Nous n'irons plus ensemble au canal Saint-Martin
Nous n’irons plus ensemble au canal Saint-Martin commence un soir pour se terminer le lendemain matin. Pendant ces quelques heures écoulées, nous suivrons 3 histoires. Leurs points communs : un banc, un bar, le canal.
Ecole Pivaut, Nantes Format carré La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants Paris
Nous n’irons plus ensemble au canal Saint-Martin commence un soir pour se terminer le lendemain matin. Pendant ces quelques heures écoulées, nous suivrons 3 histoires. Leurs points communs : un banc, un bar, le canal. Trois récits, trois dessinateurs, à chacun son histoire, même si elles s’entrelacent parfois. Au scénario, Sibylline et Loïc Dauvillier. Un duo pour trois "face-à-face" , violents, déchirants, émouvants où chacun reprendra sa route. Parce qu’on finit souvent comme on a commencé, seul. Parce que nous n’irons plus ensemble…
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Date de parution | 01 Octobre 2007 |
Statut histoire | Histoires courtes 1 tome paru |
Les avis
Voilà bien la première fois que j’envoie un message à un éditeur pour le féliciter sur un de ses albums. Il faut dire que "Nous n’irons plus ensemble au canal Saint-Martin" réunit à mes yeux d’énormes qualités. Mais avant de les détailler, parlons un peu de son environnement. Loïc Dauvillier est un sympathique auteur, que nous avions rencontré récemment. J’ai lu plusieurs de ses albums à la suite de son interview, comme La petite famille, Ce qu'il en reste, La Boucherie, ou encore Passages. Sans parler de ses adaptations de classiques littéraires ou créations pour la jeunesse. Il se dégageait de ses œuvres une infinie sensibilité, une finesse dans le récit et une constance dans la qualité que je n’ai pas encore rencontrées ailleurs. Cet album choral, co-écrit avec Sibylline et mis en images par trois jeunes dessinateurs, était donc l’une de mes grosses attentes de ce second trimestre 2007. Et puis voilà, il est là, et je l’ai lu. La première phrase est comme un coup dans l’estomac : « Longtemps je me suis couché de bonne heure… ». Si vous avez fait quelques études de lettres ou si vous avez lu des classiques, vous connaissez cet incipit ; c’est bien celui d’Un Amour de Swann, roman de Marcel Proust. D’entrée Dauvillier et Sibylline placent donc leur BD sous le patronage de l’un des plus grands auteurs de la littérature française. D’ailleurs l’essentiel de la BD peut lui être comparé sur un élément de style, puisqu’une énorme place est laissée aux pensées, à l’introspection. Les scénaristes nous proposent de rentrer dans l’esprit de leurs protagonistes, de leurs contradictions, de leurs peurs, de leurs frustrations. Encore une fois, l’acuité de l’auteur m’impressionne, me fait tomber de ma chaise à deux ou trois reprises. "Nous n’irons plus ensemble au canal Saint-Martin" conte trois tranches de vie, trois instants intenses, tous liés au canal Saint-Martin, qui passe à Paris. Le titre est très évocateur, puisqu’il sous-entend une rupture, une blessure aussi, avec un repère spatial précis. Le canal est aussi une évocation de la vie, dans le sens d’une rivière qui coule, mais aussi d’un cours d’eau charriant toutes sortes de saletés. Un beau titre donc, à l’image de son écriture. Sensible, intense, capable de résumer en quelques mots toute une vie, c’est un sommet du scénario. Les thèmes sont un peu les mêmes que dans "Ce qu’il en reste" : l’érosion du couple, la torture de l’indifférence, la ténuité des relations. Des sujets forts, contemporains, difficiles à traiter. Cette finesse se retrouve aussi dans la petite postface de Sibylline, un modèle d’écriture elle aussi. Mais un album, ce n’est pas qu’une histoire écrite, car sinon il s’agirait d’un roman. Il faut que la mise en images soit au diapason. Et c’est indubitablement le cas. Dauvillier et Sibylline ont entraîné dans leur projet trois jeunes auteurs déjà remarqués : Capucine (Corps de Rêves, Le Philibert de Marilou), que j’aimais déjà beaucoup, François Ravard (Le portrait, Viking !) et Jérôme d’Aviau, remarqué pour Ce qu'il en reste, déjà scénarisé par Loïc Dauvillier. Trois dessinateurs aux styles assez proches, semi-réalistes voire réalistes, rompus aux descriptions du quotidien. J’ai eu un peu de mal avec le style « brut », granuleux, hachuré de Capucine, au départ, mais très vite je me suis installé dans l’ambiance. Attention tout de même, il y a une scène crue à la fin de sa partie. François Ravard, lui, a choisi de donner une tonalité très sombre, torturée à souhait, qui colle bien à la noirceur, ou plutôt au désespoir du propos. Quant à Jérôme d’Aviau, il propose une alternative plus « comique », plus expressive que ses deux confrères. Désespérées, impromptues, passionnées, les trois histoires sont intenses, et font passer un excellent moment de lecture. "Nous n’irons plus ensemble au canal Saint-Martin" est donc un must du roman graphique, à lire de toute façon. A noter que le fameux canal Saint-Martin a fait parler de lui récemment sur un tout autre registre, l’installation de tentes pour SDF par une association. Cela n’a rien à voir, mais c’est pour information.
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