Adam au Chromaland
« Comment un doux rêveur se retrouve embarqué dans une aventure plus incroyable et dangereuse que tout ce qu'il aurait pu imaginer… »
Auteurs italiens D'un monde à l'autre Peinture et tableaux en bande dessinée Séries hélas abandonnées
Chromaland est le pays de l'imaginaire, gouverné par un Empereur sage et pacifique qui s'assure que les idées ne s'égarent pas trop d'un imaginaire à un autre. Mais Chromaland est menacé par les armées de Grise, propre fils de l'Empereur, sur le passage desquelles toute imagination est annihilée, uniformisée. Il faudra l'aide impromptue d'un jeune humain pour stopper la menace.
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Date de parution | 22 Août 2007 |
Statut histoire | Série abandonnée 1 tome paru |
Les avis
Voilà une série tout-à-fait originale et prometteuse ! En effet, “Adam au Chromaland” met en scène -avec pour l’instant un certain talent- des personnages extraits d’oeuvres d’art, pour la plupart archi-connues, pour le plus grand plaisir des passionnés d’arts plastiques, dont je suis. L’idée de départ est excellente : un monde parallèle dans lequel vivent les êtres imaginaires créés par des peintres et des sculpteurs tels que Picasso, Dali, Munch, Magritte, Van Gogh, et tant d’autres, sont menacés de disparition, et seul un humain peut les sauver de cette issue fatale. Graphiquement, c’est un véritable plaisir pour les yeux, tous les “emprunts” à la peinture et à la sculpture sont mis en scène et animés de façon fidèle, on les reconnaît vraiment et cela confère à la lecture un côté ludique vraiment sympa. En outre, le Chromaland lui-même, est un vrai régal, on se perd avec délices dans les planches qui lui sont consacrées. La mise en couleur, assez flashie mais sans outrance concourt elle aussi à cette réussite. En revanche, j’ai été assez gênée par le traitement graphique du monde réel, très pauvre en détails, plus grossièrement exécuté. Peut-être est-ce voulu, afin de mieux marquer la distinction entre les deux univers, et aussi de contrebalancer l’exubérance du Chromaland, toujours est-il que ces planches-là ne m’ont pas paru aussi réussies. Néanmoins, c’est dans l’ensemble un premier album inventif, dont j’attends déjà la suite avec une certaine impatience, et bien sûr mon coup de coeur du moment. Juste un petit bémol : la couverture, que personnellement je trouve assez hideuse, et en particulier le lettrage du titre qui fait très “wordart” ; à cause d’elle, j’ai bien failli passer à côté de cet album, ce qui eut été dommage !
Un jeune garçon qui se retrouve projeté dans un monde imaginaire pour le sauver d'un grand danger, voilà une intrigue qui n'a rien de bien novateur à première vue. Mais quand ce monde est d'une véritable originalité, quand le récit est raconté avec brio et humour et quand le dessin est largement à la hauteur de ses ambitions, cela donne le début d'une excellente BD. Un véritable coup de coeur en ce qui me concerne ! Imaginez un univers qui soit celui de l'imagination. Y vivent toutes les chimères imaginées un jour par les hommes vivants ou l'imaginaire des grands artistes qui perdurent dans l'esprit des vivants. Divisées en royaumes de l'imaginaire de chacun, elles se côtoient, se croisent, s'influencent. L'imaginaire de Magritte relié à ceux de Monet, de Van Gogh et d'innombrables artistes, peintres, écrivains, cinéastes, etc... Dans chacun de ces imaginaires, les décors et les êtres vivants sont à l'image des créations de leurs auteurs mais aussi de tous ceux qui les ont influencés. Transposé en images dans Adam au Chromaland, cela donne un patchwork coloré, beau et fouillis à la fois, ensemble d'innombrables références visuelles et artistiques. Le dessin de Di Giammarino est tout à fait à la hauteur de la tâche. Son trait fait légèrement penser à celui d'Eduardo Risso ou d'Horacio Domingues, une touche d'ambiance latine associée à une maîtrise et un trait lisse proche du comics. La colorisation, informatique et légèrement froide à la manière d'un Beltran, offre des tons pastels très variés pour une ambiance colorée, comme le veut le nom du royaume : Chromaland. Et au fil des pages, on s'amuse à repérer dans chaque planche toutes les clins d'oeil aux oeuvres de peintres, de sculpteurs, de cinéastes et autres écrivains. C'est d'ailleurs avec bonheur que l'on découvre en fin d'album la liste des titres et auteurs de chacune de ces références artistiques. Quant au récit, il est à double niveau. L'intrigue de base semble destinée à un lectorat assez jeune. Un petit garçon débrouillard et imaginatif qui va sauver le Royaume Imaginaire, rien de bien nouveau. Mais cette simple intrigue est très bien racontée permettant à un adulte de la lire sans jamais s'ennuyer. Et le même lecteur adulte pourra ensuite profiter du second niveau de lecture, de ces très nombreuses références artistiques bien sûr mais aussi d'un véritable humour qui se dégage des planches. L'histoire ne se prend pas totalement au sérieux et les gags sont nombreux quoique discrets. J'ai notamment été plié de rire en voyant cette Madonne de peinture classique jouer les nounous avec tous les petits Jésus que les autres Saintes-Vierges du musée lui avaient laissés en garde. Un vrai plaisir de lecture et un vrai plaisir pour les yeux. Les amateurs de peinture, d'imaginaire, d'humour et de récit d'aventure fantastique seront ravis. Et si les tomes suivants pouvaient rester sur le même niveau de qualité, nous aurions peut-être bien là un futur immanquable. Hélas, suite aux soucis financiers des Humanos, les droits ont été rendus aux auteurs et nul ne saurait dire si la suite paraitra un jour et chez quel éditeur...
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