Figurec
Figurec est une société secrète dont l’activité consiste à louer les services de figurants professionnels pour apparaître dans les mariages, les supermarchés, les réunions de famille… Un jeune auteur de théâtre en mal d’inspiration apprend par hasard son existence. Il décide alors de recruter lui-même des figurants pour épater parents et amis et égayer une vie jusque là bien monotone.
Adaptations de romans en BD BD à offrir Fabcaro Les prix lecteurs BDTheque 2007 One-shots, le best-of Théâtre
Un jeune auteur de théâtre en mal d’inspiration apprend par hasard l'existence de Figurec, une société secrète dont l’activité consiste à louer les services de figurants professionnels. Il décide alors de recruter lui-même des figurants pour épater parents et amis et égayer une vie jusque là bien monotone. Il se retrouve alors enfermé dans son propre piège.
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Date de parution | 15 Février 2007 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
En retombant sur cette BD dans ma collection, je me refais une lecture et je cogite quelques minutes. Décidément, cette BD est excellente, et j'ai maintenant plus de bagage que lors de mon premier avis pour pouvoir dire qu'elle contient une excellente critique d'un système capitaliste. A la relecture, ça m'a frappé : cette BD, basée sur un livre de Fabcaro qui n'a pas encore connu le succès énorme des ses BD humoristiques et tragiques, est une lecture cruelle et tragique d'un monde capitaliste et ses dérives. L'histoire de cet homme seul, presque sans amis et sans amour, dans une société où l'ultraconsommation est valorisé, est le résultat d'un capitalisme libéral effréné. Figurec est l'entreprise des influenceurs par excellence, celle qui fait vendre et acheter. Un monde où l'amour devient denrée marchande, où parler librement est risqué, dans lequel tout coute cher, très cher. Une société de paraitre (aux yeux des autres, de sa famille notamment), mais surtout une société qui n'arrive plus à communiquer. C'est un monde qui rend malheureux, profondément malheureux, alors que se dévoile sa facticité. J'ai relu cette BD en ayant de très bon souvenirs, mais je la trouve encore plus désespéré aujourd'hui. Fabcaro a saisit une air du temps triste et solitaire, celle de ces gens piégés dans une société de consommation qui nous fait croire que le bonheur c'est d'avoir, de l'avoir plein nos armoires. Il comprend avant leur explosion le piège des réseaux sociaux : cette apparence qui prend le pas sur tout le reste, l'envie d'être parfait aux yeux de tout le monde, d'avoir la vie dont les autres rêves. Mais tout se paye ... C'est une BD réellement intelligente et qui montre qu'en 2006 se dessinaient déjà les germes de notre monde actuel. Avec près de 18 ans d'avance, il parlait de l'humain prisonnier d'un monde d'apparence, de consommation et de solitude. Si la BD est toujours aussi actuelle, c'est que nous n'avons vu ces penchants se renforcer encore plus, par de nouveaux outils modernes. Le dessin de De Metter renforce cette mélancolie sourde, ce ton acide et sombre d'une journée d'automne sans fin. Il ajoute au récit sa part de grotesque tragique, dans des gueules typées, des sourires faux et hypocrites, des gags potaches qui font le contrepoint du reste. Comme un polar grotesque et ridicule, Figurec est une manifestation de ce que Fabcaro développera ensuite avec humour dans ses BD : l'humain, la solitude, la consommation, la famille, le rêve du bonheur ... Sans jamais être tragique, il fait pourtant une véritable tragédie de notre monde. Et je suis impressionné aujourd'hui de la pertinence de son propos. Une BD qui m'avait marqué et me marque encore, une grande BD.
