L'Orchestre des doigts (Wagayubi no orchestra)
A travers l'histoire des débuts d'un jeune professeur dans une école spécialisée pour enfants sourds et aveugles, l'évolution de l'apprentissage du langage aux sourds et muets dans le Japon du début du 20ème siècle.
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Osaka, 1914. Kiyoshi Takahashi rêvait de devenir musicien mais n'a pu aller l'étudier à Paris. Il fait alors le voeu de vivre dans un monde totalement sans musique et pour cela, accepte un poste d'instituteur dans une école pour enfants aveugles et sourds. Kiyoshi y fera la connaissance du jeune Issaku Toda, petit enfant sourd, rendu extrêmement violent par son handicap. Incapable de se faire comprendre par qui que ce soit, d'exprimer ce qu'il ressent autrement que par la brutalité, Issaku est considéré comme un cas désespéré par les adultes. Kiyoshi apprend la langue des signes, qu'il enseignera à Issaku. Grâce à la langue des signes, le jeune M. Takahashi redonne la parole à ces enfants muets. Mais parler la langue des signes, c'est s'identifier immédiatement comme un sourd-muet, et beaucoup de parents préféreraient que leurs enfants puissent cacher ce handicap. Pour cela, beaucoup se tournent vers la "méthode orale" avec laquelle les enfants sourds apprennent à faire usage de leur voix plutôt que de leurs mains. La méthode devient si populaire que la survie même de la langue des signes au Japon est menacée...
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Date de parution | Octobre 2006 |
Statut histoire | Série terminée 4 tomes parus |
Les avis
D’ordinaire, je suis tout sauf un amateur de manga, dont l’aspect « surjoué » me rebute plus souvent qu’à mon tour. Cependant, le thème de cette série m’a titillé le cerveau et un rapide coup d’œil sur le dessin (plutôt sobre) m’a convaincu de tenter l’expérience. Et je ne le regrette pas ! Deux grands points forts dans cette série : d’une part, sa dimension historique globale et, d’autre part, la manière dont est abordée la problématique de la surdité. Dimension historique tout d’abord : j’en ai beaucoup appris sur le Japon du XXème siècle. Cette dimension historique s’imbrique parfaitement dans le récit sans en être le moteur. Problématique de la surdité par ailleurs : il s’agit là du thème central du récit. L’auteur aborde de multiples sujets sur ce thème. Approche de l’enfant sourd, problème de l’apprentissage d’un langage, choix entre l’approche « oraliste » (apprendre à lire sur les lèvres et à s’exprimer en reproduisant des sons que l’on n’entend pas) et l’approche « gestuelle » (apprentissage du langage des signes, langage que ne comprennent pas la plupart des personnes non sourdes). Beaucoup de passages parviennent à être touchants tout en étant instructifs et expliqués avec beaucoup de clarté. En ce qui concerne les aspects moins enthousiastes de cette série, deux me viennent en tête en priorité. Le premier est une certaine lassitude à partir du troisième tome (le moins intéressant à mes yeux). La série ne tourne plus que sur l’opposition entre école « oraliste » et école « gestuelle » et devient, par conséquent, moins instructive. Elle perd alors beaucoup de son attrait à mes yeux. Le second est la profusion de visages en larme. Rares sont les pages où n’apparait pas un personnage larmoyant et, à force, ce côté démonstratif devient risible, ce qui est le total opposé de l’effet recherché. A cause de ces deux problèmes, mon avis oscille entre le 3/5 et le 4/5. J’opte tout de même pour cette dernière cote car le côté instructif de l’album vaut franchement la peine qu’on le lise. PS : merci à Stéphanie, bibliothécaire de Spa, de m’avoir permis de découvrir cette série. Continue à choisir tes séries pour la bibliothèque via bdtheque !!!!
Je ne suis ni "manga-phile", ni "manga-phobe". J'avoue, j'ai du mal à trouver un manga qui tient ses promesses jusqu'au bout. Alors j'ai souvent du mal à me plonger dans un manga sans appréhension. Quand une amie, intervenante en langue des signes m'a conseillé la lecture de cette série ce n'est pas sans peine que je m'y suis plongé. Et bien m'en a pris, j'ai été bluffé ! Cette biographie est exceptionnellement bien documentée, pas besoin d'être spécialiste en histoire orientale pour s'en rendre compte. La narration évite les pièges du larmoyant et du pathos à tout prix, pourtant le sujet pouvait s'y prêter : ces pauvres enfants sourds nippons… Mais non, les sourds ne sont pas tous tristes et ils arrivent à vivre et à faire avec leur handicap. La compréhension du handicap de leur enfant par des parents démunis n'est pas facile, on l'imagine, et ces passages narratifs là sont très bien rendus. Le second tome m'a encore plus séduit. Laissant l'histoire égocentrée sur le personnage principal, elle s'intéresse à l'Histoire du Japon et resitue le manga dans son contexte géopolitique. "Les émeutes du riz" sont dures et sans pitié. Comme partout, face à une crise, les nationalismes s'exacerbent et au Japon, les sourds deviendront des victimes malgré eux. C'est mon tome préféré. Le troisième m'a laissé sur ma faim mais le quatrième est très bon et termine très bien la série. Donc deux tomes excellents (le second et le quatrième) pour un qui m'à moitié plu (le troisième), cette série, au niveau du scénario, vaut donc la peine qu'on s'y attarde. Le dessin mêle deux styles graphiques : Le style dominant est très manga réaliste avec un travail de trame pour faire les gris. Un style bien maîtrisé et agréable à lire. Certains passages sont, eux, très beaux. Dès que l'auteur aborde la musique classique, on sent un travail de retouche de photo en noir et blanc. Le dessin devient hyper réaliste en noir et blanc sans nuance de gris. Ils offrent des envolées lyriques au récit. L'édition en français est très bien faite. Si elle ne respecte pas le sens de lecture original comme cela semble être la mode aujourd'hui, elle est documentée d'annexes qui approfondissent le sujet et d'interviews de l'auteur. Je ne peux que conseiller de lire cette BD et toutes personnes s'intéressant à l'Histoire du Japon ou de la langue des signes devraient, à mon avis, la connaître.
