Dropsie Avenue
Dropsie Avenue clôt la trilogie du Bronx entamée avec Un pacte avec Dieu et Jacob le Cafard. Avec beaucoup d’humour, Eisner dresse le portrait d’une rue imaginaire mais ô combien représentative de la réalité américaine
Futurs immanquables Kitchen Sink Press Les meilleurs comics New York One-shots, le best-of Will Eisner (1917-2005)
Dans ce dernier volet de la trilogie du Bronx, Will Eisner retrace avec humour et sensibilité le paysage social de Dropsie Avenue, une rue imaginée et nourrie des souvenirs de l’auteur. À travers quatre siècles d’immigration, durant lesquels Hollandais, Anglais, Irlandais, Juifs, Afro-Américains et Portoricains ont construit l’identité américaine, ce maître du 9e art lègue aux générations futures une œuvre incontournable. Texte : Delcourt.
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Date de parution | Août 1995 |
Statut histoire | One shot (Regroupé dans l'intégrale La Trilogie du Bronx) 1 tome paru |
Les avis
La biographie d'une rue du Bronx. Comme souvent chez Eisner, la ville (New-York), ou plutôt le "quartier", est un personnage à part entière, qu'il se propose ici d'étudier, en montrant son évolution, son histoire, de la période néerlandaise à une période plus récente. C'est une sorte d'étude sociologique imaginaire, qui accumule les tranches de vie sur le long terme, pour donner corps et "coffre" à une rue. C'est aussi l'occasion pour l'auteur de brosser des portraits, et de mettre en avant certains caractères humains: clairement Eisner apprécie la sociabilité, préfère les personnages acceptant l'autre plutôt que les snobs ou les racistes qui le rejettent. Du très classique donc pour cet auteur. Un auteur dont je ne suis pas forcément fan, mais à qui je reconnais de réelles qualités. D'abord une "mise en image" très aérée et fluide, un dessin agréable. Ensuite un positivisme plutôt bienvenu. Mais, comme souvent avec lui, je reste un peu en retrait, et j'ai du mal à comprendre l'enthousiasme de beaucoup de mes prédécesseurs. Mais ça doit être moi qui n'accroche pas. Malgré ses qualités, le travail d'Eisner ne me touche que très rarement. Cette lecture est sympathique, mais sans plus.
Un quartier à travers les âges - Dans la carrière de l'auteur, ce tome est paru entre Le peuple invisible (1993) et Affaires de famille (1998). La première édition date de 1995. L'histoire comprend 170 pages de bandes dessinées en noir & blanc. Le tome s'ouvre avec l'introduction rédigée par Will Eisner pour l'édition originale de 1995. Il évoque l'objectif qu'il s'était fixé : raconter l'histoire d'un quartier au fil des décennies, en faisant apparaître que ce qui fait son identité sont les personnes qui l'habitent. Il ajoute qu'il a effectué des recherches sur l'histoire du Bronx, confirmant que le quartier en question se situe bien dans le Bronx, le plus au nord des 5 arrondissements de New York. Au début, il n'y avait que quelques maisons implantées à proximité du croisement de plusieurs routes. En 1870, il a commencé à se former un voisinage au sens propre du terme, essentiellement des fermes héritées de vieilles familles hollandaises. Dans une de ces demeures, la famille Dropsie (le mari, la femme, le frère et la fille) constate qu'il y a régulièrement de nouveaux habitants qui font construire leur maison, essentiellement des immigrés britanniques. En plus, ils ont l'art et la manière d'obtenir de meilleurs prix pour leurs récoltes. Un soir, le frère bien bourré décide d'aller incendier le champ d'un anglais. Il entraîne avec lui la fille du couple qui essaye de l'arrêter. La fille périt accidentellement dans les flammes. Le père sort et abat son frère d'une balle dans la tête. Les parents sombrent dans la dépression, alors que le voisinage continue de se transformer, les maisons empiétant sur les terres agricoles, jusqu'à toutes les occuper. En 1890, le mari laisse se consumer une bougie le soir qui met le feu à la maison la nuit. Les époux périssent dans l'incendie, la destruction de la demeure