L'Âme du Kyudo
Au 17ème siècle au Japon, les fiefs se disputent le titre de champion d'une compétition de Kyudo : le Toshia.
1643 - 1788 : Au temps de Versailles et des Lumières Akata / Delcourt Gekiga Gros albums Hirata Hiroshi Le Japon historique Le meilleur du Manga Les meilleurs mangas courts Samourai
Kanza, un jeune paysan japonais, voit son père mourir sous ses yeux, touché par une flèche perdue. Les jeunes archers qui s'entraînent non loin de là semblent faire peu de cas de ce tragique accident. Fou de rage, ce dernier tue le responsable menant l'entrainement. Cet acte irrefléchit le conduira sur le dur chemin menant au titre de 'premier sous le ciel'. En 1606, la ville de Kyoto fut le théâtre d'un étrange remue-ménage. Un samourai venait d'établir le record des plus particulier : faire passer une cinquantaine de flèches d'un bout à l'autre de la galerie extérieure d'un temple de la ville. La nouvelle va bouleverser les fiefs avoisinants et, bientôt, ceux-ci n'auront de cesse de vouloir améliorer la performance, certains samourais réussissant plus tard à faire passer des milliers de flèches à travers la galerie, en une seule journée.
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Date de parution | 16 Juin 2007 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Consacrer sa vie à une épreuve - Il s'agit d'un récit complet et indépendant de tout autre, en 1 tome unique. Le récit a été publié initialement en 1969/1970. Il est en noir & blanc, écrit dessiné et encré par Hiroshi Hirata. Ce tome comprend également 4 pages de glossaires, un texte de 2 pages d'un descendant d'un inspecteur du fief du seigneur Owarii, 11 pages d'interview du responsable éditorial de l'histoire lors de sa prépublication, 2 pages de commentaires de Junzô Ishiko, un court texte d'Hiroshi Hirata et une biographie d'Hirata. L'histoire s'ouvre avec une présentation du temple de Rengeôin (appelé Sanjûsangen-Dô) à Kyoto, et en particulier de sa galerie ouverte, sur le côté Est, protégé par un auvent de 120 mètres de long. En 1606, Asaoka, un archer, s'installe à l'une des extrémités de cette galerie et réussit à envoyer 51 flèches à l'autre extrémité. Cette épreuve est institutionnalisée par différents fiefs et est baptisée Tôshyia. Au fil des années, détenir le record de flèches ayant traversé devient une marque de prestige pour le fief duquel dépend l'archer. Chaque seigneur de la région instaure donc un programme de recrutement et de formation à l'art du tir à l'art, Kyudo en japonais. Il revient à chaque fief qui présente un candidat de financer l'épreuve qui se déroule chaque année au temple Sanjûsangen-Dô. Le père de Kanza est tué par accident par un archer à l'entraînement. Kanza (samouraï de basse classe) réussit à se faire accepter par un seigneur de haut rang du fief qui l'inscrit à la préparation au défi Tôshyia. À la fin des années 1950, certains mangakas (auteurs de manga) décident que les mangas peuvent également pouvoir raconter des histoires à destination d'un public adulte. "L'âme du Kyudo" s'inscrit dans ce courant de manga. Hiroshi Hirata écrit l'équivalent d'un roman historique, racontant l'histoire d'un personnage fictif, participant à une épreuve ayant réellement existé. L'entrée à la matière déconcerte. Le récit commence par un dessin pleine page montrant la perspective de la galerie ouverte (le lieu de l'épreuve du Tôshyia), puis une autre vue du temple minutieusement détaillée sur 2 pages, puis une autre image sur 2 pages comprenant 36 statues de Bouddha pour évoquer le millier de statues abritées dans le temple, puis encore 2 dessins en double page, montrant les détails architecturaux de la charpente. Après ces dessins montrant dans le menu détail l'environnement de l'épreuve Tôshyia, l'histoire introduit les premiers personnages, Asaoko et son assistant. Au premier abord les images dessinées par Hiroshi Hirata semble faites à la va-vite, avec des visages dessinés à gros traits, des postures un exagérées pour mieux faire passer le mouvement et l'état d'esprit des personnages, des expressions de visage un peu forcées, et une apparence générale qui donne une impression de dessins réalisés rapidement, d'un premier jet qui n'a pas été retravaillé et qui n'a pas été