Le Poulet du Dimanche

Note: 3.25/5
(3.25/5 pour 4 avis)

Saynètes de la vie quotidienne et métamorphoses...


BD muette La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants

Aboutissement de plusieurs années de maturation, Sylvie Fontaine illustre dans son sixième album une chronique de la métamorphose. Succession de saynètes de la vie quotidienne où chaque individu devient l’objet de mutations toujours déconcertantes, le livre met en jeu des rapports humains soudainement transfigurés par cette intrusion du fantastique. Suivant minutieusement ce principe, l’auteur dissèque dans les différents chapitres du livre les frustrations et les bonheurs de l’adolescence, des rapports amoureux ou encore de la maternité. Présentation de l'auteure : J'ai fait les premiers dessins du Poulet du Dimanche il y a dix ans. La première planche, celle qui a généré tout le reste, est celle de la famille où la mère devient tentaculaire, le père se transforme en homme invisible et l'enfant se change en masse piquante. Le dessin a intéressé Moebius qui devait à l'époque participer à un journal appelé Le Philographe. C'était un projet volumineux auquel participaient beaucoup de dessinateurs connus. Casterman l'a gardé sous le coude et finalement rien ne s'est fait. J'ai continué seule en suivant les directions variées voire proliférantes que me suggérait le dessin. Le Poulet est une somme des expériences graphiques que j'ai faites jusqu'à aujourd'hui. C'est aussi la preuve que par une sorte d'«effet papillon» un seul dessin peut en générer des centaines. Sylvie Fontaine

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 17 Février 2007
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Poulet du Dimanche © Tanibis 2007
Les notes
Note: 3.25/5
(3.25/5 pour 4 avis)
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01/07/2007 | Pinos
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L'avatar du posteur Noirdésir

Si le titre et un certain nombre d’images me sont restés énigmatiques, j’ai bien apprécié ma lecture de cet album atypique. Je suis friand de poésie, surréaliste en particulier, et je pense qu’il ne faut pas être réfractaire à ce type d’univers pour accrocher à ce recueil de Sylvie Fontaine. Elle a semble-t-il présenté son travail à Jean Giraud (qui se fend d’une préface dans laquelle il montre sa perplexité et son ouverture d’esprit – puisqu’on est là très éloigné, graphiquement, mais aussi en partie en terme d’univers, de ce qu’il a pu produire, sous son nom ou celui de Moebius), qui reconnait, sans en faire sa tasse de thé, le talent que possède l’auteure. Et c’est vrai que ce recueil peut presque faire office de « book », dans lequel Fontaine montrerait ce qu’elle sait et aime faire. En effet, elle use d’une palette assez large de styles, et son dessin, par-delà les goûts de chacun, se révèle assez beau. C’est un regroupement assez hétéroclite de « transformations » (un peu comme pouvait le faire Barbe, dans un registre plus réaliste et érotique le plus souvent) – généralement en une page, qui aboutissent à des images très poétiques, distordant la réalité (corps et décors déformés). Parfois, des tableaux cubistes succèdent à des choses plus réalistes, pour ensuite passer à des dessins surréalistes (c’est cette dernière influence qui saute aux yeux). Entièrement muet, vite lu donc, ce recueil s’adresse avant tout aux plus curieux, aux amateurs de poésie et d’images surréalistes. Un univers dont je suis familier, et donc un album que j’ai bien aimé. Note réelle 3,5/5.

23/08/2020 (modifier)
Par PAco
Note: 3/5
L'avatar du posteur PAco

Quel étrange voyage que ce "Poulet du Dimanche" ! Aux frontières de l'illustration artistique et de la BD, Sylvie Fontaine nous entraine dans un univers vraiment particulier, dans SON monde. On comprend d'ailleurs mieux la préface de Jean Giraud en fermant cette BD. Nous sommes confrontés à la matérialisation et mutation des personnages en fonction de leur état et de leurs ressentis. Tout ceci est construit en un enchaînement de scènes et de planches sans qu'il y ait une réele histoire pour tenir ce tout assez surréaliste. C'est d'ailleurs le reproche principal que je ferais à cette BD. Au final, on est plus dans l'exploration d'un univers personnel que dans un récit. Et si ce qu'on nous présente est riche, j'ai trouvé que cela manquait d'un fil conducteur minimum pour permettre au lecteur d'y pénétrer plus facilement. Le dessin et les idées de Sylvie Fontaine sont aussi singulières. Et sans s'en tenir à un style particulier, l'auteure ne se fige pas dans un genre. Elle explore une palette graphique et stylistique très large pour lui permettre de valoriser ce qui lui importe : l'affect et les sens. On est donc balloté entre des genres très différents qui relèvent sur certaines planches plus du tableau que de la planche de BD. Voici donc une plongée difficile mais peu banale dans le monde graphique de cette auteure. Après on aime ou pas. Pour ma part son univers m'a séduit, mais plus pour sa richesse artistique que pour le récit proposé.

28/10/2010 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
L'avatar du posteur Ro

Même s'il y a de l'idée dans cet album et même si le message émotionnel y passe parfois bien, ce n'est pas ma tasse de thé. Il ne s'agit pas d'un récit unique mais d'une sorte d'album concept. L'idée de base, c'est de mettre en image l'émotion, le comportement des êtres humains et la façon dont ils s'impactent mutuellement. Un homme rigide d'esprit deviendra tout en angles et en carré par exemple, une femme malheureuse prendra une forme organique s'écoulant lamentablement sur elle-même, tandis qu'un enfant blessé cherchant à se carapaçonner deviendra une petite boule de piquants, et ainsi de suite... Sur cette idée, l'auteure nous propose pour commencer des histoires en une page mettant en scène le plus souvent des problèmes de couple et leurs effets négatifs sur leur enfant. Puis cet enfant grandit et vit lui-même sa propre vie amoureuse et sociale difficile. Arrivé au milieu de l'album, les histoires en une page laissent la place pendant quelques temps à des illustrations toujours sur le même thème de la symbolique émotionnelle mise en image sur la personne même de personnages humains. Puis viennent quelques histoires en une ou quelques pages et quelques autres illustrations encore. Alors certes le message passent bien par-ci par-là. Les symboles sont bien choisis, parlant, et réussissent à faire ressentir la peine, le trouble ou la déception de tels ou tels personnages. Mais une fois qu'on a saisi le concept et qu'on voit qu'il n'y a pas d'histoires, juste des idées les unes à la suite des autres et de nombreux essais illustratifs, eh bien... pour ma part, j'en suis venu à m'ennuyer.

18/04/2010 (modifier)
Par Pinos
Note: 4/5

En quelques cases, un repas de famille dégénère en cabinet du difforme. Un rendez-vous galant devient chaos émotionnel. Les corps ou les visages prennent des formes tantôt monstrueuses, tantôt attirantes. Les décors eux-mêmes se trouvent entraînés dans une poésie du quotidien. Et ce, sans le moindre texte. Le Poulet du Dimanche est une expérience des sens. Il propose une narration muette qui, à l’instar des rêves où tout s’enchaîne sans causes ni conséquences, invite à la contemplation. Ce qui frappe également en feuilletant cet album, c'est l'impression de foisonnement et l'extrême diversité des styles utilisés par Sylvie Fontaine, évoluant d’un traitement réaliste à une approche plus cartoon, en passant par des dessins très expressifs réalisés au pinceau. Ainsi, le thème central du livre, la métamorphose, contamine le dessin. Gilbert (ed. Tanibis)

01/07/2007 (modifier)