libérant la dernière parcelle du quartier. Quelques semaines plus tard, la parcelle est achetée par un couple d'irlandais dont le mari a fait fortune dans la construction. Il souhaite s'établir dans un quartier huppé pour attester de leur réussite sociale. L'une des familles du voisinage décide de vendre sa propre maison et de déménager pour ne pas avoir à croiser des irlandais dans la rue, ni les avoir sous le nez depuis leur fenêtre. Leur femme de ménage va rapporter l'information dans sa famille. Le père, un chef d'entreprise (de livraison par charrette à bras) y voit l'occasion lui aussi de mettre un pied dans la bonne société en achetant la demeure ainsi libérée. Dans la famille irlandaise, la mère se plaint que leurs voisins anglais refusent de répondre à ses invitations pour des soirées. Le fils apprend le piano au grand dam de son père qui veut qu'il reprenne son affaire de construction. La fille sort tous les soirs. Un jour le pasteur O' Leary rend visite au chef de l'entreprise des charretiers, handicapé suite à un accident, et il lui apprend qu'il se rend chez les O'Brien dont la fille vient d'être arrêtée pour prostitution, ce qui provoque une forte hilarité chez le patron. Chez les O'Brien, le choc de la nouvelle est trop fort pour la mère qui décède d'une crise cardiaque. Le fils va verser la caution de sa sœur au commissariat, mais le proxénète l'a déjà fait et il compte bien repartir avec la fille. Il s'en suit une bagarre au cours de laquelle le mac est tué, et le fils décide que sa sœur doit fuir au Canada séance tenante. Il rentre ensuite à la maison pour découvrir que son père a également succombé à un arrêt cardiaque. Peu de temps après, Miss Brown, une institutrice, emménage à Dropsie Avenue. Dans son introduction de 2 pages, Will Eisner se montre particulièrement explicite quant à son objectif (raconter l'histoire d'un quartier), sa motivation (rendre compte de l'importance du voisinage pour les habitants) et de l'absence de précédent en bande dessinée. Il évoque les difficultés inhérentes aux limites de la bande dessinée pour réaliser une telle entreprise, ainsi que les forces du médium qu'il a utilisées pour réussir. Effectivement, la bande dessinée se prête très bien à la narration de récit faisant vivre des personnages, et ne semble pas a priori à même de rendre compte d'un phénomène associant Histoire, urbanisme et sociologie. Pourtant… Le lecteur retrouve tout ce qui la force narrative de l'auteur : sa capacité à insuffler une vie complexe dans ses personnages, chacun étant unique, à l'opposé d'un dispositif narratif réduit à l'état de coquille vide, ou d'un stéréotype prêt à l'emploi sans personnalité propre. Au fil des décennies, le lecteur fait connaissance avec plusieurs dizaines d'individus tous mémorables. Will Eisner retrace l'histoire de cette avenue Dropsie pendant un peu plus d'une centaine d'années. Il y a donc un prologue situant le début en 1870 et amenant au nom de Dropsie. Puis les habitants donnent une âme à ce voisinage, en font un organisme vivant qui évolue au gré des populations l'animant. L'artiste est toujours aussi surdoué pour la direction d'acteurs et les costumes. Comme à son habitude, il n'hésite pas à user d'une touche d'exagération dans les postures et les mouvements pour mieux rendre visible un état d'esprit ou une émotion. Sous réserve qu'il y prête attention, le lecteur peut voir que les personnages se conduisent parfois comme des acteurs de théâtre en faisant des grands gestes un peu appuyés, ou des mines dramatiques insistantes. Mais dans le fil de la lecture, cela fait surtout passer les émotions avec une justesse épatante, générant une empathie irrésistible qui donnant la sensation d'être dans leur tête. Il en va de même pour la qualité des tenues vestimentaires. Will Eisner fat bien sûr le nécessaire pour que la reconstitution historique soit authentique. Il sait comme personne montrer s'il s'agit de vêtements neufs ou usés, d'une tenue de tous les jours choisie pour