peaufiné. Pourtant le regard repère des détails et constate une grande cohérence visuelle. Il n'y a aucun doute sur l'authenticité des tenues des personnages, sur la véracité de l'architecture, sur les accessoires divers et variés (de la vaisselle au harnachement des chevaux). D'un côté, l'apparence rugueuse des dessins confère un aspecte naturel et immédiat qui facilite la lecture et en augmente le rythme. De l'autre côté, alors que les pages se tournent très vite, le lecteur constate qu'il assimile un grand nombre d'informations transmises de manière visuelle. Il ne s'agit donc pas d'un dessinateur qui s'économise, mais d'un artiste qui choisit chaque trait pour l'information qu'il apporte, et qui a sciemment fait le choix d'une esthétique âpre, en cohérence avec la nature du récit. Une fois habitué à cette esthétique, le lecteur constate l'efficacité peu commune de la narration sur le plan visuel. Au premier niveau, le lecteur découvre l'histoire de cette épreuve singulière et de ce jeune homme qui voue sa vie à devenir "premier dans le ciel", le titre décerné à tout nouveau détenteur du record. Sur ce plan là, Hiroshi Hirata rconte l'apprentissage d'une discipline, de ses valeurs, par un jeune homme au fil des semaines, des mois et des années. Il l'a pourvu d'une motivation complexe qui évolue au fil du temps passant d'une forme de vengeance de son père à une ascèse sportive devenant le sens de sa vie. En parallèle l'histoire du Tôshyia se confond avec les luttes d'influence des fiefs, et l'évolution des techniques d'archerie. Au fil de ces 422 pages, l'auteur aborde de nombreux aspects du Kyudo. Il montre comment cet art martial se trouve transformé en compétition sportive. L'enjeu pour un fief est tel qu'il s'installe une course à la préparation de nouveaux champions, avec la conception d'aire d'entraînement toujours plus sophistiquées (jusqu'à reproduire la galerie ouverte du temple), avec des sessions de recherche et développement sur les arcs, les flèches et les gants du kyudoka. À un deuxième niveau, le lecteur peut douter de la réalité de ce code de l'honneur rigide et exigeant des différents participants (les perdants allant jusqu'à se faire seppuku), des sommes englouties (au détriment de la population) par les seigneurs pour présenter un nouveau champion. Le savoir faire d'Hiroshi Hirata lui permet de rendre vivant ces codes moraux, au travers d'individus plausibles et réalistes. Une fois plongé dans ces us et coutumes, le lecteur prend alors conscience de l'analyse pénétrante que l'auteur effectue. Il y a donc la fonction régulatrice du Tôshyia accaparant beaucoup de ressources des fiefs, mobilisant les dirigeants et leurs gens, la compétition sportive remplaçant les batailles. Il y a les stratégies développées par les seigneurs pour disposer d'un champion, leurs calculs pour savoir qui inscrire à l'épreuve afin d'avoir le plus de chances (sans jamais prendre en compte les aspirations des kyudokas). Au fur et à mesure de l'augmentation du record, ils doivent prendre en compte qu'un archer devra la tenter plusieurs fois, ce qui décale d'autant le bénéfice de leur investissement. Hiroshi Hirata se montre encore plus perspicace et émouvant avec les interrogations qui assaillent Kanza. Au début, celui-ci s'interroge sur la dureté de l'entraînement qu'on lui fait subir, ce qui l'amène à réfléchir à sa motivation et à son implication. Il s'agit de thèmes souvent rabâchés dans les mangas pour adolescents. Au fur et à mesure de des mois passés à s'entraîner, Kanza va approfondir sa réflexion, constater que toute sa vie est organisé pour parfaire sa technique afin de décocher le plus de flèches possibles en 24 heures dans la galerie ouverte du temple. D'un côté, il devient un expert de cette technique à un niveau exceptionnel, de l'autre sa vie n'a de sens que dans le contexte du Tôshyia. Tout événement extérieur indépendant de sa volonté remettant en cause la tenue de l'épreuve remet également en cause sa raison d'être. Au travers de "L'âme du kyudo", Hiroshi Hirata a réalisé une fresque historique, une analyse des relations de pouvoir des seigneurs de la région de Kyoto, un portrait pénétrant de la position des athlètes de haut niveau, une histoire passionnante et émouvante.
