Grendel - L'enfant du démon (Grendel - Devil Child)
Il m'a toujours aimée...
Dark Horse Comics Semic
J'ai tué Grendel. Moi Stacy palumbo, fille adoptive de Hunter Rose, j'ai tué son double maléfique, le démon Grendel. On m'a mis dans un établissement psychiatrique. C'est là que j'ai rencontré Erik. Il m'a soignée, puis aimée. Et puis je l'ai épousé. Avant de se suicider, il m'a donné une fille. Et Grendel n'est pas loin.
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Date de parution | 03 Octobre 2007 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Stacy Palumbo - Il s'agit à l'origine d'une minisérie en 2 épisodes (parus en 1999) et regroupés en 1 seul tome paru en 2008. L'histoire concerne Stacy Palumbo, la jeune fille recueillie par Hunter Rose. Il est indispensable d'avoir lu Devil by the Deed, et il est recommandé d'avoir lu Devil's Legacy. Hunter Rose était un génie blasé par trop de victoires faciles qu'elles soient physiques ou intellectuelles. Il avait choisi de mener une double vie : écrivain (à succès) le jour, et meneur d'une organisation criminelle la nuit, sous l'identité masquée de Grendel. Dans le cadre de ses activités nocturnes, il avait adopté Stacy Palumbo, la fille d'un de ses hommes de main tué en pleine action. La loyauté de Stacy s'est vite retrouvée partagée entre Hunter Rose (son père adoptif) et Argent (une sorte de loup garou) ennemi juré de Grendel. Ce tome permet de retrouver Stacy Palumbo et fait le lien entre la fin de Devil by the deed et les souvenirs que Christine Spar a de sa mère Stacy, dans Devil's legacy. L'histoire commence avec Stacy Palumbo qui se souvient de ses premières règles. Elle est en fait adulte et elle suit une psychothérapie dans un établissement spécialisée où elle est pensionnaire à demeure. Elle se confie à Erik Olliver, son thérapeute. Ce dernier lui demande d'analyser ses actions qui ont conduit à la chute d'Argent et sa paralysie, et à la chute de Grendel. Stacy évoque donc l'image du père au travers d'Hunter Rose. Premier constat : inutile de vous lancer dans la lecture de ce tome si vous n'avez pas lu Devil by the Deed. La situation de départ vous serait incompréhensible et les enjeux également. Matt Wagner (le créateur de Grendel) a confié le soin d'écrire cette histoire à Diana Schutz qui a été la responsable éditoriale de la série d'abord chez l'éditeur Comico, puis chez Dark Horse (et qui est également la sœur de la femme de Matt Wagner, mais c'est une autre histoire). Cette dernière maîtrise donc parfaitement la mythologie créée par Matt Wagner et elle extrapole les traumatismes psychologiques subis par Stacy Palumbo. Ça commence très fort avec les premières règles de Stacy. La scène d'accouchement pour la naissance de Christine ne baigne pas non plus dans le romantisme. Stacy Palumbo est un individu complètement abimé et déformé par son enfance. Ses valeurs ont été perverties par les années passées sous la tutelle d'Hunter Rose, à bénéficier de son amour paternel. Sa vie ressemble à un accident de voiture et Diana Schutz sait rendre plausible ses malheurs et ses monologues intérieurs faussés dans leur jugement de valeur et dans sa relation à autrui. Ce récit est illustré par Tim Sale et mis en couleurs par Teddy Christiansen. Tim Sale avait déjà illustré Devil's Reign dans la série des Grendel. Dès le premier coup d'œil, le lecteur reconnaît le style caractéristique de ce dessinateur : de grandes cases, une utilisation savante de larges aplats de noir, des pièces hautes de plafond dans lesquelles les individus semblent perdus, etc. Comme à son habitude, Tim Sale utilise les ombres pour accentuer les expressions des visages, et rendre visible la solitude personnages. Dans ce tome il pousse cette technique un peu plus loin en illustrant quelques cases avec des ombres chinoises. Les silhouettes des personnages se découpent entièrement noires sur le fond du décor. Dans ce contexte, ce choix graphique ne ressemble pas à un raccourci pour dessiner plus vite, mais bien à un mode d'illustration qui réduit les individus à une caractéristique en la faisant encore plus ressortir comme la mèche blanche de la chevelure d'Hunter Rose, ou les grands yeux étonnés de Stacy Palumbo enfant. L'autre élément inattendu de la part de Tim Sale réside dans la nature explicite de certaines cases : nudité, ou maltraitance. de fait le récit est assez glauque et les illustrations ne laissent pas place au doute pour le lecteur. Christiansen effectue une mise en couleurs en retenue, mais plus élaborée que celles utilisées habituellement pour les dessins de Tim Sale. Sans prendre le dessus sur les dessins, les couleurs sont parfois à niveau égal pour capter l'attention du lecteur. À d'autres moments, elles servent d'effets spéciaux (par exemple, les tâches de sang sur les draps uniquement figurées par la couleur, sans trait pour délimiter les contours). Diana Schutz et Tim Sale proposent au lecteur une pièce de puzzle supplémentaire dans la lignée des Grendel, celle qui lie Hunter Rose à Christine Spar. Schutz dépeint Stacy Palumbo sous la forme d'une malade mentale victime de l'environnement dans lequel elle a grandi. Hunter Rose l'a perverti incidemment, sans faire exprès, sans que cela ne soit en rien son intention. Schutz réussit le portrait de cet individu incapable de s'extraire de ses schémas de pensée faussés. Mais elle ne parvient pas, ou peut être elle ne souhaite pas engendrer de sympathie chez le lecteur pour cette femme. du coup, l'histoire devient un exercice incorporant des éléments d'horreur, qui ne développe pas de liens affectifs avec le lecteur. de ce fait il est difficile de s'attacher à Stacy Palumbo et sa description psychologique semble finalement trop brève.
Je ne connaissais pas Grendel, qui semble être une figure essentielle du comics alternatif. J'attendais toutefois cette sortie française depuis plusieurs mois pour découvrir cet univers. La découverte est intéressante. Le principe du démon qui "entoure" la jeune femme qu'il a adoptée est vraiment très fort, s'il est finement écrit. Cet arc indépendant est écrit par Diana Schultz, éditrice renommée et familière de l'univers créé par Matt Wagner. Son histoire est tétanisante par moments, même si je trouve qu'elle perd de l'intensité en fin de parcours. Elle s'est adjointe les services graphiques de Tim Sale, autre grand nom du comics. J'avoue que j'ai un peu de mal avec son trait, qui rend tous les personnages maigres, malades, pâlots... Mais ici, avec un tel sujet, l'expressivité de son trait, et en particulier ses personnages en noir, prend toute son ampleur. Ce n'est pas le coup de foudre, mais l'univers est intriguant, et m'incite à lire d'autres histoires sur Grendel.
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