Les autres, de simples figurants dans ma vie - Ce tome comprend une histoire complète indépendante de toute autre. Il est initialement paru en 2007. Il s'agit d'une bande dessinée en couleurs, entièrement réalisée par Christian de Metter qui a adapté le roman Figurec (2006) écrit par Fabrice Caro. Le narrateur (son nom n'est pas indiqué) assiste à un enterrement, celui de Paul Giroud, une personne qu'il ne connaissait pas. Il trouve la cérémonie ratée, sans réelle émotion. Il y avait du monde, mais le curé n'était pas dans son meilleur jour. Il en a déjà assisté à de meilleurs. le soir, il va manger chez un couple d'amis, Claire & Julien, chez qui il dîne 5 jours par semaine. Julien lui montre sa dernière acquisition vinylique : un 45 tours de Jeanne Mas dédicacé. Claire a préparé du lapin à la moutarde. le narrateur avait fait la connaissance de Julien à l'occasion d'une brocante. le lendemain, il va manger chez ses parents. Dans les 2 cas, il indique à ses interlocuteurs qu'il ne souhaite pas parler de sa pièce de théâtre dont l'écriture avance lentement. Comme d'habitude il ressent une pointe d'agacement en se comparant à son frère cadet (marié à Anna) qui a beaucoup mieux réussi dans la vie que lui. Peu de temps après il assiste à une messe d'enterrement et il a la surprise de repérer parmi les présents un individu un peu rondouillard avec une moustache fournie et une calvitie bien avancée, monsieur Bouvier. À la fin de la cérémonie, Bouvier s'approche du narrateur, lui fait un clin d'œil et prononce un mot : Figurec. le narrateur évoque le comportement étrange de cet individu avec Julien, en transformant la scène, la plaçant dans une boulangerie. Son ami n'est pas très inquiet. Lors de l'enterrement suivant, cette fois-ci pendant la mise en terre, Bouvier vient à nouveau trouver le narrateur, lui parle de Figurec et se fâche pensant que le narrateur simule l'incompréhension. Il en parle à nouveau à Claire et Julien. Quelques jours plus tard, il rencontre à nouveau Bouvier dans les allées d'un supermarché. Il l'aborde et s'excuse de son comportement. Bouvier comprend qu'il y a méprise, mais donne rendez-vous au narrateur le soir même dans un troquet. Là il évoque sa carrière de 30 ans chez Figurec, ainsi que la fondation de cette entreprise, il y a 200 ans, par Roquebrun, un dissident de la grande loge maçonnique. A priori, c'est surtout le nom de l'auteur qui attire le lecteur vers cette bande dessinée. Christian de Metter est un bédéaste confirmé, ayant réalisé d'autres adaptations comme Shutter Island (BD) (2009) d'après le roman de Dennis Lehanne, et Piège nuptial (2012) d'après le roman de Douglas Kennedy, et des œuvres originales comme la série No body - Saison 1, tome 1 : Soldat inconnu (commencée en 2016). Il est vraisemblable que peu de lecteurs du roman de Fab Caro aient la curiosité de voir ce que ça donne sous forme de bande dessinée. De Metter réalise ses planches en conservant de légers crayonnés lui ayant servi à dégrossir le dessin dans la case, à assurer un bon niveau descriptif. Celui lui permet d'établir des contours un peu plus précis qu'à l'aquarelle, sans non plus donner une impression de dessins encrés peints, car la peinture écrase ces quelques traits de crayon. Il combine ainsi une apparence proche de la bande dessinée traditionnelle, avec un ressenti de spontanéité du fait de certaines formes un peu lâches. Il joue avec les possibilités de l'aquarelle en appliquant plusieurs couleurs dans une même surface, ce qui y amène à la fois de la texture et du relief, ainsi qu'un jeu sur la luminosité complexe. Pour une poignée de cases, l'artiste réduit le nombre de formes détourées au crayon pour une peinture plus impressionniste. Les 2 tiers de la première page sont occupés par une seule case qui montre la partie supérieure des stèles d'un cimetière avec des croix dépassant de 3 tombes. Au fond le lecteur devine les personnes venues assister à la cérémonie. le ciel bleu est à demi masqué par les nuages dont les bords deviennent progressivement gris. 2 pages plus loin, le lecteur découvre les étals d'une brocante sur le trottoir, puis au fil des séquences l'intérieur d'une église, l'appartement