Paul à la pêche
Une semaine de vacances dans une pourvoirie est un merveilleux prétexte pour Michel Rabagliati d’élargir son univers et de nous présenter de nouveaux personnages. On fera donc la connaissance de Clément et Monique, aperçus dans Paul en appartement. Quant à nos deux tourtereaux, Paul et Lucie, nous pourrons enfin voir ce que l’avenir leur réserve!
Auteurs canadiens La Pêche Paul Québec
Une semaine de vacances dans une pourvoirie est un merveilleux prétexte pour Michel Rabagliati d’élargir son univers et de nous présenter de nouveaux personnages. On fera donc la connaissance de Clément et Monique, aperçus dans Paul en appartement. Quant à nos deux tourtereaux, Paul et Lucie, nous pourrons enfin voir ce que l’avenir leur réserve !
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Date de parution | Janvier 2007 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Contrairement aux albums de Paul que j’ai déjà lus, celui-ci est un peu moins « lisse ». En effet, Rabagliati y glisse à plusieurs reprises des opinions et critiques sociales (sur les « restructurations » mises en place par le capitalisme libérale et leurs conséquences sociales). Cela donne du coffre à l’histoire, en particulier dans la première moitié de l’album, qui m’a moins intéressé (tout ce qui tournait autour de la pêche me paraissait trop long). La seconde partie est un peu plus intéressante. Mais il faut bien évidemment ne pas être réfractaire à ce genre de roman graphique d’autofiction, où il ne se passe finalement pas grand-chose. Nous suivons Paul, sa copine, leurs tentatives pour avoir un enfant, avec quelques amis et parents apparaissant épisodiquement, le tout entrecoupé de flash-backs. Le dessin est toujours très simple (des petits airs des premiers Franquin, avec des corps un peu filiformes, de longues jambes – je n’avais pas remarqué cela dans les autres opus lus), comme l’intrigue finalement. Mais ça se laisse lire agréablement.
Paul va à la pêche comme le titre l'indique, sujet anecdotique s'il en est. Sauf que l'auteur comme d'habitude en viendra à glisser des sujets à fort potentiel. Donc ce n'est pas réservé à l'amateur d'hameçonnage bien au contraire. J'en ai quand même appris de bonnes sur les techniques de chasse et de pêche modernes, comme isoler un plan d'eau le purger de toute sa faune avec des produits chimiques pour ensuite y mettre de jolies carpes - ou autres je ne me rappelle plus les noms - d’élevage afin d'assouvir les instincts primaires de chasseur cueilleur. Il faut dire que Paul s'insurge mais est aussi assez innocent. Et drôle quand son amie lui fait remarquer qu'il n'a sans doute jamais cueilli lui-même une pomme sur un arbre de toute sa vie. Mais la suite se porte sur les tentatives d'enfanter de Paul et sa femme, et leur lot d'échecs. En attendant un prochain Paul aux champignons.
Un bel album de Paul. On retrouve les caractéristiques habituelles des albums de Michel Rabagliati : un rythme lent pour relater des événements du quotidien. Au début, je dois bien avouer ne pas avoir été passionné par le récit mais celui-ci bascule dans sa seconde partie vers un sujet plus touchant, moins anecdotique. Dessin et découpage sont toujours aussi bien pensés pour maximiser la lisibilité de l’histoire. L’humour est présent par petites touches bonhommes. L’amitié et le respect d’autrui sont des valeurs omniprésentes. Finalement, à travers ces récits mettant en scène Paul, Michel Rabagliati nous dresse un portrait simple et sympathique, rustique et authentique du Québec et de ses habitants.
