Tranches de vie
Un microcosme "post 68" vu par la lorgnette acerbe de Lauzier...
BDs adaptées en film Pilote
C'est l'histoire de petites histoires d'un microcosme post soixante-huitard. C'est l'histoire de personnages qui, à l'époque, meublaient les nuits parisiennes et refaisaient le monde -leur monde- à leur façon... Et il y a de tout dans cette bande de gugusses : les "jeunes loups" qui veulent se remplir les poches vite fait, les vieux patrons qui ne s'en laissent pas compter, les partouzeurs, les nunuches et les putes, les dévergondées, ceux de droite et de gauche -suivant l'inspiration du moment-, les philosophes d'un jour, les maîtresses-femmes qui se transforment vite en femmes-objets, les petits -faux- bourgeois qui annoncent déjà une génératio "psy"... Ce petit monde vit, s'aime, se déteste, s'apprécie rarement, se déchire souvent, forme une galerie de personnages dans lesquels beaucoup d'entre-vous ont pu se reconnaître... mais sans jamais vouloir le reconnaître...
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Date de parution | Avril 1975 |
Statut histoire | Histoires courtes 5 tomes parus |
Les avis
Relire Lauzier est toujours pour moi un réel plaisir. Ses "Tranches de Vie" n'ont pas dérogé à cette habitude. Je trouve l'impertinence intelligente de Lauzier un délice de la libre expression non conformiste. Beaufs, snobs de droite et de gauche, intellos du microcosme, machos et dirigeants du PC, tous en prennent pour leur grade avec un humour caustique de grande qualité. Particulièrement dans ces Tranches j'ai retrouvé quelques gags très drôles. "Le nouveau dîner en ville" T4, avec un dialogue Atila (Attali)/ Trucsman (Glucsman) des plus savoureux et visionnaire. Dans "Paris sera toujours Paris" on lit " Le Pen...De quelle ethnie il est déjà celui-là ?", c'est toujours d'actualité même si une génération est passée. Bien sûr il y a beaucoup de références politiques ou sociologiques que les jeunes lecteurs-trices ne connaissent pas. Mais perso j'apprécie toujours. J'aime aussi son graphisme rond et caricatural centré sur les expressions et les looks branchés de l'époque. Lauzier nous a offert presque des oeuvres d'ethnologie à caractères scientifiques pour les chercheurs qui voudront étudier cette génération (la mienne) pourrie-gâtée.
On pourrait aisément reprocher à Lauzier de développer des dialogues envahissants, c’est en effet très – parfois trop – bavard. On peut aussi pointer une série bien ancrée dans son époque, et donc sans doute en partie difficile à appréhender pour de jeunes lecteurs. Les couleurs sont en effet très seventies (et leur rendu, un peu délavé). Et les préoccupations des personnages, les idées mises en valeur ou dénigrées, ne sont pas toujours heureuses, et sont, elles-aussi, peut-être un chouia datées. Mais j’ai quand même trouvé recommandable cette série. Reflet d’une époque certes, et en cela déjà intéressante, elle n’en possède pas moins des qualités intrinsèques. Lauzier est un bon observateur de son époque – il l’a montré dans plusieurs séries – et sait se montrer caustique. Même si ce n’est pas non plus toujours corrosif ou trash, ces chroniques (ce sont en fait de petites histoires, plus ou moins longues) gardent quand même un certain intérêt. Un humour inégal (mais qui fait parfois mouche) agrémente ces petites histoires. Disons que, sur des thématiques parfois proches, je préfère largement ce genre de série que ce que pouvait produire à la même époque – et chez le même éditeur – quelqu’un comme Bretécher. Une vision de la plus ou moins petite bourgeoisie, des bobos, qui aurait sans doute gagné à être plus aérée et moins lourde dans la narration, mais cela se laisse lire – à petite dose il est vrai. Note réelle 2,5/5.
A contre-courant de la tendance de l'époque qui voit un vent de gauche souffler sur la BD adulte, Lauzier règle des comptes avec cette série parue dans Pilote dès 1974. Il épingle avec une ironie mordante une faune hétéroclite, très parisienne, qui fréquente les boîtes à la mode ou les bars de nuit, les salons parisiens du XVIème arrondissement, les bureaux des grandes entreprises, les milieux bourgeois aisés. L'humour est grinçant, parfois au vitriol, mais toujours lucide, le trait incisif mais net. Personne n'y échappe : cadres aux dents longues ou anxieux, gros pdg impitoyables, jeunes gauchistes en mal de vivre, phallocrates blasés, femmes du monde sans scrupules, filles vénales et nymphomanes, fétards désabusés, vieux cochons en mal d'amour, grands bourgeois fiers et dédaigneux, parvenus pathétiques, jeunes loups cyniques, employés complexés, petits bourgeois égoïstes, ados à problèmes, marginaux victimes de la société décadente.....il y en a pour tous les goûts dans toutes les classes sociales, dont Lauzier se moque avec le sens de l'observation poussé à l'extrême. Chaque court récit est construit en forme de sketch, les dialogues reflétant souvent le côté prétentieux des personnages. Une vraie satire de la société parisienne où tout sonne juste. L'inconvénient, c'est que la bande est beaucoup trop ancrée dans son époque 70's, les nouvelles générations auront du mal à comprendre certains comportements et certaines idéologies; de plus, les dialogues sont envahissants, même moi, j'ai du mal à supporter cette narration, et les chutes ne sont pas toujours excellentes. Tout ceci suffit aujourd'hui pour dire que ces fables modernes sont un document d'une époque qui fut exaltante, mais dont l'achat n'est plus indispensable.