du narrateur, l'intérieur d'un café, une rue parisienne, un supermarché, un manège, etc. L'artiste a donc conservé une réelle dimension descriptive à ses dessins, montrant des décors variés et ben campés. S'il le souhaite, le lecteur peut également s'attarder sur quelques effets picturaux, que ce soit les verticales dans l'église qui ressortent à grands coups de pinceaux (page 7), ou la fluctuation des teintes d'un carrelage couleur terre (page 38). Lorsque la scène se passe dans un intérieur ou autour d'une table, De Metter prête la même attention aux accessoires : la présentation du lapin à la moutarde dans l''assiette (page 4), les reliefs du maigre repas du narrateur chez lui avec le pot de yaourt renversé dans son assiette (page 25) ou encore le bazar dans le tiroir de la cuisine de ses parents (page 41). En faisant la démarche d'adapter un roman, l'adaptateur se heurte à la difficulté de donner une apparence aux personnages et de rendre visuellement intéressants les dialogues souvent statiques. le lecteur apprécie tout de suite la qualité du choix des acteurs, de leur apparence, de leur morphologie. Sous réserve qu'il ne s'en soit pas fait une autre idée à la lecture du roman, il découvre un individu d'une trentaine d'années, avec les cheveux en pétard. De Metter sait montrer les émotions du narrateur de manière naturelle, ainsi que son évolution physique très progressive au fil du récit. le lecteur peut ainsi constater les conséquences psychologiques des épreuves et des révélations sur le narrateur, dans la manière dont il se laisse aller. Il est tout aussi happé par la personnalité graphique très cohérente de Bouvier, ce petit monsieur rondouillard, revêche, avec une touche de familiarité qui donne l'impression d'exister, de s'ouvrir progressivement, sans rien perdre de son côté abrasif, mais en retrouvant une attitude un peu plus constructive. Bien sûr, il tombe aussi sous le charme de Tania, l'employée de Figurec dont le narrateur achète des prestations de figuration participative à ses côtés. Les illustrations montrent une belle jeune femme naturelle, à la franche cordialité, à l'empathie sincère, à la chevelure vaporeuse dans la lumière du soleil, un très bel effet de l'aquarelle. le lecteur se prend à croire à l'existence de ces individus au jeu d'acteur impeccable. Ce casting intelligent est complété par une direction d'acteur très juste, ce qui fait que les scènes de dialogue s'élèvent au-dessus de l'enfilade de cases avec uniquement des têtes en train de parler. le lecteur se retrouve assis aux côtés des personnages, à les observer en train de parler, comme il ferait avec des proches. Il ne résiste pas à la petite mine que fait Claire quand elle propose son lapin à la moutarde. Il sent toute la hargne de Bouvier quand il s'adresse au narrateur en lui disant de ne pas faire le délateur. Lorsque Bouvier s'installe à la table de café, le lecteur se retrouve à l'examiner comme s'il était le narrateur en prêtant attention à ses mimiques, à ses petits mouvements, en cherchant par là-même à capter des signaux qui permettraient de se faire une certitude sur sa sincérité, sur la confiance à lui accorder, sur la véracité de ce qu'il raconte. Il se retrouve entièrement sous le charme de Tania (Sylvie) quand elle accepte de prendre un verre avec lui (enfin, avec le narrateur) après sa prestation, regardant la douceur de son visage, la manière dont la lumière joue dans ses cheveux. Il est tout aussi attentif aux émotions qui passent sur le visage de Julien au fur et à mesure que sa relation avec Claire évolue et qu'il annonce les événements survenus, au narrateur, pas très attentif ceci dit. En ayant travaillé son casting, l'auteur a su rendre les personnages crédibles et proches du lecteur au point de les faire exister et d'impliquer le lecteur dans les différentes conversations. Complètement impliqué dans les personnages, le lecteur se laisse emmener par l'intrigue. Il apprécie l'entrée en la matière, avec cet individu qui assiste aux enterrements d'inconnus et qui leur attribue un jugement de qualité. Il découvre la notion d'une société secrète où l'on peut louer des figurants pour enjoliver sa