Petites éclipses
Six amis. Quatre jours et quatre nuits à passer ensemble, dans le sud, en attendant l'éclipse. Le bruit des rires et des retrouvailles. La vie, l'amitié, les espoirs, les rêves, le temps qui passe, les petits renoncements, les petites trahisons... Les fragilités.
Crise de la quarantaine École européenne supérieure de l'image Ecritures Les week-ends entre copains
Quelques jours avant la grande éclipse de soleil, six personnages quittent Paris pour aller vivre ensemble l'événement dans un gîte rural du sud de la France. Trois femmes, trois hommes. Tous ou presque sont trentenaires et amis de longue date, déjà un peu cabossés par la vie, mais avec des rêves et des désirs plein la tête. Quel précipité humain inattendu - au sens presque chimique du terme - ce huis-clos improvisé va-t-il finalement générer ?
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Date de parution | 11 Mai 2007 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
C'est vraiment à l'aveugle que je me suis lancé dans la lecture de ce pavé de plus de 300 pages. Et je ne le regrette vraiment pas ! Une couverture un peu envoutante, un titre un brin mystérieux, il n'en fallait pas plus pour me motiver et m'inciter à passer le pas. Les éclipses restent malgré nos connaissances un des grands spectacles et mystères de la nature, et qui nous attirent comme des aimants... Et côté spectacle, on est servi ! Car cette réunion de "vieux potes" à l'occasion d'une éclipse totale dans un gîte du sud de la France pendant 4 jours part dans tous les sens ! Tirages de gueule, règlements de compte, poilade, délires absolus et granguignolesques (si si, la scène de la "course à la douche" est assez hallucinante et hilarante !), nous composent une fresque de la fameuse "crise de la quarantaine" assez réaliste et sympathique. C'est sans complaisance qu'ils triturent les relations de couple et l'amitié : quand ça fait mal, ça fait mal, quand ils sont salauds, ce n'est pas qu'à moitié, et tout ça se sent dans l'écriture de cette BD. Car la solitude, grand thème ici, ça fait mal. Fane et Jim, j'avoue, m'ont un peu troué le cul avec cet album, vu ce que je connaissais de leur production respective, qui donnait plutôt dans le lourdingue à mon goût. Là, j'ai pris un réel plaisir à suivre cette bande de potes, et c'est avec hâte que j'attendais de pouvoir reprendre ma lecture quand j'étais obligé de poser ma BD. En même temps, j'étais content de prendre mon temps, de savourer ces personnages complexes et un brin torturés. Je n'avais pas envie que ça s'arrête... Ça, ça ne trompe pas et c'est plutôt bon signe ! Et je leur tire d'autant mon chapeau, que la réalisation même de cet album est vraiment originale, travailler chacun sur des personnages précis de l'histoire, s'atteler tous les deux au dessin, ça peut vite partir en vrille. Mais là, non, ça tient parfaitement la route ! Car côté dessin, c'est vivant ! Ça tombe bien, c'est de ça qu'on parle, de la vie et de ses tourments. C'est expressif. Les planches sont admirablement composées, et le découpage est intelligent, avec parfois des pleines pages qui posent les choses et nous reposent quand ça commence vraiment à torpiller à tout va. Leur dessin noir et blanc est tantôt vif, précis, fourni en détails, et parfois extrêmement sobre et rocailleux, à la limite de l'esquisse. On a même le droit à une case noire assez merveilleuse pour un baiser... Bref, c'est parfois comme lors d'une éclipse, en cachant, qu'autre chose se révèle, et j'avoue avoir été assez bluffé et conquis par cette collaboration de Jim et Fane. J'ai même préféré cet opus au plus récent album L'invitation, de Jim, qui décidément se pose beaucoup de questions sur l'amitié et la quarantaine... Mais quand c'est traité comme ici avec tant de brio, on ne va pas bouder notre plaisir !
Cette BD m'a été offerte par une amie. Grand bien lui a fait! J'ai beaucoup aimé ! Un coup de coeur quand je l'ai lu la première fois... Tout d'abord le dessin, en noir et blanc, est très beau, des décors aux personnages en repassant sur les décors (elle me fait rêver, cette maison de vacances !). Le noir et blanc est très réussi, à la fois léger et lumineux. Ensuite l'histoire se pose là : un week-end entre potes, dans une grande maison louée, pour aller regarder une éclipse de soleil. Petites trahisons sont au menu, nouvelles tromperies faisant ressortir d'anciens démons. Ils ont trente ans, ils sont jeunes, et aimeraient le rester. On enchaine les phases de rire entre amis avec les règlements de comptes de deux ennemis, les fous rires et les batailles d'eau avec les coups de fils plein de culpabilité et les engueulades de couples. Ca fuse, ca va vite, la BD se lit avec plaisir, on en redemande. J'ai explosé de rire lors de la baston dans les escaliers pour savoir qui serait le premier à la douche ! Et une série qui me fait rire, franchement, c'est que pour moi c'est une bonne BD !!
