La Ligne de fuite
Adrien, poète raté, part à la recherche de Rimbaud, en Afrique.
Arthur Rimbaud Ethiopie et Erythrée Les prix lecteurs BDTheque 2007 Mer Rouge et Corne de l'Afrique Milieux artistiques Nouveau Futuropolis Poètes et poésie
Paris, fin du dix-neuvième siècle. Arthur Rimbaud a disparu des cercles littéraires et parisiens depuis une douzaine d'années, mais son oeuvre a marqué à tout jamais la poésie. Parmi ses admirateurs, Adrien, poète amateur, est mandaté par le journal 'Le Décadent' pour écrire de faux alexandrins de Rimbaud. Le journal est attaqué par Verlaine. Adrien, pasticheur de Rimbaud, devient la risée du Paris littéraire. Il décide d'aller sur les pas de Rimbaud, et tout d'abord à Charleville, ville natale du poète où il rencontre sa soeur. Suivant les traces de Rimbaud, il embarque à Marseille pour Aden, dernière résidence connue du poète maudit.
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Date de parution | 05 Septembre 2007 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J'ai découvert cette BD sans trop savoir à quoi m'attendre, attiré par les avis élogieux mais sans avoir regardé de quoi ça parlait exactement. Et la surprise a été assez grande sur le sujet, qui ne me passionne d'ailleurs pas plus que ça. Rimbaud est un personnage haut en couleurs et qui semble avoir marqué pas mal de monde, quand bien même ses poésies ne m'ont jamais touchées plus que ça. Mais cette histoire à de quoi m'intéresser tout de même. J'ai beaucoup apprécié le trait de Benjamin Flao sur Kililana Song, et je retrouve ici son charme malgré l'écart énorme entre les paysages représentées. On sent un trait qui tente de remettre dans l'ambiance de cette époque, et cela se sent que c'est travaillé. Cela dit, en faisant le comparatif avec d'autres oeuvres qui se déroulent aux XIXè siècle, je trouve celui-ci moins adapté à rendre cette époque. Du moins en France, la partie se déroulant sur le continent africain étant plus homogène à mes yeux. Pour l'histoire, cette recherche de Rimbaud jusqu'en Afrique est assez prenante, notamment lorsqu'on voit l'impact qu'on eut les poèmes de ce jeune homme éprit de liberté. De la fabrication de faux jusqu'à la traque en suivant ses lettres par des amateurs qui espèrent republier des poèmes originaux, on suit plusieurs personnages dans une idée fixe. Cette obsession traduit entre autre l'émergence de nouvelles idées dans cette France d'alors. On cherche à trouver un nouveau souffle, un nouvel idéal. C'est assez bien mené, et je ne me suis pas ennuyé à la lecture, mais au final je ne suis pas conquis non plus. C'est parfois un peu trop verbeux, et malgré tout j'en ressors avec la sensation d'oublier assez vite ma lecture. C'est un peu en-deça d'autres BD sur des sujets d'artistes ou du XIXè siècle, un peu oubliable. Je l'ai lu voilà quelques jours et déjà son souvenir s'étiole un peu. Bref, sans pouvoir dire exactement ce qui cloche ici, je trouve que la BD est assez oubliable. Elle ne m'a pas spécialement marquée, même si j'ai eu du plaisir à la lire, et je ne pense pas que je serais tenté par une relecture, du moins pas immédiatement. Sans doute devrais-je attendre de lire du Rimbaud et m'intéresser un peu plus au personnage.
Du faussaire au mythe. La ligne de fuite est une mise en perspective de la trajectoire d'Arthur Rimbaud, de Charleville à l'Abyssinie, sous la forme d'une bande dessinée qui met en scène un poète décadent, Adrien, lancé sur les traces de "l'homme aux semelles de vent". Vaste entreprise où il est facile de se casser les dents avec pertes et tracas mais le scénario est maîtrisé de bout en bout par Christophe Dabitch et les partis pris sont pertinents. La fiction s'insinue habilement dans la réalité (littéraire, rêvée, recomposée). Rimbaud touche bientôt à la fin de son séjour terrestre alors que son mythe prend déjà son essor. C'est sur cette charnière que l'histoire s'appuie. Le dessin de Benjamin Flao semble flottant avec ses traits brouillés et ses hachures indécises, ses belles couleurs aquarellées. Le lecteur navigue entre réalité triviale et onirisme exacerbé. Les atmosphères parisiennes, ardennaises, marseillaises, abyssines sont bien rendues. Adrien, le poète faussaire du journal Le Décadent finit par prendre l'aspect physique d'Arthur Rimbaud. Enfin, des poèmes de Rimbaud, écrits en lettres de feu et de sang émaillent le récit, véritables filons enchâssés : " Des humains suffrages, des communs élans, Là tu te dégages et voles selon". Nombre d'allusions et de clins d'oeil parsèment le cours du récit et montrent la connaissance et la connivence que les auteurs ont tressées autour de l'œuvre rimbaldienne, la vie et la poésie intimement liées.