sa praticité ou d'une tenue d'apparat dans laquelle l'individu est un peu engoncé. Là encore, le naturel des dessins est tel que le lecteur absorbe ces détails sans avoir à y prêter attention. Cette justesse dans les personnages va jusqu'à savoir montrer à quelle classe sociale ils appartiennent, leur conscience de leur place dans la société et leur acceptation ou leur rébellion contre cet état de fait issu de leur naissance. Le lecteur voit donc passer des fermiers plus ou moins travailleurs, un chef d'entreprise issu du monde ouvrier, une maîtresse d'école, un chef de projet de ligne de métro, une fleuriste en fauteuil roulant, un jeune homme vivant de cambriolages, des policiers honnêtes, des policiers ripoux, des pasteurs, un chiffonnier de rue, un rabbin, un avocat, un vétéran de la guerre du Vietnam, des dealers, un afro-américain avec sa fille, etc. Au fur et à mesure que se succèdent les habitants de ce voisinage au fil des décennies, le lecteur voit évoluer la société américaine, les métiers, les habitudes, le multiculturalisme, etc. De la même manière, il voit l'évolution de l'urbanisme de ce quartier. Bien évidemment il sait en son for intérieur que New York n'a pas toujours été une mégalopole de près de 10 millions d'habitants. Mais c'est autre chose que de le voir. C'est également autre chose de voir qu'au début ce n'était pas des gratte-ciels, ni même des immeubles de quelques étages. De ce point de vue, Will Eisner utilise avec habileté les possibilités de la bande dessinée pour les reconstitutions historiques montrant l'évolution de ce territoire bien délimité depuis les champs de la fin du dix-neuvième siècle, jusqu'au milieu urbain vertical très dense. Le tour de force de ce récit monte encore d'un cran avec sa composante sociologique. À aucun moment, le lecteur ne ressent que l'auteur a construit des personnages de toute pièce pour qu'ils correspondent pile poil à ses besoins : historiques et sociologiques. Il éprouve la sensation contraire : ce sont bien les individus qui dictent les évolutions du voisinage, même s'il sait sur le plan intellectuel que Will Eisner a fait la démarche inverse. Avec une échelle d'un peu plus d'un siècle, l'auteur fait apparaître des évolutions insensibles à l'échelle de quelques années, généralement perceptibles par des adultes ayant vécu plusieurs dizaines d'années s'ils font l'effort de se concentrer sur la question, s'ils ont vécu au même endroit pendant un nombre d'années significatifs par rapport à cette période. Le lecteur retrouve tout l'humanisme de Will Eisner dans le parcours de vie de ses personnages (certains étant suivis pendant plusieurs dizaines d'années), et sa connaissance de la nature humaine qui peut parfois donner l'impression d'être du cynisme, voire de la cruauté. Dans la vision du monde de Will Eisner, tout le monde n'est pas beau et gentil, mais pour autant il ne condamne pas les uns ou les autres. Il sait que tout le monde est issu d'un milieu socio-culturel avec ses caractéristiques et a une histoire personnelle qui détermine son comportement. Cela lui permet aussi de faire émerger les lois sociologiques qui président à l'évolution du voisinage de Dropsie Avenue : les vagues d'immigration, les échanges capitalistes pour la recherche du profit, la peur et la haine de l'autre, l'aspiration à une vie meilleure, l'avidité et la voracité, les économies de bout de chandelle, la capacité à éprouver du contentement avec ce que l'on a, etc. Avec ce tome, Will Eisner se donne un défi : réaliser une étude sociologique et urbanistique d'un quartier, en bande dessinée. S'il n'a pas cette perspective en tête, le lecteur peut regretter que le récit semble sauter du coq à l'âne en ce qui concerne les personnages, donnant parfois une sensation un peu décousue. S'il l'a en tête, il plonge dans une reconstitution historique de haute volée, dans une comédie dramatique d'une richesse extraordinaire, dans un tableau vivant des forces qui façonnent un quartier et la société humaine.