vie ou faire de la publicité subliminale pour un produit en le baladant dans son chariot. Il suit le narrateur utiliser ces services, en devenir dépendant, se prendre les pieds dans le tapis entre la réalité des comportements et la fiction mise en œuvre par ces figurants. Il est pris au dépourvu par la révélation finale que rien n'annonce. Au premier degré, l'intrigue part d'une idée originale et subversive, mais elle semble s'enfoncer dans un développement nécessitant un surcroît de suspension consentie d'incrédulité pour son dénouement. Dans le même temps, à la lumière de cette révélation, les thèmes développés gagnent en profondeur et en cruauté. En soi, l'idée de pouvoir enjoliver sa vie avec des figurants est originale et déjà pessimiste. Cela revient à se dire que pour avoir une vie avec plus d'éclat, plus intéressante, il suffit d'une transaction financière, d'acheter des prestations tarifées. Mais le récit gagne encore en cruauté quand le narrateur recourt à cette entreprise, et finit par être contraint de douter de la nature d'autres personnes qu'il croise, avec lesquelles il interagit. Elle gagne encore un degré de cruauté quand le narrateur essaye d'établir un contact réel avec l'un des employés qu'il a engagé. Il apparaît alors que la relation entre le client et le prestataire est faussé à la fois pour le client qui peut en venir à croire aux déclarations du figurant au premier degré parce qu'elles comblent un besoin affectif, à la fois pour le figurant qui joue un rôle qui ne correspond pas à sa personnalité. La cruauté devient totale quand la confusion s'installe chez le narrateur et que les employés de Figurec s'apparentent finalement aux autres personnes de notre vie. Même si nos relations interpersonnelles ne se font pas dans le cadre d'un contrat tarifé, l'auteur les considère sous la forme d'une transaction lors de laquelle chaque individu est contraint de jouer un rôle social, l'obligeant à respecter un certain nombre de règles explicites et implicites, l'empêchant d'exprimer sa personnalité profonde, nécessitant de la filtrer. À la lecture, la nature d'adaptation de cette bande dessinée ne se ressent pas, ou peu et elle peut s'apprécier pour elle-même. Christian de Metter réalise un travail époustouflant de création de personnages et de direction d'acteurs, les faisant exister avec une conviction épatante. Prise au premier degré l'intrigue bénéficie d'un point de départ original, et d'un déroulé chargé d'émotion, même si la fin semble sortir de (presque) nulle part. Néanmoins cette fin provoque un élargissement de la perspective des thèmes abordés, dressant un tableau très noir de la solitude, et de la nature profonde des relations interpersonnelles.
Tiens, il est amusant de voir que Fabcaro a presque (seuls 2/3 petits albums étaient parus chez La Cafetière avant) fait son entrée dans le monde du 9ème art avec une adaptation par un autre d’un de ses romans, alors que maintenant, devenu une « star » de la BD, certains de ses romans se voient gratifiés d’un sticker « par l’auteur de Zaï zaï zaï zaï »). Toujours est-il que c’est après avoir lu ce roman que j’en lis la version de de Metter. Les romans de Fabcaro (Fabrice Caro pour l’occasion), jouent sur un absurde difficile à retranscrire dans un autre médium (je suis d’ailleurs sceptique quant à la récente adaptation au cinéma du roman « Le discours »). Mais, à tout prendre, « Figurec » est sans doute celui qui s’y prête le plus. Et de Metter (avec son trait caractéristique, au rendu très « peinture ») s’est bien acquitté de ce travail, et son adaptation, malgré les inévitables coupures (qui rendent certaines transitions un peu brutales), est plutôt fidèle au roman (à part la fin, modifiée). Résumer l’histoire risquerait de spoiler le cœur de l’univers développé par Caro. Sur un sujet qui aurait pu partir vers une ambiance inquiétante, totalitaire à la 1984, il dérive au contraire vers quelque chose de pathétique et loufoque, un mélange réussi, avec des dialogues bien sentis, parfois parsemés de traits d’humour et de vacheries (autour du principe de la « claque », mais aussi autour des variétés des années 1980 par exemple). Note réelle 3,5/5.