Oula ! Après avoir adoré La course du rat du même auteur, je m'attendais à une oeuvre un cran au-dessus tout de même. Ayant trouvé les deux premiers tomes pour très peu cher, je me suis lancé sur le simple nom de Lauzier. Et là, et ben ... Ca blesse. Tout d'abord, la BD souffre des mêmes défauts que les autres : le dessin qui est moche, la coloration qui est hideuse, la surabondance de texte dans les cases. Mais cette fois-ci, le scénario est largement en-dessous. Lauzier, avec ses tranches de vie, croque un monde des années 70, acide et mordant, crachant sur tout et sur tout le monde. Ce propos ne me gène absolument pas, et j'ajouterais même que le propos est bien trouvé et le portrait très réussi. Mais pourquoi, grand dieu pourquoi avoir fait une BD ? Avec autant de texte, c'était un livre de chroniques sociales qu'il fallait faire ! En BD, ça ne passe pas ! J'ai mis près de deux jours pour venir à bout du tome 2, et le tome 1 me tombe encore des mains. C'est lent, pas rythmé, pas rapide. On s’ennuie, chaque page décourage, c'est lassant ! Et surtout, le propos est amusant, mais moi qui suis né des années plus tard, je comprends mal certaines idées qui sont très orientés post-68. Malgré tout, j'avoue avoir bien rigolé sur certaines planches, mais plus dans le tome 2 (notamment le chinois ou encore le débat politique entre les deux frangins, qui sont encore d'actualité). En bref, une BD qui pêche par sa narration trop (mais largement) lourde, des dessins moches et un ensemble qui sent un peu le vieux. Je verrais pour me procurer les autres tomes, mais je ne vais pas débourser beaucoup pour, c'est sur. 2/5, c'est parfait
Sur la base de la plutôt bonne surprise de ma lecture de Un certain malaise du même auteur, j'espérais apprécier cette BD. Mais bof... On retrouve l'ambiance d'époque qu'affectionne grandement Lauzier. Milieu urbain post-68, moeurs libérées, beaucoup de parlotte, réflexions sur la société, le couple, le sexe, quelques thérapies de groupe... C'est assez représentatif d'un temps et de personnages que de nos jours on appellerait volontiers bobo. Le côté instructif ne m'a pas déplu. Mais je n'ai pas ri et je me suis ennuyé. Les histoires sont souvent trop bavardes et les chutes tombent à plat. Je ne me souviens pas avoir souri de toute ma lecture, alors que j'ai franchement ri dans d'autres oeuvres de Lauzier. Dommage.
Ces "Tranches de vie" ne m'ont pas du tout fait rire. Pourtant, j'ai lu l'album qui regroupe les meilleures histoires de la série ! Si c'est le cas, je n'ose pas imaginer celles qui sont moins bonnes tellement j'ai trouvé "les meilleures" très mauvaises. En fait, pour être honnête, je ne pense pas que la série soit mauvaise. C'est juste que cela représente une époque que je n'ai pas connue et donc je ne peux pas comprendre la satire que fait Lauzier sur différents aspects de cette époque (les chinois maoïstes, les communes de hippies). De plus, la plupart des récits portent sur des thèmes de la France post-mai 68 et comme je suis québécois je pense qu’il est normal que je ne comprenne pas où Lauzier veut en venir avec ses histoires. Un français qui regarde le film "Elvis Gratton" aura la même sensation.
Pas mal, vraiment. Et bien que çe ne soit pas récent (ça a quand même plus de trente ans) la lecture de ces "tranches" m'est encore savoureuse. Tous comptes faits, le monde n'a pour ainsi dire pas changé. Ces "intellectuels" de l'époque, les personnages très bien décrits et "croqués" par Lauzier, ben on les retrouve encore dans les années 2000. "Tranches de vie" ?... une frange de la société décortiquée avec un humour très impertinent par Lauzier. Une description vraiment savoureuse de personnes qui parlent beaucoup, qui ne visent qu'à "réussir" rapidement et qui, quand on les regarde bien s'agiter pour quasi rien, ne réussissent qu'une seule chose : elles s'emmerdent ! Mais tant qu'elles ne m'emmerdent pas, je les laisse dans leur petit monde. Et elles ne demandent que ça, je pense. "Vitriolesque" par moments, du "pain béni" de lecture si vous voulez passer un bon moment à éventuellement retrouver l'un ou l'une de vos connaissances dans ces descriptions sans concessions. Et vous en trouverez !...
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