Will Eisner nous plonge dans l'histoire intime d'un bloc d'immeubles qui lui tient particulièrement à coeur, Dropsie Avenue dans le Bronx. Cent années de hauts et de bas, de drames et de petits miracles, d'ombres et de lumières de la société américaine analysée au ras de bitume. Ces "héros" ont des destins qui se croisent avec la fluidité de narration propre à Eisner. Certains personnages (Abie, Izzy) assurent le lien entre les périodes et donnent de la cohérence au récit. Un récit digne de "Forrest Gump" où la grande histoire des USA influence en bien ou en mal les petites histoires du quotidien. Malgré les côtés sombres (drames domestiques, corruption, dealers, racisme) Will Eisner met en valeur les meilleurs côtés de la volonté énergique américaine, métissage (Juif-Catho, Blanc-Noir...), résilience et vitalité devant l'adversité, ascenseur social grâce au mérite. Le message est clair, même dans l'adversité même quand tout s'écroule il y aura toujours un moment où tout peut renaître et repartir. Comme toujours la forme est du plus haut niveau. Dessins, découpages, éclairages, fluidité nous sommes partout au sommet. Une lecture très réconfortante et agréable.
Cette histoire a pour décor une rue imaginaire du Bronx - Dropsie avenue – dont les habitants ont peuplé l’enfance et la jeunesse de Will Eisner. Le postulat de départ est, pour moi, d’emblée intéressant. Je ne me lasse pas des tranches de vie racontées et dessinées par Will Eisner dont le talent ne se dément pas au fil des albums. J’aime ses récits, ses personnages au caractère haut en couleur, évoluant dans la simplicité de leur quotidien. Un peu comme dans un film passant en accéléré, on assiste à une succession de vagues migratoires qui s’installent, s’approprient les lieux au grand dam de la précédente génération, puis voient arriver d’un mauvais œil la vague suivante qui, après un temps de cohabitation plus ou moins facile, finit par les remplacer. Ceux qui s’en sortent par le haut quittent le Bronx pour un autre quartier de New York où devrait les attendre une vie meilleure. C’est l’histoire du peuplement de New York qui défile sous nos yeux. Le quartier, lui aussi, évolue au fil des générations : les vieilles bâtisses disparaissent, des immeubles les remplacent. L’album est plus attaché au quartier qu’aux personnages auxquels on a à peine le temps de s’attacher. Les guerres mondiales, la crise économique des années 30, l’évolution technologique et industrielle, la politique, les syndicats marquent la vie et changent le visage de la rue. J’ai vraiment beaucoup aimé cette « une biographie d’une rue de Bronx ». Will Eisner est un très grand auteur, sa vision truculente de la société est un régal. Et ses dessins aussi. D’une grande élégance et d’une grande finesse, ils gagnent en liberté et en énergie en s’affranchissant du cadre. Une très belle histoire de voisinage.
Originale idée de prendre pour personnage principal une rue New Yorkaise... Car ici, Will Eisner se sert de ce point de vue pour nous brosser le portrait des Etats Unis et de son évolution sociale depuis 1870. Les familles défilent, le quartier évolue, l'immigration est constante et les problèmes qu'elle pose récurrents, même si chaque fois les origines des personnes stigmatisées est la seule donnée qui change. A partir de cette rue, tout ce qui fait la richesse et la déchéance d'une vie et d'une ville se met petit à petit en place. On découvre de nouveaux personnages, de nouvelles magouilles, de nouveaux bonheurs et d'autres déceptions. Brique après brique il construit son édifice de façon très intelligente. Rien n'échappe à son regard ; pauvreté, ascension sociale, politique et trafics, violence conjugale ou des gangs, racisme, amour, folie... la palette sociale et sociétale qu'il utilise balaye large mais en profondeur. Et c'est de la plus belle des manières qu'il nous dessine tout cela. Son trait si reconnaissable est d'une grande fluidité et expressivité. J'aime également sa façon de composer en s'affranchissant des cases lui laissant un champ immense pour construire ses planches. Il sait manier le noir et blanc comme peu en sont capables pour renforcer les émotions qu'il plante dans ses décors à coup de personnages vivants et de fortes tranches de vie . Car c'est vraiment ça qui ressors de cette BD : la vie avec tout ce qu'elle comporte de menus plaisirs mais aussi de désagréments ou de douleur.