J'ai la culture poétique d'une huître, alors je m'engage sur cette BD non sans appréhension. Et j'ai la fâcheuse tendance à m'ennuyer ferme quand un récit biographique prend une tournure de poète au pauvre esprit torturé, ô pauvre esprit torturé ! Sauf qu'ici ça n'a rien à voir. Et puis finalement, même si l'on gravite continuellement autour de Rimbaud et que l'on suit son itinéraire jusqu'à la rencontre finale, c'est aussi (et autant) Adrien qui doit intéresser le lecteur. Ce mélange entre faits réels et fiction est une réussite, un exemple ! Et puis ce dessin singulier m'a embarqué dès le départ. Certaines pages, proches de l'illustration, sont grandioses. Et les couleurs participent clairement à l'ambiance de chaque scène. Le trait, griffonné et raffiné, fait penser en effet à un carnet de voyages, et le dessinateur n'oublie pas de donner du mouvement et de la vie à ses personnages ! L'écriture est peut-être trop dense pour moi, bien qu'elle soit essentielle. Ma méconnaissance initiale du mouvement décadiste, et de Rimbaud il faut dire, n'a pas impacté mon enthousiasme pour parcourir cette quête. En ce qui me concerne, les tournures utilisées et les poèmes cités rendent l'ensemble assez complexe, j'ai dû m'accrocher ! Mais au final, je serais bien tenté de lire quelques poèmes pour goûter l'eau à sa source. Je ne vais pas prêcher les convertis, mais pour ceux qui souhaitent connaître ce mouvement, cette icône qu'est Rimbaud et cette période, vous pouvez démarrer par cette belle histoire.
Voilà une BD qui ne se dévoile pas du premier coup, elle est d'une lecture exigeante et cela est en partie du au fait que le texte est quasi omniprésent, peut être d'ailleurs un peu trop. Comme je le disais cette lecture n'est pas aisée et du coup il faut parfois savoir revenir en arrière pour vraiment profiter du dessin de Benjamin Flao, j'ai d'ailleurs eu l'impression à de nombreuses reprises de me trouver face à un carnet de voyage plutôt qu'à une véritable BD. Parfois même, sans être en accord total avec un style, on ne peut ici que mettre chapeau bas, tout comme la poésie de Rimbaud, les dessins nous invitent au voyage. Bravo donc!! Nous suivons donc le périple d'un obscur poète imitateur de Rimbaud qui décide de remonter et de suivre les traces du poète jusqu'en Abyssinie. Son parcours n'est en fait qu'un moyen à terme de se connaitre lui même. Que dire d'autre qui n'ait été déjà dit; c'est beau, cela possède une force indéniable et m'a personnellement incité à relire certains poèmes du grand Arthur, "Le bateau ivre " notamment.
Cet album est vraiment une belle réussite, sur un sujet qui aurait pu être casse gueule, eu égard à « l’icône » à laquelle il s’attaquait, à savoir Rimbaud. Et en plus à l’ubac du personnage, qui a abandonné la poésie, ses amis, pour devenir marchand – parfois d’armes – à Aden, c’est-à-dire au bout du monde. C’est d’abord une réussite graphique. Le dessin de Benjamin Flao, dans un style faussement brouillon, rehaussé à l’aquarelle, est franchement très beau, et très en harmonie avec le récit de cette quête impossible. Si le dessin est très bon, il faut dire qu’il est au service d’une histoire qui ne l’est pas moins. J’avais d’ailleurs déjà remarqué et la qualité du travail de Dabitch (souvent s’inspirant de faits réels) et sa propension à faire équipe avec des dessinateurs à la fois de styles différents et adaptés à ses scénarios (voir Jeronimus ou plus récemment La Colonne). Si le personnage et la poésie de Rimbaud imprègnent l’album d’un lyrisme noir, c’est en fait Adrien le héros, lui qui part chercher Rimbaud à Harrar, dans une quête de plus en plus inexpliquée, et qui comprend à la fin que c’est lui qu’il cherchait – et qu’il va trouver, au milieu du désert, si près et pourtant si loin de l’immense poète devenu commerçant. Un grand millésime de chez Futuropolis que je vous encourage fortement à découvrir !