La pagination est imposante, mais l'album se laisse lire. On est immergé dans le Japon du XVIIème siècle, au moment où se met en place une épreuve liée à l'art du tir à l'arc, mais aussi à l'amour propre des grandes maisons. C'est ainsi que, en peu de temps, elles vont se disputer le prestige de posséder dans leur rang le samouraï détenant le record de flèches ayant traversé une cour extérieure d'un temple. Hiroshi Hitara se veut à la fois complet et didactique, c'est louable. Mais cela alourdit quand même certains passages. D'autres part, son dessin ne m'a pas permis de distinguer facilement les différents protagonistes - mis à part Kanza, le personnage principal. Pour un occidental, il est toujours surprenant de voir le nombre de soldats se suicidant uniquement parce qu'ils n'avaient pas atteint l'objectif donné par leur seigneur (battre le record) ou par eux-même. Un trait durable de la mentalité militaire japonaise (visible encore durant la seconde guerre mondiale), qui dramatise à outrance cette quête sans fin du record et du prestige seigneurial. C'est d'ailleurs Kanza lui-même qui, après avoir ravi le record, essaye d'arrêter cette folie destructrice. Plus que le fait historique lui-même, cet album intéressera ceux que le Japon médiéval attire, car il y a là un exotisme captivant et repoussant pour la mentalité européenne.
J'ai enfin lu un manga de ce mangaka qui semble être important dans l'histoire du manga. Il faut dire qu'il semble surtout faire des histoires de samourais et ce n'est pas un genre que j'affectionne beaucoup. Le récit est pas mal quoique je n'irais pas jusqu'à dire qu'il est exceptionnel. Si c'est intéressant de mieux découvrir la société japonaise au temps des samourais avec ses seigneurs égoïstes qui peuvent tout faire aux classes inférieures et qui ont des idées de grandeurs, je ne peux pas dire que cela m'a particulièrement passionné et vers la fin je commençais à me lasser un peu. C'est aussi le genre de récit où s’enchaînent des scènes que j'aime avec d'autres que je trouve sans intérêt. Le dessin est pas mal quoique j'ai eu de la difficulté à différencier certains personnages. J'aime bien le style un peu vieillot qui se dégage de ce style.
Ouf, je viens de venir à bout de ce gros pavé et je dois dire que malgré quelques difficultés à rentrer dans l'histoire, je suis content de cette lecture. Hirata nous emmène dans le Japon du 17ème siècle, où les clans les plus puissants se disputent un record de tir à l'arc. La compétition dépasse largement le cadre « sportif » (désolé pour cet anachronisme) pour prendre une tournure éminemment politique. Les grandes familles mobilisent des moyens financiers et humains gigantesques pour avoir l'honneur de compter parmi leurs rangs le meilleur des archers. Bien qu'étant une œuvre de fiction, l'album tire vers le documentaire. L'histoire est relativement simple mais l'intérêt est surtout dans la reconstitution minutieuse et très documentée du Japon de l'époque par le prisme du kyudo. Derrière la quête forcenée d'un jeune homme pour devenir le « premier sous le ciel », Hirata décortique une société féodale complexe et codifiée où le sens de l'honneur justifie toutes les dépenses, toutes les injustices et tous les sacrifices. Graphiquement, c'est très réussi. Le trait est réaliste et beaucoup de soin est apporté à la reconstitution du Japon médiéval. Par contre, on s'y perd un peu dans la foule de personnages gravitant autour du héros. Beaucoup d'entre eux se ressemblent et cela nuit parfois à la parfaite compréhension de certaines scènes. L'édition proposée par Delcourt est magnifique et proposent de nombreuses pages de notes très bien faites. Monumental et passionnant, L'Âme du Kyudo est un album marquant que je conseille vivement.