On retrouve avec plaisir les aventures de Paul à la pêche. C'est mêlé de souvenirs d'enfance qui se conjuguent avec bonheur dans cette petite saga familiale québécoise. Pour Paul et sa campagne Lucie, c'est également l'heure d'affronter des épreuves de la vie comme deux fausses couches. La fin de ce récit sera d'ailleurs vécu comme une libération. Il y a toujours des moments d'émotion et d'humanité qu'on apprécie en passant du rire aux larmes. On n'atteint certes pas l'intensité du dernier "Paul au Parc' mais cela donne une nouvelle tonalité à ces aventures qui étaient jusqu'ici plutôt légères. J'ai bien aimé également quelques critiques sur les sociétés qui n'hésitent pas à virer du monde. Les anecdotes, les observations et les jugements lucides se multiplient comme pour nous rappeler que le monde ne tourne pas toujours rond. Cette lecture a toujours quelque chose de rafraîchissant. Plus qu'une partie de pêche, c'est plutôt une histoire sur la maternité/paternité du couple vedette.
Paul à la pêche est représentatif du principal souci que j'ai avec la série Paul ; il n'y a pas de ligne directrice. On part sur l'idée que Paul part à la pêche (assez léger comme prétexte) pour fourrer ici et là des anecdotes rattachées ou non à cette activité via des souvenirs. Le plaisir de lecture vient de la sensibilité et la douceur avec laquelle les personnages sont décrits, dans les petites inventions visuelles pour exprimer nos petits excès, la justesse de l'ensemble. C'est déjà beaucoup, mais ce n'est pas assez. À vrai dire, pour avoir lu juste avant Paul au parc, qui mériterait le même genre de critique de ma part, j'ai tendance à mélanger les deux, certaines anecdotes pouvant aussi bien convenir à l'un qu'à l'autre dans le sens où elles ne conviennent véritablement à aucun des deux. Paul, ça parle de tout et de n'importe quoi, chaque situation est prétexte à donner un avis sur les choses les plus diverses. La justesse de ces avis n'est pas forcément à remettre en question car elle participe à la réussite de la série, mais leur variété, leur côté régulièrement hors-sujet fait que la BD se disperse, partant parfois longtemps dans un sens pour revenir brutalement au sujet qui nous occupe, et qu'on avait oublié. J'imagine que si l'auteur a de mon avis un vrai don pour raconter sa vie de manière romancée, il est probablement incapable d'invention au-delà d'une certaine limite. Aussi, au lieu de remanier suffisamment sa vie pour nous offrir une histoire plus consistante ou au moins un vrai fil rouge qui permettrait, comme dans Paul à Québec, de faire gagner à la BD une vraie profondeur au fil des pages, ici on reste dans la légèreté, et les événements plus graves, comme déconnectés au milieu de ce gentil foutoir, semblent surgir de nulle part et ne s'inscrire dans rien. La faiblesse de l'auteur au fond, c'est d'attendre que sa vie s'organise de telle manière à lui fournir une bonne histoire cohérente, lui semblant incapable d'en créer une par lui-même, et relatant sa vie comme elle passe.
J'ai davantage apprécié cet album que Paul en appartement, seul autre album de la série de fausses autobiographies de Rabagliati que j'ai lu. J'ai trouvé son récit plus structuré, plus maîtrisé. De même, le graphisme, toujours simple et dans un style me rappelant un peu Guy Delisle, est plus fluide et plus esthétique. Pourtant, je n'ai pas été très captivé par la première moitié de ma lecture. Car à vrai dire, Paul à la pêche semble se scinder en deux récits successifs. Le premier raconte un séjour de vacances au bord d'un lac où la principale activité ludique est la pêche. L'ambiance est très québécoise et c'est assez dépaysant et instructif pour un lecteur français. La pêche, le Québec, la chasse à l'ours, je n'y connais pas grand chose, j'ai donc été un peu circonspect. L'auteur en profite pour nous offrir une suite de digressions, de récits qui, à première vue parlent de tout et n'importe quoi, mais dont la thématique commune, à savoir la jeunesse et la paternité/maternité, prend son sens ensuite. Car en effet, le décor et le rythme narratif change du tout au tout dans la seconde partie de l'album, pour parler presque soudainement des tentatives infructueuses de Paul et sa copine d'avoir un enfant. Le sujet devient donc vraiment la grossesse et ses difficultés. Et je dois avouer qu'en temps que père, certains moments m'ont assez touché et m'ont rendu triste pour les deux héros de l'histoire. Heureusement, tout est bien qui finit bien. Je me suis légèrement ennuyé durant la première partie de cet album et j'ai davantage été accroché par la seconde partie. Je ne suis toujours pas un grand fan de Rabagliati mais c'est un album plaisant.