Les différents avis déjà exprimés résument bien le récit. Sur certains points cette BD atteint les sommets et pour d'autres j'ai moins accroché. A titre personnel, j'ai adoré le dessin à l'aspect brouillon et pourtant si détaillé et bien colorié. Le scénario est bien construit mais n'étant fan de poésie, une partie de l'intérêt de l'album m'est passé à côté. Ce one shot tourne autour d'une légende de la poésie: Rimbaud. Il y a plusieurs poèmes dans le récit vraiment bien conçu pour les littéraires. Heureusement pour les autres, l'histoire reste intéressante avec une bonne base de vérité. D'ailleurs le cahier additionnel est bien fait et fignole bien le scénario en le resituant dans l'époque. Je pense être passé au travers sur certains points mais j'ai découvert deux auteurs doués. Je suis heureux de cette lecture atypique mais enrichissante.
Nous avons là une jolie ballade très poétique. Normal : la poésie constitue le socle même de ce récit tiré d'une réalité historique dans un Paris artistique à la recherche de son messie. Le décadent était un journal qui a voulu constituer un mouvement se réclamant du poète Arthur Rimbaud porté disparu dans les milieux artistiques de la capitale. La revue, sous l'impulsion de Baju son directeur de publication, envoie alors un jeune homme, Adrien, à la recherche du mystérieux poète qui a cessé d'écrire à l'âge de 21 ans à la suite de sa rupture mouvementée avec Verlaine. Il va partir alors en Afrique entre Aden et Harar sur les traces de l'écrivain. Adrien est en réalité fasciné par ce poète. Il a produit des faux de Rimbaud pour la revue. La honte du scandale qui a suivi ces publications l'oblige à prendre une ligne de fuite... Les dessins et les couleurs sont un véritable régal pour les yeux. Des décors somptueux à couper le souffle, des cadrages intelligents, des ambiances subtiles et enchanteresses, des couleurs réalisées à l'aquarelle ! Bref, j'ai éprouvé une véritable fascination visuelle devant l'intensité et l'incroyable beauté du trait avec une ambiance fin XIXème siècle parfaitement rendue. Je suis sidéré d'apprendre que c'est l'une des premières bd de ce dessinateur talentueux. Pour couronner le tout, nous avons droit à la fin de l'ouvrage à un dossier très instructif sur les personnages évoquées, sur le scandale de la revue et sur les décadents; bref une petite remise en perspective agrémentée de croquis. Pour autant, nous sommes entraînés dans une sorte de voyage aux confins de la folie dans les méandres d'un esprit halluciné. Il faut s'accrocher ! J'avais peur d'une fin un peu banale mais il n'en n'est rien. Tout ce récit un peu initiatique pour le jeune Adrien va prendre un sens. La ligne de fuite est un merveilleux voyage intime sur la recherche de soi. Qui aurait pu prévoir que c'est dans la fuite qu'on peut trouver une sorte de salut et de rédemption de l'être ? Nous avons là une oeuvre originale loin de toutes facilités ! Plongez dans cette atmosphère onirique bardée de poésie et de rêves poétiques !