Il y a du bon et du moins bon dans ce manga. On nous offre ici une histoire intéressante, tirée de faits réels, bien racontée, fluide à lire. Je n'ai eu aucun mal à venir à bout de ce petit pavé, et je me replongeais régulièrement dans sa lecture avec délectation, tout curieux de savoir ce qui allait advenir de notre cher Kanza. Graphiquement, c'est assez irrégulier. Autant les décors, surtout les bâtiments et les costumes, sont bien faits, autant les visages des personnages laissent parfois franchement à désirer, avec des mimiques très simplistes. Pour le côté négatif, j'ai trouvé que ce récit était émaillé d'un faux suspense, comme s'il était absolument nécessaire qu'il arrive régulièrement des péripéties aux acteurs primaires ou secondaires. Cela se conçoit assez aisément puisque finalement le fil de l'histoire est assez simple. Donc, pour développer un nombre de pages suffisant, Hiroshi Hirata a, je trouve, un peu brodé son histoire, et, du coup, certains évènements n'apportent pas une vraie contribution à la lecture. J'ajoute que j'ai un peu été perdu dans la nuée des maîtres d'armes, seigneurs, et autres entraîneurs, tant les consonances de leurs noms étaient proches, au même titre que leurs visages. Enfin, il m'a paru parfois un peu risible que tous ces gens veulent se suicider (faire "seppuku") pour un oui ou pour un non...Enfin, ça doit être ma mentalité d'occidental... :p Une bonne histoire, intéressante, qui comporte aussi quelques messages philosophiques subtilement menés. Je ne regrette pas du tout cette lecture. J'ai hésité avec la note de 4/5. (196)
De Hirata, j'avais lu et adoré L'Incident de Sakai et autres récits guerriers. Dans "L'Âme du Kyudo", il n'y a qu'un seul récit courant sur 450 pages. Basée sur des faits réels et historiques, cette histoire est très détaillée. Parfois trop car il y a des longueurs et des répétitions. Paradoxalement le final est expédié. Peu au fait de la culture japonaise, j'ai quand même lu avec intérêt cette BD. Je doute de la relire un jour car malgré le fait que l'histoire est romancée, une fois l'effet de surprise évacué, le contenu s'avère léger et dispensable. Le dessin est exceptionnel de détails sur les décors. Les personnages sont moins réalistes mais très expressifs. Je suis heureux d'avoir lu ce pavé mais je ne conseillerai pas l'achat mais seulement l'emprunt.
Ca y est, j'ai enfin lu cette petite brique. Fichtre, 436 pages avalées d'une traite pour me maintenir dans l'ambiance de ce gekiga. Oui j'ai préféré me maintenir dans la lecture, malgré l'heure tardive. Car une fois qu'on est dedans, mieux vaut ne pas en sortir. En effet, ce gekiga demande un investissement de la part du lecteur. Ce n'est pas une simple lecture banale, que l'on pose et l'on reprend quand on le souhaite. Tout du moins est-ce mon sentiment. Les quelques interruptions inopportunes m'ont demandé un léger effort pour me remettre dans l'ambiance. Mais quelle ambiance ? Eh bien c'est simple, nous suivons la vie spartiate d'un jeune homme qui veut obtenir le titre de "Premier sous le ciel". Nous suivons pas à pas son entrainement rude et intense. Il se dégage alors du titre une saveur pierreuse, rêche, tel l'entrainement draconien auquel est soumis Kanza. Sa détermination est parfois fascinante à contempler, et c'est là que réside le talent d'Hirata : nous faire ressentir la dureté de l'entrainement, de manière adulte et virile, comme le monde dans lequel évolue le héros. Si vous l'ignoriez encore, l'histoire de l'épreuve du Toshiya commence au début du XVIIème siècle, juste après l'établissement de l'ère d'Edo. Sans qu'aucune date ne soit réellement avancée quant à l'évolution du temps (seule l'insurrection de Shimbara permet de situer vaguement la date), j'en ai sommairement déduit que les aventures de Kenza débutent une quarantaine ou cinquantaine d'années après le commencement de l'épreuve, qui consiste à décocher le plus de flèches qui traverseront l'auvent d'un temple de 120 mètres de longueur. Cette épreuve deviendra, au fil du temps - et en temps de paix -, le symbole représentatif de la puissance de chaque clan, qui cherche par tous les moyens à obtenir et conserver le titre tant convoité de "Premier sous le ciel". C'est précisément cet acharnement qu'Hiroshi Hirata s'attache à dénoncer (il le dit explicitement en commentaire, à la fin). En suivant le parcours de Kanza, dont la vie est exclusivement dédiée à son art, l'auteur montre sans voile la rudesse de l'existence de ces hommes, sacrifiés sur l'autel de la gloriole. Sacrifiés est en effet le bon terme. Parce qu'en cas d'échec, l'honneur du