Malgré tout le bien que l’on en disait, je me méfiais de ce roman graphique, dont les auteurs m’avaient plus habitué à leur humour potache et pataud qu’à leurs facultés d’analyse des sentiments humains. Je me suis pris une claque ! Et une fameuse … Bien sûr, l’humour potache est toujours présent, surtout au début du récit. Mais, dès le départ, les auteurs font sentir que derrière ce vernis se cachent des petites douleurs sournoises. Et si les personnages utilisent la technique du « je vais bien, tout va bien », le lecteur sent directement que la vérité est toute autre. Le parallélisme avec Quelques jours avec un menteur est immédiat. Cependant, si Etienne Davodeau s’était plus attardé sur quatre trentenaires face au premier bilan de leur vie, le duo Fane/Jim décortique les tumultes de couples en prise avec la fameuse crise de la quarantaine (et son démon de midi). Ce long roman (presque 300 pages) se dévore, tant la justesse de ton, la progression narrative, le charisme des personnages, l’équilibre entre humour et moments plus sombres et le dynamisme du récit sont excellents. 3 hommes, trois femmes (mais pas trois couples), suffisent pour que beaucoup d’entre nous, proches de la quarantaine, se reconnaissent au travers des réflexions des différents protagonistes. Attention, ce récit n’est pas d’une incroyable finesse. L’analyse des sentiments est très conventionnelle, et les personnages plutôt stéréotypés. Mais le charme opère car ces gens me paraissent proches de moi. Je me reconnais en eux, comprends et partage certaines de leurs réflexions, quand bien même celles-ci manquent parfois de nuance ou de subtilité. Seules, les 20 dernières pages auront été en deçà de mes espérances. En effet, j’ai trouvé la scène du restaurant ratée et l’épilogue trop facile. Les auteurs évitent certaines explications et clôturent leur récit d’une jolie manière (d’un point de vue graphique) mais trop abrupte pour me satisfaire. Finalement, j’ai trouvé que Fane et Jim ont gardé le meilleur de leur humour, pour l’associer à une réflexion plus profonde. Les grosses vannes trouvent alors une raison d’être du fait qu’elles permettent aux protagonistes de cacher leurs propres fêlures. Au niveau graphique, j’ai trouvé le trait … intéressant. Il m’aura souvent rappelé le Dany de Histoire sans Héros, même si le présent récit est en noir et blanc. Sans être exceptionnel, il est très lisible, permet de facilement différencier les différents protagonistes et (cerise sur le gâteau) ne se contente pas du strict minimum en matière de décors. Il est également amusant d’essayer de retrouver les personnages de chacun des auteurs. Ceux-ci se sont en effet partagé la tâche et dessinent et animent chacun leurs propres héros. Et si tout a été fignolé (du point de vue graphique) par le seul Fane, il est par moment assez aisé de reconnaître la patte de l’un ou l’autre. Et cette constatation est tout aussi valable pour l’aspect graphique que pour le dynamisme des dialogues ou la tournure d'esprit des personnages. En combinant ces trois paramètres, je pense pouvoir affirmer sans me tromper quel personnage ‘appartenait’ à quel auteur. Une manière amusante d’enrichir la lecture de ces très belles « petites éclipses ».