Dans la trilogie du Bronx d'Eisner, 'Dropsie Avenue' est mon préféré. Cela vient du fait que non seulement on rencontre des personnages très humains, mais en plus on voit l'histoire et l'évolution de ce quartier. Je trouve que c'est un bon concept et j'ai adoré voir les différents habitants qui sont la plupart du temps des immigrants qui sont parfois confrontés au racisme comme, par exemple, une famille allemande pendant la seconde guerre mondiale. Il y a tout de même une chose que je reproche à cet album : on ne s'attache pas aux personnages ! Ils disparaissent souvent quand je commence à les aimer et c'est un peu frustrant.
Ca alors, je suis étonné en lisant les avis ci-dessous. Autant j’avais trouvé Un Pacte avec Dieu « pas mal ». Autant j’avais trouvé Jacob le Cafard « franchement bien ». Autant là je me suis profondément ennuyé à la lecture de ce pavé. J’ai trouvé ça trop austère, trop didactique. Il s’agit presque d’une livre d’histoire sur l’évolution sociale et politique des USA. Ca parle élus locaux, immobilier, taxes, magouilles, etc… Il est impossible de s’attacher aux personnages, faute à la nature même de la narration : l’histoire couvre 4 siècles, et avance donc très très rapidement… des personnages apparaissent, prospèrent ou souffrent pendant quelques pages, puis hop, on passe à la génération suivante, à de nouveaux personnages. En fait j’ai l’impression que plus Will Eisner avançait dans son travail, plus il s’éloignait des aspects humains pour se focaliser sur le côté historique. J’avais trouvé le 1er titre de cette trilogie, Un Pacte avec Dieu, justement trop léger, trop terre à terre. Puis le 2ème, Jacob le Cafard avait introduit de nombreux faits historiques intéressants, tout en restant très humain. Mais voila, ce 3ème volume rompt selon moi cet équilibre parfait, et se concentre trop sur les faits historiques. Bon, c’est bien documenté, et intéressera sûrement beaucoup de gens. Mais ma lecture a été un vrai calvaire. :(
Dropsie Avenue, c'est une rue imaginaire nourrie des souvenirs d'enfance de Will Eisner à travers 4 siècles d'immigration durant lesquels Hollandais, Anglais, Irlandais, Juifs, Afro-Américains et Portugais ont construit l'identité américaine. Nous suivons ici l'évolution d'un quartier en mutation permanente. L'auteur retrace la trajectoire sociale de la mythique avenue depuis 1870 alors qu'elle n'était qu'un vaste carrefour du Bronx délimité par quelques fermes. Ce n'est pas une Amérique glorifiante que Will Eisner décrit mais celle qui souffre dans les rues miséreuses. Une vérité historique saisissante que cette survie en milieu urbain. C'est un véritable regard humaniste que pose l'auteur avec une sensibilité qui le caractérise. Le scénario semble s'effacer car ce qui compte c'est de découvrir l'évolution de ce quartier et ce qui forge son identité. L'auteur s'affranchit du format des cases: c'est d'une véritable audace graphique! Cet album est le dernier d'une trilogie commencée en 1978 par Un Pacte avec Dieu. Suivra plus tard le combat existentiel d'un Jacob le Cafard. J'ai pris du plaisir à découvrir cette trilogie dressant le portrait d'une Amérique multiculturelle de la fin du XIXème siècle à nos jours. Vous également, vous le serez! :) Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4/5
Un énorme coup de coeur pour cette BD. Quel talent : en contant la vie d'une avenue, c'est l'histoire des Etats Unis que l'on revisite. Cette bd se lit sans que l'on se rende compte du perpétuel changement des personnages au fil des époques. Bien sur, il y a des liens parents, sociaux, ethniques entre eux. Le scénario ne se veut pas moraliste mais réaliste sur les comportements humains au fil des ages. On dirait un échantillon de labo qui serait en observation, dans le but de comprendre ce qu'il se passe à plus grande échelle. C'est tellement dense que ça ne se raconte pas. Il y a de l'humour, des personnages détestables, de la romance, etc.... Il doit y avoir de tout dans ces pages !!! Le dessin N&B est un modèle du genre, le découpage parfois original mais toujours efficace. Une vraie merveille qui finira par trouver son public.
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