clan étant sali par l'insuccès de l'archer, ce dernier le lave de son sang. Mais gare à ne pas tomber dans la critique facile. Les codes de l'époque nous paraissent peut-être barbares vu quelques siècles plus tard, mais juger des moeurs passées est, à mon humble avis, sans valeur puisque bien des siècles et évolutions nous séparent des codes qui nous parviennent. Tout au plus peut-on essayer de les comprendre, et alors on s'aperçoit que la vie n'est pas une valeur sacrée dans ce monde viril. Seule la puissance affichée et l'honneur comptent, et la vie n'est préservée que lorsqu'elle est utile. Je pense ici aux différents clans qui ont arrêté le "jeu", estimant que la perte d'officiers de valeur ne valait pas le prix payé en cas d'échec. Ainsi, cette vision est plus nuancée que celle des deux grands fiefs qui s'opposent, les Owari et les Kii. Malgré les qualités citées plus haut, j'ai quelques reproches à faire. Ponctuellement, quelques éléments mineurs viennent gâcher le récit. Le premier exemple qui vient à l'esprit est celui de l'homme qui professe à Kanza, en observant seulement son visage, qu'il battra le record du Toshiya. J'ai noté d'autres détails peu représentatifs de la qualité globale, et c'est pourquoi je ne m'escrimerai pas à les retrouver. Un dernier mot sur le dessin. Lu après L'Incident de Sakai et autres récits guerriers, je m'attendais à retrouver l'empreinte grasse du trait d'Hirata. Mais non, l'auteur a visiblement décidé d'affiner son encrage, et propose un dessin toujours aussi fluide et dynamique. La colère des personnages transpire du papier, leur dédain se matérialise, et le tout forme un ensemble très réaliste. Les postures des personnages sont vraiment magnifiques, et certaines planches semblent avoir suspendu le temps dans son mouvement, notamment dans les postures assises des tireurs. Ajoutez à cela un rendu des bâtiments superbement travaillé, c'est un vrai régal que nous avons là. Bref, j'ai vraiment apprécié cette longue incursion dans le temps. On y découvre un monde dur, cruel parfois, avec une philosophie complètement éloignée de la notre (mais qui confirme l'idée du Japon que je me faisais du temps des samuraïs). L'illustration de la vie de Kanza, est un réquisitoire contre la bêtise des puissants de ce temps, dont certains étaient les ancêtres de l'auteur, que ce dernier exècre pour leurs actes. On découvre d'ailleurs à la fin qu'il demande le pardon au nom de ses ancêtres, pour toutes les vies qu'ils sont ruinées et sacrifiées.
Cette lecture dans l'âme du Kyudo s'est révélée très enrichissante de la pratique de ce sport dans le Japon médiéval du XVème siècle. C'était d'ailleurs plus qu'un sport puisque les enjeux entre clans étaient importants. Il s'agissait de tirer le plus grand nombre de flèches en 24 heures d'un bout à l'autre d'une galerie extérieure d'un temple. Il y avait comme une espèce de fièvre à battre le record. Les samouraïs qui n'y parvenaient pas se suicidaient sur le champ, tant l'honneur était quelque chose de primordial. Il y a incontestablement beaucoup de noblesse dans ce jeu qui pouvait se révéler fatal. J'ai adoré cette très longue lecture de 436 pages car elle retrace le chemin parcouru par un jeune paysan Kanza pour atteindre son but. Il veut d'abord venger la mort de son père mais sa quête se transformera vite par l'entrainement du tôshiya. Le schéma n'est pourtant pas nouveau : un jeune disciple essaie de dépasser sa condition physique et sa condition sociale également en accomplissant un exploit. Il se fait aider par un maître vieux et expérimenté et commence alors un dur entraînement. Cependant, le déroulement sera plus ardu que l'on ne pense car l'entraînement durera près de 10 ans. Il y a alors beaucoup plus de crédibilité dans l'action et dans l'effort accompli. Oui, j'aime ces valeurs que sont le travail et l'effort accompli pour parvenir à un but ultime à force de courage et de détermination. C'est quelque fois pénible en raison non seulement de la concurrence acharnée mais également des conditions climatiques dépendant de la chance. Il y a également les coups tordus, les tricheries et les tracasseries administratives. L'art du tir à l'arc a son manga culte. Je pense qu'on pourra difficilement faire mieux. A travers cela, il y a également l'émergence de valeurs intemporelles qui peuvent encore servir aujourd'hui. Les illusions, les doutes et les échecs font partie de la vie de chacun. Cela nous permet de progresser et de finalement trouver la voie de la réussite. En cela, cette lecture s'est trouvée enrichissante. Ce ne sont pas que des mots ou des flèches ...