À la fin de ma lecture, bouche-bée, je me suis posé la question que peut-être d'autres se posent au début : Mais qui sont donc les auteurs ? Je les trouve à la fin de la bd ; Fane et son Joe Bar Team et Jim, qui n'est autre que Téhy auteur de Yiu et Fée et tendres Automates, encore une fois je reste sans voix. Je lis leur préface où ils racontent comment cette idée a germé et là aussi je suis captivée. Des personnages au crayonné vif et léger, plus vrais que nature, que voici réunis pour quatre jours assurément inoubliables. Jean Pierre, marié, deux enfants, qui arrive avec "sa nouvelle amie Jan" rencontrée sur le net, comme un gosse, sauf que le gosse il a déjà 37 ans et la nouvelle copine, elle, 19. Arrive Hubert, 35 ans et joyeux drille. Le couple Dominique 37 ans et Isabelle 32 ans, deux enfants, mariés, heureux ? Pas sûr. Puis Héléna 32 ans fatalement belle mais fatalement seule. Ce n'est pas ici l'habituel week-end entre amis au ton jovial et bon enfant. Ces six amis d'il y a une vingtaine d'années se retrouvent à l'occasion de l'éclipse. Fallait-il qu'un évènement exceptionnel les réunisse tous à nouveau ? Enfin, tous sauf Claire la femme de Jean Pierre restée à la maison avec les mômes, par dépit ? Mais tout va très vite déraper, le couple se déchire, tout le monde s'invective, se jette à la figure des vérités refoulées depuis longtemps, chacun juge l'autre puis est jugé à son tour. Tout ceci n'est que le résultat de leur mal-être, leurs doutes, leurs déceptions, leurs mauvais choix au fil des années, la tension monte… Jusqu'à l'éclipse, ou plutôt "les éclipses", chacun la sienne, pourront-ils comme la lune cache le soleil cacher leur détresse avec leurs mensonges ? Avec beaucoup humour, parfois avec violence, pouvant aller jusqu'à la nausée, les auteurs nous montrent la complexité des sentiments humains et vont pour certains d'entre nous, jusqu'à nous fouiller l'âme. Il n'y a rien d'exagéré dans ce récit, la vérité crue, sans détours, celle qui déplaît, celle qui fait mal et qui dérange. Et que dire des toutes dernières planches ? Dans ce silence où tout est dit...
Décidément la collection "Ecritures" de Casterman continue de m'enchanter. Après le très réussi Kiki de Montparnasse, voilà "Petites éclipses", réflexion amère sur les trentenaires à travers 6 personnages. Même si l'ombre de Frédéric Beigbeder plane sur ce livre, Fane et Jim ont su créer un univers particulier qui allie histoire douce-amère, humour, violence, et déchéance. Car l'idée principale de ce pavé, qui se lit d'une traite, est bien de décrire la déchéance de couples qui, à travers 4 journées, vont s'aimer, se trahir, se déchirer et surtout vont parler à en faire mal. Je connaissais Fane seulement de nom (notamment avec sa reprise de Joe Bar Team) et Jim, par ses séries d'humour. L'alchimie entre ces auteurs fonctionne à merveille, et le dessin de Fane s'adapte fort bien au scénario concocté par les deux auteurs. Ils nous livrent là, un récit sans concession sur les hommes et les femmes, récit où l'on rit tout de même beaucoup grâce aux dialogues savoureux qui parsèment l'ensemble de cette bande dessinée. Achetez-la.
La première chose qui m’a attiré vers cette bd a été le dessin. On est limite dans le crayonné élaboré, propre, tout en nuance de gris. Ca m’a plu. Ensuite, la thématique, même si manquant un brin d’originalité car déjà traitée, m’a titillé le cervelet. L’histoire d’une bande de potes qui se retrouve dans un gîte du sud de la France pour une petite semaine de vacances, mais avec un contexte en fond plutôt « chargé » entre eux comme souvent pour des amis qui se connaissent depuis bien longtemps. Sur les 4 jours qui précédent la dernière éclipse totale de soleil en France, on les suit dans leurs doutes formulés à propos de l’amitié et de l’amour, leurs joies, leurs choix, leurs frustrations et parfois leurs règlements de comptes. Fane et Jim, au-delà d’une écriture très intime sur des sujets qui leur tiennent à cœur, se sont livrés à un exercice de scénarisation basé sur l’improvisation, une sorte de cadavre exquis en bande dessinée. Chacun rebondissant sur les cases données par l’autre. Il en ressort une vraie vitalité, où le rythme change habilement en fonction de la légèreté ou la gravité des propos et des sujets abordés et offrant ainsi des personnages aux caractères bien marqués. On rigole volontiers à leurs blagues de potes parfois un peu pourries et leurs coups de gueule laissent rarement de marbre. Du coup, il devient un peu difficile de lâcher cette bd avant la fin sans un petit quelque chose qui ressemble à de la frustration. La lecture s’enchaîne un peu de manière frénétique. Les sujets abordés sont justes et touchent à l’intime des auteurs et des rapports qu’il peut exister entre amis. On frôle certainement parfois le stéréotype dans l’expression des sentiments et leur mise en scène, et c’est certainement ce qui peut lasser un peu dans cette bd, mais certains passages de notre vie, bien qu’on s’en défende, ne tombent ils pas justement dans ces stéréotypes ? Il en ressort pour moi du coup un grand sentiment de justesse. On tombe au final sur une bd affichant un certain optimisme nuancé par la nature des rapports humain mais et surtout une bd pleine d’humanisme.
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