme d'esquisses -parfois très poussées-, son récit est un vrai document, qui peut prendre aux tripes. Cependant je n'ai pas été aussi transporté par ce récit que par Maus. C'est pourquoi ma note est légèrement inférieure.
Etonnant. Vraiment... Un opus à lire "à fleur de peau"... Avec son crayon gras, le père de "Sergent Rock" -une mégastar de la bande dessinée aux Etats-Unis- m'a littéralement plongé dans l'horreur du ghetto de Varsovie. Une oeuvre en noir et blanc aussi poignante qu'efficace. Ici, pas de voyeurisme ni de misérabilisme : juste un récit fort et juste. Edifiant même, pour la "jeune génération" qui -doucement- oublie (bien involontairement parfois) les véritables massacres organisés dont ont été victimes les Juifs au cours de la dernière guerre mondiale. Joe Kubert n'a vraiment plus rien à prouver et pourtant il parvient à atteindre un niveau graphique que je ne lui soupçonnais pas. Et là, c'est quelque chose qui dépasse les limites de la BD. C'est de l'Art. Je mets un 4,5/5. Très rare de ma part...
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