Je ne vais pas re-re-raconter l'histoire, elle est très bien décrite dans tous les avis déjà donnés. Je tenais vraiment à donner un 5/5 à ce petit morceau d'histoire du tir à l'arc traditionnel japonais. J'ai dévoré cette oeuvre presque d'un trait. La perfection n'étant pas de ce monde, je me dois quand même d'être d'accord avec le reproche concernant les visages pas toujours bien différenciables. Culte oui, j'insiste !! Culte pour ce qu'il représente pour moi. En tant qu'ancien (mais toujours dans l'âme) archer, et pour avoir pratiqué (à mon humble niveau) des entrainements dans l'esprit "zen" décrit ici, ce récit me touche particulièrement et illustre et justifie en quelque sorte les heures passées à essayer de ressentir le geste de l'archer, à se placer, respirer, tenter "d'être" la flèche et la cible (pas facile !!). Culte parce qu'avec le recul sur des années passées à chercher la performance pour un classement, une récompense, cette oeuvre force le respect et l'humilité devant la difficulté de l'épreuve et l'implication (toute japonaise) de ses participants, toujours obnubilés par l'honneur, celui de leur clan, celui de leur famille. Culte aussi parce que le tir à l'arc c'est le kyudo et le kyudo c'est le Japon, indéniablement et cette histoire en est la parfaite illustration.
Une belle somme romanesque, cette "Âme du Kyudo". En effet elle nous propose un voyage dans le temps et l'espace, à savoir le Japon du 17ème siècle. Enfin, juste un petit coin du Japon, à Kyôtô, et dans un seul milieu, celui des kyudokas, ces pratiquants du tir à l'arc. Hiroshi Hirata, auteur ô combien important dans l'histoire du manga, pardon du gekiga, nous propose de replonger dans l'histoire de ce qui fut un véritable phénomène de société à l'époque : le Toshiya. Cette compétition de tir à l'arc, unique au monde probablement, permettait aux différents clans de bushis d'affirmer leur suprématie, fût-elle fondée sur une compétition finalement un peu idiote. Cette idiotie est d'ailleurs clamée haut et fort par l'un des protagonistes de l'histoire, un kyudoka poussé à bout par l'entraînement extrême. Un entraînement qui nous est conté par le menu, bien détaillé, et l'on reste ébahi devant l'ingéniosité des maîtres du kyudo... C'est une histoire qui, à défaut d'être passionnante, est plutôt intéressante, nous permettant d'appréhender, à défaut de comprendre, l'orgueil de certaines classes de guerriers, mais aussi la manière de vivre dans les casernes à cette époque. Le dessin de Hirata, un peu daté, oscille parfois entre l'ultra-réalisme et la caricature comique, provoquant parfois des ruptures dans l'appréciation du récit. De plus je trouve que les visages des personnages manquent parfois de maîtrise. Mais indéniablement la prouesse réside en quelques vues avec des cadrages osés, des perspectives d'une justesse époustouflante, et un sens des proportions à toute épreuve. Intéressant, graphiquement audacieux même si le style n'est pas ma tasse de thé, c'est un véritable classique du manga que nous a livré Akata. Ma note finale : 3,5/5.
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