Attiré par la présence de Figurec dans les immanquables du site, je me suis lancé dans sa lecture avec pas mal d’attentes. L’idée de départ est séduisante : une société privée et secrète propose un service de location de figurants pour toutes sortes d’évènements comme des mariages ou des enterrements. On découvre progressivement un monde factice et superficiel où collègues, amis et famille peuvent n’être que des comédiens payés pour donner le change. Je trouve que le scénario (tiré d’un roman de Fabrice Caro) n’exploite pas suffisamment le potentiel incroyable du concept de base. On sort trop vite du cadre réaliste pour basculer dans le psychologique et la paranoïa. Par ailleurs, la fin (riche en révélations) est trop vite expédiée et m’a un peu laissé sur ma faim. J’aime bien le graphisme de De Metter qui colle très bien à l’ambiance de la BD. Mais ne boudons pas notre plaisir, sans être un immanquable, Figurec est un bon album avec une thématique original et un joli traitement graphique. A découvrir.
Le dessin de De Metter n'est pas le point fort de cet album one shot mais le scénario vaut le détour et je ne peux que conseiller l'achat de cette BD. L'histoire m'a bien bluffé. On se laisse piéger dans ce monde de figurants. On s'identifie à notre pauvre héros malheureux et on passe avec lui de surprise en surprise. Dommage que le graphisme ne soit pas aussi poignant que cette histoire. Cela aurait alors pu mériter 5 étoiles.
Bien que je n'avais pas aimé le dessin de Shutter Island, j'ai tout de même lu cette autre adaptation du même dessinateur parce qu'il était dans les immanquables. Ici, De Metter a eu la bonne idée de mettre de la couleur ce qui fait que je vois très bien ce qui se passe dans 'Figurec' et donc ma lecture n'a pas été pénible. Pour ce qui est du scénario, l'idée de départ est très bien trouvée. Même si c'est un peu farfelu, on peut dire que Fabrice Caro exploite à merveille tout le potentiel de cette étrange société. Les comportements sont tout à fait crédibles et surtout les actions de héros qui feront en sorte qu'il tombera dans un piège d'où il ne peut pas sortir et qu'il a fait tout seul. Je suis tout de même un peu perdu devant les révélations finales. Je trouve ça génial, mais en même temps je trouve que l'auteur a voulu fait trop et que ce n'est pas crédible.
Ne connaissant pas l'oeuvre originale de Fabrice Caro qui est assez loin de mes lectures habituelles, c'est sans appréhension mais m'appuyant sur les avis positifs de ce site que j'ai acheté Figurec. A ma première lecture, pas très attentive je l'avoue, j'aurais eu tendance à mettre pas mal, voire un peu moins. Une lecture plus attentionnée m'aura permis de déceler les petites choses qui font de Figurec une BD franchement bien. Le dessin, premier contact pour moi avec De Metter, m'a convaincu. Celui ci, quoique pas très précis et se revendiquant clairement aquarelle, rend cependant une ambiance grisâtre de la vie de notre (anti-)héros. Les illustrations font aussi honneur aux visages des protagonistes, leur donnant des expressions réalistes. Le scénario n'est pas en reste, nous plongeant dans les tourments d'une "victime de la vie" comme on le devinera très tôt. Notre anti-héros découvrira alors le moyen illusoire de se fabriquer une nouvelle vie. Cela n'ira bien entendu pas sans conséquences, et ce sur les plans psychiques et relationnels. J'ai trouvé le récit très réaliste, n'en faisant pas trop pour montrer la déchéance du protagoniste. Je regrette cependant que le refus de la réalité ne soit pas un peu plus mis en exergue par un traitement graphique plus prononcé, lorsque la quasi démence de notre victime est à son paroxysme. Mais rien de bien grave au final, nous avons là une adaptation de qualité qui se paie en plus le luxe de proposer une fin légèrement différente, néanmoins meilleure que celle du roman, selon les dires de l'auteur himself. A lire.
