Les Vaincus
Le récit de la chute de l'empire Inca sous la plume experte de Duchazeau.
1454 - 1643 : Du début de la Renaissance à Louis XIII Amérique du sud Civilisations précolombiennes Les Incas Noir et blanc
Apoo est un « chasqui », un messager royal qui parcourt l’empire inca afin de transmettre des messages. Apoo est un solitaire et sa fonction lui permet de voyager sans trop se soucier des autres hormis son vieil ami Kanchay avec lequel il apprécie de boire de la chicha qui leur fait tourner la tête… Mais la vie d’Apoo va être bouleversée un jour, un funeste jour où les Espagnols débarquent sur les côtes péruviennes. C’est le début de l’invasion espagnole et le pouvoir de l’Inca est remis en question. Apoo a fait une promesse qui l’amènera jusque Cuzco, la capitale. Mais les Espagnols ont déjà conquis la place : que deviendra l’ingénu Apoo dans ce monde nouveau ? Texte : Dargaud
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Date de parution | 01 Juin 2007 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Duchazeau réussit là, dans un style assez dépouillé, à montrer la folie, l’improbable rapidité avec laquelle les Espagnols se sont rendus maîtres de l’Empire inca, mais aussi la fragilité de ce dernier. Tout d’abord, ce qui saute aux yeux – et qui sans doute rebutera certains autant qu’il en attirera d’autres – c’est le dessin de Frantz Duchazeau. Globalement épuré donc, avec un trait très gras, charbonneux, à la limite de l’abstrait parfois, je l’ai trouvé à la fois très beau et parfaitement raccord avec l’histoire et le ton qu’il souhaitais lui donner. Les Espagnols, avec leurs airs de spectres, illustrent une sorte de mesnie Hellequin, une apocalypse où le monde, proche de la fin, ne serait plus éclairé que par des cendres, une lumière noire fantastique et désespérée. Duchazeau avait quelques années auparavant déjà traité ce thème avec Fabien Vehlmann dans La Nuit de l'Inca. Mais le ton, la colorisation donnaient quelque chose de différent, de clairement moins noir – je préfère la version des « Vaincus ». Au cœur de ce désastre qui ne nous surprend pas, puisque nous connaissons cette histoire sanglante, simple réplique de celle des Aztèques une quinzaine d’années plus tôt, nous suivons un guide, Apoo, chasqui (c’est-à-dire messager royal). Ses courses éperdues (ses messages de fin du monde arrivent ou pas, mais le destin de ce monde n’en dépend plus) illustrent le désarroi des peuples des Andes face à ces dieux étrangers. Le récit est très simple dans sa construction, à tout prendre aussi dans son illustration. Mais c’est un album que j’ai vraiment apprécié, et dont je vous recommande la lecture – surtout si, comme moi, vous accrochez au style graphique de Duchazeau.
Le lecteur est ici projeté au temps des Conquistadores ; période où ces derniers –emmenés par Pizarro- découvrent le pays Inca qu’ils mettront à feu et à sang. Scénario alléchant et habile d’idée car il se base sur l’emploi de Apoo, un messager royal qui va effectuer un long périple dans l’empire pour annoncer l’arrivée des « dieux blancs ». On parcourt et découvre ainsi avec lui la riche culture inca, tant guerrière que « normale ». Histoire « à part » donc, rehaussée par le graphisme. En noir et blanc, réalisé à l’encre, il offre une vision autre que celle à laquelle nous sommes habitués (du moins pour moi). Ce graphisme, de la façon dont il est réalisé, exprime bien la dramaturgie de l’ensemble ; et le dynamisme qui s’en dégage nous balade –éveillé- entre une sorte de rêve et la réalité des choses. Histoire bien charpentée, prenante pour un dessin général assez curieux quand même mais attractif si l’on s’y attarde. Ce que j’ai fait. Pas mal pour l’ensemble.
Cette bd raconte l'histoire d'Apoo, messager de l'inca qui vit au moment de la conquête espagnole. Peu à peu il voit tous ses repères se déliter et disparaitre emportés par le tourbillon de l'histoire. Cette bd m'a plu : _par son graphisme, très noir et charbonneux, qui colle bien avec l'histoire, _par son histoire qui vous montre l'effondrement d'une civilisation vue de l'intérieur. A découvrir de toute urgence.