Un manga qui traite d'un sujet dont personne (y compris moi avant la lecture) ne se rend compte de la gravité : la surdité. C'est un handicap qui est très dur à vivre parce que les sourds ne peuvent pas communiquer "normalement" et sont souvent victimes de discrimination. Il y a plusieurs scènes touchantes, principalement dans les deux premiers tomes, qui m'ont laissé quelques larmes aux yeux. L'auteur ne force jamais la dose contrairement à d'autres auteurs qui exagèrent. L'auteur nous parle aussi de la "guerre" entre deux façons d'apprendre aux sourds à communiquer et aussi de la situation de l'époque où évolue l'histoire. Ça rend l'histoire encore plus intéressante car on comprend mieux le rejet que subissaient les sourds.
"L'orchestre des doigts" est une BD que je n'ai achetée que pour le sujet qu'elle traitait : les sourds. Un domaine que je ne connaissais absolument pas et que j'étais curieux de découvrir. Ce fut clairement une révélation, malgré un dessin étonnant au premier abord et qui finalement se révèle en parfaite adéquation avec le thème au fil des pages. On découvre dans cette oeuvre la perception des sourds (et des muets) dans un Japon du début du 20ème siècle et l'évolution des moeurs et de l'apprentissage du langage des sourds, que ce soit par les méthodes oralistes ou gestualistes. Une oeuvre triste, dure, parfois crue, extraordinairement bien documentée (avec un parallèle avec ce qui s'est passé en Europe et aux Etats-Unis à la même époque, ou avant), basée sur des faits réels. C'est quelque part l'histoire de milliers de gens auquel on ne pense jamais, que l'on ne côtoie jamais, et qui sont pourtant là tout autour de nous sans qu'on y fasse attention. Tout simplement magistral, totalement indispensable, qui ouvrira les yeux du lecteur sur un monde inconnu et qui changera peut-être sa perception des choses. Une formidable oeuvre éducative, un peu comme peuvent l'être les films Le Tombeau des Lucioles concernant l'horreur de la guerre, ou Requiem for a Dream concernant le fléau qu'est la drogue.
Passée la déception due au fait que malgré son titre, L'Orchestre des doigts n'est pas une comédie musicale pornographique, ce manga se révèle en fait être une très bonne surprise. J'allais mettre 4/5 mais un tome 2 moins intéressant que le 1er m'a amené à baisser un peu ma note, mais ça reste une découverte sympathique. Pourtant le sujet est assez casse-gueule et je craignais que ça tombe trop souvent dans le gros mélo larmoyant à 2 balles, le genre qui finit adapté à Hollywood avec Meryl Streep dans le rôle principal. Et, disons le : Yamamoto n'hésite pas à verser de temps en temps dans le lacrymal plein de bons sentiments, c'est vrai, avec ce prof redresseur de torts plein d'abnégation, prêt à tout pour aider ces enfants tristes et si gentils. Mais il parvient à conserver une certaine légèreté, à faire passer émotion et tendresse sans tomber dans l'indigeste genre "je vais vous faire chialer comme vous n'avez jamais chialé, tas d'larves". Tout en signant au passage une BD instructive et visiblement bien documentée, sur un sujet finalement très peu abordé en BD et en évitant, la plupart du temps, l'écueil du docu didactique chiant (avec donc quand même quelques petites réserves à ce sujet concernant le tome 2, qui s'éloigne un peu des personnages auxquels le lecteur s'était attaché, pour se concentrer sur l'histoire de l'homme qui a imposé la "méthode orale"). Le dessin m'a paru plus agréable que dans la moyenne des mangas que j'ai pu lire jusqu'ici, même s'il abuse un peu trop à mon goût de certains tics graphiques mangaesques qui donnent l'impression, à chaque fois qu'un personnage hausse la voix ou donne une gifle, qu'un gros kaméhaméha apocalyptique va suivre dans l'image d'après. Personnellement ça me déplaît assez, d'autant que les disputes sont assez fréquentes dans l'histoire, mais ce n'est pas gravissime. Au final donc, une histoire intéressante, des personnages attachants, une série à suivre de près, en espérant tout de même que l'auteur ne l'allonge pas en série-fleuve en 18 tomes (j'avoue que je n'ai lu que les 3 premiers et que j'ignore si le 4ème conclut l'histoire ou pas).
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