Album pris en médiathèque sans du tout savoir de quoi ça parlait. Et le titre, plutôt bien pensé, ne laisse pas du tout présager du contenu. Il s'agit du parcours que je devine fictif d'un jeune homme honteux pastiche de Rimbaud le célèbre poète. Du moins par le nom, car tout le monde connaît Arthur Rimbaud, mais qui sait vraiment ce qu'il a fait, quelle fut sa courte vie. Cet album a eu au moins le mérite que je m'intéresse à la vie du personnage et au contexte de l'époque. Cette histoire est une espèce d'enquête sur les traces du poète qui s'ennuie dans sa vie et va la passer en grande partie à voyager à travers le monde. Mais son cercle de poètes ou assimilés parisien veut le faire rentrer à Paris pour qu'il y exerce son talent. On trouve parmi eux Verlaine qui apprendrai-je par la suite aurait eu une relation assez intime avec ledit Rimbaud, Anatole Baju fondateur de la revue Le Décadent. Adrien, le jeune poète pasticheur qui est notre détective en quelque sorte ira tel un pèlerin jusqu'en Afrique dans de très beaux décors, et d'ailleurs l'ensemble de cet opus est bien plaisant sur le plan dessinatoire. J'aime ce style d'histoires inspirées du réel, je cite en exemple La Sirène des pompiers qui évoque également un mouvement artistico-culturel de la fin du XIXème siècle. J'apprécie toujours d'en apprendre plus sur un plan historique. Recommandé, mais je n'irai pourtant pas jusqu'à lui donner une meilleure note tant il est vrai que j'ai bien aimé mais je n'ai pas non plus hyper accroché au phrasé poétique et une histoire bien que longue ne me laissera pas un souvenir prégnant.
Alors tout d’abord « La Ligne de fuite » est un bien bel objet. Futuropolis a une fois de plus fait du beau boulot. Le papier est classieux et épais, la couverture robuste, et le nombre de pages conséquent justifie pleinement le prix de 19 euros. Le support fait honneur au dessin. Ce dernier est vraiment magnifique et envoûtant. Il y aurait beaucoup à écrire sur l’histoire. Elle est intéressante, bien construite, agréable à suivre. Mais voilà, elle m’est un peu passée au dessus de la tête. Oh, pas de beaucoup, j’ai presque tout saisi, j’ai ri, certains passages m’ont même ému. Mais j’ai eu peine à comprendre la motivation de tous les personnages. La fin m’a laissé circonspect. Je reste sur une impression frustrante qu’il me manque quelques années au compteur pour saisir toute la profondeur du propos de l’auteur. Enfin, si je me considère réceptif au cinéma, à la littérature, à la musique, voire même à la peinture, je suis toujours resté de marbre face à la poésie. Je trouve ça lourd et impénétrable. Or les textes de nombreux passages de cette BD sont uniquement constitués d’extraits de poésie. Les amateurs seront ravis, mais moi, ça m’a un peu gonflé. En conclusion, une superbe BD, riche, belle et profonde, mais je suis malheureusement un peu passé à coté. J’ai passé un bon moment de lecture, mais sans plus.
Je ne peux pas. Non, je ne peux pas, décemment, mettre moins que 4 à cet album, objectivement et subjectivement. Objectivement : Moi qui ai une formation de Lettres, je n'ai jamais particulièrement apprécié Rimbaud. Certes, ces écrits étaient fins, très ciselés, mais pour moi cela n'avait pas la puissance de ce que faisait Victor Hugo, ou bien la richesse exotique d'un Parnassien. Ah, Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Mais je m'égare. Rimbaud a inspiré de nombreux auteurs récents, comme Hugo Pratt avec Corto Maltese et Eric Cantona. Mais je n'aime pas Corto. Et Canto ? Comment dire... Comme auteur, il est un peu limité... Dire qu'on n'aime pas Rimbaud, c'est s'attirer les foudres de nombres de penseurs, lecteurs, amateurs de tout poil. Donc je n'irai pas plus loin. Subjectivement, je n'ai qu'un seul vrai reproche à faire à cette BD. L'omniprésence des écrits de Rimbaud surcharge un peu trop les pages, je trouve. Ca "casse" un peu la dynamique du récit. Mais pour le reste, c'est du tout bon. On suit Adrien dans sa quête initiatique, qui est aussi une tentative de rédemption envers celui qu'il a pastiché. L'idée d'incarner les auteurs en des animaux-totems est très bien trouvée, bien que non inédite, il me semble. C'est très bien construit, raconté, rythmé. Quant au dessin de Benjamin Flao, je le trouve un peu léger, pas assez "net", mais finalement ça correspond bien à l'ambiance, au sujet, celle de la recherche d'un poète insaisissable et pourtant omniprésent. Et si on se détache de ces considérations, il faut reconnaître que ses cases sont bien agencées, le découpage est très bon, et le traitement des couleurs, et surtout des ambiances, est remarquable. Non, je ne peux pas mettre moins de 4/5 à cet album.
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