Quelle bonne surprise que cette lecture ! Quel sens du récit Mr Duchazeau ! Voilà bien quelques semaines que je me promettais de lire cette BD sans vraiment trouver la motivation nécessaire à sa lecture. Faute au dessin sans doute, qui après feuilletage de l'ouvrage, ne m'emballait pas plus que ça... Etrange, car j'avais pourtant adoré la BD Dieu qui pue, Dieu qui pète où son dessin collait à merveille à ces contes africains mis en images et colorisée de bien belle manière. Le noir et blanc ? Non, c'est loin d'être pour moi quelques chose de rebutant, bien au contraire. Alors ? Et bien comme quoi, il faut passer par dessus ses premières impressions et ses aprioris pour découvrir parfois l'or qui se cache derrière le charbon. Car ici, Duchazeau se fait alchimiste. Son coup de crayon charbonneux, sombre et gras se mue en une pépite qu'il faut savoir dénicher et mériter ! Merci aux chasqui de BDT qui auront su porter haut la valeur de cette BD. Car sans ces hérauts numériques que je lis avec attention, ce petit bijou me serait resté inconnu. Si certains ont pu trouver certains passages un peu décousus, rêveurs et l'ambiance un peu trop contemplative, j'ai pour ma part trouvé qu'elle restait constamment centré sur son narrateur. Et c'est ce point de vue qui fait la force du récit. Ce messager de l'empire au caractère solitaire, traverse et supporte l'effondrement de son monde sous nos yeux. Et c'est là que la force du dessin noir et brut de Duchazeau opère : le ressenti d'Apoo se fait nôtre. L'empathie nous gagne... tandis que l'Inca est vaincu... Et loin des clichés traditionnels sur les Conquistadors et les Incas, Duchazeau nous peint (limite impressionniste sur ce coup !) une fresque de la grande Histoire, mais en sortant des sentiers battus en nous collant aux basques de ce chasqui, ce messager de l'Inca.... Notre guide nous entraîne sur ses routes, dans ses rêves, cauchemars, réflexions et révèle au final son impuissance face à la ruine de son peuple. Duchazeau n'est pas là pour nous faire comprendre, mais juste pour nous faire ressentir, percevoir, le gouffre qui s'est ouvert sous les pied de cet être si particulier. "Les vaincus" se révèle au final une BD d'une rare intensité. Derrière les apparences d'un graphisme simple et brouillon, transparait petit à petit un dessin d'une force et d'une grande qualité qui forgent ce récit. Bravo !
Les Vaincus est un récit pas comme les autres. Le titre de ce one shot est, en effet, une sorte de résumé de l’histoire à venir. En deux mots, Duchazeau nous conte l’histoire d’un messager de l’empire Inca à l’arrivée de Cortez au Pérou, ce qui constitue, selon moi, un sujet assez original. Tout le monde le sait, l’Espagne, par l’intermédiaire de Cortez et ses hommes, a conquis quasiment toute l’Amérique du Sud en exterminant les populations indigènes dans un but d’expansion du territoire et pour la soif de l’or. Cela a été le cas du Pérou qui abritait, quelques siècles plus tôt, le peuple Inca. Dès lors, quand on commence à lire Les Vaincus, on en connaît déjà la fin. Les Incas ont été massacrés par milliers et l’Espagne s’est remplie les poches de l’or et des richesses de leur Empire. Cependant, ce récit est véritablement intéressant. L’auteur nous plonge dans le monde Inca. En suivant le messager Chasqui, c’est une véritable vision intérieur de l’invasion espagnole que nous propose Duchazeau. Le conte est intense, noir, sombre, cruel et sans concession. Il s’en dégage un sentiment de fatalité très fort. Le dessin suit la même voie. Le trait très brut et sauvage retranscrit parfaitement l’atmosphère et le rythme du scénario et ce d’autant plus que le noir et blanc a été choisi. Certaines planches sont extrêmement impressionnantes. Malheureusement, j’ai un petit reproche à formuler... Le scénario est selon moi un peu faible. Je trouve que l’on passe trop de temps en compagnie exclusive du messager. J’aurais préféré un récit un peu moins centrique pour mieux voir l’invasion de Cortez. On passe au final beaucoup trop de temps en tête à tête avec le Chasqui et même si l’histoire reste intéressante, je trouve qu’il manque un petit quelque chose pour la rendre passionnante. Les Vaincus reste une bande dessinée intéressante à découvrir même si je ne pense pas que tout le monde appréciera l’aspect brut du dessin.
Duchazeau est un conteur, pas de doute, je suis rentrée de plain-pied dans un conte et non dans l'Histoire, c'est en tout cas la première impression que donne le récit à son début. Par la suite cela change et on a la sensation de se retrouver dans une sorte de rêve, où le temps est presque absent. Le dessin parfois précis, parfois plus crayonné ajoute à cette rêverie ; mais ce n'est malheureusement pas un rêve, c'est bien la réalité. Quelques citations d'espagnols sont là comme pour se glorifier face à ce peuple crédule… non, juste croyant ; croyant en des Dieux pas meilleurs que celui des conquistadors d'ailleurs, qui est lui bien meilleur assassin. L'auteur insiste aussi sur le fait que la chute de l'empire inca est de son fait, il s'est cru puissant et protégé des Dieux et n'a pas su se défendre, surtout face à des hommes plus évolués et mieux armés. Il marque bien la différence entre ces deux cultures et leur niveau d'évolution. La fin de ce peuple nous est montrée ici à travers un personnage très attachant Apoo - messager de l'empire - avec toutes ses craintes et ses croyances, qui lui engendrent des peurs viscérales. Des scènes représentant les cauchemars d'Apoo viennent régulièrement s'entremêler au récit. Je trouve par contre que cette œuvre manque de "peuple" pour qu'elle soit exceptionnelle. Les villes et villages sont souvent presque vides, comme si tout était déjà fini. J'ai eu l'impression qu'une étape de l'Histoire a été sautée, pour aller juste à l'essentiel : la fin d'une civilisation - le titre pour ça est lui bien trouvé.