Je commence par une petite anecdote pour mettre la honte à ma tendre et chère : dans une boutique de BD à Zurich, contenant 75 % de BD en allemand et 25 % de BD en français, au moment de passer à la caisse ma femme décide de faire sa snob et d’acheter une BD américaine qu’elle vient de feuilleter 30 secondes sur un présentoir. Le titre ? « Paul goes fishing » d’un certain Paul Rabagliati. Je suis donc ravi que la série existe sur le site, cela m’évite de créer un nouveau topic "BD en français traduite en anglais". Par contre, mon avis porte sur une traduction de cet opus, et je pense donc qu’il m’a manqué une touche d’authenticité québécoise durant ma lecture. Première rencontre de ma part avec ce qui semble être l’œuvre d’une vie (d’un personnage, pas de l’auteur à ma connaissance), je n’ai pas perçu tout de suite l’aspect chroniques quotidiennes de ce(s) récit(s) et, même si on rentre très facilement dans l’histoire, j’ai eu du mal à comprendre où l’auteur voulait en venir (les rapports à la paternité et à la maternité principalement il me semble). Ce qui fait que j’ai avalé ces plus de 180 pages en plusieurs fois sur une durée de 3 ou 4 mois sans avoir une envie irrépressible d’y revenir. Comme c’est ma première BD type « tranche de vie plutôt banale », il m’a fallu un temps d’adaptation morcelé. Mais force est de constater que cela sonne vrai (les personnages, ce qu’ils vivent) et que finalement l’auteur a réussi à me toucher (pour les mêmes raisons qu’Altaïr je suppose). Comme je le disais ci-dessus, le style graphique et narratif de Rabagliati fait que l’on rentre très facilement dans le récit, alors que pourtant question péripéties c’est loin d’être le grand huit. Les touches d’humour sont assez bien dosées et assurent en partie l’attachement aux personnages. Les dessins sont clairs, détaillés et très expressifs (dans la dernière partie, on peut même lire l’humeur des protagonistes à travers les plis du couvre-lit). Malgré ses qualités, cette BD n’a pas soulevé assez d’enthousiasme chez moi pour que j’aille au delà de 3 étoiles, mais elle a suffisamment éveillé ma curiosité pour que j’essaye de combler mon retard à l’occasion et d'en conseiller l'achat à partir des avis précédents (mais en français hein ?). PS : ma femme mettrait elle 4 étoiles, mais je ne suis pas sûr de son niveau d’angl… AIE !
Dernier album jusqu'à présent de la série. L'auteur continue de nous montrer la vie de Paul avec des flash-back. On retrouve la même intensité et on ressent les émotions des personnages comme dans les autres albums. Je trouve que l'album a un côté sombre que les autres n'ont pas. L'histoire est passionnante, sauf lorsque Paul découvre la pêche et la chasse modernes. J'ai failli décrocher du récit lorsqu'il a un flash-back passionnant sur un moment dur de sa jeunesse. J'ai alors totalement embarqué dans le récit et laissé Rabagliati m'emmener dans son monde à la fois tendre et dur.
C'est un Paul désabusé que l'on retrouve au cours de cette partie de pêche avec son beau-frère... un Paul qui se heurte de plein fouet aux dures réalités, et qui compatit aux difficultés des autres. Michel Rabagliati continue de raconter les tranches de vies de son personnage, avec toujours autant de saveur, de mots justes dont on "entend" l'accent québécois. Mais cette fois-ci il s'agit d'un album assez sombre, qui m'a beaucoup touchée mais je me rends bien compte que c'est en grande partie parce qu'il rentre en résonance avec certains aspects de ma vie, et avec certaines de mes appréhensions. Un bel album, qui ne dépaysera pas les amateurs de Paul, mais que je ne conseillerais pas pour découvrir cette belle série.
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