Adapté d’un livre de Caro, ce Figurec m’aura bien plu durant la majeure partie de son intrigue. Le personnage central, confronté à une bien curieuse société maçonnique, est joliment décrit. Artiste désabusé et complexé, il assume brillamment le premier rôle de cette histoire, à laquelle les nombreux seconds rôles assurent une belle densité. L’idée de départ a déjà été exploitée par d’autres auteurs. Elle reste cependant suffisamment rare pour conserver une certaine originalité. Une originalité ici renforcée par la variante que Caro nous propose. D’un point de vue scénaristique, seules les toutes dernières révélations m’auront fait décrocher (ce qui se résume aux deux dernières planches). C’est trop « gros », pas crédible du tout … et c’est bien regrettable, car l’histoire n’avait pas besoin de ce dernier effet de surprise pour convaincre. Je regrette également certaines « facilités » en cours de route. Au lieu d’explorer toutes les possibilités de son idée de départ, Caro se centre sur l’une d’entre elles, et en exagère les effets (l’implication quasi généralisée dans notre société, et les délires du personnage central, notamment). Sans me faire décrocher, ces choix m’auront laissé sur ma faim. J’ai en effet le sentiment que l’auteur tenait vraiment une idée forte, mais qui aurait mérité un traitement plus subtil, plus ambigu. Le trait de Christian De Metter convient bien pour illustrer ce genre d’histoire. Il est sombre, précis, faussement réaliste, et l’artiste maitrise très bien toutes les expressions de visage. Je lui reprocherais juste l’aspect souvent figé de ses personnages, un petit manque de fluidité qui, heureusement, dans le cas présent ne prête pas à conséquences. La colorisation « baveuse » a son charme, et ne devrait pas laisser beaucoup de lecteurs indifférents (en positif ou en négatif). Un bon récit, donc, bien servi par un dessin de qualité, mais qui est partiellement abimé par certaines facilités et un final trop peu crédible.
Quelle belle surprise, le scénario vaut un 5/5 à lui seul. De Metter sait repérer les bonnes histoires. Son dessin me laisse perplexe, non pas qu'il soit mauvais mais il fait trop photos retouchées à la va-vite. L'histoire de "Figurec" est prenante. Elle est intelligente, structurée et maitrisée de bout en bout. Il faut un petit temps pour laisser la sauce prendre. Mais pendant ce temps, la BD regorge d'humour bien senti. Ensuite le rythme s'accélère tranquillement pour finir en apothéose. Du grand art, je ne serais pas étonner de voir "Figurec" un jour au cinéma.
Etrange interpellation que ce "Marco Polo dans ton cul" de la couverture… et je dois dire que cette petite phrase en dessous du mystérieux Figurec, retient l’attention. Je ne connaissais pas du tout le fond de l’histoire avant de commencer ma lecture. Eh bien… surprenant et intéressant. Une étude de mœurs des sociétés modernes où il devient très difficile de discerner le vrai du faux, de savoir ce qui est réel et ce qui est fabriqué ! Le récit est parfaitement orchestré, les indices apparaissent petit à petit avec un léger trop sur la fin mais tout cela est fait, je pense, pour accentuer cette folie et les révélations autour du héros. Figurec est quasiment un personnage en lui-même, représentation de toutes les dérives de la société moderne : solitude, regard de l’autre, consommation, prestige de soi,… Le pire c’est qu’une telle entreprise aurait du succès si elle voyait le jour… Le dessin est très bon lui aussi, mais je suis davantage resté accroché au scénario que je trouve prépondérant. Les peintures de De Metter sont quand même spéciales, rendant son trait parfois flou. Y’a de quoi devenir parano…
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