C'est bizarre, la maquette ne fait pas du tout Dargaud. Mais il est vrai que l'éditeur leader a décidé de faire sauter les codes des collections afin de servir au mieux les oeuvres, de s'adapter aux rythmes, aux respirations particulières des auteurs. C'est le cas avec ce one shot, qui nous raconte un épisode sanglant et déterminant de la conquête de l'Amérique latine, à savoir la chute de l'Inca. Raconté par le petit bout de la lorgnette, en suivant les pas d'un chasqui, un messager (au passage, j'ai découvert quelques éléments de la culture inca), cet épisode est très important, et conté avec beaucoup de réussite par Frantz Duchazeau. Son trait granuleux, brut, sert à merveille un récit brutal et sans concession, où les Conquistadores espagnols et les tribus natives ne sont pas épargnés. Cependant j'ai trouvé que cela manquait de mordant, j'avais espéré un récit avec un peu plus de violence pour coller aux moeurs de l'époque. D'où une légère déception au niveau du récit. Mais pour le reste, c'est un album fort intéressant, bien rythmé et avec un graphisme qui colle bien à l'esprit. Un bon 3,5/5.
Etonnante BD, qui ne passerait pas le test du feuilletage dans une librairie. Et pourtant, le scénario est précis, juste, noir et fidèle à l'histoire. C'est étonnant de voir la rapidité à laquelle une civilisation peut se faire exploser pour le gain de l'argent et des idées religieuses. Le dessin, à la limite des esquisses, est fort, certaines cases dégagent des sentiments puissants. J'ai rarement ressenti une telle adéquation entre le fond et la forme. Que reste t'il de cette fabuleuse civilisation de nos jours : pas grand chose malheureusement... Après La nuit de l'inca, je suis heureux de retrouver Duchazeau nous conter la fin de cet empire inca avec une justesse remarquable. L'histoire est vécue par un messager et le réalisme ressortant de sa vision des évènements subjugue le lecteur. Un grand moment de lecture. A l'origine, ce genre de dessin ne me plait pas beaucoup, mais lorsqu'il apporte autant de force à un récit, il devient difficile de ne pas tomber sous le charme.
Ce qui m'a tout d'abord plu, c'est le dessin peu conventionnel. Un dessin noir et blanc au trait gras :D qui se marie parfaitement à l'histoire. C'est bien plus qu'un mariage réussi d'ailleurs, c'est du soutien !! Ensuite, et c'est ce qui restera sûrement en mémoire, c'est l'ambiance qui se dégage de cet ouvrage. J'ai senti la fin du monde. J'y étais : la disparition des points de repères, les cauchemars qui s'installent, les amis qui disparaissent, la haine qui s'accentue, etc. La fin d'un monde, la fin du monde Inca. Et non seulement à cause des espagnols qui pillent, qui violent et qui massacrent, mais aussi (et peut-être surtout) par la soumission handicapante des indigènes à l'Inca. C'est sûrement ce dernier point qui m'a le plus accroché. "Jamais nous n'avons été libres"
Je suis très gênée pour noter cet album... car après lecture, j'ai deux sentiments totalement opposés qui s'entremêlent : Le dessin a suscité chez moi un enthousiasme assez débordant je dois dire. Il est absolument superbe, expressionniste, et joue des ombres avec une grande maestria. Peu de détails, peu de traits, et pourtant énormément de force dans la moindre case. Si "Les vaincus" n'avait été qu'un recueil d'illustrations sur le thème de la chute de l'empire inca, j'aurais mis sans hésiter un 5/5 avec un gros coup de coeur à côté. Le souci est que nous ne sommes pas face à un recueil d'illustrations, mais à une bande dessinée. Et c'est là que le bât blesse. Je rejoins assez Pol sur ce point : le scénario est décousu, les personnages ne sont pas vraiment attachants, et il manque un fil conducteur pour qu'on s'intéresse vraiment à cette histoire qui sur le papier était franchement alléchante ! Car la chute de l'immense empire inca occasionnée par une poignée d'espagnol a quelque chose d'incroyable... on aurait envie de comprendre ce qui s'est passé. Et si Duchazeau donne quelques pistes, on ne ressent jamais vraiment l'enchaînement des évènements. C'est pour cela que je ne mets que 3/5 aux "vaincus". Car celui qui s'attendra à une bonne et solide histoire sera sans aucun doute déçu. Mais le graphisme, la succession de ces cases si expressives en noir et blanc, voilà qui suffit amplement à justifier l'achat de ce beau livre, voire à susciter un vrai coup de coeur.
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